Pour faire simple…

décembre 2nd, 2011 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

 Les articles apparaissent dans l’ordre de publication, c’est galère  de les ordonner, alors voici un petit récapitulatif de ce qui existe, avec les liens, une sorte de résumé du contenu de ce site. Les textes ne sont publiés sur le blog qu’après avoir été discutés lors des réunions publiques*. Vous pouvez envoyer vos contributions, elles sont les bienvenues.

contact : spazialtri@autoproduzioni.net

TEXTES, TRACTS

Solidarité avec les inculpées de Toulouse
Pourquoi On Resterait Calme ?
Au pied du mur
Révolte et solidarité avec les révoltées
Solidarité Toulouse – Libération et arrêt des poursuites
Second appel de Poitiers
Communiqué FSE de soutien aux incarcéré-es du 15 novembre
Coups de pression répressifs
Bref aperçu des oppositions aux EPM
Tract d’appel du comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux
Saccage ta cage (tract en solidarité avec les inculpé-es de toulouse)
Ici comme ailleurs, stop à la répression ! (tract diffé à Tours)
Communiqué d’Alternative Libertaire Toulouse
Communiqué publié par le collectif No a O’Belen (Espagne)
Déjà cinq semaines de détention « provisoire » pour les inculpé-e-s de Labège !
A propos de la manif du 17 décembre…
Communiqué de soutien de la JCML
Pour expliquer un peu l’ »affaire de Labège » (Comité Poitevin)
Libération d’un des inculpés !
En taule pour des tags et du lisier ? [lettre d'un inculpé]

AFFICHES

Crachez ici, c’est pour nos fichiers
Contre le fichage ADN, refusons de cracher !
Les murs nous enferment
Manifestation à Toulouse le 17 décembre
Flyer du concert de soutien du 16 décembre
Libération immédiate

 DOCUMENTS SONORES

Emission Bruits de Tôles du 17 novembre
Interview de deux membres du collectif toulousain pour Radio Canut
Emission de radio de soutien aux inculpé-e-s de l’affaire de Labège
Bande Organisée

LA SOLIDARITE EN ACTION

[Marseille] Cantine de solidarité Vendredi 9 décembre
[Paris] Repas de soutien aux inculpés d’ici et d’ailleurs le 15 décembre à la Rotisserie
[Toulouse] Police, Justice, Répression…Dégage !
[Bordeaux] Samedi 17 décembre : La répression des militant-e-s, ça suffit !
[Lyon] Samedi 17 décembre : rassemblement contre la répression
[Poitiers] Rassemblement pour la libération des inculpé-es de Labège Vendredi 16 décembre
[Lyon] Marche contre le répression à Toulouse
[Grenoble] Relooking à la PJJ
[Paris] Balade en solidarité avec les inculpé-es de Labège
[Sur les ondes] Les 24 et 31 décembre : « Du bruit contre les prisons »
[Montpellier] Tags de solidarité avec les inculpéEs de Toulouse et Nantes
[Un peu partout, et ailleurs] Contributions au soutien
[Paris] Modeste contribution à la solidarité avec les inculpés de Toulouse
[Toulouse] Beau comme une prison qui brûle
[Bordeaux] Lettre d’OPA aux inculpé-es
[Toulouse] 14 janvier de soutien
[Partout] Tous nos feux pour la nouvelle année
[Sydney] Projection/discussion
[Lyon] 4 février de soutien
[Die & Bruxelles] : Solidarité avec les inculpéEs de Labège
[Lille] Soirées (passées) en soutien

 

 REVUES DE PRESSE

La presse bourgeoise (ou discours dominant)  en mai dernier…
… après le 5 juillet…
… après le 15 novembre…
… après le 17 décembre …

EPM : des enfants en prison (Blog Rue 89…)
Les cognes à la porte (CQFD)

BROCHURES, DOSSIERS D’INFOS

Pour en finir avec les prisons pour mineurs
Y’a du baston dans la taule #1,2&3
Comme un chien enragé
Du sang, de la chique et du mollard
L’apparence de la certitude

 traductions, traduzioni, translations, traducciones, μεταφράσεις, перевод, Tradüktion

* tous les mardi à 20h, au 40 rue Alfred Duméril, 31400 Toulouse

En taule pour des tags et du lisier ? [lettre d'un inculpé]

janvier 23rd, 2012 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

La répression des mouvements « subversifs » comme moment d’une totalité

Ce texte n’a aucune prétention particulière, si ce n’est proposer un retour sur l’affaire du 15 novembre et une rapide analyse d’un moment de la totalité, d’un moment de la lutte de classe au sein du mode de production capitaliste, dans le contexte historique à la lisière d’une crise de la valeur jamais apparue auparavant. Le titre peut paraître trompeur mais il n’est en aucun cas question, dans ce texte d’indignation face à une quelconque démesure judiciaire mais plutôt d’une réflexion par démonstration autour de l’utilissation de la symbolique et de diverses formes idéologiques dont la bourgeoisie se munit afin d’assurer la reproduction des rapports sociaux capitalistes. La Justice en est un exemple.

Le 5 juillet 2011, un groupe d’individus s’invitait dans les locaux de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) dans le but, selon le tract, d’orner les murs, très certainement ternes et austères de ce bâtiment administratif, de quelques lettres de noblesse, colorées qui plus est, et d’y ajouter un peu de lisier, pour donner du corps à l’ouvrage.

Cette performance artistique, la PJJ, en tant qu’entité symbolique représentant la Justice des mineurs, l’avait héritée des diverses prises de positions des éducateurs intervenants à l’Établissement Penitentiaire de Lavaur, qui avaient reclamé plus de moyens pour leur sécurité et la revalorisation de leur statut, à la suite d’une mutinerie ayant fait la Une des journaux, remettant encore une fois l’incarcération, et la justice des mineurs, sur le devant de la scène des opinions légères.

Faut-il s’étonner que la branche judiciaire jeunesse — que « tout le monde » s’entend à qualifier d’indulgente, de « sociale » et de juste, contestée et mise à nue par des détenus très certainement lucides quant à la place de chacun dans le système carcéral — adopte une position de repli et revendique sa légitimité (et la nécessité de la renforcer dans le cadre du conflit) au sein de l’incarcération des mineurs, au risque de perdre quelques couches de guenilles idéologiques construites autour des concepts d’État de raison et de Justice humaine ?

La symbolique est amovible. Elle est un mécanisme stratégique destiné à cristalliser des ambiances, des méthodes d’appréhension en corrélation avec l’air du temps. Celle-ci est une force de coercition, tout du moins le manteau qu’arbore cette force, dans le cadre de le reproduction des rapports sociaux capitalistes. Faire tomber le manteau et montrer  les dents c’est simplement une autre façon de faire… Les divers organes étatiques, agents de cette reproduction, en ont l’habitude.

À la suite de l’action du 5 juillet, le procureur de la République de Toulouse promit vengeance face à cette attaque, qualifiée « d’extrêmement grave, bien qu’ayant fait très peu de dégâts ». La symbolique répond à la symbolique et devient elle-même la force motrice de l’engrenage judiciaire. L’enjeu idéoligique supplante les faits, ou plutôt devient le fait.

Le 15 novembre 2011, de  bon matin, à l’heure où les équipes de jour relaient les équipes nocturnes, une centaine de gendarmes, dont les unités de choc de PSI (Peloton Surveillance Intervention), investit trois maisons, cagoulés, armés, casqués, berger-allemandés, sous les directives de la Section Recherches Midi-Pyrénées de la gendarmerie nationale.

S’en suit l’arrestation d’une dizaine de personnes, dans un coup de fliet qui a déjà un petit goût de bancal dans la bouche des gros costauds, qui, j’en suis sûr, s’attendaient à un peu plus d’action en pénétrant dans le repère de « l’ultra-gauche » toulousaine. Une perquisition destinée à la mise en lumière d’éléments à charge, comme des bouquins, des affiches ou encore des produits d’entretien…

Une quantité considérable de documents est donc saisie, accompagnée d’ordinateurs, de téléphones, disques durs, envoyés à la Tech’, ces fameux Experts, à l’accent toulousain. Ça casse un peu le mythe…

La garde à vue porte essentiellement sur les liens que les personnes étiquettées « ultra-gauche », entretiennent entre elles, le fond de nos pensées, nos « méthodes d’action » et j’aurai droit à la scène « Nous ne sommes plus en interrogatoire, je veux qu’on puisse débattre librement », jouée tout de même six fois par six OPJ différents. Un certain décalage entre l’exposition des faits et la prise ADN de force m’interpelle alors.

Déférés au parquet, cinq d’entre nous sont mis en examen dont quatre placés en détention provisoire.

La question ne se pose pas dans les termes judiciaires du coupable et de l’innocent. Nous sommes retenus ici sur la base de nos positionnements politiques et des dossiers RG, bien garnis — que l’on ferme certainement à l’aide de sangles de bâche pour 33 tonnes dans les locaux spécifiquement affectés à cette tâche — que ces positionnements ont générés. Il n’y a rien de prétentieux dans cette affirmation, seulement le strict détail des diverses constructions judiciaires autour de ces mouvements insaisissables que sont « l’anarcho-autonome », « l’ultra-gauche » ou tout autre délire tape-à-l’œil si cher à la DCRI.

Dans l’argumentation en faveur de notre maintien en détention, notre appartenance supposée à « la mouvance ultra-gauche […], mouvance politique déniant les autorités judiciaires ou de police » semble se satisfaire à elle-même, épaulée par l’existence toujours virtuelle de complices de « l’opération commando ». Il faut prendre cette appellation aussi sérieusement que lorsqu’une grève est surnommée de « prise d’otage »…

Cette appartenance représentant « un fort risque de réitération » selon les autorités judiciaires, devons-nous comprendre une détention provisoire à perpétuité ou jusqu’à un éventuel repentir? Nous ne sommes pas la parodie minimale de la fin des années de plomb, l’étape de sa farce historique bien évidemment ; mais l’épisode justifiant sans complexe notre incarcération par notre appartenance à cette mouvance, aussi mystérieuse que terrifiante, obligeait un léger clin d’oeil. Et le tout reste une farce dont nous rions bien jaune.

Mais l’affaire du 15 novembre est à inscrire dans un contexte général.

La répression des mouvements « subversifs », construite de manière exogène par les forces de police, trouve sa légitimité sur le terrain de la symbolique des Grandes Idées, mais son intensité dépend du même cadre qu’avec n’importe quel autre type de répression sociale : le cadre des tensions sociales au sein du mode de production capitaliste. Il suffit de jeter un œil aux peines d’emprisonnement particulièrement lourdes qui tombent à la pelle autour des cambriolages, des trafics, et des braquages pour réaliser ce que veut dire actuellement le terme de guerre sociale. Comme certains disent ici, « ça charcle sévère au TGI  de Toulouse ». Mais il faut comprendre pourquoi « ça charcle ».

La justice est un organe de la reproduction sociale, et la prison comme moment de sanction-gestion d’une partie de la population qui était déjà, au préalable, excédentaire, en est une particularité, sa dimension la plus hostile.

La crise que nous vivons actuellement est une crise particulièrement grave du mode de production capitaliste et comme toute crise, une crise spécifique au mode d’accumulation. Elle met en jeu l’ensemble du rapport social capitaliste sur la base du rapport salarial qu’entretiennent le Prolétariat et le Capital. Rapport salarial qui émane de la restructuration (financiarisation/mondialisation) des années 70/80 et qui est entré en crise, logiquement.

Avec la crise du régime fordiste d’accumulation et la restructuration qui suivit, c’est toutes les séparations, les garanties sociales, les protections diverses et variées, que l’État-Providence (comme agent de la reproduction de la force de travail) conférait à la classe ouvrière, qui ont été désignées comme entrave à la valorisation du Capital (à sa reproduction donc) et traitées comme telle. C’est la fin de l’accumulation capitaliste sur des aires nationales où la reproduction du prolétariat était liée à la productivité. Le prolétariat était confirmé comme pôle nécessaire du capital et la lutte de classe se structurait autour de cette confirmation dans ce qu’on appelait « le mouvement ouvrier », où l’enjeu révolutionnaire était l’affirmation du prolétariat en tant que libération du travail, de la force productive.

Avec la restructuration, c’est toute cette confirmation qui est balayée, la fin de l’identité ouvrière, la fin de cette stabilité sur laquelle les mouvements sociaux s’appuyaient pour revendiquer, l’existence sociale du prolétariat et sa nécessité étant incontestables. Dans ce capitalisme restructuré, la reproduction de la force de travail par le biais du nouveau rapport salarial a connu une double déconnexion, d’abord au niveau de la valorisation du Capital, ensuite au niveau de la consommation ouvrière (où la centralité du salaire n’est plus de mise).

Avec ce qu’on appelle la mondialisation, il n’y a plus de rapport entre la reproduction de la force de travail (segmentée en zones à modalités différentes) et la valorisation du Capital (qui elle est unifiée mondialement).

Nous pouvons repérer trois zones à modalités de reproduction différentes. Une première, que nous pouvons appeler hyper-centre capitaliste, se caractérise par des salaires conséquents où les vestiges du fordisme se représentent par la privatisation des garanties sociales, mais où la pression du « nouveau compromis » (la concurrence mondiale de la force de travail) affecte de plus en plus de fractions de la force de travail de cette zone.

Ce « nouveau compromis », c’est une donnée structurelle qui veut que « le prix de référence des marchandises, y compris la force de travail, [soit] le minimum mondial ».

Une zone secondaire, où nous retrouvons les activités de logistique, de diffusion commerciale et de sous-traitance. Les salaires sont bas et tendent encore à baisser par la pression interne de la force de travail disponible inemployée. Il n’y a pas ou peu de garanties sociales, le rapport salarial trouve sa définition dans la précarité structurelle.

La troisième zone, véritable poubelle sociale, joue le role de réceptacle pour un prolétariat excédentaire, qui n’est pas nécessaire à la valorisation du Capital et où les moyens de survie se bricolent entre aide sociale, économie informelle, débrouille.

Une population familièrement avisée de que ce qu’est la répression et la prison.

Ce zonage se dessine à plusieurs échelles, « du monde au quartier ».

Il y a donc bien rupture du lien qui reliait, territorialement, auparavant, la valorisation du Capital (sa reproduction) et la reproduction de la force de travail, du prolétariat. La seconde déconnexion se situe entre la valeur de la reproduction de la force de travail et la consommation effective du prolétariat.

Quand le salaire n’est plus cette instance régulatrice de la reproduction de la force de travail, en gros que la vie est de plus en plus chère, il faut trouver une solution. Cette solution a été le crédit, mis en avant par la financiarisation de l’économie. Avec la baisse des salaires, le prolétariat s’est vu contraint d’assurer sa reproduction immédiatement par le biais de crédits, donc à l’endettement. Il y a déconnexion entre salaire et consommation ouvrière. La crise de 2008, des subprimes, dans laquelle nous sommes aujourd’hui, a été déclenchée suite à un nombre considérable d’impayés chez les ménages pauvres. Cette crise financière est une crise de la reproduction du capital et l’expression de la limite de ce mode d’accumulation. Ce qui faisait la dynamique de la valorisation, « la baisse des salaires », devient, poussée à terme, le blocage de la reproduction du Capital (parce que blocage de la reproduction d’un de ses pôles, le prolétariat). La Capital cherche toujours à accroître sa plus-value, son profit, et c’est en réduisant les coûts de la force de travail qu’il y parvient. Plus de surtravail (travail « gratuit ») et moins de travail nécessaire (rémunération de la force de travail). Voilà l’illustration du Capital comme contradiction en procès et l’exploitation comme enjeu-cible de la lutte des classes. Seulement, avec les modifications structurelles précisées plus haut, ce nouveau cycle de la lutte des classes a formalisé une limite bien particulière : l’appartenance de classe comme limite même de la lutte des classes, la prolétariat n’est rien sans le Capital.

Avec la précarité comme définition du rapport salarial, l’instabilité structurelle du prolétariat ne permet plus aux prolétaires en lutte de revendiquer, à partir de leur situation sociale, la légitimité de leur existence. C’est la non-confirmation du prolétariat qui structure actuellement la lutte des classes. Le prolétariat est désormais posé comme nécessaire mais toujours de trop. Revendiquer de meilleurs conditions de vie, dans la configuration actuelle de la concurrence mondiale, s’apparente à un coup d’épée dans l’eau. Et face à cette limite, de nombreuses fractions de prolétaires en lutte ont produit une déduction pratique : l’appartenance de classe comme contrainte extérieure donc sa remise en question. Et c’est sous cette forme que s’amorce le contenu et la probabilité révolutionnaire de l’époque : l’abolition du Capital dans son intégralité, dans la lutte des prolétaires qui ne veulent simplement plus l’être.

L’essentiel de ces moments de lutte a révélé que la contradiction qui opposait le prolétariat au Capital se nouait au niveau de leur reproduction respective (bien que l’un n’aille pas sans l’autre). Que ce soit la révolte des banlieues en 2005, les diverses luttes suicidaires (ne réclamant que des indemnités) autour des sites de production destinés à être démantelés durant tout la décennie, les émeutes en Grèce, à Londres, ou encore les conflits en Guadeloupe ou à Mayotte, ces luttes ont produit l’appartenance de classe comme contrainte extériorisée dans l’objectivité du Capital. On ne peut rien faire en tant que prolétaire mais tout part de là. Il est impossible de faire un détail exhaustif des diverses productions d’écarts (la remise en cause de l’appartenance de classe) dans les luttes actuelles tellement ces phénomènes sont présents de manière constante à l’intérieur de celles-ci.

Et les temps ne vont pas en s’arrangeant. Avec la crise, nos conditions de vie vont nécessairement en s’aggravant, par le biais de l’accroissement de la dévalorisation de la force de travail et de la surnumérisation de fractions du prolétariat. Pour beaucoup d’entre nous déjà, la reproduction du rapport salarial capitaliste est vue comme simple coercition et par-delà rend caduc parce qu’hostile. Cette citation donne le ton de l’antagonisme social actuel : « Partout la disciplinarisation de la force de travail face à un prolétaire redevenu, en tant que prolétaire, un pauvre, est le contenu de l’ordre du jour capitaliste » (Le moment actuel, SIC, n°1, 2011). Cette disciplinarisation, c’est la police, la justice et la prison.

Les formes idéologiques qu’adopte le Capital pour réprimander les mauvais joueurs (toujours perdants dans le jeu de l’exploitation) dépendent des conditions économiques de la reproduction du capital. Elles ne sont pas là par hasard ou fantaisie. Leur rigueur est rigueur économique et la police est la matérialisation la plus concrète de l’austérité.

Dans la situation présente, la violence sociale est amenée à se renforcer, les émeutes à se multiplier, les résistances face à la dégradation des conditions de vie à se généraliser mais la seule question qui reste en suspens est bien celle de la naissance ou non, d’un mouvement révolutionnaire portant en lui, de par les conditions de son apparition, l’abolition du mode de production capitaliste. Pour la suite, il n’y a qu’expectative…

C’est une probalité d’époque, nécessaire face aux limites actuelles de la lutte des classes. La guerre sociale s’intensifiant, les temps s’annoncent sportifs. Et ça, les capitalistes et leurs  défenseurs le savent bien. Il n’y a pas d’alternative, pas de programme commun, uniquement un simple « réflexe ».

Prolétaires de tous pays, Niquez tout !

Solidarité avec les engêolés de la guerre sociale. Bises aux camarades.

pour répondre

[Lille] Soirées (passées) en soutien

janvier 23rd, 2012 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

Die (Vercors) & Bruxelles : Solidarité avec les inculpéEs de Labège

janvier 23rd, 2012 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

[Bruxelles] Joyeux bordel et meilleurs feux !

Die (Vercors) : Solidarité avec les inculpéEs de Labège

 

 

Libération d’un des inculpés !

janvier 23rd, 2012 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

Vendredi 20 janvier, l’un des quatre incarcérés est sorti de la prison de Toulouse-Seysses, avec un contrôle judiciaire !!
Cette excellente nouvelle est évidemment accompagnée de l’amertume que nous laisse le maintien en détention des trois autres.

Le relatif retard avec lequel nous publions cette nouvelle a de bonnes et de moins bonnes excuses. Il n’est pas dans nos habitudes de rendre des comptes, à qui que ce soit… Nous aspirons à consacrer notre temps et notre énergie autrement  qu’en réponse à des attaques portées à notre encontre à propos de ce que nous n’avons ni fait, ni écrit.
Le soutien local n’est pas homogène, il est porté par un certain nombre de personnes dont les avis divergent sur tels et tels points mais que l’envie de réagir amène à se rassembler régulièrement afin de discuter, débattre et imaginer des initiatives.

L’impossibilité de mettre tout le monde d’accord sur le tri à effectuer sur les informations relayées par ce blog nous a par exemple poussé-es à  décider bon gré, mal gré, de publier  tout ce qui pouvait toucher à cette affaire.

Par ailleurs, il nous semble bon de rappeler que nous ne sommes pas responsables de la nature des soutiens qui nous sont portés, et que le discours du collectif a quant à lui été clair depuis le début.

Nous saisissons les vives et (un tantinet) moralisatrices réactions ainsi que les suppositions douteuses suscitées par notre silence pour soulever à la fois la pertinence de la critique politique (que nous sommes quelques un-es à partager et que nous relayons ci-dessous), et le caractère aussi méprisant que déplacé  de sa forme.

Quelques membres du collectif

ps: comme on dit « get off your computer, we’ll meet in the streets ! »
pps: merci aux sites concernés d’avoir relayé à notre place les propos des journaleux et autre euro-député.
ppps: allez, bisous, sans rancune

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Non Fides : Bonne et mauvaise nouvelle dans l’affaire du saccage de la PJJ de Labège

Exceptionnellement encore, nous publions sur ce site des articles des médias. Voila ce qui arrive lorsque la communication publique autour d’une situation répressive frappant des camarades de lutte se cantonne à être inefficace [1], effrayée [2] et hésitante. On finit par apprendre les nouvelles, bonnes ou mauvaises à travers la presse policière et bourgeoise. Un des quatre camarades incarcérés dans le cadre de l’affaire du saccage de la PJJ de Labège a été libéré il y a quelques jours. Nous ne savons pas si lien de cause à effet il y a, même si nous nous doutons bien que oui, et nous ne savons pas qui en porte la responsabilité, mais de bien sombres arcanes se révèlent au même moment que cette bonne nouvelle. Une députée européenne d’Europe-Ecologie-Les-Verts s’est lancée dans une campagne publicitaire en « soutien » aux camarades incarcérés sous la bannière de la liberté d’expression si chère à la bourgeoisie, avec le vocabulaire habituel de ce genre de crapules citoyennes : dérive, délit d’opinion, droits de l’homme, lettre au Garde des Sceaux etc. Elle n’oublie pas de condamner, « bien entendu », le saccage. On peut se questionner sur le moyen utilisé par cette eurodéputée pour accéder au dossier et pouvoir ainsi l’instrumentaliser pour sa carrière politique. Rappelons qu’un dossier n’est théoriquement accessible qu’à la justice et la police (qui en sont les auteurs) et aux inculpés et leurs avocats (tenus de respecter les choix de leurs clients). Nous espérons donc, que l’affaire de Labège ne se dirige donc pas, comme s’en inquiètent avec raison les compagnons des Brèves du Désordre, vers un nouveau Tarnac. La balle est maintenant dans le camp des inculpés et de leurs proches soutiens de s’exprimer contre ces faux-amis politiciens, car qui ne dit mot consent, et parce que lorsque des défenseurs de l’existant se métamorphosent opportunément en défenseurs des révolutionnaires réprimés, l’expérience nous a toujours montré qu’il fallait vite couper la tête de l’anguille sous la roche. Rappelons-nous que la solidarité révolutionnaire s’exprime d’abord contre l’existant et avec la lutte (individuelle ou collective) de ceux qui sont tombés qu’avec les cas individuels de chaque inculpés et en dépit de la question de leur innocence ou de leur culpabilité que nous laissons au pouvoir ; encore moins contre d’hypothétiques mesures d’« exception », car combattre l’exception c’est valider le reste du système judiciaire qui dans toute sa quotidienne banalité ne cessera jamais de broyer, tuer, mutiler et humilier au service de la société. Solidarité donc avec tous ceux qui luttent contre la prison à l’intérieur et à l’extérieur, et mort au pouvoir !

Lettre au Garde des Sceaux au sujet des 4 jeunes en détention provisoire à Seysses

Toulouse, le 18 janvier 2012

Monsieur le Garde des Sceaux,

En tant que Députée européenne du Sud-Ouest, je souhaite vous alerter au sujet d’une situation rencontrée dans ma circonscription.

Depuis le 14 novembre 2011, quatre jeunes de 21 à 22 ans se trouvent en détention provisoire à la Maison d’arrêt de Seysses en Haute-Garonne. Ils sont accusés d’avoir participé à une action de vandalisme de la Protection Judiciaire de la Jeunesse de Labège le 5 juillet dernier. Condamnant bien entendu tout saccage d’un lieu public (saccage qui n’a d’ailleurs à ce jour n’a pas été revendiqué), je m’interroge cependant sur le déroulement de cette enquête.

Tout d’abord, une détention provisoire longue de maintenant deux mois est-elle justifiée ? Comme le rappelle fréquemment la Cour Européenne des Droits de l’Homme à la France, une privation de liberté ne peut être justifiée que si elle est indispensable pour la poursuite de l’enquête. Or, des prélèvements d’ADN ont été effectués (contre le gré de ces personnes pendant leur garde à vue). Normalement, les résultats de l’analyse devraient être connus dans les trois jours suivant les prélèvements. Huit semaines après qu’ils aient été effectués, ils n’ont toujours pas été communiqués : ils permettraient pourtant de savoir si ces personnes ont été impliquées –ou non- dans l’événement du 5 juillet. Non seulement les prélevés de force d’ADN sont choquants, mais de surcroît refuser aux “propriétaires” d’accéder aux résultats est totalement contraire aux droits de l’homme.

Par ailleurs, je ne comprends pas qu’il soit fait mention dans le dossier de ces quatre jeunes gens d’une supposée appartenance à l’« ultra-gauche ». Si elles ont reconnu un engagement militant (remontant au mouvement d’opposition au Contrat Première Embauche), elles disent n’appartenir à aucune organisation. Qu’entend-on alors par l’expression « ultra-gauche » ? Est-il justifié de placer cette appartenance au même niveau que celle à des réseaux terroristes ? Je crains qu’il ne s’agisse une nouvelle fois d’un délit d’opinion flagrant.

Comptant sur une réponse diligente de votre part, je vous prie d’agréer, Monsieur le Garde des Sceaux, l’expression de mes salutations distinguées.

Catherine Grèze

catherinegreze.eu/blog/ ?p=2131

L’eurodéputée C. Grèze demande un recours

Sur son blog, la députée européenne Catherine Grèze écrit au Garde des Sceaux au sujet de quatre jeunes.

La députée européenne écologiste a écrit au ministre de la Justice. Elle s’interroge à propos de quatre jeunes placés trop longtemps en détention provisoire. Leur ADN aurait été prélevé sans leur consentement. Les résultats ne seraient toujours pas connus.

Au départ, les faits remontent au 5 juillet 2011, en fin de matinée dans le quartier de Labège à Toulouse. Un groupe d’une dizaine de personnes cagoulées s’en est pris violemment aux locaux de la Direction inter-régionale sud de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Les médias locaux les ont même qualifiés de commando. Les assaillants, vraisemblablement organisés, se sont dispersés dans chaque bureau. Ils ont bousculé les salariés et ont déversé des liquides nauséabonds sur les ordinateurs et dans les locaux. Un salarié a reçu une projection de gaz lacrymogène. Ensuite, ils ont tagué des slogans hostiles au durcissement des lois sur les mineurs délinquants.

Le Procureur de la République de la Haute-Garonne avait alors souligné que « les agents de la PJJ n’ont pas l’objet de violence physique mais cet acte les a profondément choqués ». La PJJ s’occupe notamment du suivi des jeunes détenus.

A la suite de l’enquête sur ces dégradations et des perquisitions de deux squats toulousains, quatre personnes, deux hommes et deux femmes d’après nos confrères de La Dépêche, ont été écrouées mi-novembre 2011.

Actuellement, l’eurodéputée écologiste Catherine Grèze soulève des questions sur les conditions de détention de ces quatre prévenus de sa circonscription. Elle pose le problème du déroulement de l’enquête. Les détenus s’opposaient à un prélèvement ADN. Il aurait été effectué contre leur gré ce qui, dit l’eurodéputée, « est contraire aux Droits de l’Homme ». Elle dénonce aussi le fait que les résultats de ces prélèvements ADN effectués il y a huit semaines auraient dû être communiqués trois jours après aux quatre personnes concernées. En outre, elle relève dans leur dossier judiciaire la mention écrite « appartenance à l’ultra-gauche » en notant qu’il s’agit d’un délit d’opinion. Pour ces raisons, elle s’est adressée au Garde des Sceaux.

midi-pyrenees.france3.fr/info/l-eurodeputee-c-greze-demande-un-recours-72119399.html

Catherine Grèze soutient 4 jeunes en détention provisoire

Catherine Grèze, eurodéputée du Sud-Ouest, s’insurge contre la détention provisoire de 4 jeunes à la prison de Seysses. Accusés de vandalisme sur un bâtiment de la protection judiciaire des jeunes à Labège, le 5 juillet 2011, la députée s’interroge sur leur sort.

Interpelés depuis huit semaines, ils sont toujours en détention provisoire. Catherine Grèze rappelle que la Cour européenne des droits de l’homme n’autorise la détention que si elle est nécessaire à l’enquête. Les résultats des prélèvements ADN effectués pendant la garde à vue des 4 jeunes ne sont toujours pas connus, selon l’eurodéputée. Elle estime que ces prélèvements ont été réalisés « contre le gré de ces personnes ».

Catherine Grèze interpelle le Garde des sceaux sur cette question. Et sur la mention, dans le rapport de ces jeunes de l’expression « ultragauche ». Elle se demande s’il est « justifié de placer cette appartenance au même niveau que celle à des réseaux terroristes ? Je crains qu’il ne s’agisse une nouvelle fois d’un délit d’opinion flagrant. »

Pour défendre sa cause, elle s’exprimera ce soir, au journal de France 3 Midi-Pyrénées.

toulouseinfos.fr/index.php/dossiers/breves/3671-catherine-greze-soutient-4-jeunes-en-detention-provisoire.html

Un détenu étiqueté « ultra-gauchiste » à la prison de Seysses

Dérive autoritaire inquiétante, en tremble la députée européenne EE-LV Catherine Grèze. J’en ai la chair de poule ». « C’est ahurissant », s’insurge M° Christian Etelin. L’appartenance supposée à « l’ultra gauche » d’un délinquant présumé défendu par cet avocat est mentionnée en toutes lettres sur l’ordonnance qui le place en détention provisoire à la maison d’arrêt toulousaine de Seysses.

Là n’est toutefois pas le motif de la détention dudit présumé délinquant. Ce garçon est d’abord soupçonné d’avoir mis à sac les locaux de la Protection Judiciaire de la Jeunesse à Labège le 5 juillet dernier avec trois autres jeunes gens. Ce que tous les quatre nient. L’un de ces jeunes gens vient d’ailleurs d’être libéré.

Condamnant « fermement » l’acte de vandalisme en lui-même, l’élue écologiste se garde bien de se prononcer sur le fond quant à la culpabilité réelle ou supposée du détenu étiqueté gauchiste. Elle dit juste ne pas comprendre qu’un engagement militant figure sur un document signé par un juge.

En fait, la mise-à-sac de Labège ayant été considérée à l’instruction comme un acte militant, l’appartenance supposée à cette mouvance a été entendue comme un facteur de « risque de réitération » justifiant la détention du gauchiste en question.

« Je crains qu’il ne s’agisse une nouvelle fois d’un délit d’opinion flagrant », reprend Catherine Grèze. Avant d’en saisir éventuellement la Cour européenne des droits de l’homme, elle a adressé mercredi 18 janvier une lettre pleine d’interrogations au Garde des Sceaux.

libetoulouse.fr/2007/2012/01/quand-lultra-gauchisme-conduit-en-prison.html

Notes

[1] Les points techniques importants du dossier -importants dans le sens ou ils peuvent servir à tous ceux qui luttent contre l’Etat en cas de mésaventures- n’ont jamais été révélées publiquement, laissant place aux rumeurs et autres on-dits contradictoires.

[2] Pourquoi couper des passages de la lettre d’une des camarades destinée à être publique (donc écrite comme telle) sinon par peur. Il s’agit d’une infantilisation de la camarade en question, et la considération dégradante que celle-ci ne serait pas en état de savoir ce qui est bon ou mauvais pour elle. Une façon de brider ses mots d’une manière indirectement autoritaire.

*******

Brèves du désordre : Toulouse : un des quatre incarcérés de Labège vient de sortir sur fond de racket politicien
(Le 21 janvier 2012)

[Tandis que s’allonge la liste toujours plus merdique des nouveaux amis des inculpés de Labège publiée sur le blog de leurs souteneurs officiels ("pourlaliberté") -qui va des curés espagnols aux syndicats (FSE) et aux organisations autoritaires (ah, ces jeunes du PCML)-, il ne manquait plus que l’intervention de députés de gôche pour qu’il flotte comme un air de Tarnac à Toulouse.
C’est désormais chose faite avec une crapule députée européenne des Verts (on ne nous fera pas croire que personne ne l’a sollicitée et qu’elle a découvert cette histoire toute seule pour se faire mousser au JT de France 3) qui vient de faire son entrée en scène. On se souvient en passant que la sénatrice-maire Vert de Montreuil et ex-ministre (Voynet) avait déjà fait le coup de récupérer une histoire d’ "ultra-gauche" en allant rendre visite à Coupat à la prison de La Santé. Qui aurait pu penser qu’en balançant de la merde contre la PJJ, elle nous reviendrait en plus grande quantité dans la gueule ?
Heureusement, une bonne nouvelle vient d’arriver avec la sortie d’un des quatre incarcérés... bonne nouvelle qu’on a pourtant bien du mal à trouver écrite quelque part ailleurs que dans La Dépêche ou le Libé du coin.]


Saccage de la PJJ : un mis en cause libéré

La Dépêche du 21 janvier 2012

L’un des quatre mis en cause dans l’affaire du saccage des bureaux de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) le 5 juillet, à Labège, a été remis en liberté, hier, par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse. Après deux mois de détention provisoire, cet homme âgé de 21 ans, ex-étudiant en sociologie et originaire de Poitiers, « a toujours nié avoir participé à ces dégradations », a indiqué hier son avocat M° Thomas Eybert. Trois autres personnes, dont une femme, sont toujours écrouées ( ??!, NdE).


Un détenu étiqueté « ultra-gauchiste » à la prison de Seysses

Libé Toulouse, 21/01/2012

JUSTICE. Dérive autoritaire inquiétante, en tremble la députée européenne EE-LV Catherine Grèze. J’en ai la chair de poule ». « C’est ahurissant », s’insurge M° Christian Etelin.
L’appartenance supposée à « l’ultra gauche » d’un délinquant présumé défendu par cet avocat est mentionnée en toutes lettres sur l’ordonnance qui le place en détention provisoire à la maison d’arrêt toulousaine de Seysses.

Là n’est toutefois pas le motif de la détention dudit présumé délinquant. Ce garçon est d’abord soupçonné d’avoir mis à sac les locaux de la Protection Judiciaire de la Jeunesse à Labège le 5 juillet dernier avec trois autres jeunes gens. Ce que tous les quatre nient. L’un de ces jeunes gens vient d’ailleurs d’être libéré.

Condamnant « fermement » l’acte de vandalisme en lui-même, l’élue écologiste se garde bien de se prononcer sur le fond quant à la culpabilité réelle ou supposée du détenu étiqueté gauchiste. Elle dit juste ne pas comprendre qu’un engagement militant figure sur un document signé par un juge.

En fait, la mise-à-sac de Labège ayant été considérée à l’instruction comme un acte militant, l’appartenance supposée à cette mouvance a été entendue comme un facteur de « risque de réitération » justifiant la détention du gauchiste en question.

« Je crains qu’il ne s’agisse une nouvelle fois d’un délit d’opinion flagrant », reprend Catherine Grèze. Avant d’en saisir éventuellement la Cour européenne des droits de l’homme, elle a adressé mercredi 18 janvier une lettre pleine d’interrogations au Garde des Sceaux.

 

 

 

Liberté pour les inculpés de Toulouse [Le Monde Libertaire]

janvier 19th, 2012 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

n°1656 (19-25 janvier 2012)

Depuis huit semaines, quatre jeunes sont en détention préventive à la prison de Seysses ,près de Toulouse. Ils et elles sont soupçonné-e-s d’avoir participé, en juillet 2011, à une action de solidarité avec les mineurs enfermés, menée dans les locaux de la direction interrégionale sud de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Le soutien s’organise.
Les EPM (établissements pénitentiaires pour mineurs) sont de véritables prisons pour enfants, enfermant des jeunes de 13 à 18 ans, souvent issus des classes les plus défavorisées. Créés par la loi « Perben I », ils sont dénoncés par de nombreuses organisations politiques et syndicales (FSU, LDH, Syndicat de la magistrature, PCF…). Il y a en effet de quoi s’interroger sur les 700 euros par jour dépensés pour chacun des 360 détenus mineurs enfermés dans les EPM, sur les 800 mineurs détenus… quand on compare cela par exemple, avec l’hémorragie des budgets consacrés à l’éducation nationale. Ces EPM imposent une gestion schizophrène des mineurs « délinquants », en associant des éducateurs, sensés développer l’autonomie et l’apprentissage, et des matons – dont la fonction est éminemment coercitive. Les organisations syndicales travaillant dans ces EPM en dénoncent régulièrement la gabegie (la FSU, mais aussi la CGT-PJJ qui parle de « cocottes-minute »). Même un rapport du Sénat se montre accablant. Résultat de cette politique consternante : suicides de mineurs à l’EPM de Meyzieux en 2008, et à l’EPM d’Orvaux en 2010 ; mutineries à Meyzieux en 2007, à Lavaur en 2007 et en 2011 ; tentatives d’évasion…
Face à ce constat déplorable, la PJJ surenchérit dans la provocation et la répression les plus abjectes, en qualifiant d’ « irrécupérables » des jeunes détenus, en réclamant « plus de sécurité » ainsi qu’un « profilage des détenus ».
Quant au Parlement, il s’apprêtait l’été dernier à refondre l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs, avec la création d’un tribunal correctionnel pour récidivistes de plus de 16 ans !
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’action du 5 juillet dernier. Des personnes solidaires des détenus mineurs s’introduisent dans des locaux de la PJJ de Labège, elles répandent un liquide puant (de la merde semble-t-il) sur des bureaux et ordinateurs, font quelques tags et laissent des tracts non signés, solidaires contre la répression croissante qui s’exerce sur les mineurs et dénonçant les EPM. «Pas de violence physique » et « peu de dégâts », dixit le procureur de Toulouse Michel Valet lui-même (Dépêche du Midi, 6 juillet 2011), à peine un accrochage : quand un membre de la PJJ a arraché le sac à dos de l’une des personnes, il s’est pris un petit jet de lacrymo… qui n’a d’ailleurs donné lieu à aucune ITT (interruption temporaire de travail) ni à aucune plainte. Cette « affaire » n’était donc tout au plus qu’une modeste mais claire action de solidarité avec les mineurs frappés par la répression étatique. Qu’est-ce donc, face à la gravité de la situation des jeunes enfermés en EPM ?
Pourtant, plus de quatre mois après les faits, c’est une véritable opération commando qui est lancée par l’état : des forces de l’ordre surarmées déboulent dans
sept lieux d’habitation de Toulouse – dont des squats d’habitation. Quinze personnes sont interpellées, dont une famille de sans-papiers. Six sont placées en garde à vue. Quatre sont ensuite placées en détention préventive, une reste inculpée et sous contrôle judiciaire, une dernière est libérée mais comme « témoin assisté ». Leur procès est prévu en mai 2012. Les trois chefs d’inculpation sont très lourds, disproportionnés par rapport aux faits reprochés : « violence commise en réunion sans incapacité », « dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion », et bien sûr la fameuse « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens », l’arme estrosique absolue contre les militant-e-s, décidément ressortie à tous les procès. L’ADN des inculpés, alors qu’ils et elles avaient refusé leur prélèvement, a été pris sur leurs gobelets et couverts pendant la garde à vue. Rappelons que le prélèvement d’ADN (dont sont expressément exemptés les délinquants financiers) est devenu quasi systématique hors de la garde à vue. Que son refus est considéré comme un délit par l’état, pouvant donner lieu, même en cas de relaxe pour l’affaire corollaire, à d’ubuesques convocations ultérieures, voire des condamnations – le « délit » est toujours passible d’un an de prison et 15 000 euros d’amende.
Les inculpés de Toulouse nient toute participation à l’action du 5 juillet. Pour autant, ils et elles revendiquent et assument leurs convictions politiques et leur
engagement militant. Certains sont des militants depuis le lycée, qui se sont mobilisés lors du CPE. Les inculpé-e-s ne font partie d’aucune organisation.
Pourtant, la justice et la presse ont ressorti leur épouvantail, en prétendant qu’ils et elles appartiendraient à « l’ultra-gauche ». Cet étiquetage, de même que
celui d’ « anarcho-autonome » (qu’on se souvienne de « l’affaire » de Tarnac ou celle de Vincennes), cache mal la volonté manifeste du pouvoir d’instaurer un
véritable délit d’opinion, tout en coupant court à la critique nécessaire de leurs institutions.
Quatre d’entre eux-elles sont donc en détention provisoire, une détention qui s’éternise depuis huit semaines à la maison d’arrêt de Seysses. Sans aucune date
annoncée de remise en liberté… Le juge attendrait le résultats des tests ADN – sans doute déjà à sa disposition. Si ces résultat ne correspondent pas, peut-être espère-t-il que les inculpés coopèrent pour donner des infos sur le milieu militant ? Que les flics puissent ficher d’autres militants exprimant leur soutien par des actions de solidarité avec les inculpés ? La détention provisoire bafoue la présomption d’innocence, puisqu’elle applique de fait une peine de détention avant tout jugement, sans compter qu’elle peut être prolongée au bon vouloir du juge. Ce qui prive les détenus de toute possibilité de relaxe, puisque pour se couvrir, le tribunal condamne toujours les détenus à une peine de rétention… qui couvre au moins le temps déjà passé derrière les barreaux (faute de quoi le tribunal pourrait être attaqué pour détention arbritraire). La CEDH (Cour européenne des droits de l’Homme) a critiqué la France à ce sujet : il y a de quoi. La moitié de la population carcérale en France correspond à des prévenu-e-s dans l’attente d’un procès qui peut en certains cas avoir lieu deux ou trois ans plus tard. Là aussi, l’affaire de Labège rappelle celle de Tarnac (avec plus de six mois de détention préventive pour Julien Coupat), ou celle de Vincennes (entre sept et treize mois pour six Parisiens demeurant depuis sous contrôle judiciaire). Les motifs qu’invoque le tribunal pour rejeter les demandes de libération émises par des inculpé-e-s de Toulouse frisent le grotesque : il s’agit d’ « empêcher une concertation frauduleuse avec des complices »… alors que les inculpées sont dans la même cellule et que les inculpés se sont côtoyés en promenade les premiers jours. D’« empêcher une pression sur des témoins ou des victimes »… alors même qu’il n’y a aucune victime, et qu’aucun témoin n’a pu identifier personne. De « prévenir le renouvellement de l’infraction »… alors que les inculpés ne seraient pas des « récidivistes » mais des « primo-délinquants », s’ils et elles se retrouvaient finalement jugés coupables. Le tribunal a aussi refusé une demande de remise en liberté s’appuyant sur une promesse d’embauche pour six mois à partir de début janvier, jugeant celle-ci non crédible ; pourtant ce détenu a un casier judiciaire vierge, paye un loyer pour son logements et a des revenus. L’appel de l’autre détenu (rejeté) s’est même tenu récemment… sans le concerné.
Lorsque leur pouvoir s’est trouvé contesté, les états ont toujours eu recours à la stigmatisation et à l’agression contre une partie de la population : aujourd’hui les sans-papiers et plus généralement les étrangers, les Roms, les jeunes des quartiers, les jeunes politisés, les militants (Conti, etc.), les anarchistes, etc. Ce qui leur permet de semer la peur en espérant détourner le mécontentement populaire contre des boucs émissaires, si possible choisis de façon à briser les mouvements sociaux. Face à cette volonté de marginalisation et d’atomisation sociale, il y a une réponse claire et déterminée à apporter : la solidarité concrète avec toutes les personnes confrontées à la répression pour avoir contesté l’organisation (anti) sociale actuelle.
De nombreuses actions de solidarité avec les inculpés de Toulouse ont eu lieu et se poursuivent dans plusieurs villes de France, emmenées par des organisations et collectifs divers : banderoles, tractages, rassemblements, concerts et soirées débats (comme le 14 janvier aux Pavillons sauvages, à Toulouse)… Le soutien matériel continue, notamment grâce à la solidarité du CAJ Toulouse , pour fournir aux détenus du fric pour cantiner, des bouquins, des vêtements et du courrier, malgré l’obstruction de l’administration pénitentiaire. Les affaires ont mis plusieurs semaines à arriver aux détenus, dont un n’a pas pu recevoir ses cours, pourtant envoyés à deux reprises par son université, que récemment – quelques jours à peine avant ses partiels – ce qui compromet l’obtention de ses examens et de son année universitaire.
Ici sur Poitiers, le comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux (« antirep 86 ») a réagi très vite, en organisant notamment un rassemblement de soutien et en produisant deux communiqués. Personnellement, je connais un peu deux des détenu-e-s et je pense tous les jours à eux avec le mal au bide. J’ai partagé leur lutte à Poitiers lors de mouvements dans l’éducation. Ils m’ont soutenu lorsque j’étais en grève. Ils dorment aujourd’hui en taule. Mais je sais aussi qu’ils tiennent bon, et qu’ils se savent soutenus. La solidarité est notre seule arme. Elle ira jusqu’au bout, avec toutes les personnes qui se sentent concernées et révoltées.

John Rackham, groupe Pavillon noir de la Fédération anarchiste

Samedi 4 février à Lyon

janvier 18th, 2012 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

Au Rock’n'Roll Vengeance,
à 20h,
concert de soutien aux incarcéré-es de Toulouse…
à prx libre

Solidarité avec les incarcéré-e-s de Toulouse,
accusé-e-s d’avoir semé la pagaille dans les locaux de la PJJ

La Protection Judiciaire de la Jeunesse (ou PJJ) est l’organe admi­nis­tra­tif chargé en France, entre autres, d’ « accompagner » la répres­sion des mineurs aux côtés de l’administration pénitentiaire dans les établissements carcéraux réservés à ces derniers. A côté des quel­ques rares jeunes qui ont par­fois pu être « pro­té­gés » d’un envi­ron­ne­ment très dur, l’immense majo­rité des mineurs qui ont affaire à elle sont brisés par cette ins­ti­tu­tion judi­ciaire. Au lieu d’être « aidés » d’une quel­conque façon, ils finis­sent empri­son­nés dans des EPE, des CEF, des EPM (les pri­sons pour mineurs), etc… d’où par­tent régu­liè­re­ment des révol­tes indi­vi­duel­les ou col­lec­ti­ves, très dure­ment répri­mées c’est se qui s’est passé en mai 2011 : une mu­ti­ne­rie a éclaté à l’établissement péni­ten­tiaire pour mineurs de Laveur et était vio­le­ment réprimé au bout de 3 jours. Cela se tra­duit aussi sous la forme de sui­ci­des par celles et ceux qui ne sup­por­tent plus d’être broyés par ces pri­sons pour jeunes. Voilà une réalité dont la PJJ est un rouage.

S’oppo­ser à cette ins­ti­tu­tion est donc plus que néces­saire. C’est, parmi d’autres cas, ce qu’ont choisi de faire quel­ques per­son­nes au mois de juillet der­nier. Dans les locaux de la PJJ de Labège, en soli­da­rité avec la révolte des pri­son­niers mineurs de Lavaur, du maté­riel a été cassé et des tags écrits sur les murs. Un sala­rié qui a voulu s’inter­po­ser a reçu du gaz lacry­mo­gène, sans être blessé.

Cette action, n’est rien com­pa­rée à l’acti­vité quo­ti­dienne de des­truc­tion de la PJJ. Mais cela a été pré­texte à une répres­sion dis­pro­por­tion­née qui a eu lieu mi-novem­bre à Toulouse : une dizaine de per­son­nes ont été arrê­tées après qu’une cen­taine de gen­dar­mes aient per­qui­si­tionné pas moins de sept habi­ta­tions, de nom­breu­ses affai­res ont été confis­quées, et quatre per­son­nes sont aujourd’hui en déten­tion pro­vi­soire. Pour quel­ques tags et un peu d’excré­ments répan­dus sur des ordi­na­teurs, les chefs d’inculpa­tion sont très lourds : « Participation à un grou­pe­ment en vue de la pré­pa­ra­tion de vio­len­ces aux per­son­nes ou de des­truc­tion de biens. Violences en réu­nion. Dégradations en réu­nion ».

Peu nous importe qui a dégradé les locaux de la PJJ. De toute façon, les mem­bres de cette ins­ti­tu­tion, qui ont brisé tant de jeunes, méri­tent cent fois d’être pris à parti et de rendre des comptes.

Mais nous refu­sons cette répres­sion : Nous exi­geons la libé­ra­tion des incar­céré-e-s et l’arrêt de toutes les pour­sui­tes !
Détruisons toutes les pri­sons !

Il s’agira donc, ce soir, de récolter le plus d’argent possible pour le faire parvenir aux amis et aux familles des copains incarcérés (Entre les frais d’avocats, de cantine pour améliorer l’ordinaire en tôle, le coût des déplacements pour les familles, ça coûte un paquet de tunes de se retrouver au placard…), et de se retrouver, discuter, se tenir, pour ne pas se laisser enfermer dehors.

PIZZA OD (punk, Lyon)

http://pizzaod.blogspot.com/

ALLIGATOR (pop reptilienne, Lyon/Athens)

http://we-are-alligator.bandcamp.com/

PLACARD (punk, Oullins/Chaponnost/Gerland/Chambéry)

& d »autres invités peut-être

Tu viens ou tu crains. (pour l’adresse, demande à tes potes ou à salutlesloulous chez riseup)

Libération immédiate [affiche]

janvier 12th, 2012 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

Pour obtenir un PDF en bonne définition et imprimer des affiches :
Clic-droit, « enregistrer la cible sous »…

On a aussi reçu ça pour des affiches, autocollants… :

Pour expliquer un peu l’ »affaire de Labège » (Comité Poitevin)

janvier 12th, 2012 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

Depuis maintenant près de deux mois, quatre jeunes hommes et femmes sont en détention « provisoire » à la maison d’arrêt de Seysses, sans qu’aucune date ait jamais été avancée concernant leur remise en liberté. Et on retrouve dans leur « affaire » un scénario désormais bien rodé pour la police et l’institution judiciaire : d’abord la criminalisation des personnes arrêtées, au moyen de l’étiquetage « ultra-gauche » ; puis une détention « provisoire » qui s’éternise ; enfin, un prélèvement d’ADN dont le refus est sanctionné pénalement…

Le 14 novembre dernier, une centaine de gendarmes mobiles ont opéré une impressionnante rafle à Toulouse dans sept lieux d’habitation (pour la plupart des squats) et interpellé une quinzaine de personnes (dont une famille de sans-papiers) ; ils ont ensuite mis six d’entre elles en garde à vue. Ces personnes ont toutes nié les faits qui leur sont reprochés ; elles ont juste reconnu un engagement militant (pour la plupart depuis le lycée avec le mouvement anti-CPE) et ont refusé le prélèvement d’ADN. Quatre sont donc présentement en détention, une autre jeune femme a été inculpée mais placée sous contrôle judiciaire, et un jeune homme a été libéré mais en tant que « témoin assisté ».

Les arrestations intervenues à Toulouse entrent dans le cadre de l’« affaire de Labège » : le 5 juillet 2011, une dizaine de personnes non identifiables ont pénétré dans les locaux de la direction interrégionale de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ, organisme qui dépend du ministère de la Justice) à Labège, dans la banlieue de Toulouse. Ce groupe a déversé des excréments sur des ordinateurs et des bureaux, tagué quelques slogans sur des murs, et laissé sur place des tracts non siglés dénonçant l’accentuation permanente de la politique sécuritaire à l’encontre des mineur-e-s avant de se volatiliser quelques minutes plus tard. L’action visait donc clairement la ligne répressive de l’Etat – dénoncée par une partie des éducateurs eux-mêmes, notamment en 2002 lors de la création des établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). En mai dernier, en effet, une révolte a éclaté à l’EPM de Lavaur, dans le Tarn. L’administration pénitentiaire et la PJJ y ont répondu par l’intervention des équipes régionales et de sécurité (ERS), des mesures d’isolement, des conseils disciplinaires et des transferts. La PJJ a alors déclaré qu’une partie des jeunes détenus étaient « irrécupérables », et elle a demandé « plus de sécurité, un profilage des détenus et une reconnaissance de la pénibilité [du] métier ». Au début de l’été, le Parlement s’apprêtait de plus à adopter une refonte de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs, comprenant entre autres la création d’un tribunal correctionnel pour les récidivistes de plus de 16 ans en ce qui concerne des délits passibles d’au moins trois ans d’emprisonnement.

Toujours est-il que l’action de Labège s’est déroulée sans violence – hormis un bref lâcher de bombe lacrymogène en direction d’un membre de la PJJ quand celui-ci a arraché le sac à dos d’un membre du groupe (il n’a eu aucun arrêt de travail et n’a pas porté plainte). Le procureur de la République, qui s’est déplacé sur les lieux avec le préfet le lendemain, a de plus remarqué lui-même que l’action menée « n’a[vait] finalement fait que peu de dégâts ». D’où l’évidente disproportion de l’opération lancée quatre mois plus tard par des forces de l’ordre surarmées pour procéder à une vague de perquisitions et d’arrestations à Toulouse, sur la base du sac laissé sur place à Labège (si ce sac semble bien appartenir à un des prévenus, ce dernier affirme l’avoir perdu lors de son déménagement en juin dernier).

A la fin de leur garde à vue, les lourdes inculpations que le juge a prononcées à l’égard de cinq personnes ont été les suivantes : « – Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens ; – violence commise en réunion sans incapacité ; – dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion. » En dépit du fait que ces personnes n’appartiennent à aucune organisation et que l’action de Labège n’a pas été revendiquée, l’étiquette « ultra-gauche » qui a été collée sur leur dos et sur leur dossier, et que les médias ont reprise, a suffi à les criminaliser (l’ordonnance de placement en détention provisoire concernant un des prévenus affirme ainsi que celui-ci « reconnaît son appartenance à un mouvement d’extrême gauche, lequel est à l’origine des faits reprochés comme en attestent les tracts laissés sur place » ; or le terme d’« ultra-gauche » qui lui a été attribué pendant la garde à vue ne représente en rien une organisation). Et ce malgré l’absence de preuves jusqu’à ce jour, car l’instruction court toujours. De même que l’« appartenance à la mouvance anarcho-autonome » et d’autres qualificatifs de ce genre, l’étiquetage « ultra-gauche » sert ainsi depuis des années maintenant à créer un véritable délit d’opinion.

Par ailleurs, le refus opposé par les « inculpé-e-s de Labège » à un prélèvement d’ADN va leur valoir un procès, début mai, quoique cet ADN leur ait de toute façon été prélevé contre leur gré en garde à vue (sur les gobelets et couverts utilisés pour se restaurer durant ce laps de temps). Les avocats des inculpé-e-s se sont à une exception près abstenus de faire appel de la mise en détention, sur l’idée que le juge attend les résultats des tests pour décider de leur libération ou non ; mais on peut sérieusement en douter, après sept semaines de détention. Il est bien plus probable que ces résultats sont déjà connus, et qu’il s’agit plutôt pour le juge de laisser mariner toute cette jeunesse en prison, dans l’espoir de la faire craquer et avouer ou du moins « coopérer » (tout en observant qui se mobilise pour les soutenir, aussi et bien sûr, afin d’alimenter les fichiers et de trouver d’autres « coauteurs » de l’action incriminée), surtout si le résultat des tests n’a pas « démontré » la culpabilité des inculpé-e-s. Rappelons que le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) a la particularité d’être alimenté de force – le prélèvement est « juridiquement contraint » car, en garde à vue, l’officier de police judiciaire a l’obligation d’informer le prévenu qu’il peut refuser ce « prélèvement biologique », mais en ajoutant aussitôt que « ce refus constitue un délit », et pas des moindres, puisque le code pénal prévoit jusqu’à un an ferme et 15 000 euros d’amende. Une situation kafkaïenne, étant donné le nombre de gens qui, relaxés du délit pour lequel on leur demandait leur ADN, demeurent poursuivis pour le délit de refus de prélèvement ; c’est qui plus est un « délit continu » : tant que l’on persiste dans son refus, on peut être convoqué à tout moment pour une nouvelle demande de prélèvement. Cette situation fait que certains ont porté leur cas devant la Cour européenne des droits de l’homme (voir http://www.slate.fr/story/47639/adn-fichiers).

Par les détentions « provisoires » qui s’éternisent, l’institution judiciaire entre également, et une fois de plus là encore, en complète contradiction avec la « présomption d’innocence » censée former le socle de la justice française. Il n’est que de voir la population des prisons, composée pour moitié de prévenu-e-s dans l’attente d’un procès qui peut avoir lieu deux ou trois ans plus tard. Ou se rappeler l’expérience pénitentiaire de Julien Coupat (plus de six mois) ; et, encore plus fort, celle des six Parisiens qui sont traduits en justice en mars prochain : entre sept et treize mois de « provisoire », avec un placement sous contrôle judiciaire ensuite (leurs quatre affaires ont été rassemblées sous le prétexte d’une même « association de malfaiteurs dans un but terroriste » – voir notamment l’article de Camille Polloni paru sur Inrocks.com le 19 janvier 2011 : http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/57636/date/2011-01-19/article/lultragauche-nouvelle-menace-pour-la-police-antiterroriste/).

Depuis leur arrivée à la maison d’arrêt, la situation des « inculpé-e-s de Labège » n’a pas évolué : chaque fois que le tribunal a dû réexaminer leur incarcération, il a choisi de les maintenir en prison. Les motifs qu’il invoque demeurent : – « d’empêcher une concertation frauduleuse avec les complices », alors que les deux jeunes femmes [peuvent se voir en détention] et que les deux jeunes hommes ont effectué leurs promenades ensemble durant leurs premiers jours à la maison d’arrêt ; – « d’empêcher une pression sur les témoins ou victimes », alors que dans l’action de Labège il n’y a pas eu de victimes et qu’aucun témoin n’est en mesure d’identifier ses responsables. – « de prévenir le renouvellement de l’infraction », alors qu’il ne s’agirait pas de récidivistes mais de « primo-délinquants », selon le jargon judiciaire, s’il s’avérait qu’ils et elles sont coupables.

L’attitude du tribunal à l’égard du seul prévenu qui a fait appel de sa mise en détention puis, débouté, a déposé une demande de remise en liberté montre bien que pour ce tribunal la culpabilité des inculpé-e-s est acquise. Lors de l’appel, qui s’est déroulé en présence de ce prévenu et dont l’audience était publique, la juge a lu le texte de l’ordonnance de placement en détention provisoire et s’est s’exclamée lorsqu’il a été question de la PJJ : « C’est parfaitement hilarant, quand on connaît le dévouement du personnel de la PJJ ! » ; peu après, c’est son collègue qui s’est écrié, à la mention que les inculpé-e-s avaient refusé le prélèvement d’ADN par conviction politique, qu’il ne voyait « vraiment pas » comment on pouvait associer les termes « ADN » et « politique »… Après quoi, ce tribunal a demandé au prévenu s’il avait quelque chose à ajouter, et, relevant qu’on le qualifiait d’« ultra-gauche » dans l’ordonnance de mise en détention, il a voulu savoir ce que le tribunal entendait par là en précisant qu’il était prêt à en débattre puisqu’il n’appartenait à aucune organisation. Autrement dit, il a répondu sans arrogance, mais sans se laisser démonter ni baisser la tête dans l’attitude attendue de repentance, partant de culpabilité admise. Inacceptable, pour le tribunal – d’où le commentaire suivant, à la fin de l’arrêt de la cour d’appel le maintenant en détention : « Son attitude laisse présumer qu’il agit délibérément même s’il conteste formellement les faits. » La demande de remise en liberté s’est soldée quant à elle en deux temps trois mouvements dans le bureau du juge : celui-ci a campé sur ses positions, en motivant son refus de remettre l’inculpé en liberté par les arguments précédemment utilisés, mais en ajoutant cette fois qu’il ne croyait pas à la promesse d’embauche obtenue pour six mois à compter du 2 janvier 2012. Autrement dit, après avoir en novembre invoqué un manque de « garanties de représentation » pour mettre cet inculpé en détention (au prétexte qu’il n’avait pas repris une inscription à la fac en septembre mais s’était inscrit à Pôle emploi), cette proposition de travail n’a pas davantage satisfait le tribunal : il a laissé en prison cet inculpé malgré un casier judiciaire vierge, l’existence d’un logement loué et de revenus (modestes mais réels), et sans avancer la moindre preuve corroborant les accusations portées à son encontre.

On assiste ainsi, grâce aux innombrables lois sécuritaires adoptées depuis une dizaine d’années, à la criminalisation d’une certaine jeunesse radicalisée : selon ses besoins du moment, l’Etat réprime les jeunes de banlieue ou les « jeunes » en général, les « étrangers » ou les sans-papiers, les Roms, les « anarcho-autonomes », les activistes politiques ou les participants à des mouvements de la contestation sociale. Les milieux tour à tour en butte à la répression se trouvent à la merci du pouvoir. D’une part, parce que la détention « provisoire » peut être prolongée, selon le bon vouloir des juges, pendant des mois et des mois voire des années – une situation qui a plusieurs fois incité la Cour européenne des droits de l’homme à critiquer la France là-dessus aussi et à lui demander de revoir cette pratique. D’autre part, parce que le refus de prélèvement d’ADN est sanctionné pénalement et de façon répétitive.

Pareille situation démontre, s’il en était besoin, l’urgence de la contrer par l’affirmation d’une solidarité concrète envers les personnes en butte à la répression parce qu’elles contestent le système capitaliste et son organisation sociale. Seule la manifestation de cette solidarité peut leur éviter la marginalisation dans laquelle l’Etat cherche à les piéger et vers laquelle la répression tend trop souvent à les pousser. Il faut dénoncer haut et fort la perversité d’une détention « provisoire » qui revient à faire exécuter une peine avant même qu’un jugement ait été rendu – d’autant plus que semblable procédé anéantit toute possibilité de relaxe lors du procès : quand celui-ci finit par avoir lieu, le tribunal condamne à une peine couvrant la durée de la préventive, afin de ne pas être attaqué en justice pour détention arbitraire. Alors, décidément, ne laissons plus faire !

Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux

Communiqué de soutien de la JCML

janvier 12th, 2012 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

Solidarité avec les mineur-e-s incarcérés !
Solidarité avec les inculpé-e-s de Toulouse !

Le retour des prisons pour enfants et adolescent-e-s

La loi Perben de 2002 a décidé de la création de prisons réservées aux mineur-e-s de 13 à 18 ans : les Établissements Pénitentiaires pour Mineurs. 8 EPM d’une soixantaine de places chacun sont donc ouverts entre 2007 et 2009. Ils sont censés remplacer les quartiers pour mineurs dans les maisons d’arrêt, qui sont restés bien entendus ouverts.

Les EPM sont très contestés dès le départ. L’incarcération des mineur-e-s est censée être selon l’ordonnance de 1945 exceptionnelle. Or, le nombre de mineur-e-s en détention se situe aux alentours de 800. Bien sûr, « la protection judiciaire de la jeunesses » dispose d’une batterie de moyens pour enfermer les mineur-e-s : placement en foyer, centres éducatifs renforcés. La loi de 2002 instaure, en plus des EPM, des Centre Éducatifs Fermés.

L’argument hypocrite de l’Etat est que les EPM auraient un rôle éducatif. Des éducateur-trices de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) y travaillent. Nombreux sont celles et ceux, ainsi que les syndicats, à avoir refusé d’exercer leur activité en EPM. En effet, les éducateurs de la PJJ y travaillent en binôme avec des matons. Et jouent un rôle de maton. Ils travaillent sous la direction de l’administration pénitentiaire, qui gèrent les EPM. Le rôle des éducateurs se borne à amener les détenus aux activités et de surveiller le repas à la cantine. Les activités sont gérées par des prestataires de services privés.

Les jeunes détenus sont soumis à un encadrement sévère. Leur emploi du temps est exténuant : 20 heures de cours, 20 heures d’activités obligatoires et autant de sport par semaine. L’environnement carcéral n’est certainement pas le plus apte à aider des jeunes souvent déscolarisés à étudier. D’autre part, les caméras sont partout : les faits et gestes des jeunes sont constamment épiés. Les relations sociales entre jeunes sont violentes au sein des EPM, du fait de la promiscuité.

Les EPM n’ont pas d’autre vocation que celle de prisons. Ils n’ont d’ailleurs pas remplacé les quartiers pour mineur-e-s dans les maisons d’arrêt où restent incarcérés les jeunes considéré-e-s comme les plus dur-e-s. L’ouverture de prisons destinées aux mineur-e-s est une mesure extrêmement réactionnaire, rappelant les maisons de corrections, de sinistre mémoire.

La situation des jeunes prisonnier-ère-s les pousse parfois hélas au suicide. Des suicides ont eu lieu dans les EPM de Meyzieu, près de Lyon, et Orvault, près de Nantes. Deux jeunes de 16 ans s’y sont donnés la mort. Nombreux sont les suicides de mineur-e-s dans les maisons d’arrêt.

D’autre part, la révolte a été parfois la réponse des mineur-e-s incarcérés face à leur détention. Des mutineries ont éclaté à Meyzieu, Orvault et surtout Lavaur, au nord de Toulouse. A Lavaur, c’est l’ERIS, groupe d’intervention spécialisé dans la répression des mutineries en prison, qui est intervenu. L’Etat répond à ces révoltes par des mesures disciplinaires à l’encontre des jeunes mutinés.

Répression contre la solidarité avec les jeunes mutinés

C’est en solidarité avec ces mutineries qu’ont eu lieu plusieurs actions, à Nantes et à Labège, près de Toulouse, contre les PJJ, durant l’été 2011. Des revendications ont été taguées. A Labège, du liquide marron a été balancé dans les locaux, ainsi que des tracts.

Le 15 Novembre, la police a mené une vaste opération policière à Toulouse suite à ces actions. Appartements, squatts sont perquisitionnés. 7 personnes sont arrêtées, 4 interrogées, une famille de sans papiers se fait arrêter par la même occasion. Au bout de 32 heures de garde à vue, 4 personnes sont placées en détention provisoire, à Seysses. Et ils y sont toujours. Ils sont 5 mis en examen pour des faits qu’ils nient.

Nous sommes solidaires des inculpé-e-s de Toulouse, et nous sommes solidaires de l’action qui a été menée contre la PJJ.

Le rôle de l’Etat n’est pas de « protéger la jeunesse »

Les jeunes ont comme principal intérêt pour l’État de représenter la future main d’œuvre dont les capitalistes tireront profit. L’État doit s’assurer que le renouvellement et la formation des travailleur-euse-s.

Mais les capitalistes sont incapables d’assurer le plein emploi et un niveau de vie suffisant à l’ensemble des travailleur-euse-s. Mineur-e-s, issu-e-s de classe populaire, nous pâtissons du faible revenu de notre famille et de notre difficulté à intégrer le monde du travail.

Inutile de compter sur l’État quant on fait face à la violence et à la misère d’une société capitaliste pourrissante.

Par contre, on peut compter sur l’Etat pour protéger la bourgeoisie. Il édicte des lois et surtout, il fait tomber sur la jeunesse le couperet de la répression dès lors qu’elle les transgresse.

Plus la crise avance, plus le gâteau qu’ont à se partager les capitalistes se réduit. Plus les miettes qu’ils veulent bien nous distribuer sont petites. Plus ils sont jaloux de leurs biens. Plus ils ont peur de la jeunesse de classes populaires. La répression ne peut aller qu’en s’accentuant.

Soyons solidaires pour nous protéger de la misère et la répression ! Et organisons nous contre l’Etat et la bourgeoisie. Ils nous enferment, ils assassinent, : ils luttent contre notre classe ! Ripostons et faisons front pour abattre le capitalisme !

Fermeture des EPM et des quartiers de mineur-e-s dans les maison d’arrêt !

Libération et relaxe des inculpé-e-s de Toulouse !

La JCML

 

Un 31 décembre devant les prisons…

janvier 6th, 2012 by Collectif pour la liberte des inculpe-es de Labege

L’appel mondial à manifestations bruyantes devant les taules a circulé.

Petit récapitulatif pas du tout exhaustif de ce qui a pu se passer