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McKinley.
William McKinley (29 janvier 1843 - 14 septembre 1901) fut le 25e président des États-Unis du 4 mars 1897 jusqu'à sa mort. McKinley présida à la victoire américaine lors de la guerre hispano-américaine, augmenta les droits de douane pour soutenir l'industrie américaine et maintint les États-Unis dans l'étalon-or contre les propositions inflationnistes. L'administration de McKinley s'acheva par son assassinat en septembre 1901 mais sa présidence marqua le début de la domination politique du parti républicain qui dura jusque dans les années 1930.
McKinley commença la Guerre de Sécession en tant que simple soldat et la termina avec le grade de major breveté. Après la guerre, il s'installa à Canton dans l'Ohio où il commença une activité de juriste et se maria avec Ida Saxton. En 1876, il fut élu au Congrès où il devint le spécialiste républicain des droits de douane protectionnistes qui selon lui apporteraient la prospérité. Sa proposition d'augmenter fortement les droits de douane dans le McKinley Tariff fut très critiquée et la controverse associée au gerrymandering démocrate lui coutèrent son siège lors des élections de 1890. Il fut élu au poste de gouverneur de l'Ohio en 1891 et en 1893 où il essaya d'équilibrer les intérêts du capital et ceux des travailleurs. Avec l'aide de son proche conseiller Marcus Hanna, il obtint la nomination républicaine pour l'élection présidentielle de 1896 dont l'enjeu principal fut la crise économique qui frappait le pays. Il battit son adversaire démocrate, William Jennings Bryan, en défendant une « monnaie saine » et en promettant que des droits de douane élevés restaureraient la prospérité.
La présidence de McKinley fut marquée par une rapide croissance économique. Il défendit le Dingley Act de 1897 destiné à proteger les industries américaines de la compétition étrangère et en 1900 il obtint le passage du Gold Standard Act mettant fin au bimétallisme. McKinley essaya de persuader l'Espagne d'accorder l'indépendance à Cuba alors en pleine révolution mais après l'échec des négociations, il mena les États-Unis dans la guerre hispano-américaine. La victoire américaine fut rapide et décisive et dans le traité de Paris de 1898, l'Espagne transféra le contrôle de ses colonies de Porto Rico, Guam et des Philippines aux États-Unis ; Cuba devait devenir indépendant mais en réalité, il devint un protectorat américain. La république d'Hawaï, alors indépendante, rejoignit les États-Unis en 1898 avec le statut de territoire.
McKinley fut réélu contre Bryan en 1900. Le président McKinley fut assassiné par un anarchiste en septembre 1901 et son vice-président, Theodore Roosevelt, lui succéda. Les historiens considèrent la victoire de McKinley en 1896 comme un tournant de la politique américaine qui marqua le début de l'ère progressiste dominée par le parti républicain. McKinley est généralement placé dans le milieu du classement des présidents américains.
[modifier] Famille et jeunesse
William McKinley à l'âge de 15 ans.
William McKinley, Jr. est né le 29 janvier 1843 à Niles dans l'Ohio. Il était le septième enfant de William et Nancy (Allison) McKinley[1]. Les ancêtres de la famille McKinley étaient des Anglais et des Écossais qui s'étaient installés dans l'ouest de la Pennsylvanie au XVIIIe siècle William McKinley, Sr. est né dans le Comté de Mercer de Pennsylvanie[1],[2] et sa famille déménagea à New Lisbon (aujourd'hui Lisbon) dans l'Ohio alors qu'il était un enfant. Il y rencontra Nancy Allison en 1829 et ils se marièrent la même année[1],[2]. La famille Allison faisait partie des premiers colons anglais de Pennsylvanie[3]. Les deux familles travaillaient dans la métallurgie et McKinley, Sr. gérait des fonderies à New Lisbon, Niles, Poland et Canton[4].
Les parents de McKinley, Jr. étaient, comme la plupart des familles de la Connecticut Western Reserve, favorables au parti Whig et à l'abolition de l'esclavage[5]. La famille était profondément méthodiste et le jeune William poursuivit cette tradition en s'impliquant au sein de l'église méthodiste locale à l'age de 16 ans[6] et il resta toute sa vie un pieux méthodiste[7]. En 1852, la famille déménagea de Niles à Poland pour que ses enfants puissent y recevoir une meilleure éducation. McKinley fut diplômé en 1859 et il entra à l'Allegheny College de Meadville en Pennsylvanie l'année suivante. Il n'y resta qu'un an avant de retourner à sa maison en 1860 après être tombé malade et en dépression[8]. Sa santé s'améliora mais sa famille n'avait plus les moyens de payer ses études et il travaillant en tant qu'employé des postes puis comme instituteur dans une école près de Poland[9].
[modifier] Guerre de Sécession
[modifier] Virginie occidentale et Antietam
Lors du déclenchement de la Guerre de Sécession, des milliers d'hommes de l'Ohio se portèrent volontaires pour rentrer dans l'armée[10]. McKinley et son cousin William McKinley Osbourne s'engagèrent en tant que soldats dans l'unité récemment créée des Poland Guards en juin 1861[11]. L'unité rallia Columbus ou elle fusionna avec d'autres troupes pour former le 23e régiment d'infanterie de l'Ohio[12]. Les soldats furent déçus d'apprendre que, contrairement aux anciens régiments de volontaires de l'Ohio, ils ne pourraient pas élire leurs officiers qui seraient désignés par le gouverneur de l'Ohio, William Dennison, Jr.[12]. Dennison nomma le colonel William Starke Rosecrans à la tête du régiment et les hommes commencèrent à s'entrainer dans les faubourgs de Columbus[12]. McKinley s'habitua rapidement à la vie de soldat et il écrivit une série de lettres enthousiastes au journal de sa ville concernant l'armée et la cause de l'Union[13]. Des retards dans la livraison d'uniformes et d'armes ravivèrent les tensions entre les hommes et leurs officiers mais le major Rutherford B. Hayes parvint à les convaincre d'accepter ce que le gouvernement leur avait fourni ; sa manière de commander impressionna McKinley et les deux hommes nouèrent une amitié qui dura jusqu'à la mort de Hayes en 1893[14].
Après un mois d'entrainement, le 23e régiment d'infanterie de l'Ohio, maintenant commandé par le colonel Eliakim P. Scammon, partit pour la Virginie occidentale en juillet 1861 au sein de la division Kanawha[15]. McKinley pensa initialement que Scammon était un tyran à cause de sa discipline sévère mais lorsque le régiment affronta le feu adverse, il finit par apprécier la valeur de ses entrainements acharnés[16]. La première confrontation avec l'ennemi eut lieu en septembre lorsqu'ils repoussèrent les troupes confédérées lors de la bataille de Carnifex Ferry dans l'actuelle Virginie occidentale[17]. Trois jours après la bataille, McKinley fut assigné à la brigade de l'intendance où il était en charge de l'approvisionnement de son régiment[18]. En novembre, le régiment installa ses quartiers d'hiver près de Fayetteville[19]. Durant l'hiver, McKinley remplaça un sergent malade et en avril 1862, il fut élevé à ce grade[20]. Le régiment reprit sa progression au printemps avec Hayes à sa tête (Scammon commandait la brigade) et il participa à plusieurs affrontements limités avec les Sudistes[21].
En septembre, le régiment de McKinley fut appelé à l'est pour renforcer l'armée de Virginie de John Pope lors de la seconde bataille de Bull Run[22]. Retardé lors de sa traversé de Washington, D.C., le 23e régiment de l'Ohio n'arriva pas à temps pour participer à la bataille mais il rejoignit l'armée du Potomac qui avançait à marche forcée pour couper la progression de l'armée de Virginie du Nord de Robert E. Lee dans le Maryland[22]. Le 23e régiment fut le premier à rencontrer les Confédérés lors de la bataille de South Mountain le 14 septembre[23]. Malgré de lourdes pertes, les forces de l'Union repoussèrent les Confédérés et avancèrent en direction de Sharpsbourg dans le Maryland où elles affrontèrent l'armée de Lee lors de la bataille d'Antietam, l'une des plus sanglantes de la guerre[24]. Le 23e régiment fut particulièrement actif dans la bataille d'Antietam et McKinley fut pris sous un feu nourri alors qu'il apportait des rations aux hommes sur le front[n 1][24]. Le régiment de McKinley subit à nouveau de lourdes pertes mais l'armée du Potomac fut victorieuse et les forces confédérées se replièrent en Virginie[24]. Le régiment fut ensuite détaché de l'armée du Potomac et il retourna en Virginie occidentale par train[25].
[modifier] Vallée de la Shenandoah et promotion
McKinley en 1865, juste après la guerre. Photographie de
Matthew Brady.
Alors que le régiment se trouvait dans ses quartiers d'hiver près de Charleston, McKinley reçut l'ordre de retourner dans l'Ohio avec d'autres sergent pour recruter des troupes fraiches[26]. Lorsqu'ils arrivèrent à Columbus, le gouverneur David Tod surpris McKinley en lui accordant le grade de sous-lieutenant en reconnaissance de sa bravoure à Antietam[26]. McKinley et ses camarades restèrent à l'écart des combats jusqu'en juillet 1863 lorsque la division affronta la cavalerie de John Hunt Morgan lors de la bataille de Buffington Island[27]. Au début de l'année 1864, la structure de commandement militaire en Virginie occidentale fut réorganisée et la division fut intégrée au sein de l'armée de Virginie occidentale de George Crook[28]. L'armée progressa dans le sud de la Virginie pour détruire les mines de sel et de plomb exploitées par l'ennemi[28]. Le 9 mai, l'armée engagea les troupes confédérées lors de la bataille de Cloyd's Mountain au cours de laquelle les Nordistes prirent d'assaut les positions retranchées des Sudistes et les mirent en déroute[28]. Après cette victoire, les forces de l'Union détruisirent les ravitaillements sudistes et remportèrent encore plusieurs affrontements contre les Confédérés[28].
McKinley et son régiment entra dans la vallée de Shenandoah à la reprise des hostilités au printemps 1864. L'unité de Crook fut rattachée à l'armée de la Shenandoah du major-général David Hunter et elle captura Lexington en Virginie le 11 juin[29]. L'armée continua d'avancer vers le sud en direction de Lynchburg tout en détruisant les voies ferrées lors de sa progression[29]. Hunter croyait cependant que les troupes de Lynchburg étaient trop puissantes et la brigade retourna en Virginie occidentale[29]. Néanmoins, le raid du général confédéré Jubal Anderson Early dans le Maryland fit que l'unité de McKinley fut rappelée dans le nord[30]. Lors de la seconde bataille de Kernstown le 24 juillet, l'armée nordiste fut battue[31]. Lors de sa retraite dans le Maryland, l'armée fut réorganisée, le major-général Philip Sheridan remplaça Hunter et McKinley, qui avait été promu capitaine après la bataille, fut transféré dans l'état-major du général Crook[32]. En août, Early se repliait vers le sud de la vallée avec l'armée de Sheridan à ses trousses[33]. L'armée nordiste repoussa un assaut confédéré de la bataille de Berryville au cours de laquelle la monture de McKinley fut tuée et durant la bataille d'Opequon, elle brisa les lignes adverses et continua sa progression dans la sud[34]. La bataille de Fisher's Hill du 22 septembre fut une nouvelle victoire de l'Union et McKinley participa à la bataille de Cedar Creek du 19 octobre[35]. Après des débuts prometteurs pour les Confédérés, McKinley aida à rallier les troupes et à renverser le cours de la bataille[35].
Après Cedar Crrek, l'armée resta à proximité du champ de bataille lors du jour de l'élection présidentielle et McKinley vota pour la première fois en faveur du candidat républicain, Abraham Lincoln[35]. Le lendemain, les hommes retournèrent dans le nord de la vallée pour installer leurs quartiers d'hiver à proximité de Kernstown[35]. En février 1865, Crook fut capturé par un commando confédéré[36]. Cette capture aggrava la confusion de l'armée alors qu'elle était réorganisée pour l'offensive de printemps et au cours des quinze jours qui suivirent McKinley servit dans les état-majors de quatre généraux, Crook, John D. Stevenson, Samuel S. Carroll et Winfield S. Hancock[36]. Après avoir été finalement assigné à l'état-major de Carroll, McKinley servit en tant que premier et unique adjoint du général[37]. Le 9 avril, Lee et son armée se rendirent au lieutenant-général Ulysses S. Grant et la guerre se termina quelques jours plus tard. McKinley trouva le temps de rejoindre une loge maçonnique à Winchester avant que Carroll et lui ne soient transférés à Washington D.C[38]. Juste avant la fin de la guerre, McKinley fut élevé au grade de major breveté[39]. En juillet, McKinley fut relevé de ses obligations militaires[39]. Carroll et Hancock encouragèrent McKinley à rester dans l'armée mais il déclina l'offre et il retourna dans l'Ohio le mois suivant[39].
[modifier] Carrière de juriste et mariage
Après la fin de la guerre en 1865, McKinley décida de commencer une carrière dans le droit et il entama un apprentissage dans le cabinet d'un avocat de Poland dans l'Ohio[40]. L'année suivante, il poursuivit ses études à l'Albany Law School dans l'État de New York[41]. Après y avoir étudié durant un an, McKinley rentra chez lui et il fut admis au barreau de Warren dans l'Ohio en mars 1867[41]. La même année, il déménagea à Canton, le siège du comté de Stark où il fonda un petit cabinet[41]. Il forma un partenariat avec George W. Belden, un avocat expérimenté et ancien juge[42]. L'activité du cabinet de McKinley fut suffisante pour lui permettre d'acheter un immeuble dans la rue principale de Canton qui lui permit d'obtenir une rente consistante durant plusieurs décennies[42]. Lorsque Hayes devint gouverneur en 1867, McKinley fit des discours en sa faveur dans le comté de Clark, sa première incursion en politique[43]. Le comté était profondément divisé entre républicains et démocrates mais Hayes fut majoritaire dans le comté et il remporta l'élection au niveau national[43]. En 1869, McKinley se présenta au poste de procureur de district dans le comté de Stark, une fonction habituellement occupée par un démocrate et son élection fut une surprise[44]. Lorsque McKinley se présenta à sa réélection en 1871, les démocrates proposèrent William A. Lynch, un influent avocat, et McKinley fut battu par 143 voix[44].
De même que sa carrière professionnelle progressait, sa vie sociale s'épanouit lorsqu'il fit la cours à Ida Saxton, la fille d'une importante famille de Canton[44]. Ils se marièrent le 25 janvier 1871 dans l'église presbytérienne récemment construite de Canton même si Ida rejoignit la foi méthodiste de son époux[45]. Leur premier enfant, Katherine, naquit le jour de Noel 1871[45]. Ils eurent une seconde fille, Ida, en 1873 mais elle mourut la même année[45]. L'épouse de McKinley sombra dans une profonde dépression après la mort de leur fille et sa santé, déjà fragile, se dégrada[45]. Deux ans plus tard, en 1875, Katherine mourut d'une fièvre typhoïde. Ida ne se remit jamais de la mort de ses filles et les McKinley n'eurent pas d'autres enfants[45]. Ida McKinley commença à souffrir d'épilepsie et elle n'aimait pas lorsque son époux la quittait[45]. Il resta un mari dévoué et il s'occupa de sa femme jusqu'à sa mort[45].
Ida insista pour que McKinley poursuive sa carrière de plus en plus brillante en droit et en politique[46]. Il participa à la convention républicaine qui présenta Hayes pour un troisième mandat de gouverneur en 1875 et il fit campagne pour son vieil ami durant l'automne[46]. L'année suivante McKinley assura la défense de mineurs de charbon arrêtés après un affrontement avec des briseurs de grève lors d'une affaire retentissante[47]. Lynch, l'adversaire de McKinley lors de l'élection de 1871, et son partenaire William R. Day, faisaient partie du camp averse et parmi les propriétaires de la mine figurait Marcus Hanna, un homme d'affaire de Cleveland[47]. Prenant l'affaire pro bono, il obtint l'acquittement de tous les mineurs à l'exception d'un seul[47]. L'affaire accrut la popularité de McKinley auprès des ouvriers qui représentaient une bonne part de l'électorat du comté de Clark et lui permit de rencontrer Hanna qui devint l'un de ses plus importants soutiens[47].
La réputation de McKinley auprès des travailleurs devint utile lorsqu'il fit campagne pour obtenir la nomination républicaine pour le 17e district congressionnel de l'Ohio[48]. Les délégués du comté pensèrent qu'il pourrait attirer lectorat ouvrier et McKinley fut choisi en août 1876[48]. Au même moment, Hayes avait été nommé pour la présidence et McKinley fit campagne en sa faveur tout en réalisant sa propre campagne[49]. McKinley fit campagne en faveur de droits de douane protectionnistes et il battit son opposant démocrate, Levi L. Lamborn, par 3 300 voix d'avance tandis que l'élection présidentielle fut marquée par une grande controverse sur les résultats avant que Hayes ne soit élu[49]. La victoire de McKinley eut un impact financier car son salaire de congressiste était la moitié de ce qu'il gagnait en tant qu'avocat[50].
[modifier] Ascension politique 1877-1895
[modifier] Représentant de l'Ohio
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McKinley prit ses fonctions en octobre 1877 lorsque le président Hayes convoqua le Congrès pour une session spéciale[n 2]. Les républicains étant en minorité, McKinley entra dans des comités sans grands pouvoirs mais il travailla de manière consciencieuse[52]. L'amitié de McKinley avec Hayes n'aida pas vraiment McKinley car le président était peu apprécié des leaders du Congrès[53]. Le jeune congressiste se détacha des positions de Hayes sur la monnaie mais cela n'affecta pas leur amitié[54]. Les États-Unis étaient de fait passés sous le modèle de l'étalon-or après le vote du Coinage Act de 1873 ; lorsque le prix de l'argent s'effondra, de nombreuses personnes cherchèrent à monétiser à nouveau l'argent de la même manière que l'or. Une telle évolution serait inflationniste mais ses partisans avancèrent que les bénéfices économiques d'un accroissement de la masse monétaire seraient plus importants que les inconvénients de l'inflation. Ses opposants prévenaient que la libre frappe de la monnaie n'apporterait pas les bénéfices prévus et qu'elle handicaperait le commerce international américain[55]. McKinley vota en faveur du Bland-Allison Act de 1878 qui obligeait le département du Trésor des États-Unis à acheter de grandes quantités d'argent pour frapper de la monnaie et il rejoignit les larges majorités dans les deux chambres pour annuler le veto de Hayes. Ainsi, McKinley vota contre la position du chef des républicains de la Chambre des représentants, son collègue et l'Ohio et ami, James Abram Garfield[56].
Dés son premier mandat au Congrès, McKinley devint un ardent défenseur des droits de douane protectionnistes. L'objectif principal de cette idée n'était pas d'obtenir des revenus mais de soutenir le développement de l'industrie américaine en lui fournissant un avantage compétitif par rapport aux concurrents étrangers sur le marché intérieur. La biographe de McKinley, Margaret Leech, nota que Canton avait prospéré comme centre de la fabrication d'équipements agricoles grâce aux mesures protectionnistes et cela aurait pu influencer ses idées politiques. McKinley présenta et défendit des lois qui augmentaient les droits de douane et s'opposaient à ceux qui voulait les baisser ou imposer des droits de douane pour obtenir des recettes fiscales[57]. L'élection de Garfield à la présidence en 1880 créa une vacance dans le United States House Committee on Ways and Means (« Comité sur les objectifs et les moyens ») ; McKinley fut choisi pour combler le vide et il entra dans le comité le plus puissant de la Chambre après uniquement deux mandats[58].
McKinley devint une figure incontournable des politiques fédérales. En 1880, il fut brièvement un représentant de l'Ohio au sein du comité national républicain. En 1884, il fut choisi comme délégué pour la convention républicaine où il fut félicité pour la gestion de la convention qu'il présida. En 1886, McKinley, le sénateur John Sherman et le gouverneur Joseph B. Foraker étaient considérés comme les dirigeants du parti républicain dans l'Ohio[59]. Sherman, qui avait participé à la fondation du parti républicain, présenta trois fois sa candidature à la nomination républicaine pour la présidence dans les années 1880 mais il échoua à trois reprises[60] tandis que Foraker commença une ascension fulgurante dans les politiques de l'Ohio au début de la décennie. Hanna, une fois entré dans les affaires publiques en tant que généreux contributeur et soutien politique, soutint les ambitions de Sherman et celles de Foraker. Les relations entre ces deux derniers prirent fin lors de la convention républicaine de 1880 lors de laquelle McKinley, Foraker et Hanna étaient tous des délégués soutenant Sherman. Convaincu que Sherman ne pourrait pas l'emporter, Foraker offrit son soutien au candidat malheureux de l'élection présidentielle de 1884, le sénateur du Maine, James G. Blaine. Lorsque ce dernier avança qu'il ne souhaitait pas être candidat, Foraker rallia le gouverneur de l'Indiana, Benjamin Harrison, qui fut finalement élu à la présidence. Dans l'amertume qui suivit la convention, Hanna abandonna Foraker et jusqu'à la fin de la vie de McKinley, le parti républicain de l'Ohio fut divisé en deux factions, l'une soutenant McKinley, Sherman et Hanna et l'autre en faveur de Foraker[61]. Hanna se rapprocha de McKinley dont il devint un ami et un conseiller proche. Même si Hanna poursuivit ses activités d'homme d'affaire et continua d'encourager d'autres républicains, après 1888, il consacra de plus en plus de temps à soutenir la carrière politique de McKinley[62].
En 1889, les républicains possédaient la majorité au Congrès et McKinley chercha à se faire élire au poste de président de la Chambre des représentants. Il échoua face à Thomas Brackett Reed du Maine mais ce dernier le nomma à la présidence du Comité sur les objectifs et les moyens. McKinley présenta le Tariff Act de 1890, plus communément appelé le McKinley Tariff, devant le Congrès. Même si le projet de loi fut modifié sous la pressions des intérêts particuliers au Sénat, il imposait plusieurs droits de douane protectionnistes sur les produits étrangers[63].
[modifier] Gerrymandering et réélections
Reconnaissant le potentiel de McKinley, les démocrates, dés qu'ils reprirent le contrôle de la législature de l'Ohio, cherchèrent à gerrymander ou redécouper les circonscriptions électorales pour l'évincer[64]. En 1878, McKinley remporta l'élection dans le 17e district congressionel de l'Ohio malgré le redécoupage de ce dernier. Hayes commenta ce succès : « Oh, la chance de McKinley ! Son district fut charcuté et il a battu le charcutage ! Nous sommes aussi content que lui[65] ». Après avoir été réélu en 1882, il perdit son siège à la suite d'une contestation électorale[66]. Les démocrates redécoupèrent à nouveau le comté de Stark pour l'élection de 1884 mais McKinley retourna néanmoins au Congrès[67].
Couverture du magazine
Judge de septembre 1890, montrant McKinley (à gauche), ayant aidé le président de la Chambre Reed à vaincre son adversaire dans une élection anticipée dans le Maine, se dépêchant avec le vainqueur de rejoindre son district redécoupé de l'Ohio.
Pour 1890, les démocrate placèrent le comté de Stark dans le même district que le comté de Holmes, un bastion démocrate habité par des Pennsylvania Dutch. En se basant sur les anciens résultats, les démocrates espéraient une avance de 2 000 à 3 000 voix. Comme les républicains ne pouvaient pas modifier le découpage électorale avant 1891, ils jetèrent toutes leurs forces dans le district car le McKinley Tariff était le sujet central de la campagne démocrate. Le parti républicain envoya ses plus grands orateurs à Canton, dont Blaine (alors secrétaire d'État), Reed et le président Harrison. Les démocrates répondirent avec leurs représentants les plus influents[68]. McKinley fit une campagne frénétique dans son nouveau district et il rencontra 40 000 électeurs pour expliquer ses mesures protectionnistes :
« conçues pour le peuple... comme une défense de ses industries, comme une protection de son labeur, comme une garantie pour les foyers joyeux des ouvriers américains et comme une sécurité pour son éducation, ses salaires et ses investissements... Elles apporteront au pays une prospérité sans équivalent dans notre histoire et sans égale dans l'histoire du monde[69]. »
Les démocrates présentèrent un solide candidat en la personne de l'ancien lieutenant-gouverneur John G. Warwick. Pour obtenir le soutien des électeurs, ils engagèrent de jeunes partisans et les firent passer pour des colporteurs. Ces derniers firent du porte-à-porte pour vendre 50 cents des articles de ferblanterie qui n'en valaient que 25 et expliquer que la hausse des prix était due au McKinley Tariff. Au final, McKinley perdit l'élection par 300 voix mais les républicains remportèrent la majorité au niveau national et revendiquèrent une victoire morale[70].
[modifier] Gouverneur de l'Ohio
Même avant la fin de son mandat de congressiste, McKinley rencontra une délégation d'habitants de l'Ohio le pressant de se présenter pour le poste de gouverneur. Le gouverneur James E. Campbell, qui avait battu Foraker en 1889, était également candidat à sa réélection. Le parti républicain de l'Ohio restait divisé mais McKinley parvint à convaincre Foraker de le soutenir lors de la convention de 1891 au cours de laquelle McKinley fut choisi par acclamation. L'ancien congressiste passa la plus grande partie de la seconde moitié de l'année 1891 à faire campagne contre Campbell. Hanna participa assez peu à la campagne car il se consacra à la levée de fonds pour financer l'élection de législateurs promettant de voter pour Sherman lors de l'élection sénatoriale de 1892[n 3][71]. McKinley remporta l'élection avec près de 20 000 voix d'avance[72]. En janvier, Sherman, avec un important soutien de Hanna, fut élu sénateur face à Foraker[73].
Même après son échec à la présidence en 1884,
James G. Blaine était toujours considéré comme un possible candidat pour la nomination républicaine. Dans ce dessin du magazine
Puck de 1890, il surprend Reed et McKinley (à droite) alors qu'ils préparent leurs plans pour 1892.
Le gouverneur de l'Ohio avait relativement peu de pouvoirs car il n'avait pas le droit de veto mais comme l'Ohio était un swing state, son gouverneur était une figure politique importante[74]. Même si McKinley considérait que la santé de la nation dépendait de celle des affaires économiques, il était impartial dans ses attitudes avec le travail[75] ; il défendit une législation mettant en place un comité d'arbitrage où les disputes salariales pouvaient être réglées et il obtint le passage d'une loi condamnant les employeurs qui licenciaient des travailleurs pour leur appartenance à un syndicat[76].
Le président Harrison se révéla impopulaire et le parti républicain était divisé à l'approche de l'année électorale de 1892 où Harrison envisageait de se représenter. Même s'il n'y avait aucun candidat déclaré contre Harrison, de nombreux républicains étaient prêts à chasser le président du ticket présidentiel si une alternative émergeait. McKinley, Reed et Blaine figuraient parmi les candidats possibles. Craignant que le gouverneur de l'Ohio n'émerge comme un adversaire, les partisans de Harrison s'arrangèrent pour que McKinley soit le président de la convention républicaine à Minneapolis afin qu'il joue un rôle public et neutre. Hanna installa un état-major non-officiel de McKinley à proximité du lieu de la convention mais aucune véritable tentative ne fut faite pour rallier le soutien des délégués à la candidature de McKinley. McKinley s'opposa à ce que les délégués votent en sa faveur mais il arriva néanmoins troisième derrière Harrison et Blaine qui avait pourtant déclaré qu'il ne souhaitait pas être candidat[77]. McKinley fit loyalement campagne pour le ticket présidentiel mais Harrison fut battu par l'ancien président Grover Cleveland lors de l'élection de novembre. Après la victoire de Cleveland, McKinley était considéré comme le probable candidat républicain pour 1896[78].
Peu après la prise de fonctions de Cleveland, la panique de 1893 plongea la nation dans le marasme économique. Un homme d'affaires de Youngstown dans l'Ohio, Robert Walker, avait prêté de l'argent à McKinley quelques années auparavant ; en remerciement, McKinley avait souvent garanti les emprunts de Walker pour son entreprise. Le gouverneur n'avait pas conservé les traces de ce qu'il signait et croyait que Walker était un homme d'affaires prospère. En réalité, Walker avait trompé McKinley en lui disant que les nouveaux emprunts étaient des renouvellement d'anciennes créances. Walker fut ruiné par la récession et McKinley fut appelé pour rembourser ses dettes en février 1893[79]. Le montant était de 100 000 $ et McKinley désespéré proposa initialement de démissionner de son poste de gouverneur pour rembourser avec ses gains en tant qu'avocat[80]. Cependant, les soutiens financiers de McKinley dont Hanna et l'éditeur de Chichago, H. H. Kohlsaat, formèrent un fond pour rembourser les dettes de McKinley. William et Ida mirent leurs propriétés dans les mains du fond et ses partisans levèrent suffisamment d'argent pour assurer le remboursement. Toutes les propriétés du couple lui furent rendues à la fin de l'année 1893 et lorsque McKinley demanda la liste des contributeurs pour pouvoir les rembourser un jour, elle lui fut refusée. De nombreuses personnes victimes des difficultés économiques sympathisèrent avec McKinley dont la popularité s'accrut[80]. Il fut facilement réélu au poste de gouverneur en novembre 1893 en rassemblant la plus large majorité depuis la fin de la Guerre de Sécession[81].
McKinley fit largement campagne pour les républicains durant les élections de mi-mandat de 1894 et beaucoup de candidats dans les districts où il discourra furent victorieux. Ses efforts politiques dans l'Ohio furent récompensés lors de l'élection de novembre 1895 au cours de laquelle un républicain, Asa S. Bushnell, fut élu pour lui succéder comme gouverneur et où la législature républicaine élit Foraker au Sénat. McKinley avait soutenu les candidatures de Foraker et de Bushnell et en retour les deux hommes acceptèrent de défendre les ambitions présidentielles de McKinley. Une fois le parti républicain de l'Ohio rassemblé derrière lui, McKinley se tourna vers l'arène nationale[82].
[modifier] Élection de 1896
Il n'est pas sûr que McKinley se soit sérieusement préparé pour la présidence. Comme son biographe, Kevin Phillips, l'écrit « aucun document, aucun journal, aucune lettre confidentielle à Marcus Hanna (ou à tout autre personne) ne relate ses espoirs secrets ou ses stratagèmes dissimulés[83] ». Dés le départ, les préparatifs de McKinley avaient le soutien de Hanna dont le biographe William T. Horner nota, « ce qui est parfaitement certain, c'est qu'en 1888, les deux hommes commencèrent à développer une relation de travail étroite qui aida à McKinley à accéder à la Maison-Blanche[84] ». Sherman ne chercha pas l'investiture républicaine pour la présidence après 1888 et Hanna put soutenir totalement les ambitions de McKinley[85].
Soutenu par les financements et les capacités d'organisation de Hanna, McKinley rassembla tranquillement des soutiens pour sa candidature en 1895 et en 1896. Lorsque les autres candidats comme Reed ou le sénateur de l'Iowa, William B. Allison, envoyèrent leurs agents à l'extérieur de leurs états pour obtenir des soutiens en faveur de leurs candidatures, ils découvrirent que les hommes de Hanna les avait précédé. Selon l'historien Stanley Jones dans son étude de l'élection de 1896,
« Une caractéristique commune des candidatures de Reed et de Allison fut leur incapacité à neutraliser la lame de fond en faveur de McKinley. En fait, les deux campagnes furent incapables de progresser dés le moment où elles furent lancées. La confiance avec laquelle chaque candidat revendiquait le soutien de sa portion [du pays] fut rapidement suivie par des accusations acerbes selon lesquelles Hanna, en gagnant le soutien de ces parts pour McKinley, avait violé les règles du jeu[86]. »
Hanna, pour le compte de McKinley, rencontra les boss politiques républicains de l'est comme les sénateurs Thomas C. Platt de l'État de New York et Matthew Quay de Pennsylvanie qui étaient prêts à soutenir McKinley en échange de garanties sur les postes et le clientélisme. McKinley était néanmoins déterminé à obtenir la nomination sans réaliser d'accords et Hanna accepta cette décision[87]. Leurs premiers efforts s'orientèrent dans le Sud et Hanna loua une maison de vacances en Géorgie où McKinley rencontra les politiciens républicains de la région. McKinley avait besoin de 453½ votes de délégués pour sécuriser la nomination ; il remporta près de la moité de ce nombre dans le Sud et les états frontaliers. Dans ces mémoires, Platt se lamenta que « [Hanna] avait pratiquement gagné le Sud avant que certains d'entre nous ne se soient réveillés[88] ».
Les boss espéraient toujours empêcher McKinley de rassembler une majorité dés le premier tour lors de la convention républicaine en encourageant les candidatures de concurrents comme Quay, le gouverneur de l'État de New York (et ancien vice-président) Levi Morton et le sénateur de l'Illinois, Shelby Cullom. Les riches délégués de l'Illinois firent l'objet d'une âpre bataille et les soutiens de McKinley, comme l'homme d'affaires de Chicago (et futur vice-président), Charles Dawes, cherchèrent à faire élire des délégués qui voteraient pour McKinley lors de la convention de Saint-Louis. Cullom fut incapable de rivaliser avec McKinley malgré le soutien des républicains locaux et lors de la convention de l'Illinois en avril, McKinley rassembla presque tous les délégués de l'état[89]. L'ancien président Harrison était considéré comme un candidat possible mais il déclina une troisième nomination et l'organisation de McKinley prit le contrôle de l'Indiana avec une rapidité que Harrison jugea, en privé, indécente. Les agents de Morton dans l'Indiana rapportèrent que l'état était complétement derrière McKinley[90]. Le sénateur du Wyoming, Francis E. Warren, écrivit, « les politiciens lui mènent la vie dure mais si les masses pouvaient parler, McKinley serait le choix d'au moins 75 % de l'électorat républicain de l'Union[91] ».
À l'ouverture de la convention nationale à Saint-Louis le 16 juin 1896, McKinley avait déjà une large majorité de délégués. L'ancien gouverneur, qui resta à Canton, suivit les événements de la convention par téléphone et il put entendre le discours de Foraker en sa faveur. Lorsque l'Ohio annonça son choix, ses votes donnèrent la nomination à McKinley, ce que ce dernier célébra en embrassant sa femme et sa mère alors que ses amis quittaient la maison en anticipation de la foule qui entoura rapidement la résidence du candidat républicain à la présidence. Des milliers de partisans vinrent de Canton et des villes alentour pour entendre McKinley discourir depuis le perron de sa maison. La convention choisit le vice-président du comité national républicain, Garret Hobart du New Jersey, pour briguer la vice-présidence ; le choix avait en réalité, selon la plupart des rapports, été fait par Hanna. Hobart, un riche avocat, homme d'affaires et ancien législateur de l'état, n'était pas très connu mais comme le biographe de Hanna, Herbert Croly l'écrivit, « s'il ne renforça pas vraiment le ticket, il ne fit rien pour l'affaiblir[92] ».
[modifier] Campagne électorale
Avant la convention de 1896, McKinley essaya d'éviter de se positionner d'un coté ou l'autre de la question monétaire. Caricature de William Allen Rogers publiée dans le magazine
Harper's Weekly de juin 1896.
Avant la convention républicaine, McKinley avait des positons ambivalentes sur la question de la monnaie en favorisant des positions modérée sur l'argent comme la mise en place du bimétallisme par l'intermédiaire d'accords internationaux. Dans les jours qui précédèrent la convention, McKinley décida, après avoir rencontré des politiciens et des hommes d'affaires, de soutien l'étalon-or même s'il permettait l'instauration du bimétallisme par un accord international. L'adoption de cette position poussa certains délégués de l'ouest, comme le sénateur du Colorado, Henry M. Teller, à quitter la convention. Cependant par rapport aux démocrates, les divisions républicaines sur la question étaient faibles car McKinley promit des concessions ultérieures aux partisans de l'argent[93].
Le marasme économique se poursuivait et il renforçait les partisans de l'argent. La question divisait profondément le parti démocrate car le président Cleveland soutenait l'étalon-or alors qu'un nombre de plus en plus important de démocrates ruraux, particulièrement dans le sud et l'ouest, voulaient la mise en place du bimétallisme. Les partisans de l'argent prirent le contrôle de la convention démocrate et ils choisirent William Jennings Bryan pour briguer la présidence. Le radicalisme économique que Bryan choqua les financiers qui pensaient que son programme économique ruinerait l'économie. Hanna les approcha pour qu'ils soutiennent sa stratégie pour remporter les élections et ils donnèrent 3,5 millions de dollars aux orateurs et fiancèrent plus de 200 millions de tracts défendant les positions républicaines sur la monnaie et les droits de douane[94].
La campagne de Bryan ne leva que 500 000 $, principalement auprès des propriétaires de mines d'argent. Avec son éloquence et son énergie, Bryan entreprit une campagne frénétique et il parcourut en train près de 29 000 km en trois mois. Hanna pressa McKinley de réaliser une tournée équivalente à celle de Bryan mais le candidat républicain déclina en avançant que le démocrate était plus à l'aise pour faire une tournée électorale : « Je pourrais tout aussi bien installer un trapèze sur ma pelouse et rivaliser avec un athlète professionnel que discourir contre Bryan. Je dois réfléchir quand je parle[95] ». Au lieu d'aller à la rencontre du peuple, McKinley resta dans sa résidence de Canton et il autorisa le peuple à venir jusqu'à lui ; selon l'historien R. Hal Williams dans son livre sur l'élection de 1896, « cela se révéla au final une brillante stratégie. La campagne de perron[n 4] de McKinley devint légendaire dans l'histoire politique américaine[95] ».
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William et Ida McKinley (à droite de son mari) posent avec des représentants de la
Flower Delegation d'
Oil City en Pennsylvanie devant leur résidence. Même si les femmes ne pouvaient pas voter dans la plupart des états, elles pouvaient influencer leurs proches et elles étaient encouragées à visiter Canton.
McKinley rencontra le public tous les jours à l'exception du dimanche et il reçut des délégations depuis le perron de sa maison. Les compagnies de chemin de fer offrirent des réductions aux visiteurs et le journal Plain Dealer de Cleveland favorable au bimétalisme se lamenta qu'aller à Canton était « moins couteux que de rester chez soi[96],[97] ». Les délégations traversaient la ville depuis la gare jusqu'à la résidence de McKinley et une fois là, elles se rassemblaient devant la maison de McKinley, à laquelle elles arrachaient furtivement des morceaux en guise de souvenir, pendant que leurs porte-paroles s'adressaient à McKinley. Le candidat répondait ensuite sur les questions de la campagne d'une manière qui satisfaisait les intérêts de la délégation. Les discours étaient soigneusement rédigés pour éviter les remarques improvisées et même les remarques du porte-parole étaient approuvées par McKinley ou ses représentants. Cela était destiné à éviter les commentaires désinvoltes qui pourraient nuire à sa candidature[96],[98],[99].
Caricature de Homer Davenport publiée en 1896 dans le
Journal de William Randolph Hearst représentant McKinley comme la marionnette de Hanna.
La plupart des journaux démocrates refusèrent de soutenir Bryan, à l'exception notable du Journal de New York contrôlé par William Randolph Hearst, dont la fortune était basée sur les mines d'argent. Dans les articles partiaux et à dans les caricatures acerbes de Homer Davenport, Hanna était représenté comme un ploutocrate méprisant les travailleurs. McKinley était dessiné comme un enfant manipulé par les intérêts financiers[100]. Même aujourd'hui, ces représentations continuent de colorer les images de Hanna et de McKinley : l'un comme un homme d'affaires sans cœur et l'autre comme une créature de Hanna et des autres personnages de son espèce[101].
Le Middle West fut le principal enjeu de la bataille car le sud et la plus grande partie de l'ouest étaient en faveur de Bryan[102]. Après les votes anticipés dans le Maine et le Vermont en septembre, le nord-est était considéré comme gagnés à la cause de McKinley[103]. À ce moment, il devint clair que le soutien au bimétallisme avait diminué et McKinley mit l'accent sur la question des droits de douane. À la fin du mois de septembre, les républicains cessèrent d'imprimer des documents sur la question monétaire et se concentrèrent uniquement sur les mesures protectionnistes[104]. Le 3 novembre 1896, McKinley remporta l'ensemble du nord-est et du Middle West. 51 % des électeurs se prononcèrent en faveur du candidat républicain et sa majorité fut encore plus importante au sein du collège électoral. Bryan avait uniquement fait campagne sur le bimétallisme et il ne parvint pas à recevoir les voix de l'électorat urbain. La seule ville de plus de 100 000 habitants remportée par Bryan fut Denver dans le Colorado[105].
L'élection présidentielle de 1896 est souvent considéré comme un tournant dans l'historie politique américaine dans laquelle la vision de McKinley d'un gouvernement central fort soutenant l'industrie américaine par des mesures protectionnistes et celle d'un dollar basé sur l'or triompha. La domination républicaine sur la politique américaine continua jusqu'à l'élection de 1932 et la victoire du démocrate Franklin Roosevelt[106]. Phillips avance que, avec la possible exception du sénateur Allison de l'Iowa, McKinley était le seul républicain à pouvoir battre Bryan car les candidats de l'est comme Morton et Reed auraient probablement échoué à rassembler les électeurs du Middle West face à Bryan natif de l'Illinois[107]. Selon le biographe, même si Bryan était populaire auprès des électeurs ruraux, « McKinley reçut le soutien d'une Amérique urbanisée et industrielle très différente[108] ».
[modifier] Présidence 1897-1901
[modifier] Investiture et nominations
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William McKinley prêta serment le 4 mars 1897 et il donna un long discours d'investiture dans lequel il défendit une réforme des droits de douane et expliqua que la question de la monnaie attendrait la mise en place des mesures protectionnistes. Il avertit également contre le risque d'interventions à l'étranger, « nous ne voulons pas de guerres de conquêtes. Nous devons éviter la tentation de l'agression territoriale[109] ».
La nomination la plus controversée de McKinley fut celle de John Sherman au poste de secrétaire d'État[110]. Sherman n'était pas le premier choix de McKinley et il pensait initialement confier le poste à Allison[110]. L'une des raisons à la nomination du sénateur Sherman était de libérer sa place pour Hanna (qui avait refusé de devenir Postmaster General). Comme Sherman avait été le secrétaire du Trésor sous Hayes, seul le secrétariat d'État pouvait l'intéresser au point qu'il abandonna son mandat de sénateur. Les facultés mentales de Sherman s'étaient dégradées et cela était largement connu dans les cercles politiques mais McKinley refusa de croire les rumeurs[110]. Il envoya néanmoins son cousin, William McKinley Osborne, pour diner avec le sénateur de 73 ans ; il rapporta que Sherman était parfaitement lucide[111]. McKinley écrivit après l'annonce de la nomination, « les histoires sur le « délabrement mental » du sénateur Sherman sont sans fondements... Lorsque je l'ai vu, j'ai été convaincu de son excellente santé tant physique qu'intellectuelle[111] ».
Après quelques difficultés, le gouverneur de l'Ohio nomma Hanna au Sénat[112]. Une fois en fonctions, l'inaptitude mentale de Sherman devint apparente. Il était souvent remplacé par son premier assistant, l'ami de McKinley, le juge William R. Day et par son second assistant Alvey A. Adee qui souffrait de problèmes d'audition. Day, un avocat de l'Ohio sans expérience de la diplomatie, était souvent discret lors des réunions. Selon un diplomate, « le chef du département ne sait rien, le premier assistant ne dit rien et le second assistant n'entend rien[111] ».
Le président McKinley et son Cabinet.
Le congressiste du Maine, Nelson Dingley, Jr., était le premier choix de McKinley pour le secrétariat du Trésor mais il refusa l'offre car il préférait rester le président du Comité sur les objectifs et les moyens. Charles Dawes, qui avait été l'assistant de Hanna à Chicago durant la campagne, fut envisagé mais selon certains récits, il fut jugé trop jeune. Dawes devint finalement contrôleur de la monnaie ; il écrivit dans son journal qu'il avait fortement recommandé à McKinley de nommer Lyman J. Gage alors le président de la First Chicago Bank[113]. Le département de la Marine fut confié à l'ancien congressiste du Massachusetts, John Davis Long, le 30 janvier 1897[114]. McKinley pensait initialement autoriser Long à choisir son assistant mais il y eut de nombreuses pressions sur le président pour qu'il nomma Theodore Roosevelt, un ancien membre de l'assemblée de l'état de New York et le chef de la police de New York. McKinley y était réticent du fait du caractère de Roosevelt, « Je veux la paix et l'on m'a dit que votre ami Théodore est toujours en train de se disputer avec quelqu'un ». Il accepta néanmoins sa nomination[115].
Film sur l'investiture de McKinley en 1897.
En plus de celle de Sherman, McKinley fit une autre nomination au sein de son Cabinet qui se révéla mal-avisée[116], celle de secrétaire à la Guerre qui échoua à Russell Alexander Alger, un ancien général et le gouverneur du Michigan. Suffisamment compétent en temps de paix, Alger fut dépassé par le conflit avec l'Espagne. Ses erreurs mirent le département de la Guerre sous le feu des critiques et il remit sa démission au milieu de l'année 1899[117]. Comme cela était la norme à l'époque, le vice-président Hobart n'était pas invité aux réunions du Cabinet. Il se révéla néanmoins un conseiller de valeur pour McKinley et les membres du Cabinet. Le riche vice-président loua une résidence à proximité de la Maison-Blanche ; les deux familles se rencontraient sans formalités et l'épouse du vice-président, Jennie Tuttle Hobart, remplaça parfois la première dame comme hôtesse de la Maison-Blanche lorsque Ida ne se sentait pas bien[118]. Durant la plus grande partie de l'administration McKinley, George B. Cortelyou fut le secrétaire particulier du président. Cortelyou qui accéda à trois postes dans le Cabinet de Théodore Roosevelt, joua le rôle de chef de Cabinet et d'attaché de presse de McKinley[119].
[modifier] Guerre avec l'Espagne
Depuis des décennies, des rebelles organisaient des révoltes à Cuba pour demander une plus grande liberté et la fin de la domination coloniale de l'Espagne. En 1895, ces affrontements s'étaient transformés en une véritable guerre d'indépendance[120]. Pour lutter contre ce soulevement, les représailles espagnoles se firent de plus en plus dures. Celles-ci incluaient l'internement des Cubains dans des camps de concentration près des bases militaires espagnoles pour empêcher le ravitaillement des rebelles par la population[121]. L'opinion publique américaine soutenait les demandes de liberté des Cubains et McKinley partageaient son indignation concernant les politiques espagnoles[122]. Si beaucoup de ses compatriotes demandaient une intervention armée pour libérer Cuba, McKinley privilégiait une approche pacifique et voulait négocier avec l'Espagne l'octroi de l'indépendance ou d'une plus grande autonomie pour Cuba[123]. Les négociations entre les deux pays commencèrent en 1897 mais il devint rapidement clair que l'Espagne n'accepterait jamais l'indépendance de l'île et que les rebelles (et leurs partisans américains) ne voudraient rien d'autre[124]. En janvier 1898, l'Espagne promit de faire quelques concessions aux rebelles mais lorsque le consul Fitzhugh Lee rapporta que La Havane était secouée par des émeutes, McKinley accepta d'envoyer le cuirassé USS Maine sur place pour protéger les vies et les propriétés américaines[125]. Le 15 février, l'USS Maine explosa et coula avec 266 marins à son bord[126]. L'opinion publique était chauffée à blanc et les journaux demandèrent la guerre mais McKinley insista sur la création d'une commission d'enquête pour déterminer si l'explosion était accidentelle ou non[127]. Les négociations avec l'Espagne continuèrent pendant les travaux du comité mais le 20 mars ce dernier conclut que le cuirassé américain avait été détruit par une mine sous-marine[128]. Malgré les demandes grandissantes pour une déclaration de guerre au Congrès, McKinley continua de négocier pour obtenir l'indépendance cubaine[129]. L'Espagne refusa les propositions de McKinley et le 11 avril, McKinley transféra la question au Congrès. Il ne demanda pas la guerre mais le Congrès la déclara le 20 avril et ajouta l'amendement Teller qui reniait toute intention d'annexion de Cuba[130].
Cette caricature montre McKinley tenant un enfant sauvage représentant les Philippines. Le dessin insinue que le rendre à l'Espagne serait comme le jeter du haut de la falaise. Publié dans le
Minneapolis Tribune en 1898.
L'expansion du télégraphe et le développement du téléphone firent que McKinley disposait d'un plus grand contrôle sur le commandement de la guerre que n'importe quel autre président avant lui et il utilisa ces technologies pour diriger autant qu'il pouvait les mouvements de l'armée et la marine[131]. McKinley trouva que Alger n'était pas à la hauteur de son poste de secrétaire à la Guerre et il ne s'entendait pas très bien avec le commandant général de l'armée, Nelson Miles[132]. Les contournant, il chercha des conseils stratégiques auprès du prédécesseur de Miles, le général John McAllister Schofield puis auprès de l'adjudant-général Henry Clarke Corbin[132]. La guerre entraina également un changement dans le Cabinet de McKinley car le président accepta la démission de Sherman de son poste de secrétaire d'État et Day accepta de le remplacer jusqu'à la fin de la guerre[133].
Moins de deux semaines après le début de la guerre, l’Asiatic Squadron du commodore George Dewey remporta une grande victoire lors de la bataille de la baie de Manille aux Philippines au cours de laquelle il détruisit tous les navires adverses sans déplorer la moindre perte dans ses rangs[134]. La victoire écrasante de Dewey fit que la guerre allait également déterminer le destin des colonies espagnoles du Pacifique[135]. Le mois suivant, McKinley augmenta les effectifs du corps expéditionnaire dans les Philippines et il donna au commandant de l'armée, le major-général Wesley Merritt, le pouvoir de mettre en place le système légal et l'imposition qui étaient nécessaires à une occupation de longue durée[136]. Lorsque les troupes arrivèrent dans les Philippines à la fin du mois de juin 1898, McKinley avait décidé que l'Espagne devrait céder le contrôle de l'archipel aux États-Unis[137]. Il déclara qu'il était ouvert à toutes les suggestions sur le sujet mais il croyait que si la guerre se prolongeait, l'opinion publique demanderait la conservation des îles comme prises de guerre[138].
Dans le même temps, une grande armée fut assemblée près de Tampa en Floride en prévision de l'invasion de Cuba[139]. L'armée avait du mal à ravitailler la force toujours plus grande avant même qu'elle ne quitte les États-Unis mais en juin, Corbin était parvenu à résoudre l'essentiel des ces problèmes[140]. Après plusieurs retards, l'armée menée par le major-général William Rufus Shafter, quitta la Floride le 20 juin et débarqua près de Santiago de Cuba deux jours plus tard[141]. Après des escarmouches à Las Guasimas le 24 juin, l'armée américaine engagea les forces espagnoles le 2 juin lors de la bataille de San Juan[142]. Après un jour d'intenses combats, les Espagnols furent mis en déroute mais les pertes avaient été lourdes dans les deux camps[143]. Le lendemain, la flotte espagnole des Caraïbes, qui s'abritait dans le port de Santiago quitta son mouillage mais elle fut interceptée et détruite par l'escadron de l'Atlantique Nord commandé par le contre-amiral William T. Sampson lors de la plus grande bataille navale de la guerre[144]. Shafter mit en place le siège de la ville de Santiago qui capitula le 17 juillet, plaçant ainsi Cuba sous le contrôle effectif des États-Unis[145]. McKinley et Miles ordonnèrent également l'invasion de Porto Rico qui fut rapidement réalisée en juillet[145]. L'éloignement de l'Espagne et la destruction de la flotte espagnole rendaient toute contre-attaque impossible et le gouvernement espagnol commença à chercher un moyen de mettre un terme à la guerre[146].
[modifier] Paix et gains territoriaux
Le 22 juillet, les Espagnols autorisèrent Jules Cambon, l'ambassadeur français aux États-Unis à représenter l'Espagne lors des négociations de paix[146]. Le gouvernement espagnol souhaitait initialement limiter les discussions à Cuba mais il fut rapidement forcé de reconnaitre que ses autres possessions étaient également réclamées comme prises de guerre[146]. Le Cabinet de McKinley s'accorda sur le fait que l'Espagne devait abandonner Cuba et Porto Rico mais il était divisé sur la question des Philippines ; certains voulaient annexer tout l'archipel tandis que d'autres voulaient conserver uniquement une base navale dans la zone[147]. L'opinion publique semblait en faveur d'une annexion des Philippines mais plusieurs politiciens influents comme Bryan, l'ancien président Cleveland et la ligue anti-impérialiste récemment créée firent connaitre leur opposition[148]. McKinley proposa d'ouvrir des négociations avec l'Espagne sur la base de la libération de Cuba et de l'annexion de Porto Rico et sur le fait que le statut final des Philippines serait le sujet d'autres discussions[149]. Il resta ferme sur cette demande malgré la détérioration de la situation militaire à Cuba causée par une épidémie de fièvre jaune au sein de l'armée américaine[149]. L'Espagne accepta finalement un cessez-le-feu sur ces termes le 12 août et des négociations commencèrent à Paris en septembre 1898[150]. Les discussions continuèrent jusqu'au 18 décembre et la signature du traité de Paris[151]. Les États-Unis prenaient le contrôle de Porto Rico, des Philippines et de Guam et l'Espagne abandonnait ses revendications sur Cuba ; en échange les États-Unis offraient 20 millions de dollars à l'Espagne[151]. McKinley eut du mal à convaincre le Sénat d'approuver le traité avec la majorité nécessaire des deux-tiers. Les pressions du président et du vice-président furent finalement récompensées le 6 février 1899 lorsque le Sénat ratifia le traité par 57 voix contre 27[152].
Durant la guerre, McKinley réalisa également l'annexion de la république d'Hawaï. La nouvelle république, dominée par les intérêts américains avait renversé la monarchie régnant sur l'archipel en 1893[153]. L'administration lame-duck de Harrison avait présenté un traité d'annexion au Sénat ; après son retour à la présidence, Cleveland avait envoyé une mission spéciale dans l'archipel. Après avoir reçu son rapport, Cleveland retira le traité en avançant que la révolution ne reflétait pas la volonté des citoyens hawaïens[154]. De nombreux américains étaient néanmoins en faveur de cette annexion et la cause rassembla un soutien de plus en plus large alors que les États-Unis étaient engagés dans la guerre avec l'Espagne[155]. McKinley était un partisan de l'annexion et il fit pression sur le Congrès pour qu'il adopte cette idée car il croyait que ne rien faire pourrait mener à une contre-révolution monarchique ou à une prise de contrôle par les Japonais[155]. Anticipant les difficultés pour rassembler une majorité des deux-tiers au Sénat en faveur du projet d'annexion, McKinley soutint les efforts du représentant démocrate Francis G. Newlands du Nevada pour obtenir une résolution conjointe des deux chambres du Congrès[156]. La résolution Newlands fut votée par les deux chambres avec des larges majorités et McKinley la signa en loi le 8 juillet 1898[156]. Le biographe de McKinley, H. Wayne Morgan note que « McKinley était la force motrice derrière l'annexion de Hawaï et il montra une grande fermeté dans sa volonté de l'obtenir[157] ». Le président dit à Cortelyou, « Nous avons besoin de tout autant Hawaii et beaucoup plus que nous avons fait en Californie. C'est une destinée manifeste. »[158]. L'île de Wake, un atoll inhabité entre Hawaï et Guam fut revendiqué par les États-Unis le 12 juillet 1898[159].
[modifier] Expansion de l'influence outre-mer
En acquérant les possessions dans le Pacifique, McKinley améliora la capacité des États-Unis à commercer en Chine[160]. Même avant le début des négociations de paix avec l'Espagne, McKinley avait demandé au Congrès de mettre en place une commission pour évaluer les opportunités commerciales dans la région et il présenta une « politique de la porte ouverte » dans laquelle toutes les nations commerceraient librement avec la Chine et aucune ne chercherait à violer son intégrité territoriale[161]. Lorsque John Hay remplaça Day au secrétariat d'État à la fin de la guerre, il présenta des notes à ce sujet aux puissances européennes[162]. La Grande-Bretagne y était favorable mais la Russie s'y opposa ; la France, l'Allemagne, l'Italie et le Japon en acceptèrent le principe mais précisèrent qu'elle ne l'appliquerait que si tous les autres pays faisaient de même[162].
Le commerce avec la Chine fut rapidement mis en péril par la révolte des Boxers dont l'objectif était de chasser les intérêts occidentaux hors du pays[163]. Les Américains et les autres occidentaux à Pékin furent assiégés et en coopération avec les autres puissances, McKinley envoya 5 000 soldats pour secourir les assiégés en juin 1900 dans le cadre de l'alliance des huit nations[164]. Le siège fut levé le mois suivant mais plusieurs congressistes démocrates critiquèrent la décision de McKinley d'envoyer des troupes sans consulter le Congrès[163]. Les actions de McKinley définirent un précédent et la plupart de ses successeurs exercèrent un contrôle indépendant similaire sur l'armée[164]. Après la fin de la révolte, les États-Unis réaffirmèrent leur adhésion à la politique de la porte ouverte, qui devint la base de la politique américaine envers le Chine[165].
Dans les Amériques, McKinley et Hay entamèrent des négociations avec la Grande-Bretagne sur la possible construction d'un canal à travers l'Amérique centrale. Le traité Clayton-Bulwer, signé par les deux nations en 1850, interdisait un contrôle exclusif de l'un des deux pays sur un canal dans cette région. La guerre avait exposé la difficulté de maintenir une flotte dans les deux océans sans une connexion plus proche que le cap Horn[166]. Les intérêts financiers et militaires américains étant de plus en plus présents en Asie, un canal sembla un développement essentiel et McKinley fit pression pour une renégociation du traité[166]. Hay et l'ambassadeur britannique, Julian Pauncefote, acceptèrent l'idée que les États-Unis contrôlent un futur canal à la condition que ce dernier ne soit pas fortifié et que tous les navires soient autorisés[167]. McKinley était satisfait par ces termes mais le Sénat les rejeta en demandant à ce que les États-Unis soient autorisés à fortifier le canal[167]. Hay fut embarrassé par le refus et il présenta sa démission ; McKinley la refusa et lui demanda de poursuivre les négociations jusqu'à obtenir l'accord du Sénat[167]. Ses efforts furent couronnés de succès mais le nouveau traité ne fut rédigé et approuvé qu'après l'assassinat de McKinley en 1901[167].
[modifier] Droits de douane et bimétallisme
Affiche électorale de 1900 montrant McKinley debout sur l'
étalon-or soutenu par des soldats, des marins, des hommes d'affaires et des ouvriers.
Deux des grandes questions de l'époque, la réforme des droits de douane et le bimétallisme devinrent imbriquées en 1897[168]. Dingley, le président du Comité sur les objectifs et les moyens, présenta une nouvelle loi sur les droits de douane (par la suite appelée Dingley Act) pour réformer le Wilson-Gorman Tariff Act de 1894[168]. McKinley défendit la loi qui augmentait les taxes sur les importations de laine, de sucre et de produits de luxe mais ces nouveaux droits de douane alarmèrent les Français qui exportaient de nombreux produits de luxe aux États-Unis[168]. Le Dingley Act fut facilement adopté par la Chambre des représentants mais son passage au Sénat fut retardé par l'étude des objections françaises[169]. Les diplomates français offrirent de coopérer avec les États-Unis sur la rédaction d'un accord international sur le bimétallisme si les nouveaux droits de douane étaient réduits. Cela satisfit les républicains partisans de l'argent au Sénat dont les voix étaient nécessaires à son passage[170]. Le Sénat amenda la loi pour autoriser une réciprocité limitée mais sans réduire les taxes sur les produits de luxe[171]. McKinley promulgua la loi et accepta de commencer des négociations internationales sur un accord international sur la bimétallisme[172].
Les diplomates américains conclurent rapidement un traité de réciprocité avec la France et les deux nations approchèrent le Royaume-Uni pour évaluer l'opinion britannique sur le bimétallisme[172]. Le premier ministre, Lord Salisbury, montra un certain intérêt pour l'idée et il dit à l'émissaire américain, Edward O. Wolcott, qu'il serait disposé à relancer la frappe de la monnaie en Inde pour frapper des pièces d'argent si le gouvernement local dominé par les Britanniques acceptait[173]. Les nouvelles d'une possible sortie de l'étalon-or déclenchèrent l'opposition immédiate de ses partisans et les craintes de l'administration indienne poussèrent les Britanniques à rejeter la proposition[173]. L'effort internationale en faveur du bimétallisme étant un échec, McKinley abandonna la frappe de l'argent et embrassa l'étalon-or[174]. Même sans accord, la demande pour le bimétallisme diminua avec le retour de la prospérité et les récentes découvertes d'or dans le Yukon et en Australie augmentèrent la masse monétaire sans avoir besoin de frapper de l'argent[175]. En l'absence d'un accord international, McKinley défendit des lois pour adosser formellement le dollar à l'or mais ces efforts furent initialement déçus par les partisans de l'argent au Sénat[176]. En 1900, à l'approche d'une nouvelle campagne électorale et avec une économie en croissance, McKinley pressa le Congrès de voter une telle loi et il signa le Gold Standard Act le 14 mars 1900 avec un stylo en or[177].
[modifier] Droits civiques
Dans le sillage de l'élection de McKinley en 1896, les afro-américains espéraient des progrès obtenir des avancées en faveur d'une plus grande égalité. Alors qu'il était gouverneur, McKinley avait dénoncé la pratique du lynchage et la plupart des afro-américains qui pouvaient voter votèrent en sa faveur en 1896. La priorité de McKinley était néanmoins de mettre un terme au séparatisme et ils furent déçus par ses politiques et ses nominations. Si McKinley avait nommé quelques afro-américains à des postes gouvernementaux subalternes et avait été félicité pour cela, les nominations étaient moins nombreuses que sous les précédentes administrations républicaines. Blanche K. Bruce, un afro-américain qui avait été sénateur du Mississippi durant la Reconstruction, reçut l'office du département du Trésor qui était généralement attribué à un afro-américain par les présidents républicains. McKinley nomma plusieurs postmasters noirs mais lorsque les blancs protestèrent contre la nomination de Justin W. Lyons en tant que postmaster d'Augusta en Géorgie, McKinley lui demanda de démissionner ; il accéda à l'office du département du Trésor à la mort de Bruce en 1898[178]. Le président ne nomma pas George B. Jackson, un ancien esclave, au poste de collecteur des douanes de Presidio au Texas[179]. Les afro-américains des états du Nord considéraient néanmoins que leur contribution à l'élection de McKinley fut négligée et peu d'entre-eux furent nommés à des fonctions gouvernementales[178].
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Les réponses de l'administration aux violences raciales furent minimales et McKinley perdit le soutien des noirs[178]. Lorsque des postamsters noirs furent agressés à Hogansville en Géorgie in 1897 et à Lake City en Caroline du Sud l'année suivante, McKinley ne délivra aucune lettre de condamnation. Si les dirigeants noirs critiquèrent McKinley pour son inaction, ses partisans répondirent que le président avait peu de pouvoir d'intervention. Les critiques répondirent qu'il pouvait au moins condamner publiquement de tels agissements comme l'avait fait Harrison[180].
Selon l'historien Clarence A. Bacote, « avant la guerre hispano-américaine, les noirs considéraient McKinley comme leur meilleur espoir[181] ». Les afro-américains virent le déclenchement de la guerre de 1898 comme une opportunité pour démontrer leur patriotisme et les soldats noirs se battirent courageusement à El Caney et San Juan. Sous la pression des dirigeants noirs, McKinley demanda au département de la Guerre de nommer des officiers noirs à des grades supérieurs à celui de lieutenant. L'héroïsme de ces soldats n'apaisa pas les tensions raciales dans le Sud et la seconde moitié de l'année 1898 fut marquée par plusieurs épisodes de violences raciales et 11 afro-américains furent tués lors d'émeutes à Wilmington en Caroline du Nord[182]. McKinley visita le Sud à la fin de l'année 1898 pour apaiser les sentiments séparatistes. En plus de visiter le Tuskegee Institute et de rencontrer le militant Booker T. Washington, il fit un discours à la législature de Géorgie et visita les mémoriaux confédérés. Il ne mentionna cependant pas les tensions ou les violences raciales. Si le président fut ovationné par les blancs du Sud, de nombreux afro-américains, exclus des cérémonies, se sentirent oubliés par les actes et les paroles de McKinley[182],[183].
Selon Gould et le biographe Phillips, étant donné le climat politique dans le Sud où les législatures votaient des lois ségrégationnistes comme celle confirmée dans l'affaire Plessy v. Ferguson, McKinley avait peu de moyens pour améliorer les relations entre les communautés et il fit mieux que certains de ses successeurs comme Theodore Roosevelt, qui doutait de l'égalité raciale et Woodrow Wilson qui était un partisan de la ségrégation. Néanmoins, Gould conclut que « McKinley manqua de vision pour dépasser les préjugés de son temps et offrir un meilleur avenir à tous les Américains[184] ».
[modifier] Nominations judiciaires
Après le départ en retraite du juge Stephen Johnson Field, McKinley nomma le procureur général Joseph McKenna à la Cour suprême des États-Unis en décembre 1897[185]. Ce choix déclencha une certaine controverse car les critiques de McKenna au Sénat avancèrent qu'il était trop proche des intérêts des compagnies ferroviaires et qu'il manquait de qualifications pour le poste[186]. Malgré les objections, la nomination de McKenna se fit à l'unanimité[187]. McKenna répondit aux critiques concernant son éducation juridique en suivant des cours à la Columbia Law School durant les mois qui précédèrent sa prise de fonction[186].
En plus de cette nomination à la Cour suprême, McKinley nomma six juges dans les cours d'appel fédérales et 28 autres dans les cours de district[188].
[modifier] Élection de 1900
Les promesses de l'administration ont été tenues. Affiche électorale de McKinley en 1900.
Les républicains remportèrent la plupart des élections locales et nationales en 1899 et McKinley était confiant sur ses chances de réélection en 1900[189]. La popularité de McKinley durant son premier mandat lui assura la nomination de son parti à l'unanimité[190]. La seule question de la convention concernait le choix du candidat à la vice-présidence car Hobart était mort en novembre 1899[191]. McKinley avait initialement envisagé Elihu Root, qui avait succédé à Alger au poste de secrétaire à la Guerre mais il jugea que Root faisait un trop bon travail au département de la Guerre pour le changer de poste[191]. Il considéra également d'autres candidats comme Allison et le secrétaire à l'intérieur, Cornelius Newton Bliss, mais aucun n'était aussi populaire que l'étoile montante du parti républicain, Theodore Roosevelt[192]. Après une courte période en tant que secrétaire adjoint à la marine, Roosevelt avait démissionné et formé un régiment volontaire de cavalerie ; ils combattirent courageusement à Cuba et Roosevelt rentra aux États-Unis couvert de gloire. Après avoir été élu gouverneur de l'État de New York en 1898, Roosevelt visait la présidence[191]. De nombreux partisans le recommandèrent à McKinley et Roosevelt considérait que cela serait un excellent tremplin pour l'élection présidentielle de 1904[191]. McKinley ne se prononça pas en public sur la question mais Hanna était fermement opposé au gouverneur de New York qu'il jugeait trop impulsif[193]. Cette posture fut cependant sapée par les efforts des boss politiques comme le sénateur de New York, Thomas C. Platt, qui cherchaient à se débarrasser du gouverneur réformateur en le faisant devenir vice-président[194].
À l'ouverture de la convention républicaine à Philadelphie, aucun des candidats à la vice-présidence ne semblait clairement se détacher mais Roosevelt disposait de la plus grande base de soutiens dans le pays[191]. McKinley affirma que le choix appartenait à la convention et non à lui[195]. Le 21 juin, McKinley et Roosevelt furent élus à l'unanimité dés le premier tour[196]. La convention démocrate fut organisée un mois plus tard à Kansas City et William Jennings Bryan fut facilement choisi après le retrait du héros de la guerre hispano-américaine, George Dewey ; l'élection de 1900 fut donc une répétition de celle de 1896[197]. Les candidats étaient les mêmes mais les sujets de préoccupation avaient évolué ; le bimétallisme était encore une question importante mais les républicains mirent l'accent sur la victoire contre l'Espagne et sur la prospérité du pays qui selon eux favorisaient leur parti[198]. Les démocrates savaient que la guerre avait été populaire, même si l'impérialisme était critiqué, et ils se concentrèrent donc sur la question des monopoles et des puissances financières en représentant McKinley comme un serviteur du capital et des grandes compagnies[199]. Comme en 1896, Bryan se lança dans une tournée dans tout le pays tandis que McKinley resta chez lui ; le seul discours qu'il donna fut celui dans lequel il acceptait sa nomination[200] et Roosevelt devint le principal orateur de sa campagne[201]. La campagne de Bryan ne parvint pas à enthousiasmer les électeurs comme elle l'avait fait en 1896 et McKinley ne douta jamais de sa réélection[202]. Le 6 novembre 1900, McKinley remporta la plus large victoire pour un républicain depuis 1872[203]. Bryan n'arriva en tête que dans quatre états en dehors du Solid South[n 5] et McKinley arriva même en tête dans le Nebraska dont Bryan était représentant[203].
[modifier] Second mandat et assassinat
Dessin de 1905 représentant l'assassinat du président McKinley.
Peu après la seconde cérémonie d'investiture le 4 mars 1901, William et Ida McKinley entreprirent une tournée de six semaines dans le pays. Se déplaçant essentiellement en train, le couple devait voyager dans le Sud puis le long de la côte Pacifique avant de revenir à l'est et terminer l'excursion le 13 juin par la visite de l'exposition Pan-américaine se déroulant à Buffalo dans l'État de New York[204]. Cependant, la première dame tomba malade en Californie et McKinley dut annuler des réunions des discours dans lesquels il voulait défendre la mise en place d'accords commerciaux internationaux. Il repoussa la visite de l'exposition au mois de septembre et planifia de rester un mois à Washington et deux à Canton avant de se rendre à Buffalo[205].
Même si McKinley appréciait le contact du public, Cortelyou s'inquiétait pour sa sécurité après les récents assassinats de personnalités européennes par des anarchistes. Par deux fois, il tenta d'annuler une réception publique faisant partie de la visite du président mais McKinley refusa et Cortelyou augmenta la sécurité de l'exposition[206]. Le 5 septembre, le président donna un discours devant 50 000 personnes dans lequel il défendit la mise en place d'accords de réciprocité commerciales pour ouvrir les marchés étrangers aux industries américaines dont il comptait faire l'idée centrale de son second mandat[207],[208].
Dans la foule, l'anarchiste Leon Czolgosz voulait assassiner McKinley. Il parvint à se rapprocher de l'estrade présidentielle mais il ne tira pas car il n'était pas certain de toucher sa cible[207]. Après avoir écouté un discours de l'anarchiste Emma Goldman, Czolgosz avait décidé de réaliser un coup d'éclat pour défendre la cause. Après son échec du 5 septembre, Czolgosz revint le lendemain dans le Temple of Music de l'exposition où le président devait rencontrer le public après avoir visité les chutes Niagara. L'anarchiste dissimula son revolver dans un foulard et lorsque le président fut à sa hauteur, il lui tira deux balles dans l'abdomen[209].
Après avoir tenté sans succès de convaincre Cortelyou que sa blessure n'était pas grave, il demanda à ses assistants d'annoncer la nouvelle à Ida d'une manière qui ne la traumatise pas et il fit rappeler la foule qui s'était précipitée sur Czolgosz, une action qui lui évita peut-être le lynchage[210]. McKinley fut emmené jusqu'à l'hôpital de l'exposition qui malgré son nom et la présence d'une salle d'opération ne s'occupait que des blessures légères des visiteurs. Une balle avait été déviée par un bouton et l'avait uniquement égratigné mais l'autre avait traversé l'estomac, endommagé le pancréas et un rein avant de se loger dans les muscles dorsaux du président. Cortelyou choisit Matthew D. Mann parmi les médecins ayant accouru à l'hôpital ; il n'était pas un spécialiste de la chirurgie abdominale ou des blessures par balle et il ne parvint pas à localiser la seconde balle. Bien qu'un générateur primitif de rayons X eut été présent à l'exposition, il ne fut pas utilisé et Mann nettoya et sutura soigneusement la blessure. Après l'opération, McKinley fut emmené à la Milburn House où la première dame avait appris la nouvelle avec calme[211].
Dans les jours qui suivirent, la santé de McKinley sembla s'améliorer et les médecins publièrent des dépêches rassurantes. Les membres du Cabinet qui s'étaient précipités à Buffalo à l'annonce de la tentative d'assassinat se dispersèrent et le vice-président Roosevelt partit faire du camping dans les monts Adirondacks[212]. Le 12 septembre, les médecins de McKinley étaient suffisamment confiants pour l'autoriser à prendre du pain grillé et du café. Il ne fut pas capable de digérer la nourriture et à l'insu de ses médecins, la gangrène se développa dans son estomac et commenca à empoisonner son sang. Le matin du 13 septembre, l'état du président se détériora fortement et devint critique. Des messages désespérés furent envoyés au vice-président qui se trouvait à 19 km du télégraphe ou du téléphone le plus proche. Dans la soirée, McKinley déclara, « c'est sans espoir, messieurs, je pense que nous devons faire appel à un prêtre[213] ». Les proches et les amis se rassemblèrent autour du lit du mourant alors que Ida sanglotait au-dessus de son mari et dit qu'elle voulait partir avec lui. McKinley répondit, « nous nous retrouverons, que la volonté de Dieu soit faite, pas la nôtre[213] ». Selon certains témoignages, ce furent ses dernières paroles mais il semble qu'il ait également murmuré « Plus près de toi, mon Dieu[213] ».
McKinley mourut le 14 septembre 1901 à 2 h 15[213]. Theodore Roosevelt était rapidement rentré à Buffalo en cheval et en train et il prêta serment dans l'après-midi dans la maison de son ami, Ansley Wilcox, auquel il avait emprunté des vêtements plus formels et jura de poursuivre l'agenda politique de McKinley[214]. Czolgosz fut écroué pour meurtre neuf jours après la mort de McKinley et fut condamné à mort le 26 septembre ; il fut électrocuté le 29 octobre 1901[215].
[modifier] Funérailles et hommages
Selon Gould, « la nation fut traversée par un fort sentiment de culpabilité à l'annonce de la mort de McKinley[216] ». Le cercueil du président fut envoyé à Washington D.C. où il fut placé dans l’East Room de la Maison-Blanche. Sa dépouille fut ensuite exposée dans la rotonde du Capitole des États-Unis où près de 100 000 personnes, dont certaines avaient attendu durant des heures sous la pluie lui rendirent un dernier hommage[217]. Le cercueil fut ensuite transféré dans le palais de justice de Canton où un nombre équivalent de personnes défilèrent devant la dépouille de McKinley. Le 19 septembre, un service funéraire fut organisée dans l'église presbytérienne où il s'était marié et le cercueil fut scellé et emmené dans la maison des McKinley où ses proches lui rendirent un dernier hommage[218]. En attendant la construction d'un mémorial, le cercueil fut placé dans un caveau du cimetière de West Lawn à Canton[219].
L'opinion générale était que Ida McKinley n'allait pas survivre longtemps à la mort de son mari ; un ami de la famille déclara, alors que la dépouille de William McKinley était exposée, qu'il faudrait préparer un double enterrement[220]. Cela ne fut pas le cas et l'ancienne première dame accompagna son époux dans le cortège funéraire. Leech nota que « le parcours tortueux a été une épreuve cruelle pour la femme qui blotti dans un compartiment du train funéraire, priait que le Seigneur de l'emmener auprès de son cher amour[221] ». Elle n'eut pas la force d'assister aux funérailles de Washington D.C. ou de Canton mais elle écouta le service funéraire de son mari à sa maison de Canton derrière une porte. Ida resta à Canton jusqu'à la fin de sa vie, elle installa un autel dans sa maison et se rendait souvent au caveau jusqu'à sa mort le 29 mai 1907 à l'age de 59 ans[220]. Elle décéda quelques mois seulement avant l'achèvement du mémorial McKinley à Canton qui fut inauguré par le président Roosevelt le 30 septembre 1907. William, Ida et leurs deux filles y sont inhumées au sommet d'une colline surplombant la ville de Canton[222].
En plus du mémorial de Canton, pour lequel plus d'un million d'écolier ont donné de l'argent, de nombreux sites rendent hommages à l'ancien président. Un mémorial a été construit dans sa ville natale de Niles et 20 écoles de l'Ohio portent son nom[223]. Près d'un million de dollars de dons privés et de fonds publics furent alloués pour la construction de mémoriaux dédiés à McKinley dans l'année qui suivit sa mort[224]. Phillips suggère que le grand nombre de mémoriaux importants dans l'Ohio reflète les espérances des habitants de l'état selon lesquelles McKinley serait classé parmi les grands présidents[225]. Le mont McKinley en Alaska, le plus haut sommet de l'Amérique du Nord, est nommé est son honneur. Jusqu'à ce que son nom soit changé en parc national et réserve de Denali, le parc entourant la montagne était appelé parc national du mont McKinley[223].
Le biographe de McKinley, H. Wayne Morgan, remarque que McKinley est mort en étant le président le plus aimé dans l'histoire[226]. Néanmoins, le jeune et enthousiaste Roosevelt attira rapidement l'attention du peuple après la mort de son prédécesseur. Le nouveau président fit peu d'efforts pour négocier les traités de réciprocité commerciale voulus par McKinley. L'intérêt public pour Roosevelt au cours de ses sept années et demi de présidence firent quelque peu oublier le souvenir de McKinley et dans les années 1920, selon Gould, l'administration McKinley était considérée comme un « prélude médiocre à l'énergie et la vigueur de celle de Roosevelt[216] ». À partir des années 1950, les évaluations devinrent plus favorables mais il est généralement placé dans le milieu du classement des présidents américains[216]. Morgan suggère que ce rang moyen est lié à la perception des historiens selon laquelle si de nombreuses décisions de la présidence de McKinley affectèrent profondément le futur du pays, il a plus suivi l'opinion générale qu'il ne l'a menée[227].
La plupart des historiens sont d'accord sur le fait que l'élection de McKinley eut lieu à un moment charnière entre deux périodes politiques qualifiées de « troisième » et « quatrième système de parti[228] ». L'historien Daniel P. Klinghard avança que le contrôle personnel de McKinley sur la campagne de 1896 lui donna l'opportunité de reformer la présidence, plutôt que de simplement suivre la plateforme de son parti, en se présentant comme la voie du peuple[229]. Plus récemment, certains historiens, comme David Mayhew, ont questionné l'idée de profond réalignement politique en 1896 et donc le rôle de McKinley en tant que personnage clé de cette évolution[230]. L'historien Michael J. Korzi a avancé en 2005 que s'il est tentant de voir McKinley comme le personnage central de la transition d'un pouvoir contrôlé par le Congrès à celui d'un président fort, ce changement fut un processus lent qui dura de la fin du XIXe au début du XXe siècle[231].
McKinley fut représenté sur les billets de
500 $ émis de 1928 à 1934.
Phillips écrit que le rang moyen de McKinley est injuste et qu'il devrait être classé juste derrière les grands présidents comme Washington ou Lincoln. Il cite les succès de McKinley dans la création d'une coalition électorale qui permit aux républicains de rester au pouvoir durant près de 30 ans[232]. Phillips considère que l'héritage de McKinley sont les hommes qu'il plaça dans son administration et qui dominèrent le parti républicain durant plus d'une génération. Parmi ceux-ci figurent Cortelyou qui occupa trois postes du Cabinet de Roosevelt et Dawes qui devint vice-président sous Coolidge. De même, Day fut nommé à la Cour suprême par Roosevelt et y resta près de 20 ans et William Howard Taft, que McKinley nomma gouverneur-général des Philippines, succéda à Roosevelt en tant que président[233].
L'aspect le plus controversé de la présidence de McKinley est l'expansion territoriale des États-Unis et la question de l'impérialisme car en dehors des Philippines qui obtinrent leur indépendance en 1946, tous les territoires acquis sous McKinley sont restés américains[234]. L'expansion territoriale de 1898 est souvent considérée par les historiens comme le début de l'impérialisme américain[235].
[modifier] Notes et références
- ↑ En 1896, certains des camarades de McKinley militèrent pour qu'il reçoive la Medal of Honor en récompense de sa bravoure lors de la bataille ; le lieutenant-général Nelson Miles était prêt à remettre la distinction à McKinley mais le président en exercice déclina la proposition[24].
- ↑ Jusqu'à la ratification du XXe amendement en 1933, la Constitution prévoyait que le Congrès commence ses sessions régulières au début du mois de décembre[51].
- ↑ Avant le passage du XVIIe amendement de la Constitution en 1913, les sénateurs étaient élus par les législatures nationales.
- ↑ Il s'agissait d'un type de campagne électoral typique de l'époque, dans laquelle le candidat ne faisait pas campagne mais recevait des délégations et réalisant des discours depuis sa propre maison.
- ↑ L'expression Solid South ("Sud solide") désignait les anciens états de la Confédération fermement attachés au vote démocrate après la Guerre de Sécession.
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