François Hollande : fusion entre la CSG et l’impôt sur le revenu « à terme » ? 3/4 janvier 2012

L’information a été annoncée dans Les Echos puis, elle a été partiellement démentie par l’intéressé. Beaucoup n’y comprennent rien parce que c’est un débat qui n’a jamais été sérieusement et publiquement mené.  Dans l’entourage de François Hollande, il y a des partisans acharnés de la chose, d’autres sont plus réalistes et raisonnables, sans doute est-ce ce qui a émergé soudain à travers une rumeur et une rectification prudente ?

Certains croient qu’il s’agit seulement de la question du prélèvement à la source de l’impôt :

- Dans ce cas que veut dire « la source » ? La seule feuille de paie ? Où chaque transaction financière ?

- D’autres croient qu’il s’agit de « fiscaliser » les cotisations sociales » ? Là, il s’agit de rompre avec la protection sociale assise et garantie par le travail, et de l’étatiser, de l’assimiler à l’impôt. Ce n’est pas une mince affaire. C’est une vraie rupture avec l’organisation sociale française telle qu’elle existe depuis 1945 et le programme du Conseil national de la résistance.

- Enfin il y en a qui pensent qu’il faut diminuer le « coût du travail » et qui, pressionné par les idées néolibérales, veulent, comme le Medef et les sarkozystes supprimer les cotisations sociales sur le salaire brut : c’est un peu le même raisonnement qui aboutit à une « TVA sociale ».

Tout ça se mélange dans les majorités différentes qui ont fait entrer cela dans les programmes du PS depuis… au moins une quinzaine d’années. C’est un peu comme un serpent de mer géant qu’on voit et qu’on ne voit plus apparaître selon les périodes. Dés la gauche socialiste (de 1995 à 2002) je me suis opposé politiquement à cela avec tous nos amis de la revue D&S.

 

Il existe une sorte de lobbying que j’ai observé, venu surtout de gens de Bercy lequel s’exerce dans tous les courants et sensibilités, même dans la gauche socialiste, en faveur de la fusion CGS/ impôts, parfois même en faveur de la fusion impôt et cotisations sociales (même Benoît Hamon et Henri Emmanuelli défendent, à ma connaissance ce projet, et cela s’est trouvé inclus contre mon gré et celui de D&S, dans le texte d’UMA au congrès de Reims).

Il paraît qu’il y a, dans les placards de Bercy, des projets détaillés tout prêts pour cette gigantesque opération et que chaque gouvernement… y a renoncé devant l’énormité du choc social qu’ils induiraient.

Je me souviens encore avoir voulu amender, en vain, le dernier projet présidentiel le 1er juillet 2006, à Solferino, au Bureau national, pour retirer ce type de projet (je n’avais réussi ce jour-là qu’à faire enlever la « retraite à la carte « » et à rétablir la retraite à 60 ans).

Je me souviens, qu’à la coupure, dans la cour de Solférino, DSK était venu me voir, en personne, à part, pour me dire, dans le creux de l’oreille, que « j’avais raison, que j’avais les pieds sur terre, qu’il ne comprenait pas pourquoi tout le monde reprenait cette idée à la direction du PS, que jamais cela ne se ferait, ils sont fous, c’est trop énorme ».

Je me souviens aussi en mars 2010 de l’interview de François Chérèque sur France inter, expliquant au nom de la CFDT pourquoi il était totalement contre, lui aussi, un tel projet. Et en fait, TOUS les syndicats sont contre, quasi à 100%, ce qui s’explique, car il s’agit de la mort de la protection sociale basée sur le travail.

Je me rappelle aussi dans NPS d’un court débat en 2003 avec Jérôme Cahuzac qui écarquillait les yeux d’effroi  lorsque je défendais cette thèse devant Vincent Peillon et Arnaud Montebourg et cela ne me surprend pas de le voir monter au créneau aujourd’hui pour démentir le premier l’information des Echos.

Il y a de quoi y réfléchir en effet pour qui ouvre les yeux :  c’est carrément une forme possible de contre-révolution, de réaction sans précédent quelles que soient les bonnes intentions dont elle se pare.

Car nous avons, et c’est une excellente chose, en France DEUX budgets. Pour faire court, l’un est celui de l’état, avec 320 milliards d’impôts (quand Sarkozy ne baisse pas trop les recettes pour nous endetter !). L’autre est celui de toute la protection sociale, en gros, avec 450 milliards de cotisations qui rentrent (quand Sarkozy ne bloque pas trop nos salaires et ne fait pas trop de cadeaux aux patrons sous forme d’exonérations)

Le premier budget, celui de l’état, n’est « pas pré affecté », le Parlement décidé chaque année de « combien » il donne à l’école ou aux prisons, aux hôpitaux ou aux casernes.

Le second budget est « pré affecté », les cotisations sont recueillies spécialement pour le chômage, la maladie, les accidents du travail, le logement, les familles nombreuses, la retraite. Il est impossible constitutionnellement d’user de ce second budget, par exemple, pour faire la guerre en Afghanistan. La CSG est une contribution dont le Conseil constitutionnel a décidé qu’elle était pré affectée aux caisses sociales.

C’est bien, excellent, que nos cotisations sociales soient ainsi « à l’abri », pour le coup c’est une « règle d’or » saine. Cela a contribué à nous protéger en partie de la crise. Il ne s’agit pas de « prélèvements obligatoires » mais de « prélèvements volontaires », d’une part des salaires mutualisée, mise dans un pot commun et redistribuée à chacun selon ses besoins, c’est une chose magnifique, un bonheur. Ça ne fonctionne pas à ce jour comme l’impôt. Et c’est tant mieux. Fusionner les deux, c’était un énorme risque, celui d’affaiblir la protection sociale, de passer sur l’impôt ce qui est lié et assuré par le travail, par le bulletin de paie, dans le salaire brut.

Protégeons nos caisses sociales !

Oui, il faut que la protection sociale reste payée en direct avec le salaire, c’est du sur, c’est du salaire brut, solide, direct ou différé, ça ne passe pas par des aléas de vote ou de fonds de pension. D’ailleurs la fameuse « dette » sur la protection sociale, elle, n’est que de 10, 5 % soit 45 milliards sur  un budget de 450 milliards tandis que 78,5 % du reste de la dette relève des choix de l’état soit autour de 1500 milliards sur un budget de 320 milliards. Imaginez où les sarkozystes et leurs successeurs iraient prendre l’argent des plans d’austérité, si, librement, tout était fondu et s’il n’y avait plus de barrière entre les deux budgets : c’est le rêve absolu du Medef, ne plus payer de cotisations sociales sur le travail, et bénéficier de majorités de droite qui taillent des croupières aux caisses sociales, chaque année dans des lois budgétaires « équilibrées » par une « règle d’or » antisociale.

Ne mélangez pas les choux et les carottes, cela ne desservirait que la protection sociale.

 

Les offensives au sein du PS pour fusionner impôt et CSG/cotisations sociales sous prétexte de « prélever à la source » ont surtout été l’objet des courants droitiers lobbies de Bercy, Gracques et Valls qui sont obsédés à séparer la protection sociale du salaire pour baisser le fameux « coût du travail » (sic). Ils croient eux aussi que la baisse du coût du travail est la solution au chômage, au libre-échange et commerce extérieur, etc… un peu comme les néolibéraux le croient. Valls, plus droitier que d’autres, en avait  tiré la logique : il était pour baisser les cotisations sociales et les remplacer par la « TVA sociale », une méthode également rêvée par le Medef pour baisser le salaire brut et que Sarkozy veut désormais mettre en œuvre en essayant de diviser.

 

Reste à être logiques mais autrement  : pour assurer la défense du salaire brut (ré apprenez à 24 millions de salariés à relire leur feuille de paie, car c’est elle qui va être attaquée) il faut enlever au Parlement la caricature de débat qu’est l’adoption annuelle cynique de la LFSS, et rendre légitimement la gestion sérieuse et responsable des caisses sociales aux syndicats, du salaire brut, en organisant des élections tous les cinq ans, jumelant prud’hommes et élections sociales. C’est l’abrogation des ordonnances de Pompidou de 1965 et de ce qui reste de la loi Juppé de 1995. C’est le retour au contrôle légitime par les salariés de la partie mutualisée de leur salaire. Une vraie révolution, un vrai progrès.

En même temps qu’on va hausser les salaires, on remettra à flots les caisses de protection sociale du même coup, car c’est le blocage des salaires qui les met en difficulté. On restaurera une protection sociale démocratique non étatisée (pourquoi les libéraux qui veulent toujours moins d’état sont-ils assoiffés à « étatiser » la Sécu ?). Il faut baisser le coût du capital, pas du travail. Il faut déplaire aux banques et aux officines de notation, et non pas devancer leurs ordres.

 

Gérard Filoche, 3/4 janvier 2012

 

 

L’ UMP : comment prôner du chômage partiel forcé et taper sur les 35 h ?

À l’UMP, ils prétendaient se moquer du « partage du travail ». Tout était de la faute des 35 h.

Quand il y avait crise, selon eux ( Raymond Barre, Sarkozy ou Bayrou) il fallait « travailler plus » pour s’en sortir. Ils vantaient Alfred Sauvy, « c’est le travail qui crée le travail ». Travailler moins c’était la faute à la gauche et la course à l’abîme. Il fallait, selon eux,

- des horaires à la carte sur la journée, la semaine, l’année, des retraites à la carte, des heures supplémentaires défiscalisées, non contingentées, moins majorées.

- Ils ont fait une loi TEPA pour que l’état paie (4,4 milliards par an) ces heures supplémentaires à la place des patrons.

- Ils ont cassé des conventions collectives comme celle de la restauration afin d’autoriser jusqu’à 360 heures supplémentaires par an.

- Ils ont déduit les temps de transports professionnels du temps de travail effectif. Ils ont dérégulé le contrôle des durées du travail.

- Ils ont violé les directives européennes pour permettre, dans certains cas, aux cadres de travailler plus que la durée maxima européenne de 48 h par semaine et les forfaits jours sans respect du repos quotidien européen de 11 h.

- Ils veulent faire travailler jusqu’à 62 et 67 ans.

- Ils ont facilité l’annualisation, les modulations. Ils ont multiplié par deux la précarité, les CDD, les « stages », les intérims, les saisonniers, les horaires et contrats atypiques…

- Il leur fallait 45 h sans gain de salaire ! Et ils y sont presque arrivés car la durée réelle du travail moyenne doit être de 41/42 h aujourd’hui – souvent déclarée et payée 35.

Les voilà qui exigent un « CDD de trente mois » , 30 mois d’esclavage incertain…

Jamais il n’y a eu autant de « flexibilité » en matière de travail et jamais autant de « rigidité » en matière de salaire.

 

Et avec tout ça…. ils ont obtenu 4 510 000 chômeurs, record historique absolu !

Et si le sarkozysme continue (des milliards en plus pour les banques, des milliards en moins pour les salariés), nous aurons au moins 500 000 chômeurs en plus dans l’année 2012.

Auxquels il faut ajouter une estimation d’au moins 500 000 non-inscrits, radiés, RSA forcés…et plus de 3,5 millions de précaires, 3 millions de temps partiels. C’est-à-dire qu’ils ont imposé, en fait, contre tous leurs dires, un PARTAGE du temps de travail mais un partage sauvage, féroce, brutal entre surtravail, sous travail et sans travail.

Et qu’est ce qu’ils proposent encore aujourd’hui ?

Comme en 2008/2009, du temps où ils ont commencé à donner des milliards aux banques plutôt qu’aux salariés : du CHOMAGE PARTIEL FORCE. En 2009 Sarkozy avait déjà fait 600 000 chômeurs partiels forcés et il avait payé 300  millions d’euros pour ça : il faisait déjà « travailler moins pour gagner moins » !  C’est l’état qui payait ! Pendant ce temps-là, les patrons étaient soulagés, ils pouvaient baisser les salaires, écouler leurs stocks, garder leurs profits intacts, et même l’état versait des « primes à la casse » (6,5 milliards) pour que, quand même, leurs automobiles puissent se vendre.

Comment peuvent-ils prôner le chômage partiel et taper sur les 35 h en même temps ? Proposer du chômage partiel contre le chômage, c’est augmenter le nombre de chômeurs. C’est partager le chômage à défaut de partager le travail. Et surtout baisser les salaires.

Il n’y a pire contradiction que d’encourager les heures supplémentaires et organiser le chômage partiel. C’est pousser à ce que certains qui ont un boulot travaillent deux fois plus à la place d’autres qui n’en ont pas ou n’en auront plus. La division inégalitaire de la société s’accroîtra.

Le seul résultat de tout cela est encore de baisser les salaires. De 20 ou de 30 % comme en Grèce. Mais si les salaires baissent encore avec du temps partiel forcé, cela aggravera l’austérité et la récession dans une spirale infernale.

La France n’a jamais été aussi riche de son histoire et ses richesses aussi mal partagées, c’est de là que vient tout le mal. Il ne faut pas baisser les salaires pour garder les profits, il faut AU CONTRAIRE augmenter les salaires et baisser les profits. REDISTRIBUER pour RELANCER !

Le chômage d’aujourd’hui provient de ce que les banksters auxquels des centaines de milliards ont été donnés, les ont reçus sans condition, sans contrôle et qu’ils continuent à donner les mêmes ordres, à imposer des ratios, des crédits qui sont conditionnés, orientés, attribués contre l’emploi et les salaires. Les banksters qui continuent de jouer librement à l’économie casino, précipitent l’euro, l’Europe vers le précipice et ils ne sont pas contrés mais encouragés par Sarkozy qui veut en permanence, tous les jours, les « rassurer ».

Ce type-là fait tout pour ses riches amis du Fouquet’s : il décide donc sans vergogne de faire « travailler moins pour gagner moins » après avoir hurlé sur tous les tons qu’il fallait « travailler plus pour gagner plus »  et qu’il serait le « président du pouvoir d’achat » !

Il devait faire reculer le chômage, il l’organise. Il refusait le partage du travail, il l’impose férocement et inégalement. Il appelle à produire plus, il alimente la récession. Il dit qu’il fallait éviter à la France le sort de la Grèce, et comme prévu, il lui impose le sort de la Grèce.

Au moins, les 35 h, c’était pour tous et sans perte de salaire ! (il n’y eut en l’an 2000 que 0,3 % des accords qui interprétèrent la loi avec un gel temporaire des salaires). Elles permirent, même mal contrôlées, 400 000 emplois de plus en 2000.

Au moins, la retraite à 60 ans et les préretraites à 55 ans pour les salariés usés, cela se défendait quand la pays souffre de  25 % des jeunes actifs au chômage.

On n’a pas « tout essayé contre le chômage de masse » : c’est une erreur d’avoir dit cela. Il faut une sorte d’échelle mobile des heures de travail et baisser davantage la durée du travail quand le chômage monte.

Au contraire du sarkozysme délirant et dangereux à 5 millions de chômeurs, il n’y aura pas de réduction du chômage de masse sans réduction du temps de travail sur la semaine, sur l’année et sur la vie.

- Il faut rendre les heures supplémentaires plus coûteuses que l’embauche. 50 % dés la 36e heure. 100 % après 40 h.

- Il faut baisser les durées maxima du travail de 48 h à 44 h. Il faut rendre les deux jours de repos consécutifs, dont le dimanche à tous les salariés – par la loi.

- Il faut imposer un repos quotidien de 13 h pour la santé autant que pour l’emploi.

- Le retour à la retraite à 60 ans s’impose quand les salariés ne cotisent en moyenne que 36 annuités et que 2 seniors sur 3 sont au licenciés, au chômage, inaptes ou malades à partir de 55 ans.

- La question qui se pose aujourd’hui est même celle de conforter les 35 h hebdomadaires et de préparer  les 32 h : elles sont officiellement voulues par la majorité écrasante de la gauche (EELV, FdG, une majeure partie du PS).

- Qu’est-ce que l’UMP va y opposer ? Sinon les 32 h mais avec perte de salaire ?  Osons le débat alors : il faut les 32 h sans perte de salaire ! Nous avons le taux de productivité horaire le plus élevé au monde ; nous resterons « compétitifs », ce qui se passera c’est qu’il y aura une redistribution entre profits et salaires dans le sens des salaires, on travaillera mieux, moins tous, et on gagnera plus.

C’est le seul but de l’UMP/MEDEF, leur seule obsession en fait : la durée du travail, la flexibilité, c’est la forme, le prétexte, leur seul but, c’est de baisser les salaires bruts et nets pour maintenir les profits, la concentration des richesses. C’est le seul résultat  que produirait le « chômage partiel imposé » de l’UMP, ce qui affaiblirait encore les caisses de retraite, la Sécu, le logement, l’éducation… ce qui creuserait les déficits, alimenterait la Dette.  Et le chantage à la Dette, c’est ce qui nourrit leurs bulletins de vote, c’est leur argument, c’est leur bible, c’est leur idéal chéri pour tenter de rester au pouvoir en 2012

 

Reconstruisons le code du travail, ses durées légales, maxima, contrôlées, et contrôlables !  Vive les 35 h avec hausse de salaire. Préparons les 32 h sans perte de salaire !

Pendant 160 ans l’histoire du code du travail a été celle de la réduction du temps de travail. Il a fallu 80 ans entre 1840 et 1920 pour passer de la journée de 17 h à celle de 10 h. Il fallut 70 ans entre 1936 et 2002 pour passer de la semaine de 40 h à celle de 35 h. Et en 70 ans, on a prouvé en pratique, dans la vie réelle, que l’on pouvait A LA FOIS faire QUATRE choses : produire plus, avoir plus d’emploi, gagner plus et travailler moins longtemps. Il a fallu que depuis 8 ans des intégristes néolibéraux dangereux veuillent faire tourner la roue de cette histoire à l’envers. Ils échouent à 4 510 000 chômeurs. Restaurons le droit du travail, c’est la civilisation, la dérégulation du droit du travail comme celle des bourses et de la finance, c’est la catastrophe, c’est un crime économique. Le droit DU travail, c’est du droit AU travail.

 

Encore un « bide » de Sarkozy/ Merkel Hélas, cela fait 7 fois depuis deux ans, de sommet en sommet, qu’ils nous font le coup : « Rassurer les marchés », cela ne fonctionne pas !

La troika, UE/BCE/FMI et les duettistes Sarkozy/Merkel sont décidément trop liés banksters et aux spéculateurs pour s’opposer à eux. Pour eux, de mois en mois, « rassurer les marchés », du haut de la passerelle de leur bateau, cela revient à jeter des steaks aux requins. Et les requins ne lâchent pas le navire.

Mai 2010 : la Grèce

Le 7 mai 2010, le conseil européen valide un plan de sauvetage de 110 milliards d’euros (Union européenne et FMI) des banques et des assurances créancières de la Grèce.
Le 6 mai, sur RTL, le ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner déclare : « Est-ce qu’il faudrait arrêter l’Europe ? Que la Grèce reprenne la drachme ? Ce serait d’abord une très grosse faute pour eux, ce serait ensuite pas supportable sur le plan européen »
Dans la nuit du 9 au 10 mai 2010, pour rassurer les marchés et éviter que la crise grecque ne s’étende à l’Irlande ou au Portugal, l’Union européenne crée le Fonds européen de stabilité financière (le FESF) doté, en théorie, de 440 milliards d’euros.

Novembre 2010 : l’Irlande

Hélas ! En novembre 2010, les taux auxquels les marchés prêtent à l’Irlande atteignent 9 %, un niveau totalement insupportable pour le budget irlandais comme pour tout autre budget.

Pour sauver les banques et les assurances créancières de l’Irlande, le FESF, l’Union européenne et le FMI accordent, le 21 novembre 2010, un prêt de 85 milliards d’euros à l’Irlande.
Selon les dirigeants européens, ce prêt rassure les marchés et écarte tout danger de contagion de la crise de la dette. François Baroin, Ministre du Budget et porte-parole du gouvernement Sarkozy précise qu’il n’y a « aucun risque » pour que la note de la France, son triple A, soit dégradée.

Mai 2011 : le Portugal

Hélas ! Après l’appel au secours, sur une chaine de télévision portugaise, du président de la deuxième banque portugaise, la banque Espirito Santo, le gouvernement portugais décide de faire appel à l’Union européenne et au FMI pour sauver les banques et les assurances créancières de la dette publique portugaise.

Le 4 mai 2011, le conseil européen valide le prêt de 78 milliards d’euros de l’UE et du FMI.
Les dirigeants européens l’affirment de nouveau avec une grande fermeté : les marchés sont rassurés et le risque de contagion est définitivement stoppé.

Eté 2011 : la Grèce, l’Italie et l’Espagne

Hélas ! Pendant l’été 2011, craignant que la crise de la dette grecque qui a redémarré de plus belle ne s’étende à l’Espagne et à l’Italie, les marchés financiers se déchainent contre les obligations d’Etat de ces deux pays. Les taux de rendement de leurs obligations à 10 ans atteignent 5,5 %.

Pendant 15 jours les cours des principales places boursières européennes dégringolent. Les titres bancaires sont dans le collimateur des marchés, tout spécialement ceux des banques italiennes et françaises. Le 18 août, le titre de la Société générale, après plus d’une semaine de baisse, perd 12,3 % de sa valeur.

Interrompant leurs vacances d’été, Sarkozy et Merkel « sauvent une nouvelle fois l’Europe » en faisant voter par le conseil européen un nouvel accord, le 27 octobre 2011, validant un nouveau prêt de 110 milliards pour sauver les banques et les assurances créancières de la Grèce.
Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP déclare : « Aujourd’hui, la zone euro ressort grandie, avec des perspectives d’avenir claires et les Européens sont rassurés. L’accord trouvé est à la hauteur des attentes des citoyens et des défis futurs de la zone euro ». Le 27 novembre toujours, Nicolas Sarkozy triomphe lors de son show télévisé.

Novembre-décembre : la crise de l’euro

Hélas ! Dès le lendemain les cours boursiers recommencent à dégringoler. Le 29 octobre, le premier Ministre Grec, Georges Papandréou, déclare qu’il va soumettre à l’accord du 27 octobre à un référendum et accentue la panique des marchés financiers.
Sarkozy, oubliant les paroles de son ministre des Affaires étrangères le 6 mai 2010, menace la Grèce d’une sortie de l’euro et d’un retour à la drachme. Il faut dire que l’idée que les peuples aient leur mot à dire dans la crise de la dette publique l’a fait sortir de ces gonds.
Les marchés ne sont pas rassurés pour autant. Les cours boursiers continuent à dégringoler, particulièrement ceux des valeurs bancaires italiennes et françaises.

Aux grands maux, les grands remèdes. Les marchés ayant voté avec leurs bulletins de vote, les taux d’intérêt, Georges Papandréou et Silvio Berlusconi deux chefs de gouvernement issus d’une majorité élue au suffrage universel (quoi que l’on pense par ailleurs de ces deux personnages) sont expulsés du pouvoir et remplacés, à la mi-novembre, par deux anciens de la banque Goldman Sachs : Lucas Papadémos en Grèce et Mario Monti en Italie. Ils font aussitôt voter de nouveaux plans d’austérité par leurs parlements respectifs. Avec Mario Draghi nommé à la tête de la BCE les anciens de Goldman Sachs (la banque qui avait aidé le gouvernement Caramanlis à maquiller les comptes publics grecs) se taillent la part du lion dans l’Union européenne.

Hélas ! Même avec les Goldman’s boys aux commandes, les marchés ne sont toujours pas rassurés. La valeur de l’euro bat de l’aile (ce qui en d’autres circonstances pourrait être une bonne nouvelle). La France est menacée de perdre son triple A. La droite accuse François Hollande, qui se contente de constater que les marchés considèrent depuis un certain temps que ce triple A est perdu, de torpiller la France. Le 25 novembre 2011, les obligations italiennes à deux ans se sont négociées à un taux de 7,8 % contre 4,6 % lors de la précédente émission.

Merkel et Sarkozy imposent alors un nouvel accord européen, le 9 décembre 2011. Cet accord tente d’infliger une « règle d’or » budgétaire à tous les pays européens. Cette règle de plomb, si elle était adoptée, signifieraient des plans d’austérité à répétition et un recul considérable de la démocratie dans tous les pays signataires qui, après avoir perdu tout pouvoir sur la politique monétaire avec le traité de Maastricht, perdraient la plus grande partie de leur pouvoir budgétaire.

Hélas ! Les marchés ne sont toujours pas rassurés. Les cours boursiers continuent à faire du yo-yo. Le triple A français paraît définitivement perdu et Sarkozy affirme maintenant que cette perte ne serait pas « insurmontable » : ce que la droite appelait, hier, torpiller la France. La crise bancaire, lourde d’une crise systémique, s’accentue, obligeant les six principales banques centrales du monde à mettre sous perfusion les banques européennes pour que leur approvisionnement en dollars ne soit pas interrompu.

L’Insee annonce que la France et l’Union européenne viennent d’entrer en récession : la généralisation de l’austérité a généralisé la récession.

Jean-Jacques Chavigné
Gérard Filoche

A lire : »DETTE INDIGNE » 10 questions, 10 réponses par Jean-Jacques Chavigné et Gérard Filoche. Éd. Jean-Claude Gawsewitch, 240 p. 14,90 euros

50 arguments pour le droit à la retraite à 60 ans sans décote !

Ce n’est pas possible de ne pas respecter le retour de l’âge de la retraite à 60 ans pour tous

« C’est juste impossible »

Sinon, c’est le chômage qui va gagner :

1. L’âge de la retraite recule ? le chômage avance.

2. Il n’y aura pas de recul du chômage de masse record (5 millions) sans réduction du temps de travail.

3. C’est un non-sens d’allonger les durées de cotisations (ou de faire faire des heures supplémentaires) quand on a 5 millions de chômeurs.

4. L’autre seul résultat c’est que ceux qui ne seront pas en retraite seront inscrits au chômage…

5. 2 salariés sur 3 sont au chômage, licenciés, inaptes, malades, à partir de 55 ans.

Les jeunes seront aussi pénalisés

6. Il y a 25 % de chômeurs parmi les jeunes actifs, pourquoi pousser à ce que les « seniors » travaillent plus, s’il y a une priorité cela doit être pour les jeunes, priorité à la jeunesse !

7. 3 jeunes sur 4 ne trouvent un boulot en CDI qu’à partir de 29 ans. 41 annuités c’est la retraite à 70 ans assurée.

8. Ceux qui commencent à travailler « tôt » vers 16, 17, 18 ans sont 1 ou 2 jeunes sur 8.

9. Et même ceux qui commencent à travailler tôt ont des périodes de chômage qui ne sont pas prises en compte à 100 % dans les annuités.

Un salarié qui a travaillé toute l’année peut avoir moins de 4 trimestres validés si sa rémunération est faible. Ce n’est pas la durée de travail dans l’année qui détermine le nombre de trimestres validés mais le montant des salaires soumis à cotisations retraite. Beaucoup ne parviendront pas à avoir suffisamment de trimestres validés à l’âge de 60 ans, ni probablement d’ailleurs à 62. Puisqu’il faut percevoir un salaire de 1772 € brut pour valider un trimestre. Ce qui veut dire qu’un temps partiel au SMIC travaillant 4 trimestres à l’année n’en valide que 3 !Ainsi, les gens n’ayant pas fait d’études auront le « droit » à la double peine

* Contrats précaires et petits salaires dans leur vie active

* Retraites amputées à 67 ans

Pensons aux caissières d’hypermarchés. Mais qui les avertit et qui se soucie d’elles ? Le calcul de la retraite imposé par Balladur sur les « 25 meilleures années » est ségrégationniste contre les jeunes et pauvres.

C’est la santé des salariés qui est danger

10. L’espérance de vie « en bonne santé » selon l’INSEE est de 63 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes (59 ans pour les ouvriers, 69 ans pour les cadres). Toujours selon l’INSEE, en France, l’espérance de vie en bonne santé pour les hommes a baissé de 2007 à 2008, de 63 à 62,4 ans.

11. Entre 55 et 60 ans, 2 maladies sur 3 sont liées au travail, entre 60 et 65 ans, 3 maladies sur 4 sont liées au travail. Les plus belles années de la retraite sont entre 60 et 62 ans. Les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans.

12. La biologie du corps humain n’a pas changé entre 55 et 65 ans. TOUS les métiers sont pénibles. Physiquement et mentalement. Vous voyez un vieil instituteur de 62 ans devant ses élèves ? Un chauffeur-livreur à 59 ans ? Une femme de service de nettoyage à 61 ans ? Un cadre stressé de 60 ans en compétition avec des « jeunes » cadres ? Et un ouvrier du bâtiment de 55 ans devant son marteau piqueur ?

13. La principale maladie professionnelle (85 % des MP) ce sont les TMS, (troubles musculo squelettiques) elles augmentent de 18 % par an depuis l’an 2000.

14. Dix millions de salariés sur 24 ont des métiers pénibles physiquement (horaires atypiques = 5 millions, dont 2,3 de nuit ; port de charges divers = 5 millions) et les autres subissent une pénibilité mentale de plus en plus forte (burn out, suicides, harcèlement, stress, troubles psychosociaux, précarité, un milliard d’heures supplémentaires impayées..).

15. Mais ce ne sont plus les « coups de grisou » qui tuent comme il y a un siècle : ce sont les accidents cardiaques et vasculaires. 150 000 accidents cardiaques et 100 000 accidents vasculaires : entre 1/3 et 50 % sont liés au travail.

… alors que les prévisions démographiques sont pulvérisées par la réalité

16. Les prédictions de ceux qui disaient qu’on ne peut payer les retraites pour des raisons démographiques sont toutes tombées à l’eau : ils prévoyaient 350 000 naissances par an à partir de 2000, on a eu 850 000 enfants par an depuis l’an 2000.

17 : Il y a un « pic » de retraités entre aujourd’hui et 2036. Ensuite ça retombera jusqu’en 2060 où cela remontera. Il suffit d’ajuster le taux des cotisations en fonction des variations année par année.

18 : L’ajustement des cotisations sociales retraites peut se faire en temps réel, d’un an sur l’autre, selon les variations démographiques, directement de ceux qui travaillent à ceux qui sont en retraite. Pas besoin de « placer » de l’argent en courant tous les risques dans des fonds de pension aléatoires que les spéculateurs dilapideront dans les îles Caïman. (Même le « fonds de réserve des retraites » avait perdu 4,5 milliards chez Lhemann Brothers)

La durée de cotisation réelle moyenne devrait être la référence

19. Pourquoi avoir réduit la durée du travail sur la semaine si c’est pour l’allonger sur la vie ?

20. Celui qui prétend allonger la durée de cotisations est impuissant à agir sur le réel : actuellement elle recule depuis 10 ans en pratique vers 36 et vers 35 annuités. Aucune des promesses patronales d’aller à l’inverse pour les « seniors »  n’est entrée en pratique.

21. Prétendre imposer – sur le papier – 41 ou 42 annuités, le SEUL résultat, puisque la moyenne des salariés ne peut cotiser que 36 ou 35 annuités, c’est 6 ou 7 ans de décote.

22. Comment admettre d’allonger des annuités qui ne seront jamais effectuées et donc baisser les plus petites retraites ? Reculer l’âge de départ en retraite à pour seul effet pratique de baisser le niveau des retraites réintroduisant la misère chez les vieux.

23. Il faut prendre comme référence le nombre d’années réellement cotisées dans la vie réelle et non pas l’allongement aléatoire de l’espérance de vie.

24. Par exemple, si la moyenne réelle des annuités cotisées dans la vie réelle des salariés est de 35 annuités, la référence retenue pour une retraite à taux plein doit être de 35, si elle est de 36 cela doit être 36, si elle monte à 37, cela doit être 37…

25. Mais mettre un objectif inatteignable à 41 ou 42 annuités, c’est faire sauter les gens à la perche sans perche, le seul résultat actuel est qu’ils ont une retraite plus basse et non pas qu’ils travaillent plus.

26. Depuis 8 ans AUCUNE raison « nouvelle » de repousser l’âge réel de la retraite. Aucun effet d’entraînement dans l’emploi des seniors. Les salariés cotisent MOINS longtemps en moyenne ! 36 annuités seulement ! Pour sortir de la crise, il ne faut pas baisser salaires et retraites mais les augmenter !

27. Raison de plus pour ne pas prendre l’espérance de vie comme référence, c’est trop aléatoire : l’espérance de vie régresse aux Etats-Unis depuis plusieurs années, elle régresse aussi depuis trois ans en Allemagne. Travailler plus longtemps vous mourrez plus tôt.

Des conditions bien plus dures que dans le reste de l’Europe

28. En Allemagne, en Italie, en Espagne, c’est 35 annuités pourquoi 41 ou 42 ici ? Sarkozy a fait la pire réforme contre le droit à la retraite de toute l’Europe.

29. En Allemagne, la droite veut fixer les départs à 67 ans, mais en 2029… c’est remis en cause par les syndicats qui l’avaient, hélas, signé parce qu’actuellement, la moyenne des départs est autour de 58 ans…

30. En Grande-Bretagne, ils annoncent 68 ans… en 2048 ! Ici, en France, Sarkozy a imposé 67 ans pour le taux plein en 2018, c’est-à-dire demain ! Il faut abroger la loi Sarkozy-Woerth.

31. En Allemagne, ce n’est pas du tout pareil qu’en France, parce que nous, on vit un « boom » démographique depuis l’an 2000, 2,04 enfants par femme, en Allemagne c’est 1,4 enfant par femme.

Un projet politique pour tous

32. 60 ans c’est un DROIT ce n’est pas une obligation ! Mais encore faut-il que ce DROIT soit pour tous ! « d’ordre public social ».60 ans c’est une référence pour tous, un objectif réaliste, contrôlable, clair TOUS ENSEMBLE.

33. 100 000 hommes et 50 000 femmes meurent entre 60 et 62 ans, Avec 41 ou 42 annuités, ils mourront sans un seul jour, une seule semaine, un seul mois de retraite après avoir cotisé toute leur vie.
34. La « retraite à la carte » c’est le slogan du Medef : pour complexifier le système et le rendre illisible, pour qu’il n’y ait plus d’ordre public social, que les salariés ne soient plus solidaires. C’est comme la durée du travail « a la carte », le SMIC à la carte… La règle ne sera plus fixée en raison des besoins humains mais en raison des exigences de la productivité.

35. 60 ans c’est déjà trop. On doit exiger la retraite à 55 ans dans le bâtiment et dans tous les métiers très pénibles.

36. Il ne faut vivre pas moins bien que nos parents : retraites à 60 ans, 35 annuités, à 75 % du salaire calculé sur 10 meilleures années, indexées sur les salaires (ce que proposait encore Lionel Jospin en juin 1997)

37. Sinon on subit la double facture : travailler plus longtemps après 60 ans et gagner moins, une majorité de gauche ne peut aller dans ce sens = austérité = récession = crise aggravée = chômage.

Respecter la démocratie à tous les niveaux

38. Démocratie ! Le seul vote de congrès – unanime – du PS qui a eu lieu c’était à Dijon 2003 pour le droit a la retraite à 60 ans à taux plein. Respectons-le.

39. C’est François Hollande qui avait fait voter le congrès du PS unanime de mai 2003 pour la retraite à 60 ans à taux plein !

40. Démocratie, débat dans le PS et dans toute la gauche, tous les syndicats : branle-bas de combat pour la défense des retraites à 60 ans pour tous. 60 ans c’est majoritaire et dans la gauche politique et dans les syndicats : pour qui on dirige ? Pour le peuple ou pour le AAA ?

41. De toute façon, il y a un risque de ne pas gagner si c’est se trouver en porte-à-faux avec 75 % de l’opinion et les 8 millions de manifestants de 2010 (rien ne s’oublie) qui veulent abroger la loi scélérate Sarkozy-Woerth de pillage de nos retraites : il va falloir s’en rendre compte.

42. Oui, il faut écouter les 8 millions de manifestants et 75 % de l’opinion, il faut que François défende la retraite à 60 ans.

43. On votera François Hollande, mais nous luttons pour exiger qu’il respecte le rétablissement de l’âge légal de départ à 60 ans.

Des richesses, il y en a !

44. La « dette » a bon dos pour justifier qu’on ne peut payer les retraites ni hausser les salaires. Elle est la conséquence de choix réalisés par Sarkozy qui veut nous la faire payer. En France, on n’a pas un problème de dette mais de recettes.

45. Ne pas céder au chantage des officines de droite qui s’auto intitulent « agences de notation ». Ils ne proposent jamais d faire payer les riches mais de baisser les salaires et retraites des plus modestes

46. Ne pas céder au chantage des fonds de pension qui veulent siphonner les retraites. Ne jamais les croire, ne jamais leur confier un seul sou de nos retraites : ils vous prendront tout et ils vous voleront tout, le dilapideront dans les caves à « subprimes » et autres paradis fiscaux des Bahamas.

47. La France a 87 % de dette/PIB à cause de Sarkozy qui a vidé la « cagnotte publique » de Lionel Jospin, et remplit les « cagnottes privées » en faisant 24 points de dettes en plus en cinq ans (de 63 à 87/PIB). Mais la France avait 290 % de dette/PIB en 1945 et pourtant elle a mis en place la Sécu et les retraites à ce moment-là.
48. La France est 2,5 fois plus riche qu’en 1982 quand la retraite à 60 ans a enfin été mise en place.

49. Salaires et cotisations sociales sont trop bas depuis + de 20 ans, la France n’a jamais été aussi riche, elle peut payer les retraites à 60 ans.

50. Le COR l’a expliqué et démontré : avec 0,35 % seulement d’augmentation des cotisations sociales par an d’ici 2036, les retraites à 60 ans (35 annuités, 75 %, 10 ans, > au Smic, indexées sur salaires) sont garanties et payées.

Conclusion :

Convainquons, battons-nous, nous sommes la majorité non seulement de la gauche, du salariat, mais du pays tout entier. Qu’on n’ait pas convaincu Sarkozy ce n’est pas une surprise, hélas, vu le personnage et sa politique 100 % réactionnaire, mais ce n’est pas tolérable, il n’a pas écouté le peuple. Lui, il est pour la retratie à 70 ans et 45 h sans gain de salaire. Mais François Hollande est candidat et socialiste, lui, il peut et doit entendre davantage.

Gérard Filoche (le 15 décembre 2011)

PS : La gauche socialiste toute entière combat pour le respect du droit à la retraite à 60 ans :
- En mai 2003 nous avions fait voter la retraite à 60 ans à taux plein,
- En juillet 2006 nous avions fait écarter « la retraite à la carte »,
- en janvier 2010 fait ré affirmer la retraite à 60 ans.
Depuis nous avons empêché que soient votées les 41,5 annuités, elles ne le sont toujours pas officiellement, certains dirigeants pratiquent par coups de force tellement il y a de résistances dans la base du parti ! Alors c’est « renvoyé à la négociation avec les syndicats » :

Donc s’il vous plait faites tous et toutes le boulot, argumentez, argumentez, argumentez comme en 2010, dans TOUS les syndicats aussi pour que la position finale soit correcte !

Sarkozy = 196 milliards de recettes en moins en 2009 et 5 années de pertes de recettes non compensées

Comment et de combien Sarkozy nous a endetté ?

Sarkozy c’est 196 milliards de recettes en moins en 2009 et  5 années de pertes de recettes non compensées

En France, nous n’avons pas de problème de dette, nous avons un problème Sarkozy. C’est un problème, non pas de dépenses en trop, mais de recettes en moins.

On nous raconte des fables : « l’état ne doit pas dépenser plus que ce qu’il gagne », « on dépense trop », « on vit au-dessus de nos moyens », « on doit réduire les dépenses publiques » Autant de bêtises absolues véhiculées par des incompétents aux ordres. Autant de clichés pour tromper les gogos qui ne réfléchissent pas plus loin que le bout de leur nez.

La vérité est que c’est l’État qui fixe lui-même (à la différence d’un ménage) ses propres moyens et c’est la droite qui a vidé consciemment les caisses publiques en diminuant les impôts des ménages les plus riches et des sociétés. La vérité c’est que les dépenses publiques ont baissé de 1996 à 2008, et que ce n’est naturellement pas la source de l‘énorme dette voulue, provoquée, organisée par Sarkozy. La source principale des 23 points supplémentaires de dettes causés par Sarkozy provient de la baisse des recettes, pas de la hausse des dépenses.

Selon le Conseil des prélèvements obligatoires (« Entreprises et niches fiscales et sociales », octobre 2010) : les 3 principales niches fiscales (elles concernent toutes les trois l’impôt sur les sociétés et avantagent les grands groupes), créées par la droite avant 2007, sont :

- Régimes des sociétés mères et filiales : coût de 34,9 milliards d’euros pour l’année 2009.

- Régime d’intégration fiscale : coût de 19,5 milliards d’euros pour l’année 2009.

- Niche Copé (taxation à taux réduit des plus-values à long terme provenant de cession de titres de participation : 8 milliards d’euros en 2009.

Pour ces trois niches fiscales : un manque à gagner de 62,4 milliards d’euros.

Si l’on ajoute le coût (selon la Cour des comptes) des 3 niches fiscales ajoutées par Sarkozy :

- Heures supplémentaires : 4,5 milliards d’euros.

- TVA réduite sur la restauration : 3,5 milliards d’euros.

- Passage du bouclier fiscal à 50 % des revenus déclarés : 0,7 milliards d’euros.

Soit 8,7 milliards d’euros pour ces trois niches fiscales.

Au total pour les 6 niches fiscales : 71 milliards d’euros. A comparer avec le plan de rigueur de 8 milliards d’euros.

Il faudrait ajouter à cela la baisse de l’impôt sur le revenu due à la diminution du nombre de tranches (de 13 avant 1986 à 5 aujourd’hui), au passage de la tranche supérieure de 65 % (avant 1986) à 41% aujourd’hui.

Coût pour les finances publiques : 15 milliards d’euros en 2009.

Il ne faudrait pas oublier la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés (avant même les niches fiscales) : de 50 % à 34,6 % aujourd’hui.

Coût pour les finances publiques : 20 milliards d’euros en 2010 (Rapport de la Cour des comptes 2010).

Au total : 71 + 35 = 106 milliards d’euros en une année.

Niches sociales : 42 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales en 2009 (Rapport du Sénateur de droite Jean-Jacques Jégou au nom de la commission des finances du Sénat – 2010)

Intérêts payés aux détenteurs de la dette publique : 48 milliards d’euros en 2009.

Au total : 106 + 42 + 48 = 196 milliards d’euros en 2009 alors que le déficit public (État, Sécurité sociale, Collectivités territoriales, organismes centraux) s’élevait à 145 milliards d’euros.

Le rapporteur UMP, Gilles Carrez de la commission des Finances de l’AN estimait (en 2010) que les années 2000 étaient : « 10 années de pertes de recettes non compensées ». Sans parler des années 2002-2006, ou Sarkozy fut responsable au budget ou à l’industrie,  il y a 5 années entièrement de la faute de Sarkozy : sans sa politique catastrophique, nous aurions probablement encaissé 1000 milliards de plus en cinq ans et ne serions pas dans la difficulté apparente actuelle dont il se sert comme instrument de chantage et de peur contre nous toutes et tous. Ne cherchez pas pourquoi ca va mal partout, nos salaires baissés et dans les écoles, les hôpitaux, les banlieues, l’emploi, la croissance, Sarkozy a tout étouffé, tout détourné, tout provoqué. Délibérément. Savamment/.

 

(avec Jean-Jacques Chavigné)

Sarkozy fauteur de chômage. Nouvelle hausse massive en octobre. Record historique absolu.

Le record historique du chômage : 5 millions, Sarkozy est allé le chercher avec ses dents

Surtout, surtout que Sarkozy ne vienne pas dire que ce n’est pas sa faute ou qu’il lutte contre ! Comment  ose t il faire campagne et aller se faire prendre en photo en serrant les mains d’ouvriers pour se faire ré élire ? Rarement président sortant n’aura eu un bilan aussi catastrophique et haïssable. La honte devrait le pousser à démissionner et à passer la main. Mais non, il plastronne. Car il espère, d’ici 2012, avec ses cinq grands patrons de presse complices, Dassault, Pinault, Arnaud, Lagardère, et Bouygues réussir à tromper, à mentir, à tricher sur ses vraies responsabilités.

Huit millions de pauvres. Trois millions de précaires. Trois millions de temps partiels. Cinq millions de chômeurs. 50 % des 23 millions de salariés occupés gagnent moins de 1580 euros.

Et une inégalité voulue, orchestrée, avide, sans précédent : la France n’a jamais été aussi riche, au 3e rang mondial des millionnaires. La richesse par adulte en France a triplé mais, en dépit ou grâce à la « crise », ces gains ont été concentrés en 2009, entre les patrons du CAC 40 qui ont gagné en moyenne 190 fois le Smic, les grandes entreprises françaises qui ont surmonté la crise avec une explosion de leurs profits dés 2010, les 10 plus grosses fortunes amies de Sarkozy qui possèdent à elles seules 14,2 millions d’années de Smic, les 100 plus gros contribuables qui se partagent 3 milliards d’euros par an, les 5 % de la population qui possèdent 50 % du patrimoine. Et pas besoin de travailler pour les amis parasites de Sarkozy : les 100 Français les plus riches se sont partagés, sans rien faire, en 2010 un revenu fiscal de 2,8 milliards d’euros, constitué à 94 % de revenus de leur capital.

Sarkozy, c’est un concentré de la haine des riches exacerbée et rapace contre le peuple. Il est le serviteur le plus dévoué et le plus féroce des actionnaires. C’est pour leur plaire qu’il a oeuvré à dépasser le record de chômeurs. Non seulement il a donné 110 milliards de cadeaux fiscaux aux plus fortunés, aux rapaces du Fouquet’s, chaque jour à ses amis les banquiers et du CAC 40, mais il a organisé l’économie de telle façon qu’il a réussi à augmenter le nombre de chômeurs officiels à  4 459 000 (+ 500 000 de sans droits). Délibérément car il sait que c’est la meilleure façon de faire pression sur l’emploi et les salaires.

Sarkozy attise le cancer du chômage par toutes les mesures qu’il prend, puis ensuite, il s’attaque aux chômeurs eux-mêmes à leurs droits, à leur dû, à leur assurance. Et il en profite pour développer comme Le Pen la haine des « étrangers » comme si c’étaient eux qui prenaient le boulot des Français. Il cultive autant qu’il peut avec TF1 l’insécurité qui résulte de 45 % de chômage provoqué, attisé, dans les banlieues.

C’est Sarkozy, dans sa campagne électorale de 2007, qui voulait la déréglementation boursière, qui militait pour les subprimes, les prêts hypothécaires, et c’est ce monde, le sien, qui nous a entraîné dans la crise de la dette.

Ce sont les centaines de milliards donnés aux banques dés 2008 plutôt qu’aux salaires et à l’emploi qui ont abreuvé les spéculateurs jusqu’à l’effondrement d’aujourd’hui. La façon dont Sarkozy et Merkel, année après année, 2009, 2010, 2011 mois après mois, cèdent aux banksters, aboutit aujourd’hui à mettre en grave péril l’Europe et l’euro.

Toutes les réponses de Sarkozy aggravent la crise : il développe la rigueur tout azimut, détruit le droit du travail, casse la protection sociale, la retraite, la santé, les écoles, les équipements collectifs, brade l’électricité, le gaz, la fonction et la sécurité publique. Il va même y avoir des « trains privés » bientôt, le comble de la bêtise archaïque absurde. Les services privés sont plus couteux que les services publics car ils « siphonnent » le fric pour les actionnaires, comme en témoignent les « ententes » entre les différents groupes « piranhas » du téléphone, les cliniques et laboratoires privés, les maisons de retraite privées…

Avec Fillon, Bertrand chaque jour, ils enlèvent des droits, rognent les congés maladies, les indemnités, le remboursement des médicaments, ils désorganisent les durées du travail. Ce sont eux qui ont fait une loi  TEPA pour pousser aux heures supplémentaires ceux qui avaient un boulot au détriment de ceux qui n’en ont pas. Ce sont eux qui ont de facto poussé à une durée du travail réelle moyenne de 42 h au lieu de la durée légale à 35 h. Ce sont qui poussent l’Europe à adopter la semaine de 65 h. Ce sont eux qui imposent ainsi un partage féroce du travail inégal, injustifié entre sans travail,  sous travail à temps partiels et sur travail.

Ce sont eux qui bloquent les salaires bruts et nets, le SMIC, paralysant l’économie, taxant n’importe quoi, les boissons sucrées et les mutuelles de santé, les indemnités des accidentés du travail, et les jours de maladie. Les salariés ne peuvent plus consommer même des produits de base et l’économie se délite de ne pouvoir trouver de consommateurs pour ce qui se fabrique encore. Dans notre fabuleux pays riche, cinquième puissance du monde, le 10 du mois, des millions de gens n’ont plus que des pâtes à manger.

Voilà qu’ils veulent encore plus de flexibilité, alors qu’elle règne déjà de façon meurtrière dans le travail, alors qu’il y a un milliard d’heures supplémentaires impayés, l’équivalent de 600 000 emplois. Suicides au travail, burn out, accidents, maladies professionnelles augmentent.

Du travail, il y en a pour tout le monde, il faut des infirmières, des médecins, des professeurs, des ingénieurs, des informaticiens, des chercheurs, des ouvriers d’industrie, du bâtiment, du transport, des services de toutes sortes… Mais Sarkozy raréfie le travail exprès, supprime les indispensables fonctionnaires, asphyxie les associations, restreint tous les investissements et crédits en laissant les banques continuer sur notre dos à jouer à l’économie casino, à spéculer, à dilapider dans les îles Caïman.

Au lieu de s’en prendre à la gigantesque fraude fiscale il s’en prend à la dérisoire « fraude sociale ». Au lieu d’imposer les fortunes accumulées, les 5 % de riches qui possèdent 50 % du patrimoine, il envisage une « TVA sociale » à payer par les salariés. Au lieu d’augmenter les cotisations sociales, il envisage de les supprimer. Au lieu d’augmenter massivement les salaires, il persiste à « baisser le coût du travail » (qui a déjà perdu de façon insensé 10 points en faveur des profits).

Sarkozy refuse de contrôler les échanges, supprime les services de douanes, il refuse de lutter contre le dumping social en Europe. Il est opposé à tout SMIC européen. Il refuse tout contrôle sur les licenciements boursiers, spéculatifs, abusifs. Il a même inventé la sinistre « rupture conventionnelle » qui a fait perdre leur emploi, sans motif, à 600 000 salariés en trois ans.

Il refuse de séparer banques de dépôts et d’affaires, il refuse d’interdire les ventes d’actions à découvert. Il laisse se désertifier le pays, il a livré nos industries métallurgiques Arcelor à Mittal, il laisse fermer les entreprises les plus performantes, et même les PME pourvu que ça arrange banques et spéculateurs, il n’a fait que baisser l’impôt sur les sociétés, la taxe professionnelle, il laisse Total empocher 14 milliards de bénéfices, jamais les dividendes n’ont été aussi grassement versés.

Il n’y a pas de pardon pour pareil bilan, Sarkozy n’est pas l’homme qui lutte contre la crise, il fait semblant, il la crée, il la nourrit, il l’aggrave, il essaie sciemment de s’en servir au mieux pour décourager, faire peur, et se ré imposer, Sarkozy c’est à la fois le fléau du chômage incarné, de la pauvreté, de la misère, la sangsue des riches et des rentiers.


A Alain Minc et ses quelques idées reçues sur les marchés et l’Europe

Confronté à Alain Minc, sur LCP, (à voir en ce moment, samedi 26 à 19 h 30 dimanche 27 à 13 h 30) dans un débat où l’on ne pouvait aller au fond, j’ai entendu celui-ci se féliciter en proposant de décerner le « prix Charlemagne » aux « marchés » qui réussissaient à construire l’Europe fédérale !

J’en avais entendu des vertes et des pas mûres sur la crise depuis deux ou trois années, mais jamais encore une telle bêtise d’un tel niveau dans la bouche de ce monsieur. Il est un peu comme ces bureaucrates soviétiques en 1989 qui niaient à l’aide de sophismes que leur monde était en train de s’effondrer.

Quid du « fédéralisme budgétaire » en Europe ?

C’est un curieux volatile puisqu’il s’agit d’un fédéralisme budgétaire sans budget fédéral.
Le budget de l’Union européenne restera toujours aussi ridicule (autour de 1 % du PIB européen) alors que le budget de l’Etat fédéral des Etats-Unis est de l’ordre de 20 % du PIB des USA.

Jusqu’à maintenant les arguments avancés contre un budget fédéral européen digne de ce nom étaient qu’un tel budget aurait signifié un abandon de souveraineté de la part des Etats de l’UE.
Mais avec la réforme voulue par Merkel et Sarkozy, la souveraineté populaire disparaît sans qu’il y ait pour autant de budget fédéral.
Ce fédéralisme est un fédéralisme unilatéral qui n’a rien à voir avec ce qu’on entend habituellement par fédéralisme. Il ne prévoit pas d’aider (sans contrepartie) les Etats en difficultés, comme aux Etats-Unis,  ni d’augmenter les salaires ou de baisser la TVA dans les pays connaissant (comme l’Allemagne) un excédent commercial. Les seules mesures envisagées sont uniquement des sanctions contre les Etats dont les dettes et les déficits publics ne diminuent pas à la vitesse souhaitée par la Commission, le Conseil européen et surtout les marchés financiers.

Les dernières propositions de Merkel seraient d’ailleurs de rendre ces sanctions automatiques et de créer un « Sparkommissar » (commissaire à l’Epargne) doté du pouvoir d’annuler le budget d’un Etat de la zone euro s’il enfreint les règles fixées à l’échelon communautaire.

Ce fédéralisme est en réalité un centralisme budgétaire dans le seul but de rassurer les marchés en bradant la démocratie existant dans les Etats-membre.

Quid des fameux « Plans d’aide » à la Gréce, etc.

Tout est fait pour faire croire que les plans d’aide à la Grèce, à l’Irlande, au Portugal profiteraient aux Grecs, aux Irlandais, aux Portugais. C’est entièrement faux il ne voit pas un euro des prêts du Fonds européen de stabilité financière ou du FMI.

Chaque année, les Etats doivent rembourser les titres de leur dette publique qui arrivent à échéance. Pour cela, ils émettent de nouveaux titres de la dette publique pour rembourser les anciens. Lorsque les marchés financiers ont des craintes pour le remboursement de leur dette, ils exigent pour acheter les nouveaux titres de la dette publique des taux très élevés. Au-delà de 7 % un Etat n’a plus qu’une solution : soit faire défaut de sa dette publique, soit emprunter de quoi rembourser les dettes publiques arrivant à échéance auprès de l’UE et du FMI.

Les sommes versées par le FMI et l’UE n’ont donc qu’une seule destination : le remboursement des créanciers de la dette publique grecque. En bonne partie les banques et les assurances européennes. Les Grecs, les Irlandais ou les Portugais n’en voient pas la couleur.

Les plans d’aide à la Grèce, à l’Irlande, au Portugal ne sont donc que des plans d’aides aux créanciers de la dette publique de ces trois pays, en particulier aux banques et aux assurances.

Lorsque le gouvernement grec explique qu’il ne pourra pas payer ses fonctionnaires s’il ne perçoit pas la dernière tranche de 8 milliards des prêts de l’UE et du FMI accordé en 2010 c’est parce qu’il a pris la décision de payer les créanciers de la Grèce (banques, assurances, fonds souverains) avant les fonctionnaires grecs.

Qui des effets des « plans d’austérité » Sarkozy/Merkel/Papandreou, etc..

Les marchés financiers vivent aujourd’hui une étrange crise de schizophrénie.
D’un côté, ils souhaitent des plans de rigueur pour faire reculer les déficits budgétaires et donc, à terme, le montant de la dette publique.
De l’autre, ils craignent la récession qui se généralise à toute l’Europe.
Mais ils ne font aucun rapport entre les deux.
Pourtant selon l’OFCE la généralisation des plans d’austérité entraînerait l’Union européenne dans une récession de l’ordre de – 1,7 % du PIB en moyenne, en 2012.

Ces plans de rigueur sont donc ineptes. Si un pays est en récession, ses recettes fiscales diminuent et ses dépenses sociales (chômage, allocations) augmentent. Et les déficits publics ne peuvent qu’augmenter. Il suffit de constater quels ont été les effets des plans de rigueur en Grèce, au Portugal et en Irlande.

En Grèce

Le but affiché des prêts de l’UE et du FMI ainsi que des conditions qui y étaient mises avaient pour fonction de permettre à la Grèce de retourner se financer sur les marchés financiers en 201 ou 2013 à des taux normaux (de l’ordre de 2 à 3 %).
La réalité est tout autre.
Les plans de rigueur ont plongé la Grèce dans une récession toujours plus profonde : 4,5 % en 2010, 2 % en 2011 et une prévision de 5,5 % en 2012.
La dette publique passe de 134 % du PIB en 2010 à 160 % en 2011.
Le déficit public devrait s’élevait à 10,5 % du PIB en 2010 alors que le FMI et l’UE prévoyaient 6,5 %.
Les taux de rendement (pour des obligations d’Etat à 2 ans !) ont atteint le niveau démentiel de 50 %. Interdisant tout retour de la Grèce sur les marchés financiers dans les prochaines années.

Au Portugal

Les plans de rigueur exigés en contrepartie des 78 milliards d’euros destinés à financer les créanciers du Portugal préparent en 2012, selon la plupart des économistes, la pire récession depuis 1975, lorsque le PIB avait chuté de 5 %.

En Irlande

L’Irlande a connu une récession de – 3,5 % en 2008 ; de – 7,6 % en 2009 et de – 0,3 % en 2010.
Selon les statistiques du ministère de l’Economie irlandais, l’Irlande sortirait de la récession.
En réalité, il y a deux Irlande.
La 1ère est celle des très nombreuses entreprises étrangères qui ont installé leurs sièges sociaux dans l’île (notamment dans les secteurs pharmaceutique et informatique) pour profiter d’un impôt sur les sociétés de 12, 5 % (en réalité de 3 à 4 % avec les niches fiscales).
La 2ème est la véritable Irlande dont le PNB (qui exclut l’activité des sièges sociaux d’entreprises étrangères installés dans l’île) a enregistré un repli de 4,2 % sur l’année 2010.

La demande interne irlandaise a été massacrée par les plans d’austérité qui continuent.

Quid des clichés déversés par TF1 ? genre « L’Etat vit au-dessus de ses moyens » « Il faut réduire les dépenses publiques » “Qui paie ses dettes s’enrichit”  et autres stupidités

Les dépenses publiques elles sont réduites depuis 1996. Elles ne sont pas la cause de la dette. Sous la gauche, il y avait même une « cagnotte publique » et toutes les caisses de protection sociales étaient au vert. C’est la droite et Sarkozy en 10 ans qui ont vidé les caisses et fait 23 points de dettes en baissant les recettes. Et Sarkozy a tellement conduit le pays à la faillite, qu’en effet, croissance en berne aidant, depuis 2009, les dépenses publiques on ré-augmenté. Sarkozy a même fait un emprunt avantageux de 35 milliards auprès des riches auxquelles il ne prenait plus d’impôts pour être sur de bien creuser la dette pour nous la faire payer.

Il faut ré augmenter les recettes qui ont baissé de 110 milliards selon l’UMP Gilles Carrez.

Le problème est que c’est l’Etat qui fixe lui-même (à la différence d’un ménage) ses propres moyens et que la droite à vider consciemment les caisses publiques en diminuant les impôts des ménages les plus riches et des sociétés.

Pour le Conseil des prélèvements obligatoires « Entreprises et niches fiscales et sociales » Octobre 2010, les 3 principales niches fiscales (elles concernent toutes les trois l’IS et avantagent les grands groupes) créées par la droite avant 2007 :

Régimes des Sociétés mères et filiales : coût de 34,9 milliards d’euros pour l’année 2009.
Régime d’intégration fiscale : coût de 19,500 milliards d’euros pour l’année 2009
Niche Copé (taxation à taux réduit des plus values à long terme provenant de cession de titres de participation : 8 milliards d’euros en 2009
Pour ces trois niches fiscales : un manque à gagner de 62,4 milliards d’euros.

Si l’on ajoute le coût (selon la cour des comptes) des 3 niches fiscales ajoutées par Sarkozy :
Heures supplémentaires : 4,5 milliards d’euros
TVA réduite sur la restauration : 3,5 milliards d’euros
Passage du bouclier fiscal à 50 % des revenus déclarés : 0,7 milliards d’euros.,
Soit 8,7 milliards d’euros pour ces trois niches fiscales.

Au total pour les 6 niches fiscales : 71 milliards d’euros. A comparer avec le plan de rigueur de 8 milliards d’euros.

Il faudrait ajouter à cela la baisse de l’impôt sur le revenu du à la diminution du nombre de tranches (de 13 avant 1986 à 5 aujourd’hui), au passage de la tranche supérieure de 65 % (avant 1986) à 41 % aujourd’hui.
Coût pour les finances publiques : 15 milliards d’euros en 2009.

Il ne faudrait pas oublier la baisse du taux de l’IS (avant même les niches fiscales) : de 50 % à 34,6 % aujourd’hui.
Coût pour les finances publiques : 20 milliards d’euros en 2010 (Rapport de la Cour des comptes 2010).

Au total : 71 = 35 = 106 milliards d’euros.

Niches sociales : 42 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales en 2009 (Rapport du Sénateur Jean-Jacques Jégou au nom de la commission des finances du Sénat – 2010)

Intérêts payés aux détenteurs de la dette publique : 48 milliards d’euros en 2009.

Au total : 106 + 42 + 48 = 196 milliards d’euros en 2009 alors que le déficit public s’élevait à 145 milliards d’euros.

Le rapporteur UMP, Gilles Carrez de la commission des Finances de l’AN estimait (en 2010) que les années 2000 à 2010 étaient « 10 années de  pertes de recettes non compensées ».

Qui de l’évolution de la dette publique française : Sarkozy = dette

1980 : 20,7 % du PIB
1986 : 31 % du PIB. Augmentation due à la 1ère récession généralisée de l’économie néolibérale en 1981-1982.

1991 : 36 % du PIB.
1995 : 55,5 % du PIB. Augmentation due à la deuxième récession généralisée de l’économie néolibérale en 1992-1993.

1997 : 59,5 % du PIB.
2001 (après 5 années de gouvernement Jospin) : 57 %.

Entre 2001 et 2011, avec la droite au Pouvoir, la dette publique augment de 34 points de PIB.

Entre 2007 et 2011 (Présidence de Sarkozy) la dette publique augmente de 22,4 points.
Du fait de l’accentuation de la baisse des impôts des riches et des sociétés, déjà bien entamée sous le quinquennat de Jacques Chirac (l’un de ses ministres des Finances ne fut autre que Nicolas Sarkozy).
Du fait, aussi, de la 3ème récession généralisée de l’économie néolibérale, celle de 2008-2009.

Quid des réelles Dettes de l’Etat / Sécurité sociale / Collectivités territoriales

Dette publique = somme de la dette de l’Etat + dette de la Sécurité sociale + dette des Collectivités territoriales + dettes des Organismes d’administrations centrales (RFF, météo France, Opéra…)

Dette publique totale = 1 693 milliards d’euros (86,2 % du PIB) à la fin du 1er semestre 2011.

Dette de l’Etat : 1 325 milliards d’euros. 450 % du budget de l’Etat (290 milliards d’euros)

Dette des organismes de Sécurité sociale : 181 milliards d’euros. 40 % du budget de la Sécurité sociale (450 milliards d’euros).

Dette des Collectivités territoriales : 171 milliards d’euros. 80 % du budget total des collectivités territoriales (200 milliards d’euros) alors que les Collectivités territoriales réalisent plus de ¾ de l’investissement public en France.

Quid des officines de droite appelées « agences de notation » et du fameux Triple A de la France

Les agences de notation conservent (pour combien de temps ?) le triple A de la dette publique française pour faire pression sur le déroulement et le résultat des élections présidentielles.

Il est extrêmement curieux d’entendre Moody’s déclarer que la France pourrait perdre son triple A parce que les taux de placement de ses obligations d’Etat augmentent. En général, c’est l’inverse qui se produit : les agences de notations baissent leur note et les taux augmentent.
C’est bien la preuve de la volonté des agences de notation d’aider Sarkozy tant qu’elles le pourront.

Cela fait longtemps que les marchés ont entériné la perte de ce « AAA ».
Alors que l’Allemagne obtient des taux de l’ordre de 1,80 % pour placer ces obligations d’Etat à 10 ans, la France doit se résigner à des  taux de l’ordre de 3,50 %, soit le double.

Il est donc évident que la France n’est plus dans le groupe de plus en plus restreint des 6 Etats triple A (Allemagne, France, Pays-Bas, Luxembourg, Finlande, Danemark).

Les marché financiers ont, dans les faits, distinguer 4 groupes

1er groupe : Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Luxembourg, Finlande
Les taux (des obligations d’Etat à 10 ans) vont de 1,80 % pour l’Allemagne à 2,50 % pour les Pays-Bas.
Même à l’intérieur de ce groupe, les taux tendent à diverger entre l’Allemagne et les 4 autres pays.

2ème groupe : Autriche, France, Belgique.
De 3,40 % pour l’Autriche à 4,60 % pour la Belgique en passant par 3,50 % pour la France.
La Belgique a de la chance de ne pas avoir de gouvernement depuis 500 jours : gouvernement qui pourrait imposer un plan de rigueur aux salariés belges, Wallons comme Flamands.

3ème groupe : Italie et Espagne
Les Taux de l’Espagne ont atteint 7 % et ceux de l’Italie 6,30 %.
C’est des taux de 7 % qui ont obligé la Grèce, l’Irlande et le Portugal à demander les prêts du FMI et de l’UE.

4ème groupe : la Grèce, l’Irlande et le Portugal.
Ces 3 pays ont du faire appel (puisqu’ils n’ont pas choisi de faire défaut) à l’UE et au FMI ?
Le taux de rendement de leurs obligations d’Etat sont de 8 % pour l’Irlande ; 12 % pour le Portugal ; 32 % pour la Grèce.

Lorsqu’on fait remarque à François Baroin que les taux des obligations d’Etat françaises augmentent dangereusement au cours de ces dernières semaines, il répond qu’il n’y a pas à s’inquiéter, que la moyenne des taux sur l’année est historiquement basse.
C’est un peu comme si un médecin répondait à un patient inquiet de voir en quelques jours sa fièvre passer de 37° à 40 ° qu’il n’avait pas à s’inquiéter car sur l’année sa température moyenne était de seulement 36,9 °.

La phrase à ne jamais prononcer :
« Rassurer les marchés »

1-   C’est une catastrophe

  • Une catastrophe sociale

Ainsi, en Grèce :

22 % de la population active est au chômage. 40 % chez les jeunes.
Les contrats à taux plein sont convertis en contrat à temps partiel avec une diminution proportionnelle du salaire.
Au cours de 4 derniers mois, 1/3 des salariés du privé n’a pas été payé.
Au premier trimestre 2011, 14 000 entreprises ont cessé leurs activités, faute de demande.
Selon MSF, 30 % des Grecs se soignent dans les cliniques de rue (contre 5 % auparavant).
Les retraités, les chômeurs, les sans-abri, les personnes touchées par le VIH et la tuberculose sont privées de couverture maladie.
Les coupes dans certains budgets liés à la santé comme à l’assistance sociale et le traitement de certaines maladie peuvent aller jusqu’à 80 %.

Comme le souligne la Commission du droit international de l’ONU : « On ne peut attendre d’un Etat qu’il ferme ses écoles, ses universités et ses tribunaux, qu’il abandonne les services publics de telle sorte qu’il livre sa communauté au chaos et à l’anarchie simplement afin de  disposer de l’argent pour rembourser ses créanciers étrangers ou nationaux »

Une catastrophe démocratique


Le traité de Lisbonne ne laisse déjà pas grand place à la démocratie. La démocratie perdue au niveau des Etats n’était pas remplacé au niveau européen où règnent des institutions non-élues telles que la Commission européenne et la Cour de Justice.

Depuis le début de la crise de la dette publique, la démocratie a encore reculé. Les semestres européens, les sanctions pour déficits excessifs, le pacte pour l’euro constituent une nouvelle régression de la démocratie en Europe. Les citoyens des Etats de l’UE sont de plus en plus dépossédés de leur droit de voter leur budget. Or, sans ce droit, la démocratie n’est plus qu’un couteau sans lame.

Avec le fédéralisme budgétaire (voir plus haut) les dirigeants européens veulent encore aller plus loin.

2-   Et surtout cela ne marche pas

  • Il suffit de constater ce qui se passe


L’accord du 26 juillet devait rassurer les marchés. Dès le surlendemain, les taux des obligations italiennes à 10 ans atteignaient 6 %. Les cours boursiers ont subi une descente aux enfers continuelle pendant out l’été. Le cours des actions des banques françaises s’effondraient.

L’accord du 27 octobre devait tout régler. Patatras ! Après une journée d’euphorie, et avant même que Papandréou ne parle de référendum, les taux italiens dépassaient 6 %.

Le problème nous disait-on, ce sont Papandréou et Berlusconi. Las ! Une fois ces deux dirigeants évacués, les marchés ne sont toujours pas rassurés : le 14 novembre, l’Italie émettait 3 milliards d’euros d’obligations à 5 ans à un taux record depuis 1997 : 6,30 % contre 5,30 % le 13 octobre.

La nomination des anciens de Goldman Sachs (la banque qui avait aidé à maquiller les comptes de la Grèce avant 2010) à la tête du FMI (Mario Draghi), du gouvernement italien (Mario Monti), du gouvernement grec (Loukas Papademos) ne réussit toujours pas à rassurer les marchés. Les taux de rendement des obligations d’Etat des pays de la zone euro continuent à s’éloigner de ceux ces obligations d’Etat allemandes.

Le 20 novembre, la droite prend le pouvoir en Espagne. Les marchés ne sont toujours pas rassurés. Dès le lendemain, les taux des obligations d’Etat espagnoles atteignent 7 %. Or c’est à partir de ce taux que la Grèce, l’Irlande et le Portugal ont été obligés (faute de choisir de faire défaut) de faire appel au FMI et à l’Union européenne pour rembourser les titres de leurs dettes publiques arrivés à échéances.

Il n’est pas possible de rassurer les marchés parce que la politique qui vise à les rassurer connait 4 limites.

1-   Le montant des prêts que pourrait accorder le Fonds européens de stabilité financière ne sont pas suffisants. Ce fonds dispose au mieux de 250 milliards d’euros. Le montant de la dette publique italienne est de 1 900 milliards d’euros, celui de la dette espagnole dépasse 700 milliards d’euros. L’effet levier ne rassure pas plus les marchés financiers : voir le FESF garantir 25 % de leurs créances alors que la décote des titres de la dette publique grecque détenue par des créanciers privés est de 50 % (accord du 26 juillet) n’a pas de quoi les rassurer.

2-   Limite politique. Le financement ou la garantie des créances se heurtent à la démocratie politique. Le retard apportés par les parlements finlandais ou slovaques à l’acceptation de l’accord du 26 juillet en sont un exemple. Les décisions du tribunal constitutionnel de Karlsruhe qui limite les pouvoirs accordés à Angela Merkel et l’oblige à rendre compte devant le Bundestag en sont un autre. Le refus de la droite grecque de rejoindre effectivement le gouvernement d’union nationale voulue par l’UE en est un troisième. Le temps de la démocratie n’est pas celui des marchés et c’est pour cela que les dirigeants européens veulent supprimer la démocratie.

3-   Limite sociale. Les plans de rigueur plonge des parties de plus en plus importantes de la population européenne dans le chômage et la misère. Les mobilisations sociales (syndicales, indignés) n’en sont qu’à leur début et ne pourront que s’amplifier et se coordonner au niveau européen.

4-   Limite économique, enfin. La généralisation des plans d’austérité généralise la récession dans toute l’Union européenne. Et, si la récession se généralise, les recettes fiscales et sociales diminuent et les dépenses fiscales et sociales augmentent. Le remboursement de la dette publique ou le simple recul des déficits publics devient une impossibilité.

Ce qu’il faut dire et faire
« Briser les reins des marchés financiers »

Puisque la politique qui vise à rassurer les marchés ne marche pas et que de toute façon elle mène à la catastrophe sociale et démocratique, il ne reste plus qu’une solution : leur briser les reins pour les empêcher de nuire.

Comment ?

A court terme :

1-   En amenant la BCE à prendre quelques distances avec le traité de Lisbonne pour racheter massivement les titres des dettes publiques attaquées par les marchés financiers. Tous ceux qui auraient spéculé à la baisse sur ces titres et verraient leurs cours monter suite à l’intervention de la BCE subiraient des pertes qui les dissuaderait de continuer leur manège. Contrairement au FESF, la BCE a une puissance de feu illimitée puisqu’elle peut créer autant d’euros qu’elle le souhaite.

2-   En organisant un audit de la dette publique dans chaque pays européen. Il suffit de voir la panique qui avait pris à la gorge les dirigeants européens comme Merkel et Sarkozy à la simple annonce de la possibilité d’une référendum grec, pour comprendre comment cet audit changerait le rapport de forces entre les peuples et les marchés financiers.

3-   En socialisant les banques pour éviter une nouvelle crise bancaire. Une fois ces banques socialisées, il sera enfin possible de connaître l’étendue de leurs actifs toxiques, de leur interdire toute une série de pratique (titrisation, vente à découvert, spéculation avec l’argent confié par leur déposant), de séparer banques de dépôts et banques d’investissement.

A moyen terme :

Modifier les traités européens (qui n’auraient jamais du être votés, qui ont été extorqués aux Français antidémocratiquement par Sarkozy en 2008 contre leur volonté exprimée le 29 mai 2005) pour en finir avec la contrainte des marchés financiers.

La dépendance des Etats européens vis-à-vis des marchés financiers n’a rien de naturel : il s’agit d’une construction politique qui vise à empêcher les Etats de se financer autrement qu’en passant par les marchés financiers.

L’article 63 du traité de Lisbonne (reprise d l’Acte unique de 1986) interdit  tout entrave à la circulation des capitaux non seulement au sein de l’UE mais entre l’UE et l’ensemble du monde. La meilleure façon de livrer la politique des Etats et de l’Union européenne aux fonds de pensions, d’investissements ou spéculatifs anglo-saxons.

L’article 123 §1 interdit à la BCE d’acheter directement les titres de la dette publique d’un Etat de l’Union et de consentir un crédit à tout Etat de l’Union européenne.

L’article 125 § 1 interdit à l’Union européenne d’accorder des prêts aux Etats de l’Union et aux Etats de l’UE de se prêter entre eux.

L’article 312 (et suivants) empêche toute possibilité d’un budget fédéral digne de ce nom (1 % contre 20 % pour le budget fédéral des Etats-Unis).

Ces articles doivent être abrogés.

Cette abrogation constituera la première marche vers une véritable Europe fédérale.

(Lire « DETTE INDIGNE » 240 p, 15 euros  Vient de paraître   Jean-Jacques Chavigné Gérard Filoche Ed JC Gawsewitch)

 

La crise de la dette a rattrapé l’Allemagne

« Émission obligataire allemande : un désastre complet absolu » titre la Tribune du 23 novembre 2011.

Il est vrai que, pour Angela Mercel et la CDU, c’est une sacrée douche froide. L’Allemagne a essayé de placer pour 6 milliards d’euros d’obligations d’État à 10 ans (les Bunds) mais les marchés financiers n’ont, finalement, acheté que pour 3,6 milliards de ces « Bunds ». Certes, les taux proposés par l’Agence allemande de la dette étaient très bas mais la raison principale est ailleurs : les « marchés financiers » ont entériné le fait que la crise de la dette européenne n’épargnera pas l’Allemagne. Après avoir critiqué, vilipendé les pays du « Club Med », l’Europe du sud, Merkel et la CDU se rendent compte que « les marchés » commencent à mettre l’Allemagne dans le même sac.

Le plus haut des dominos vacille à son tour :

Les marchés financiers avaient découpé les pays de la zone euro en quatre groupes :

- ceux qui ont dû faire appel aux prêts du FMI et de l’UE (Grèce, Irlande, Portugal) et dont les taux vont de 8 à 32 %.

- Ceux qui sont tout près d’avoir à faire appel aux prêts de la Troïka comme les pays précédents : l’Espagne et l’Italie.

- Ceux qui sont déjà dans les collimateurs des marchés : la Belgique, la France et l’Autriche.

- Les pays AAA : Allemagne, Pays-Bas, Finlande, Danemark, Luxembourg. Mais même dans ce dernier groupe, l’Allemagne tendait à faire cavalier seul et bénéficiait de taux d’intérêts nettement plus bas pour ses obligations d’État.

Tout s’effondre et tout ce qui a été annoncé, claironné, s’effondre aussi.

Les bons et les mauvais élèves de l’euro, ça ne fonctionne plus.

Dire qu’il faut « rassurer les marchés » est une devenu très très grosse bêtise. Les « marchés », ils sucent le sang de tous les états européens à ce jour, ils n’arrêtent pas, ils s’attaquent à toutes les dettes, et ils visent au plus haut : l’Allemagne.  Il faut non pas les rassurer mais les stopper, les matraquer, les étrangler avant qu’ils ne fassent exploser l’Euro et l’Europe. Or ce sont les amis de Sarkozy et Merkel : ils sont copains/coquins à la tête de l’UE, les néo libéraux et banquiers spéculateurs, d’où leur difficulté à trancher quoi que ce soit. Sarkozy est l’homme des banques françaises et Merkel la femme des banques allemandes. Et tout ce beau monde est derrière Goldman Sachs qui contrôle directement la BCE, la Grèce l’Italie, l’Espagne, le Portugal. Comment ne pas trop se faire souffrir entre amis ?

L’échec de l’émission obligataire allemande du 22 novembre marque une rupture (sans doute à confirmer) de la part des marchés financiers. Ils ont maintenant intégré le fait que l’Allemagne ne pouvait pas être disjointe des autres pays de la zone euro, en particulier quand les plans de rigueur généralisent la récession à toute l’Europe. La vision du monde, ou du moins de l’Europe, d’Angela Merkel en prend donc un sacré coup. Deux coups en réalité.

Le premier c’est sa vision de l’Union européenne divisée entre les bons et les mauvais élèves et où l’Allemagne finissait par être le seul bon élève. Les taux d’intérêts extrêmement bas dont bénéficiait l’Allemagne au détriment des autres pays de la zone euro lui paraissaient parfaitement mérités puisqu’elle prônait l’austérité et la rigueur budgétaire. La réalité était d’ailleurs un peu plus complexe puisque le Danemark et les Pays Bas dont la dette publique est largement inférieure à celle de l’Allemagne subissaient des taux d’intérêts plus élevés.

Avec l’échec de cette émission obligataire, cette vision n’est plus soutenable. C’est tout le bateau européen qui est menacé de couler.

Le deuxième c’est la justification de son refus de laisser la Banque centrale européenne acheter massivement les titres des dettes publiques des pays en difficulté. Cela n’était pas possible selon le dogme de Merkel parce que laisser ainsi agir la BCE aurait consisté à accorder une prime aux mauvais élèves, à tous ceux qui étaient incapables de tenir rigoureusement leurs finances publiques. L’absence de capitaine dirigeant le navire, aggrave le risque de catastrophe.

En autorisant la Bundesbank a acheter les 39 % de Bunds dont les marchés n’ont pas voulu, Angela Merkel fait à Berlin ce qu’elle ne veut pas que la BCE fasse à Francfort. Mais elle perd la  justification pour refuser que la Banque centrale européenne agisse de la même façon non seulement en rachetant les titres des dettes publiques en difficulté sur le marché secondaire (la bourse) mais même sur le marché primaire lors de leur émission puisque c’est ce que fait la Bundesbank.

Nouveau jeu de l’oie : si vous tombez sur la case BCE où elle n’est plus « indépendante » Merkel vous envoie à la case menace de rupture des traités. Si vous évitez de passer par la case BCE, Merkel veut bien faire semblant de ne pas voir que la BCE indépendante fait d’elle même ce qui ne lui est pas imposé. Mais sans le dire. Sarkozy obséquieux appelle ça : ne pas pas faire pression sur la BCE ni en « positif » ni en « négatif ». D’où il est question un jour oui, un jour non, de réviser la règle du jeu  : revoir les traités hier intouchables ou faire comme si de rien n’était ? Mais les marchés continuent donc leur chantage tant que la BCE n’a pas garanti toutes les dettes. Le jeu de dupe Sarkozy/Merkel consiste à se cacher interminablement les yeux d’une main pour ne pas voir ce que fait l’autre. Alors ils laissent la BCE violer les traités sans le dire pour que personne ne perde la face. Rachat de  la dette ou pas rachat ? Si rachat par la BCE, Merkel, Maastricht, TCE, Lisbonne, tout ça perd. Si pas rachat, tous les dominos tombent, même le berlinois.

Cruel dilemme pour Angela Merkel, le capital allemand et  la plupart des dirigeants européens, de Sarkozy à Barroso avec leurs  différences pseudo doctrinaires concernant le rôle de la Banque centrale européenne. Les théories si longtemps, si âprement défendues par les néolibéraux volent en éclats. Ce n’était pas la peine que Sarkozy viole le vote de 55 % des Français du 29 mai 2005, en imposant anti-démocratiquement le traité de Lisbonne en 2008, pour capituler ainsi en rase campagne en 2011 sur la question centrale des ces traités.

Il leur devient de plus en plus difficile, maintenant, de présenter l’Allemagne comme modèle et d’imposer, concession sur concession aux « marchés », aux banques et plan de rigueur sur plan de rigueur. Toute la politique néolibérale au service de la finance est en voie d’effondrement.

Lire « dette indigne » par JJ Chavigné et gérard Filoche 240 p 14,9 euros,  10 questions 10 réponses sur la crise de la dette.

Ascensoristes : encore un mort et deux blessés graves hier à Paris

Pas assez de sécurité, pas assez d’effectifs, pas assez de formation, trop de cadences, trop de dangers. Avant, un ascensoriste avait 50 ascenseurs à suivre, aujourd’hui, c’est plus de 100 par ouvrier.  Les grands groupes, Kone, Thyssen, Schindler, Otis tuent – pour le profit.

Déjà le 18 juin 2010 : Aurélien avait 26 ans.

Il est mort écrasé par l’ascenseur qu’il réparait à 17 h 10, le vendredi 18 juin. Il était encore assis sur la porte palière à changer l’un des boutons de stop de bas de fosse, quand l’engin bloqué à 3 m au-dessus de lui a redémarré à 0,63 m/seconde. Pas eu le temps de se retirer. La violence du choc a provoqué un arrêt du cœur, avec le temps qu’il a fallu pour le dégager, il n’a pu être vraiment réanimé. Parti dans le coma avec le Samu, il est décédé à la Pitié.  Il travaillait depuis 15 mois chez Schindler qui l’avait placé à demeure pour l’entretien des 37 ascenseurs des 11 immeubles du Crédit Lyonnais, Boulevard des Italiens. Son compagnon de 22 ans recruté en avril 2010 s’est sauvé de justesse, en se blottissant dans le mince espace de la réserve au 3° sous-sol.

Hors la souffrance, il ne nous reste que des questions. Pourquoi ont-ils, à deux, commencé à faire la maintenance d’un ascenseur qui n’était pas en panne, un vendredi à  plus de 16 h 30 ?  Comment ont-ils été piégés, par le redémarrage de l’engin ? Certes, il aurait du être consigné hors circuit, mais comment faire des repérages et des tests avec des fils emmêlés de façon complexe dans ces conditions ? De toute façon la protection doit exister dans tous les cas, porte palière ouverte. Rien ne devrait fonctionner sauf si des protections ont été shuntées, dans une vie antérieure de l’ascenseur..  Pour aller couper l’alimentation, il faut monter au 7° étage dans la machinerie et comment communiquer par la grille, par-delà la cabine, sans talkie-walkie, le son d’une voix descend-il sept étages ?  Quelle formation de ces deux jeunes gens ? On nous dit qu’elle a été faite et qu’ils étaient compétents. Mais ils étaient bien jeunes, pour faire face aux redoutables dangers de ce métier.

Quelles exigences pesaient sur eux ? Les 4 grandes maisons d’ascenseurs, OTIS, Kone, Thyssen, Schindler ont été condamnées, à une amende record, il y a quelques années pour ententes illicites en Europe. Ne préfèrent-elles pas la maintenance plus juteuse que le renouvellement des parcs qui ne s’opère qu’à niveau de 10 % par an. Les récentes obligations de sécurité, qui relèvent de l’équipement plus que du droit du travail, bien qu’un autre décret soit en préparation, leur ont donné une manne : on sait qu’elles ont du mal à recruter et à former du personnel en nombre suffisant pour y faire face.

Comme la majorité des accidents du travail, on sait qu’une sécurité contrainte aurait permis de l’éviter. L’erreur dite « humaine » n’existe que quand l’insécurité technique permet qu’elle existe. Rien ne fera revenir le jeune Aurélien. Mais tout peut, doit être fait pour que la chaîne en cascade des employeurs, du donneur d’ordre au chef d’agence, soit contrainte à ce que cela ne puisse plus se reproduire. Comme on dit, il faut que l’enquête se poursuive et qu’elle débouche. Ce jeune homme n’était pas un gendarme, ou un policier, aucun officiel ne s’est déplacé pour lui rendre hommage, aucun grand média n’a fait la « une » sur sa mort. Pourtant il est tombé au champ d’honneur du travail.

Gérard Filoche

 

L’axe central du “nouveau programme » de l’UMP est de baisser les salaires

Quand l’UMP, J-F. Copé, B. Lemaire et autres se réengagent dans la bataille contre les 35 h, personne n’y comprend rien car cela ne sert à rien vu que n’importe quel employeur peut faire travailler un salarié jusqu’à 48 h par semaine.

En quoi le fait de remettre en cause les 35 h fera que les salariés travailleront plus ? Mystère. Nous avons déjà le taux de productivité horaire le plus élevé du monde. On pourra difficilement faire mieux. Ce sont les pays les plus pauvres qui travaillent plus longtemps et les pays les plus riches qui ont les durées du travail les moins longues.
Les 35 h c’est la durée légale, rien de plus. La loi prévoit déjà la possibilité de 13 h supplémentaires par semaine. La seule loi contraignante d’ordre public social est celle qui fixe à 10 h par jour et à 48 h par semaine la durée maxima. Au-delà de 10 h et de 48 h c’est un délit pour les employeurs de faire travailler un salarié. Mais ni l’UMP ni Copé ne remettent en cause les 48 h apparemment. Cette durée maxima sert à protéger l’emploi et la santé des salariés contre leurs employeurs et même contre eux-mêmes, les abus subis et même choisis, tel est du moins son sens dans la constitution française.
Alors puisque ça ne sert à rien du point de vue de l’allongement éventuel de la durée du travail réel, à quoi servent le bruit et la fureur de l’UMP contre les 35 h ?
La réponse est pourtant simple : à supprimer le seuil de déclenchement des heures supplémentaires à 35 h. Car à partir de la 36e, 37e, 38e heure de travail, chaque heure est majorée de 25%. Supprimer ce seuil c’est supprimer la majoration, donc c’est baisser le salaire net et brut de ceux qui feraient éventuellement plus de 35 h. Cela remettrait aussi mécaniquement en cause la notion de Smic indexée sur la durée légale mensualisée à 151 h 66.

L’UMP veut en fait supprimer toute durée légale comme l’exige le Medef. Donc supprimer toute notion d’heures supplémentaires. Remplacer la loi par des contrats au gré à gré. Soumettre à la bonne volonté patronale la fixation des horaires de travail salariés. Donc supprimer toutes les majorations légales, celles à 25 %, celles à 50 % et celles à 100 %. Cela devient une énorme baisse de salaire pour tous ceux qui travailleraient plus.
Idéal complété par la proposition de supprimer les cotisations sociales et de les remplacer par une « TVA sociale ». Les cotisations sociales font partie du « salaire brut » payé par l’employeur. Une partie de ce salaire est versée directement, c’est le « net ». Et une partie est versée indirectement, c’est le « brut » : cette partie du salaire est mutualisée et redistribuée à chacun selon ses besoins lorsque vous êtes malades, au chômage, en accident du travail, en charge de famille nombreuse, en besoin d’aide au logement, en accident du travail ou en retraite. C’est ce qu’il y a de plus beau en France, ce n’est pas une charge mais un bonheur. C’est ce que l’UMP veut supprimer : que l’employeur ne paie plus les cotisations sociales. Mais que tous les salariés les paient chacun individuellement à leur place sous forme de TVA. C’est une autre forme de baisse massive de salaire dont il est ainsi question.
C’est ça le nouveau programme central de l’UMP : baisser massivement vos salaires bruts et nets. Travailler plus et gagner moins, voilà l’idéal à peine caché du programme de l’UMP.