Couverture du receuil et poésies et chansons de Paul Paillette
Ephéméride Anarchiste
16 avril
Laurent Tailhade
Le 16 avril 1854, naissance
de Laurent TAILHADE à Tarbes. Poète, écrivain et
polémiste anarchiste. Jeune bourgeois, il rompt avec son
milieu et arrive à Paris où il se mêle à
la sphère artistique et libertaire. Ses premiers poèmes
sont publiés en 1880 mais c'est par des articles
polémiques qu'il se fait connaître, passant de
l'anticléricalisme à l'anarchisme. Sa justification
esthétique et provocatrice de
l'attentat de Vaillant en 1893
"Qu'importe les victimes si le geste est beau" lui
attire la haine de la presse bourgeoise, puis les railleries
lorsqu'il perd un oeil dans l'explosion, le
4 avril 1894, de la bombe du
restaurant Foyot où il se trouvait par hasard. Loin de renier
ses paroles, il s'engagera davantage dans l'action militante,
collaborant au "Libertaire"
et prenant parti contre les anti-Dreyfusards.
Inculpé pour "provocation au meurtre" le 10 octobre 1901,
suite à un article écrit dans le Libertaire à
l'occasion de la visite du Tsar en France, il est condamné
à un an de prison. En 1905, à l'issue d'un malentendu,
il rompt avec l'anarchisme et ses anciens amis, pour se mettre au
service du nationalisme cocardier. Opiomane et malade, il meurt le 2
novembre 1919.
Poète, traducteur du Satyricon de Pétrone, il est aussi
l'auteur de "La noire idole", une vision noire de la drogue.
Jossot vers 1950
Le 16 avril 1866, naissance
de Gustave Henri JOSSOT, à Dijon.
Individualiste libertaire, dessinateur et caricaturiste de talent et
aquarelliste.
Né dans une famille bourgeoise, il s'éloigne de son
milieu pour se consacrer à la peinture et au dessin. Toute sa
révolte passe par le trait de ses caricatures qui prennent
pour cibles les institutions de la société : famille,
armée, justice, églises, écoles, etc. Jossot,
profondément libertaire, refuse pourtant l'étiquette
d'anarchiste. Ses premiers dessins sont publiés vers 1891 dans
"Le Rire", puis dans "L'Assiette au beurre", "Le Diable"
(anticlérical), "Les Temps
Nouveaux", etc.
"La besogne du caricaturiste ne consiste pas à faire
tressauter sous le rire les bedaines des brutes, mais à semer
dans les cerveaux qui pensent les idées
libératrices" (in "Le foetus
récalcitrant").
"mon sacré tempérament de
caricaturiste me pousse à me moquer des choses les plus
respectables : les anarchistes eux-mêmes trinquent un peu
(ô si peu!)" (in une lettre à
Jean Grave en 1906).
A partir de 1907, il abandonne ce mode d'expression et, après
une longue dépression, il se retire en Tunisie, en 1911, se
convertissant même à l'islam en 1913, après une
crise mystique qui ne durera pas. Toujours aussi individualiste et
révolté, il défend, dans les journaux, les
mariages inter-communautés, une plus grande liberté
pour les musulmanes, etc. Il ne peint plus que des paysages et
tableaux sur la vie quotidienne tunisienne.
Il meurt le 7 avril 1951, à Sidi Bou Saïd. Ayant
renoncé à toute religion, il sera enterré
civilement.
°
Paul Paillette
Le 16 avril 1844, naissance
de Paul Ambroise PAILLETTE à Paris.
Poète et chansonnier anarchiste, végétarien et
amour-libriste.
D'abord ouvrier ciseleur, il commence à fréquenter les
réunions anarchistes dès 1887 et fera partie de divers
groupes ayant pour noms : "Les hommes de peine", "Les libertaires du
20ème arrondissement", "Le groupe Cosmopolite" etc. En 1888,
il prend part au mouvement entrepris contre les Bureaux de placement;
selon la police il se déclare partisan d'actions violentes
à mener contre ces établissements. Il devient par la
suite un chansonnier des cabarets de Montmartre, auteur de
poésies où il exprime ses idées libertaires,
appelant de ses voeux une société plus juste comme dans
"Temps d'anarchie ou Heureux Temps"
chantée sur l'air du "Temps des Cerises":
"Quand nous en serons
au temps d'anarchie,
Le travail sera récréation au lieu d'être
peine
Le corps sera libre et l'âme sereine
En paix fera son évolution.
Quand nous en serons au temps d'anarchie
Le travail sera récréation."
(3ème couplet)
Il publie et vend lui-même ses vers sous forme de
brochures qu'il réunira ensuite dans l'ouvrage "Les Tablettes
d'un Lézard" et anime par ses chansons révolutionnaires
de nombreuses fêtes libertaires. Végétarien et
partisan de l'amour libre, l'idée lui vient d'organiser en
1891 des déjeuners végétariens dans la salle
d'un restaurant parisien qui devient alors un lieu de rencontres pour
les amour-libristes, sous cette devise: "Tout le bonheur a son nid dans le bonheur commun.-
Femme libre, amour libre".
Il collabore durant la première guerre mondiale aux journaux
d'E Armand,
"Pendant la Mêlée"
puis à "Par-delà la Mêlée" (son
poème "Civilisation" publié dans l'édition le
1er octobre 1916, sera censuré par les autorités),
ainsi qu'à "La Bataille" et à
"CQFD". Mais, célibataire
(veuf?) et sans ressources, vivant dans un foyer depuis 1910,
plusieurs fêtes seront organisées à son
bénéfice notamment le 9 novembre 1913 par
"L'Université Populaire", ou encore en novembre 1916 avec le
concours de Xavier Privas et la participation de
Sébastien Faure. Il est
considéré comme le doyen des chansonniers montmartrois,
et sa mort sera annoncée dans
"Le Libertaire" du 29
février 1920.
En-tête du premier numéro
En-tête du deuxième et dernier numéro en date du 14 août 1889
En Avril 1889, à Paris, sortie du journal anarchiste en langue italienne "Il Pugnale" (Le Poignard). Cette publication distribuée gratuitement, éditée par Vittorio Pini et Luigi Parmeggiani, n'hésite pas à donner dans ses colonnes des recettes de fabrication de bombe (Nitroglycérine), seul un autre numéro paraîtra le 14 août 1889.
Epigraphes : "Alla forza bruta della Borghesia bisogna opporre la forza bruta ma intelligente e cosciente dell'individuo e delle masse" - "Più omogenea è la propaganda anarchica più prossimo e sicura sarà il trinfo della Rivoluzione Sociale." (A la force brutale de la bourgeoisie doit être opposée la force brutale mais intelligente et consciente de l'individu et des masses" - Plus homogène est la propagande anarchiste et plus sûr sera le prochain triomphe de la Révolution Sociale).
Le 16 avril 1892 à
Liège (Belgique), un mois après l'explosion
avortée d'une bombe contre la demeure du conseiller Renson,
une nouvelle bombe est placée contre la maison du procureur du
Roi Beltjens (elle ne provoquera que peu de dégâts). Ces
deux magistrats avaient requis précédement lors du
procès du 16 mars 1892 contre les anarchistes Hansen, Bustin
et Langendorf qui furent condamnés à 12 et 15 ans de
prison (ou de travaux forcés) pour un vol de plus de 900 kg de
dynamite à la poudrerie d'Ombret, dans la nuit du 28 mars
1891.
En-tête du journal du 30 janvier 1901
Le 16 avril 1903, Mexique.
Les locaux du journal "El hijo del Ahuizote" (Le fils du
gêneur) sont investis par la police pour la seconde fois.
L'équipe du journal, dont
Ricardo et
Enrique Flores Magon ainsi que
Librado Rivera sont
arrêtés pour avoir "Ridiculisé les pouvoirs
publics".
Le 16 avril 1919, à
Dachau (au nord de Munich), les
Conseils d'ouvriers et de soldats de la
République de Bavière menés par
Ernst Toller, mettent en
déroute les troupes gouvernementales envoyées pour
réprimer la révolution. Mais cette victoire contre la
réaction ne pourra être mise à profit par manque
de moyens; la République des Conseils de Bavière sera,
à l'image de la Commune de Paris, écrasée dans
le sang du 29 avril au 2 mai
1919.