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David Bowie
David Bowie en 2006
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David Bowie, de son vrai nom David Robert Jones, né le 8 janvier 1947 à Londres, dans le quartier de Brixton est un chanteur, compositeur, producteur de disques et acteur britannique. Au long de plus de quatre décennies d'une carrière marquée par les changements fréquents de direction et de style, il s'est imposé comme un des personnages les plus originaux et imprévisibles de la musique rock, et de très nombreux artistes se sont réclamés de son influence. Il a écoulé plus de 140 millions d'albums dans le monde [1].
Après des débuts hésitants entre le folk et la variété dans la deuxième moitié des années 60 et un détour par le mime, Bowie devient une vedette en 1972 par l'intermédiaire de son alter ego décadent Ziggy Stardust, et impose un glam rock sophistiqué et apocalyptique et des spectacles flamboyants. À cette époque, il participe aussi aux carrières solo de Lou Reed et d'Iggy Pop en tant que collaborateur et producteur. Pendant le reste de la décennie, il s'intéresse aux musiques noires (soul, funk et disco) et à la musique électronique émergente, créant des mélanges nouveaux notamment avec la complicité du producteur et musicien Brian Eno. Dans les années 80, il devient une vedette grand public et remplit les stades avec une pop efficace, puis finit la décennie avec un revirement complet, intégrant le groupe de garage rock Tin Machine. Les années 90 l'ont vu retourner à un style plus expérimental intégrant des musiques contemporaines telles la techno et le drum'n'bass. Depuis 2004 ses apparitions se font plus rares.
Il a joué dans un certain nombre de films de divers genres : drame historique, science-fiction, thriller gothique, film pour enfants...
David Bowie est le père du réalisateur de films Duncan Jones.
David Robert Jones naît le 8 janvier 1947 à Brixton dans le sud de Londres. Sa famille s'installe à Bromley, dans le Kent six ans plus tard. Il a un demi-frère plus âgé, Terry, dont les problèmes mentaux seront reflétés dans nombre de ses chansons, et qui l'initie à la musique.
À quinze ans, il reçoit un coup de poing lors d'une bagarre avec un camarade de classe, George Underwood, qui lui abîme gravement l’œil gauche et lui laisse la pupille dilatée en permanence (phénomène nommé mydriase), ce qui donne souvent l'illusion qu'il a les yeux vairons (alors que ses deux yeux sont normalement bleus, même si l'un apparaît « noir »). Underwood travaillera plus tard sur ses premières pochettes de disques (notamment l'arrière de la pochette du vinyle de Space Oddity et la pochette américaine de The Man Who Sold the World). Un autre élève de la "Bromley Technical High School", le lycée technique qu'il fréquente, est Peter Frampton, avec qui il collaborera en 1987. Déjà, âgé d'à peine 13 ans, fortement influencé par le charisme de son demi frère Terry, David Jones s'intéresse au jazz et apprend le saxophone. Parmi ses nombreux camarades à la Bromley Technical High School, se trouve aussi le futur écrivain à succès Hanif Kureishi auteur du fameux Buddha of Suburbia entre autres, pour lequel Bowie composera la bande sonore du film du même nom bien plus tard...
Il débute en 1964 en jouant avec différents groupes et publiant quelques singles dans un style rhythm and blues / rock 'n' roll. Il adopte le pseudonyme « David Bowie » à cette époque, pour éviter la confusion avec le chanteur des Monkees Davy Jones. Ce pseudonyme est emprunté à James Bowie, un héros de la conquête de l'Ouest, connu pour son Bowie-knife[2]. À cette époque, il apparaît dans l'émission Tonight sur la BBC, en tant que président de la Société Protectrice des Hommes aux cheveux longs. En 1967, sa rencontre avec Lindsay Kemp, directeur d'une compagnie de théâtre, s'avère fructueuse : celui ci lui enseigne le mime, l'expression corporelle et les textes de Jean Genet[3]. Sa carrière solo débute avec l'album David Bowie, sur le label Deram, qui oscille entre variété et pop humoristique. Son contenu, ainsi que les autres chansons de cette époque, sera repris par Deram sur de nombreuses compilations.
C'est en 1969 qu'il se révèle au grand public avec le titre Space Oddity qui fait écho aux émotions suscitées par les premiers pas de l'homme sur la Lune. La chanson est utilisée comme générique pour les émissions de la BBC consacrées à la mission Apollo. Ce morceau, produit par Gus Dudgeon, futur producteur attitré d'Elton John, trahit l'influence de Syd Barrett et peut s'interpréter à deux niveaux, celui d'un astronaute larguant les amarres ou celui d'un junkie. Il existe aussi une version en italien : Ragazzo Solo, Ragazza Sola. Cependant, le disque enregistré dans la foulée déçoit : réalisé par Tony Visconti, Bowie peine à s'imposer musicalement, entre ballades légères et vague influence dylanienne. L'album, initialement intitulé Man of Words / Man of Music, est un échec commercial, mais il réapparaît en tête des ventes anglaises quelque temps plus tard avec une nouvelle pochette rebaptisé Space Oddity. À cette époque, Bowie rencontre une actrice américaine débutante, Angela Barnett, qu'il épouse le 19 mars 1970. Leur fils Duncan Zowie Haywood Jones nait le 30 mai 1971.
[modifier] Les années glam
L'année 1970 voit se confirmer la collaboration avec Tony Visconti et l'arrivée du guitariste Mick Ronson avec lequel il sort l'album The Man Who Sold the World en 1971, amorce une fructueuse collaboration. Il produit son premier coup d'éclat dans les médias en posant habillé en femme sur la pochette, tout en proposant un rock très incisif sur les morceaux All the Madmen et The Width of a Circle, ainsi que les hits After All et The Man Who Sold the World.
Pour Hunky Dory, toujours en 1971, Ken Scott, ancien ingénieur du son des Beatles, prend la place de Tony Visconti à la production. L'album, ponctué d'hommages explicites à Bob Dylan et Andy Warhol, est plus posé, piano et arrangements de cordes l'emportant (Changes, Life on Mars? et un Queen Bitch sous influence du Velvet Underground). L'album se clôt par un The Bewlay Brothers crépusculaire où Bowie évoque son frère schizophrène Terry Jones.
Bowie sur scène au début des années 70.
Contribuant largement à l'invention du glam rock et à ses outrances vestimentaires, Bowie se teint les cheveux en rouge (idée suggérée par sa femme Angie), joue de son ambigüité sexuelle et devient un phénomène médiatique avant même d'être un gros vendeur de disques. 1972 sera l'année de son explosion commerciale au Royaume-Uni : il « devient » alors Ziggy Stardust et joue avec les Spiders from Mars : Mick Ronson à la guitare, Trevor Bolder à la basse et Mick Woodmansey à la batterie. L'album The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars est un énorme succès et les tournées s'enchainent, rassemblant des milliers de fans admirateurs du personnage et de l'atmosphère dégagée par Ziggy. Cet alter ego de Bowie, mélange d'Iggy Pop, de Marc Bolan et, d'une manière plus décalée, de Vince Taylor ou du Legendary Stardust Cowboy, arrive au bon moment, alors que reflue la vague musicale des années 1960. Les Beatles et le Swinging London ne sont plus qu'un souvenir, des groupes comme Led Zeppelin ou Free s'adressent à un public adulte : le public adolescent va donc se ruer sur T-Rex (qui a préparé le terrain avec Electric Warrior), Bowie et plus tard Roxy Music ou Mott the Hoople. Bowie a aussi bien compris qu'il est désormais inutile d'attendre que la musique change le monde. Comme l'a chanté John Lennon dès 1970, « the dream is over » (« Le rêve est fini »). Il se place donc exclusivement sur le terrain du fantasme, de l'outrance, incarnant la décadence des mœurs dénoncée par les médias anglais les plus conservateurs.
Après une tournée sur le continent américain, montée grâce à l'avance extorquée à RCA par son manager, le redoutable Tony Defries, Bowie publie en 1973 un nouvel album, Aladdin Sane. Marqué par le son du piano de Mike Garson qui l'accompagnera sur plusieurs albums ultérieurs, ce disque exploite de façon plus brute le même filon que son prédécesseur.
Il finit par se débarrasser symboliquement de Ziggy sur scène le 3 juillet 1973 à l'Hammersmith Odeon. La presse est prévenue la veille et le concert est enregistré par RCA à des fins commerciales. Sur scène, il prononce la phrase devenue célèbre : « Non seulement ce concert est le dernier de la tournée, mais c'est aussi le dernier que nous ferons jamais », ce qui est interprété sur le moment comme un adieu à la scène. Il sort un album de reprises de titres des années 1960 Pin Ups, produit des artistes tels que Lou Reed ou Mott the Hoople et tente de mixer le Raw Power d'Iggy and the Stooges, dont l'enregistrement tourne à la catastrophe technique. Cette période marque la fin des Spiders from Mars.
Avec Diamond Dogs (1974), David Bowie a du mal à maîtriser un projet dans lequel il s’embarque sans Mick Ronson, jusque-là son principal collaborateur. L’album est censé être à l'origine une adaptation du roman 1984, avec une tournée-revue du rock « décadent » qu’il incarne alors, mais il se heurte au refus des ayants droit de George Orwell. Diamond Dogs décrit une société future apocalyptique avec un nouveau personnage, Halloween Jack. Mais c’est aussi la période où le chanteur s’enfonce dans une addiction massive à la cocaïne. Isolé en studio, il sombre rapidement dans un abîme de paranoïa et de mégalomanie. Tony Visconti, appelé en renfort, arrive à sauver l'enregistrement de la faillite. Diamond Dogs et son ambiance glauque semblent particulièrement appréciés de son auteur : il s'agit du seul album dont il supervisera personnellement la remasterisation pour l'édition CD.
Les enregistrements de la tournée américaine Diamond Dogs donnent le double-album David Live en 1974. Bowie semble dépassé par son succès et incapable de contrôler son image publique.
[modifier] La période soul/funk
Dans ces conditions, la parution de Young Americans, en 1975, est une surprise. Bowie, nouvellement arrivé dans la ville de Los Angeles, fait subir à son personnage une métamorphose radicale, qui emprunte esthétiquement au cabaret allemand de l’entre-deux-guerres et musicalement aux musiques noires nord-américaines. La renaissance artistique s’accompagne de la réussite commerciale ; le single Fame, co-écrit avec John Lennon, est son premier numéro 1 américain et l’album se classe bien des deux côtés de l’Atlantique.
Il tourne également en 1975 le film L'Homme qui venait d'ailleurs (The Man Who Fell to Earth) de Nicolas Roeg, dans lequel il incarne Thomas Jerome Newton, un extraterrestre échoué sur Terre qui cherche à regagner sa planète d'origine, dévastée par une catastrophe écologique. Le script, écrit pour Bowie par Roeg (qui a déjà fait tourner Mick Jagger dans Performance), lui va comme un gant, et il se contente de laisser sa présence fantomatique imprimer la pellicule. Par un étrange retournement de situation, on voit à la fin son personnage se recycler dans la chanson et devenir rock star sous le nom de The Visitor (on peut en outre voir des exemplaires de Young Americans sur des présentoirs) : l'extraterrestre incarne David Bowie. Deux photos tirées du film serviront aux pochettes de Station to Station et Low.
Davie Bowie en concert en
1976
Sorti en 1976, Station to Station semble issu de séances de studios avortées pour la bande originale de L'Homme qui venait d'ailleurs (finalement composée par John Phillips), mais la chronologie reste floue : Bowie lui-même, à la pointe de sa toxicomanie à l'époque, a déclaré qu'il ne se rappelait même plus l'avoir enregistré. Le chanteur y est accompagné par Roy Bittan, claviériste de Bruce Springsteen, par sa nouvelle recrue à la guitare depuis la tournée Diamond Dogs, Earl Slick, et de l'équipe de Young Americans. L'album propose une forme de funk froid et robotique, Bowie semble de nouveau sur la corde raide. Malgré tout, le disque se classe très bien dans les charts américains, de même que le single Golden Years, écrit à l'origine pour Elvis Presley, qui le refuse. La tournée Station to Station impose le personnage élégant du Thin White Duke (« Maigre Duc Blanc ») et une esthétique dépouillée empruntée à l'expressionnisme allemand et à Bertolt Brecht.
Durant la même période, la vie personnelle de Bowie se délite : rongée par ses abus et sombrant dans un délire mystico-totalitaire, il abîme son image publique avec des déclarations ambiguës sur le nazisme, reniées depuis. Influencé par l'atmosphère propre à la ville de Los Angeles et la cocaïne, le chanteur semble se perdre dans le miroir que lui renvoie son œuvre et dans la galerie de personnages qu'il incarne alors tour à tour. Cette désincarnation passagère le mènera à des écarts fameux comme l'entrevue accordée à Playboy en 1976 où il compare Hitler, « la première rock star », à Mick Jagger pour son art de la mise en scène et du maniement des foules[4].
[modifier] La trilogie berlinoise
Après la tempête médiatique de 1976 vient la rédemption, avec la « période berlinoise » (1977-1979) et la trilogie Low, "Heroes" et Lodger avec Brian Eno, ancien membre de Roxy Music. Ziggy a alors perdu la plupart de ses fans, mais David Bowie conquiert une nouvelle génération d'admirateurs.
Fuyant l'atmosphère viciée de Los Angeles[5], « le film le plus terrifiant jamais écrit »[6], et la quasi-démence de son entourage, Bowie trouve refuge, en compagnie d'un Iggy Pop assez mal-en-point lui aussi, à Berlin, alors en proie à une grande effervescence artistique.
Influencé par le rock allemand de Can, NEU! ou Kraftwerk, Bowie s'y redéfinit en tant qu'artiste et jette les bases d'une fructueuse période qui le voit abandonner le costume monochrome du Thin White Duke et de la rock-star capricieuse et mégalomane pour celui d'une avant-garde européenne continentale, semant au passage une partie de son public, notamment américain.
Low et "Heroes" sont divisés entre des morceaux rapides déchirés par les guitares de Robert Fripp, d'Adrian Belew ou de Carlos Alomar, et de lents instrumentaux remplis de nappes rêveuses de synthétiseurs, et de la stratégie oblique chère à Brian Eno. Les albums sont risqués, certains morceaux plutôt abscons, mais Bowie y gagne une grande reconnaissance artistique célébrée par toute la jeune New Wave anglaise du début des années 1980. Le compositeur américain Philip Glass s'inspire de certains morceaux de Low et "Heroes" qu'il réenregistre dans les années 1990. Lodger est plus conventionnel dans sa structure, mais Bowie s'y aventure vers des territoires inusités où une influence world (African Night Flight, Yassassin) préfigure les productions de Brian Eno pour les Talking Heads sur Fear of Music ou Remain in Light. De cette trilogie dite « berlinoise », seul "Heroes" a été produit totalement à Berlin. Low a partiellement été enregistré en France, au Château d'Hérouville et Lodger en Suisse au "Mountain Studios". La trilogie a été conçue en à peine dix-huit mois.
Il compose et produit au cours de la même période deux albums d'Iggy Pop, The Idiot et Lust for Life, avec qui il trouve le temps de jouer en concert, tenant le clavier. The Idiot est très proche de Low et "Heroes" dans sa conception.
Quittant Berlin, Bowie reprend sa carrière d'acteur, incarnant John Merrick dans la pièce The Elephant Man de Bernard Pomerance, mise en scène par Jack Hofsiss à Broadway qui connaît un succès énorme. Il apparaît également dans son propre rôle dans le film Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée... d'Ulrich Edel.
[modifier] Les années MTV
Bowie en 1987, lors de la tournée
Glass Spider.
1980 est l'année du succès planétaire avec l'album Scary Monsters qui atteint la première place des ventes dans pratiquement tous les pays d'Europe, avec notamment le titre Ashes to Ashes, où il se moque du Major Tom de Space Oddity (« We know Major Tom's a junkie »). L'album, s'appropriant le post-punk, conjugue des guitares très agressives (Scary Monsters and Super Creeps, It's no Game Part 1) à un côté plus dansant (Fashion). Bowie semble alors intouchable.
En 1980, il participe à la composition, à la production, et à l'enregistrement du single Under Pressure avec le groupe Queen, qui deviendra numéro 1 des "charts" anglais. Ce titre a été enregistré à Montreux sur l'invitation de Queen qui possédait alors le Mountain Studio où Bowie venait régulièrement travailler, notamment avec l'ingénieur du son David Richard.
David Bowie aborde alors une nouvelle phase dans sa carrière avec Let's Dance (1983). Produit par Nile Rodgers de Chic, cet album lui permet de toucher le grand public. Grâce aux clips de David Mallet largement diffusés sur MTV, il contribue aux côtés d'artistes comme Madonna ou Michael Jackson à façonner le ton des années 1980. Les ventes de Let's Dance sont massives et atteignent les 14 millions d'exemplaires. L'album est le deuxième « hit » de l'année 1983 derrière Thriller. La tournée mondiale Serious Moonlight Tour le fait pour la première fois se produire dans les stades : 150 000 personnes viennent le voir en deux jours à Paris à l'hippodrome d'Auteuil. Multipliant les apparitions cinématographiques (Les Prédateurs, Furyo) le chanteur semble mener plusieurs carrières de front avec succès. En 1986, il tient encore le rôle principal masculin, celui du roi des gobelins Jareth, dans le film familial Labyrinthe de Jim Henson aux côtés de Jennifer Connelly et de multiples marionettes. Il signe également une partie de la BO.
Tonight en 1984, qui comporte le tube Blue Jean, se vend encore très bien mais semble en retrait du fait de son manque de compositions originales. L'album Never Let Me Down, enregistré en 1987, se veut un retour plus rock mais ne remporte pas le succès critique et commercial escompté. La tournée mondiale Glass Spider Tour, incorporant Peter Frampton à la guitare, bien que très ambitieuse (décor avec araignée géante animée, troupe de danseurs) et malgré sa volonté de faire revivre un catalogue prestigieux, ne fait pas l'unanimité auprès des critiques, même si le public est là. Après le dernier concert de la tournée, Bowie fera brûler le décor.
[modifier] La renaissance artistique
Après le relatif echec commercial de Never Let Me Down, David Bowie tente de tourner la page des années 1980 pour revenir à un son plus brut, en fondant en 1988 le groupe Tin Machine avec Reeves Gabrels et les frères Tony et Hunt Sales, rythmique d'Iggy Pop période 1977. Fortement influencés par le rock indépendant américain de la fin des années 1980 (Pixies, Throwing Muses, Hüsker Dü), trois albums (dont un live) diversement appréciés mais radicalement différents de ses productions antérieures lui permettent de commencer les années 1990 sur de meilleures bases, malgré le très mauvais accueil (en Angleterre, le NME titre à l'époque « Est-ce que Tin Machine est de la merde ? »). Le ton d'ensemble est marqué par la guitare dissonnante et avant-gardiste de Reeves Gabrels, qui collaborera avec Bowie au-delà du groupe jusqu'en 1999.
1989 voit les débuts de la campagne de réedition des albums de David Bowie, indisponibles depuis longtemps.
David Bowie en concert en 1990 (tournée
Sound+Vision).
Le 20 avril 1992, David Bowie participe à The Freddie Mercury Tribute, le concert géant en hommage au chanteur de Queen décédé le 24 novembre 1991. Il interprète avec Queen et Annie Lenox Under Pressure, All the Young Dudes avec Mick Ronson, Ian Hunter et Queen puis Heroes avec Queen. Il étonne aussi le public en récitant le Notre père à genoux.
Cette époque est également celle d'un tournant dans sa vie privée, concrétisé par son mariage, le 6 juin 1992, avec le top model et femme d'affaires Iman.
Le premier album solo du « nouveau Bowie » post-Tin Machine (Black Tie White Noise en 1993) n'est pourtant pas complètement convaincant. Très orienté dance, il ne lui permet pas, malgré des ventes honorables, de renouer avec le public rock qui l'a redécouvert à la faveur des rééditions.
À la fin de l'année sort The Buddha of Suburbia, BO (ou plutôt « musique inspirée ») d'une mini-série du même nom diffusée sur la BBC. L'album passe quasi inaperçu, sans promo et éclipsé par le Singles Collection qui sort au même moment. Pourtant, plus encore que le précédent, ce disque témoigne du retour en forme de son auteur. Austère dans son orchestration (Bowie et le multi-instrumentiste Erdal Kizilcay sont les seuls musiciens, collaborations mises à part) et sa production (Bowie et le très discret David Richards) l'objet avec son mélange jazz, new age, pop et électronique préfigure son album suivant.
En 1995 sort 1. Outside, concocté avec Brian Eno. Cet album complexe et ambitieux, qui « raconte » l'histoire d'un détective sur les traces d'un tueur, est ressenti comme une certaine renaissance de l'artiste par de nombreux fans. Pour la première fois depuis bien longtemps, Bowie, inspiré par le rock industriel (Nine Inch Nails) et la techno, prend des risques.
Bowie sur scène durant la tournée
Earthling, en
1997.
En décembre 1995, avant la sortie de leur premier single Bruise Pristine, David Bowie, séduit par ce qu’il a entendu de Placebo[réf. souhaitée], leur propose d’assurer sa première partie anglaise pour ses concerts sur l'Outside Tour à partir de février 1996, ce qui permettra au groupe de se faire connaître. David Bowie posera d'ailleurs sa voix en 1998 sur le titre Without You I'm Nothing de l'album éponyme de Placebo. Version sortie en single qui ne figure pas sur l'album.
En 1997 vient Earthling, réalisé avec Reeves Gabrels, hybride de rock parfois punk, jungle, techno et drum'n'bass enregistré rapidement à New York et auto-produit. Bowie multiplie à cette période les collaborations (Photek, Goldie). Cette même année, il donne pour ses 50 ans un concert à la hauteur du mythe au Madison Square Garden de New York, avec une pléiade d'artistes de la scène rock : Frank Black, Foo Fighters, Robert Smith, Sonic Youth, Lou Reed et Billy Corgan.
David Bowie participe alors au développement du jeu vidéo The Nomad Soul. Contacté à l'origine pour écrire une ou deux musiques, il est enthousiasmé par le projet et se charge d'une bonne partie de la bande originale avec Reeves Gabrels (l'autre partie est assurée par Xavier Despas). Il incarne en plus deux personnages : le charismatique Boz, chef des Éveillés, ainsi que le chanteur d'un groupe interdit par les autorités. Le joueur peut d'ailleurs assister à trois concerts virtuels de l'avatar de Bowie, et acheter les chansons de l'album Hours..., sorti presque en même temps que le jeu en 1999.
C'est à cette époque, lors de la tournée 1999-2000, que Bowie commence à reprendre sur scène quelques-unes de ses plus vieilles chansons, de l'époque où il ne se faisait pas encore appeler David Bowie. L'idée germe dans son esprit de préparer un album entier composé quasi-intégralement de ré-enregistrements de ses premières chansons. Cela donne le projet d'album Toy, enregistré avec Tony Visconti et dont les artworks sont dessinés, mais qui n'est finalement pas commercialisé. L'album a vu le jour de manière non-officielle sur Internet en 2011.
Viennent enfin les albums Heathen (2002), enregistré dans la foulée de Toy, dont quelques chansons réapparaissent sur cet album, et Reality (2003), qui marquent les retrouvailles avec le producteur Tony Visconti. Ces deux disques sont les premiers publiés par Sony sous la double étiquette Columbia et Iso, label créé par Bowie.
[modifier] Période récente
Étoile de David Bowie sur le
Walk of Fame de
Hollywood Boulevard.
En 1997, David Bowie est le premier artiste à avoir titrisé une partie de ses droits d'auteur : pour 55 M$, il a ainsi « prévendu » sous forme d'obligations les revenus futurs (pour 10 ans de 1998 à 2007) de 25 albums antérieurs à 1990.
Entre 1997 et 2000, il participe à une série télévisée qui reprend le titre du film Les Prédateurs dans lequel il avait joué en 1983, sans que la série ait le moindre lien avec le film à part la présence de Bowie et de Tony Scott. La série, aux effets plutôt bon marché, est composée d'épisodes indépendants réalisés par différents réalisateurs (dont Tony et Ridley Scott).
Le 15 août 2000, naît le deuxième enfant de David Bowie, Alexandria Zahra Jones, de son union avec Iman.
Après la sortie de Reality, Bowie se lance dans sa première grande tournée mondiale depuis 1997, baptisée A Reality Tour. Plusieurs concerts ont été reportés en décembre 2003 pour raisons de santé, mais la tournée se prolonge jusqu’à la mi-2004. Le chanteur et son groupe entament alors une tournée des festivals d'été en Europe, mais les quinze dernières dates sont annulées lorsque Bowie subit en urgence une angioplastie. Il n'y a eu ni nouveau disque studio ni concert de David Bowie depuis cette date. Il enregistre néanmoins quelques duos, notamment sur les disques de jeunes groupes (avec TV on the Radio ou le groupe danois Kashmir), et fait quelques apparitions sur scène, avec le groupe canadien Arcade Fire, pour des concerts à but caritatif, ou en hommage à Syd Barrett aux côtés de David Gilmour. Au printemps 2008, il collabore à l'album de Scarlett Johansson et continue à faire des apparitions, comme au Festival du film de TriBeCa[7], le 22 avril 2008.
Le mois de juin 2008 voit la parution du Live at Santa Monica. Il s'agit de la réédition du concert de 1972 issu de la tournée américaine de Ziggy Stardust diffusé sur la radio KMET. Cette diffusion a donné lieu à un "bootleg" très connu parmi les fans du Duke. En juillet 2009, un CD/DVD reprenant sa prestation dans l'émission VH1 Storytellers est édité, ainsi qu'un "single" destiné à fêter les 40 ans de Space Oddity. En 2010 paraissent A Reality Tour, double album retraçant la tournée 2003 de D. Bowie, et l'album coffret "Station to station" comprenant les enregistrements originaux "remastérisés" ainsi qu'un concert en public "broadcasté" à Nassau (États-Unis) d'excellente facture.
Pour des raisons de santé présumées Bowie aurait pris une semi-retraite. Il devait participer à un disque de reprises de Peter Gabriel, I'll scratch yours en 2010, en réponse à l'album Scratch my Back[8], mais il a décliné l'invitation.
[modifier] Affichage de sa vie sexuelle
Bowie brise un tabou en janvier 1972 en annonçant sa bisexualité dans une interview avec Melody Maker, à l'époque où il se réinvente en glam-rocker et lance le personnage de Ziggy Stardust. Interviewé par Playboy en septembre 1976 il dit : "C'est vrai - Je suis bisexuel. Je ne peux pas nier que cela m'ait aidé, c'est la meilleure chose qui me soit arrivée." ("It's true — I am a bisexual. But I can't deny that I've used that fact very well. I suppose it's the best thing that ever happened to me.")
Bowie s'en distancera lors d'une interview en 1983 avec le magazine Rolling Stone, disant que cette déclaration était "sa plus grosse erreur." ("the biggest mistake I ever made"). En 1993, il déclare être toujours dans "le placard hétérosexuel" ("closet heterosexual"), que son intérêt pour la culture homosexuelle et bisexuelle était plus un produit du temps et de la situation que de ses propres sentiments. "Ce n'était pas quelque chose avec laquelle je me sentais à l'aise." ("It wasn't something I was comfortable with at all.")
Bowie exprime un avis différent dans l'interview de 2002 avec Blender, en réponse à la question : "Vous avez une fois dit que dire que vous étiez bisexuel était "la plus grosse erreur que j'ai jamais fait". Le croyez-vous toujours ?" : "Intéressant. [Longue pause] Je ne pense pas que c'était une erreur pour l'Europe, mais c'était beaucoup plus dur en Amérique. Je n'ai eu aucun problème concernant le fait que les gens sachent que j'étais bisexuel. Mais je n'avais aucune envie de tenir un drapeau ou d'être le représentant d'un quelconque groupe de personnes. Je savais ce que je voulais être, à savoir un auteur-compositeur et un interprète, et je sentais que cette bisexualité devenait mon titre ici et pour très longtemps. L'Amérique est très puritaine et je pense que ça m'a empêché de faire beaucoup de choses." ("Interesting. I don’t think it was a mistake in Europe, but it was a lot tougher in America. I had no problem with people knowing I was bisexual. But I had no inclination to hold any banners or be a representative of any group of people. I knew what I wanted to be, which was a songwriter and a performer, and I felt that bisexuality became my headline over here for so long. America is a very puritanical place, and I think it stood in the way of so much I wanted to do.")
[modifier] Carrière au cinéma
Ayant étudié le théâtre d'avant-garde et l'art du mime avec Lindsay Kemp, il commença sa carrière de comédien en tant que Cloud dans la production théâtrale de Kemp, Pierrot in Turquoise en 1967 (laquelle donna en 1970 le téléfilm The Looking Glass Murders). Dans le court-métrage en noir et blanc The Image (1969), il campe le rôle d'un jeune fantôme sorti de la toile d'un peintre pour le hanter. La même année, il fait une apparition dans l'adaptation du roman de Leslie Thomas, The Virgin Soldiers.
Son premier rôle important est celui de Thomas Jerome Newton dans The Man Who Fell to Earth (l'Homme qui venait d'ailleurs) réalisé par Nick Roeg en 1976, un extra terrestre venu sur terre pour trouver des ressources afin de sauver sa planète mourante. David Hemmings lui donne le rôle d'un officier prusse dans l'anglo-allemand Just a Gigolo en 1979 (aux côtés de Marlene Dietrich). David Bowie monte sur les planches de Broadway pour le rôle principal de The Elephant Man, pièce qui révéla son jeu d'acteur et son talent d'expression : il y eut 157 représentations entre 1980 et 1981. Il apparait alors dans son propre rôle lors d'un concert à Berlin dans Christiane F., pour lequel la musique qu'il compose lui sert de base pour sa "Trilogie Berlinoise". L'artiste joue ensuite aux côtés de Catherine Deneuve et Susan Sarandon dans The Hunger (Les prédateurs) en 1983. Le rôle du Major Jack Celliers, dans le Merry Christmas Mr. Lawrence (Furyo) de Nagisa Oshima, lui fait partager l'affiche avec Ryuichi Sakamoto. Ce film sera une des rares expériences où deux icônes internationales de la pop se donneront la réplique dans un film. Il fait une apparition dans Yellowbeard (Barbe Jaune le pirate) en 1983 créé par les Monty Python, ainsi qu'un rôle mineur dans Into the night en 1985. On lui proposa la même année le rôle de Max Zorin dans le James Bond A View to a Kill, rôle qu'il déclina (il fut ensuite donné à Christopher Walken). Il compose avec la chanteuse Sade la musique de la comédie musicale rock Absolute Beginners (1986), dans laquelle il tient également un rôle de second plan. La même année, Jim Henson lui demande d'incarner Jareth, maléfique roi des gobelins dans le fantastique Labyrinth. Il en écrit ainsi la musique (dont le single "Magic Dance"). Ce film est par ailleurs remarqué pour les débuts de la jeune actrice Jennifer Connelly.
Deux ans plus tard, il est dirigé par Martin Scorsese dans sa version de The Last Temptation of the Christ, en tant que Pontius Pilate. Les rôles qu'a pu tenir David Bowie sont donc autant divers que variés, de l'employé de restaurant dans The Linguini Incident (1991) à l'agent du FBI du Twin Peaks (1991) de David Lynch. Rôle mineur mais décisif pour la carrière du chanteur à l'écran, celui de l'artiste Andy Warhol (pour qui il avait déjà composé une chanson éponyme dans son album Hunky Dory) dans le film biographique sur l'avant-gardiste Jean-Michel Basquiat, Basquiat en 1996. Harvey Keitel et lui s'opposent dans le western italien Gunfighters Revenge en 1998 (à l'origine Il Mio West). Il y démontre une fois de plus la diversité de son jeu. Andrew Goth le fait jouer Bernie, un gangster vieillissant, dans Everybody Loves Sunshine en 1999. Il fait une brève apparition dans le rôle-titre de Mr Rice's Secret, voisin philanthrope d'un jeune garçon en phase terminale à qui il lègue un antidote à la mort. Il fait également une intervention dans le Zoolander de Ben Stiller l'année suivante. Bowie tient en 2006 le rôle secondaire mais central du physicien Nikola Tesla dans Le Prestige de Christopher Nolan, opposant Christian Bale et Hugh Jackman. Il prête également sa voix quelques personnages de films d'animation tels que Malthazard dans Arthur and the Invisibles, ou encore Lord Royal Highness dans Bob L'éponge Carrée. Sa dernière apparition au grand écran est en 2008 avec August, film de Austin Chick pour lequel il retrouve Josh Hartnett et Rip Torn avec qui il avait travaillé dans The Man Who Fell The Earth, trente ans plus tôt.
[modifier] Dans la culture populaire
« Bowie (en) » est le nom du 6e épisode de la première saison de la série Flight of the Conchords. On y croise une parodie de Bowie à trois époques de sa carrière : en Ziggy Stardust, en Bowie du clip de Ashes to Ashes, et en Jareth, le roi des gobelins du film Labyrinthe (1986).
Le chanteur a composé la musique et même joué dans le jeu The Nomad Soul du studio français Quantic Dream en 1999.
Deux séries crées par Matthew Graham, Tony Jordan et Ashley Pharoah portent les noms de chansons de Bowie : Life on Mars(2006-2007) se situe dans le contexte des années 70, et Ashes To Ashes (2008-2010) dans celui des années 80.
[modifier] Notes et références
- ↑ Article dédié à David Bowie sur Pixbear
- ↑ Nicolas Ungemuth, Bowie, Librio, 1999, p. 21.
- ↑ Loïc Picaud, Bowie et le rock dandy, 2007
- ↑ « Un jour, je ferai de la politique car je veux être premier ministre. Je suis un partisan du fascisme : notre unique chance de nous sortir de ce libéralisme répugnant, c'est l'extrême droite, tyrannique et dictatoriale. Les rock-stars sont fascistes aussi et Hitler était l'une des premières. Ce n'était pas un politicien mais un grand artiste moderne. Il a utilisé la politique et le théâtre pour créer cette chose qui allait gouverner et contrôler le spectacle pendant ces douze années-là : il a mis en scène un pays. » Dominique Grandfils, 100% Rock, 1976.
- ↑ « J'ai mentalement ouvert la porte d'une garde-robe, j'y ai mentalement rangé tous mes personnages, et j'ai quitté Los Angeles » : Waiting For The Sun, une histoire de la musique à Los Angeles, Allia, p. 347
- ↑ Ibid.
- ↑ Photographies
- ↑ Hugo Cassavetti, Télérama 3135 du 10 février 2010
- Loïc Picaud, David Bowie et le rock dandy, Hors Collection, 2007.
- Nicolas Ungemuth, David Bowie, Librio, 1999.
- Jerome Soligny, David Bowie.
- Jean-Paul Bourre, David Bowie, Ed. Encre, 1984.
- David Buckley, David Bowie : Une étrange fascination.
- Pierre Robin, David Bowie : Du provocateur au séducteur ultramoderne, B. Giovanangeli, 2005, 252 p., ISBN 2-909034-76-3.
- (en) 2002 : Moonage Daydream : the life and times of Ziggy Stardust photos Mick Rock - textes David Bowie (Genesis Publications)
- Enrique Seknadje, David Bowie : Le phénomène Ziggy Stardust et autres essais, Camion blanc, 2009, 217 p., ISBN 978-2-35779-009-4
- Jeff Hudson, David Bowie, Éditions Place des Victoires, 2011.
[modifier] Liens externes