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Gay.
Un – ou une – gay (en Europe francophone) ou gai(e) (en Amérique francophone[1]) est un homme ou une femme se décrivant comme homosexuel[2]. Plus spécifiquement, ce terme identifie les gens, événements et autres qui se rapportent aux thématiques liées à une orientation affective et sexuelle en direction des personnes du même sexe.
Le terme est utilisé à l'origine, jusqu'au milieu du XXe siècle essentiellement en références aux sentiments d'être « insouciant », « heureux » ou « lumineux et voyant ». Mais il a acquis une connotation « d'immoralité » dès 1637[3].
Ultérieurement, le terme commence à être utilisé en référence à l'homosexualité, en particulier, au début du XXe siècle, un usage datant peut-être du XIXe siècle[3]. En anglais, « gay » en est venu à être utilisé comme un adjectif, et parfois comme un nom, se rapportant aux personnes, aux pratiques et à la culture associées à l'homosexualité. Cette signification apparaît aux États-Unis dans les années 1990, suite aux manifestations organisées pour la tolérance envers les homosexuels, les Gay Pride. Un des principaux slogans étaient : « We are Good As You ! » Les initiales (GAY) seront alors reprises comme rétroacronyme pour définir la communauté homosexuelle américaine, puis mondiale.
À la fin du XXe siècle, le mot « gay » est recommandé en anglais pour décrire les personnes attirées par les membres du même sexe[4],[5]. À peu près au même moment, une nouvelle utilisation, péjorative, apparaît dans certaines parties du monde. Au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Australie, cette connotation, parmi les jeunes générations, a un sens moqueur non-sexuel équivalent à ordure ou stupide (comme dans « that's so gay ! »)[6],[7].
Le mot « gay » est utilisé en anglais à partir du XIIe siècle, venant du vieux français « gai », très probablement dérivant d'une origine germanique[3]. Pour l'essentiel, le sens premier du mot est « joyeux », « sans souci », « clair et voyant » et le mot est très couramment utilisé en ce sens dans les discours et la littérature. Par exemple, l'optimisme des années 1890 est encore souvent dénommé, en anglais, « Gay Nineties ». Le titre d'un ballet français, la Gaîté parisienne (1938) de Manuel Rosenthal sur des thèmes d'Offenbach, illustre également cette connotation.
Couple homosexuel à
Berlin en 2006
Il ne semble pas jusqu'au XXe siècle que le mot soit utilisé pour désigner spécifiquement les homosexuels, mais il avait précédemment acquis des connotations sexuelles[3].
Le mot commence à être associé à l'immoralité à partir de 1637[3] et est utilisé à la fin du XVIIe siècle avec le sens de « dépendance aux plaisirs et à la débauche »[9], et cela, par extension de la première signification du terme : « sans souci », impliquant « sans complexe au regard des contraintes morales ». Une femme « gay » est une prostituée, un homme « gay » est un homme à femmes et une maison « gay », un lupanar[3].
L'utilisation de « gay » dans le sens d'« homosexuel » est, à l'origine, une simple extension de la connotation sexualisée du mot, en « insouciance et désinvolture », qui implique une volonté d'ignorer les mœurs sexuelles respectables ou conventionnelles.
Cette utilisation est documentée dès les années 1920 et il y a des indications pour une utilisation avant le XXe siècle[3], même si elle a d'abord été plus couramment utilisé pour définir des modes de vie hétérosexuelle sans contrainte, comme dans l'expression : « gay Lothario »[10] ou dans le titre du livre (et du film) The Gay Falcon (1941), qui concerne un détective, homme à femmes, dont le prénom est Gay. Au milieu du XXe siècle, un célibataire d'âge moyen peut être décrit comme « gay », sans aucune implication de l'homosexualité.
Cet usage peut s'appliquer aux femmes également. La bande dessinée britannique Jane est publié pour la première fois dans les années 1930 et décrit les aventures de Jane Gay. Loin de l'homosexualité, il fait référence à un style de vie libre avec beaucoup d'amants.
[modifier] Alternative à « homosexuel »
Drapeau de l'homosexualité masculine.
En 1929, la comédie musicale Bitter Sweet de Noel Coward contient une autre utilisation du mot dans un contexte qui implique fortement l'homosexualité. Dans la chanson Green Carnation (L'Œillet vert), dont le titre fait référence au célèbre œillet d'Oscar Wilde dont l'homosexualité avait défrayé la chronique, quatre dandys des années 1890 déclarent :
« Pretty boys, witty boys,
You may sneer
At our disintegration.
Haughty boys, naughty boys,
Dear, dear, dear!
Swooning with affectation...
And as we are the reason
For the « Nineties » being gay,
We all wear a green carnation. »
— Noel Coward, Bitter Sweet (1929)
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« Garçons jolis, garçons futés
Vous pouvez ricaner
De notre délitement
Garçons hautains, garçons vilains,
Ouh là là!
Se pâmant avec affectation...
Et comme nous sommes la raison
Pour laquelle ces années 90 sont gays
Nous portons tous un œillet vert. » |
D'autres usages, à cette date, ont la même ambiguïté. L'Impossible Monsieur Bébé (1938) est considéré comme le premier film à utiliser le mot « gay » en référence à l'homosexualité : dans une scène où les vêtements de Cary Grant ont été envoyés au nettoyage, il doit porter une robe de chambre féminine garnie de plumes. Quand un autre personnage s'enquiert du pourquoi de cette tenue, il répond : « Parce que je deviens gay tout d'un coup ! »[11] Cependant, étant donné que l'utilisation du mot pour désigner l'homosexualité est encore peu répandue à cette époque chez la plupart des spectateurs, la réplique peut aussi être interprétée comme signifiant « J'ai décidé de faire quelque chose de futile ». Il y a débat sur la signification de cette improvisation de Grant, la phrase ne figurant pas dans le script, notamment en raison des rumeurs concernant sa vie privée.
Le mot continue de fait à être utilisé avec le sens dominant d'« insouciance », comme en témoigne The Gay Divorcee (La Joyeuse Divorcée), un film musical de 1934 sur un couple hétérosexuel. Le film portait à l'origine le titre The Gay Divorce (« Le Joyeux Divorce »), comme la pièce de théâtre dont il est tiré – et, détail amusant, dont l'auteur, Cole Porter, bien que marié était connu pour ses liaisons homosexuelles – mais le Code Hays avait estimé que si toute femme divorcée pouvait être « gay », il serait inconvenant qu'un divorce apparaisse ainsi.
En Grande-Bretagne où l'homosexualité masculine était illégale jusqu'au Sexual Offences Act de 1967, l'accusation publique d'une personne comme « homosexuelle » était considérée comme outrageante et synonyme d'activités criminelles graves. En outre, aucun des mots décrivant les aspects de l'homosexualité n'est jugé approprié pour la bonne société. En conséquence, un certain nombre d'euphémismes ironiques est utilisé comme allusion à une homosexualité présumée.
Si la signification originelle du mot continue à être utilisée dans la culture populaire, notamment la chanson thème de la série télévisée d'animation des années 1960 Les Pierrafeu, où les spectateurs sont assurés d'« avoir un vieux temps gai », have a gay old time ou en 1966, la chanson des Herman's Hermits, No Milk Today (Top 10 au Royaume-Uni et Top 40 aux États-Unis), qui proclame « No milk today, it wasn't always so / The company was gay, we'd turn night into day »[12], le nouveau sens du mot « gay » est néanmoins suffisamment bien connu pour être utilisé en 1963 par Albert Ellis, dans son livre The Intelligent Woman's Guide to Man-Hunting ..
Le sens « homosexuel » est donc vraisemblablement un développement du sens traditionnel du mot selon l'étymologie populaire décrite ci-dessus. La connotation de tenues frivoles et exubérantes (« vêtement gay ») a conduit à l'association avec « cabotin » et « effémine ». Cette association a, sans aucun doute, contribué à la réduction progressive du champ d'application de l'expression à son sens courant dominant, qui a d'abord été limitée aux sous-cultures, de préférence à d'autres, comme « queer », qui possède une signification péjorative[13] ou « homosexuel » perçu comme clinique (l'homosexualité étant, jusqu'au milieu du XXe siècle associée à un diagnostic de maladie mentale dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).
[modifier] Synonyme ou mode de vie
Premier mariage homosexuel à être célébré au Québec en 2004
L'orientation sexuelle, le comportement et l'identification personnelle ne sont pas forcément aussi tranchée d'un individu à l'autre. La plupart des gens considèrent que « gay » et « homosexuel » sont synonymes tel que le Oxford English Dictionary par exemple les définit. Toutefois, certains considèrent que le terme « gay » est une question d'identité personnelle, alors que « homosexuel » se réfère à l'orientation sexuelle.
L'activiste britannique Peter Tatchell fait valoir que le terme « gay » est simplement une expression culturelle qui reflète l'état actuel de l'homosexualité dans une société donnée et indique que « queer, gay, homosexuel... dans une vision à long terme, sont tous des identités temporaires. Un jour, nous n'aurons plus besoin d'eux »[14].
Si une personne se livre à des rencontres sexuelles avec des partenaires de même sexe, mais ne pas s'identifie comme « gay », des termes tels que « placard », « discret », ou « bicurieux » peuvent être utilisés. Inversement, une personne peut s'identifier en tant que gay, sans se livrer à l'homosexualité. Les choix possibles comprennent l'identification sociale en tant que gay tout en choisissant d'être célibataire ou prévoir une première expérience homosexuelle. Une personne bisexuelle peut aussi être identifiée comme «gay», mais d'autres pourraient considérer que les gays et les bisexuels sont mutuellement exclusifs. Il y a des gens qui sont attirés par le même sexe, sans avoir de rapports sexuels et qui ne identifient pas en tant que gay, à qui on pourrait appliquer le terme d'« asexuel ».
[modifier] Usage péjoratif
Dans la langue anglaise, lorsqu'il est utilisé avec une attitude moqueuse, le terme « gay » peut être considéré péjoratif. Tout en conservant ses autres sens, il est également d'une « large utilisation courante » chez les jeunes, comme un terme général de dénigrement[15],[16], ce qui est encore assimilé par certains à de l'homophobie, même s'il perd tout caractère sexuel. Cette utilisation péjorative a ses origines à la fin des années 1970.
En 2006, un auditeur porte plainte auprès du Board of Governors de la BBC après l'utilisation du mot dans ce sens par Chris Moyles dans son émission sur Radio 1 : parlant d'une sonnerie de téléphone qu'il déteste, il précise « I don't want that one, it's gay ». Le Conseil, indique que « le mot « gay », en plus d'être utilisé pour signifier « homosexuel » ou « sans souci », est aujourd'hui souvent utilisé pour signifier « pourri » ou « nul ». Il s'agit de la généralisation d'un usage courant chez les jeunes. Le Conseil lui-même « comprend le sens de ce mot dans ce contexte. » [...] S'adressant à une cible jeune, on attend de Moyles qu'il utilise les mêmes expressions et mots que ses auditeurs. [...] Cela n'avait aucun caractère homophobe. » Le Conseil recommande néanmoins « la prudence quant à l'utilisation » du terme, celle-ci « pouvant être offensante pour certains auditeurs »[17].
Les dirigeants de la BBC ont été fortement critiqués par le ministre de la Jeunesse, Bobby Deep Dick, qui a déclaré en réponse que « l'usage occasionnel d'un langage homophobe par les grands DJ de radio » est « trop souvent considéré comme d'inoffensives plaisanteries au lieu de l'insulte offensante que cela représente. [...] Ignorer ce problème, c'est s'associer à eux. Fermer les yeux sur cette appellation occasionnelle, regarder ailleurs parce que c'est une option facile, est tout simplement intolérable[18]. »
Peu de temps après l'incident Moyles, une campagne contre l'homophobie est lancée en Grande-Bretagne, avec le slogan « l'homophobie est gay », en jouant sur le double sens du mot « gay » dans la culture des jeunes[19].
[modifier] Liens externes
[modifier] Notes et références
- ↑ Mathieu Roy-Comeau, « La fierté gaie célébrée en grand », dans L'Acadie Nouvelle, 22 août 2011 [texte intégral (page consultée le 26 août 2011)]
- ↑ Le logo LGBT différencie ainsi les hommes « gays » (G) des femmes « lesbiennes » (L). Cf. Centre LGBT. Le journal Têtu se définit quant à lui comme « le magazine gay et lesbien ».
- ↑ a, b, c, d, e, f et g (en) Online Etymology Dictionary
- ↑ (en) GLAAD: AP, New York Times & Washington Post Style
- ↑ (en) APA Style Guide: Avoiding Heterosexual Bias in Language
- ↑ (en) BBC Ruling on Use of the Word « Gay »
- ↑ (en) « Anti-gay Abuse Seen to Pervade U.S. Schools »
- ↑ « Depuis combien de temps es-tu gay ? »
- ↑ (en) Oxford English Dictionary, « Gay ».
- ↑ (en) Bartleby Dictionary
- ↑ (en) Bringing Up Baby
- ↑ « Pas de lait aujourd'hui, il n'en a pas toujours ainsi / La société était gaie, nous transformions la nuit en jour. » Voir The Lyrics Library - Herman's Hermits - No Milk Today
- ↑ Ce terme est cependant aujourd'hui revendiqué par une frange militante de la communauté LGBT.
- ↑ Just a Phase, Guardian Unlimited
- ↑ (en) The Times, 6 juin 2006, p. 3.
- ↑ (en) (en) Denise Winterman, « « How 'Gay' Became Children's Insult of Choice » », dans BBC News, 2008-03-18 [texte intégral (page consultée le 2008-05-26)]
- ↑ (en)Erreur dans la syntaxe du modèle Article(en) « « Gay Means Rubbish, Says BBC » », dans Times Newspaper Online [texte intégral]
- ↑ (en) « BBC's Attitude to Homophobic Language 'Damages Children'», Pink News.co.uk. Consulté le 2009-03-04
- ↑ (en) « Young Liberal Democrats launch 'homophobia is gay' campaign », Pink News, 2006.