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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Un intervenant du SEP s'oppose au « Pas de politique » lors du mouvement Occupons la Bourse de Londres

Par Aidan Claire
5 novembre 2011

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Depuis le 15 octobre, date où le campement Occupons la Bourse de Londres s'est installé devant la cathédrale St Paul, un certain nombre de ses organisateurs, composés de sympathisants du parti travailliste et de membres de diverses organisations de pseudo-gauche, insistent pour que le « Pas de politique » en soit le principe conducteur.


 La banderole: Capitalisme veut dire crise

Leur objectif s'est fait plus clair ces derniers jours, et on voit les débats qui se tiennent durant l'occupation être consciemment orientés de l'hostilité envers le capitalisme - et la nécessité de lutter contre - vers un dialogue avec l'élite politique et financière.

Depuis le début de l'occupation, les porte-parole du campement encouragent les banquiers et les financiers à participer au débat sur l'avenir du capitalisme, leur assurant qu'on leur donnerait la parole lors des assemblées. La direction de la cathédrale St Paul a précédemment proposé d'organiser un événement impliquant la City [le quartier financier de Londres] où les manifestants participeraient à des discussions sur la meilleure manière de gérer le quartier.

Le journal du campement, The Occupied Times, contient un argument « pour et contre » avec des anti-anticapitalistes déclarant que le mouvement « comprend de nombreuses personnes qui aspirent à entrer dans les affaires. Et pourquoi pas? »

La plateforme du « Pas de politique » a donné la liberté à un groupe de 17 individus non identifiés de produire un « manifeste » adressé non pas aux travailleurs, mais qui en appelle à la « démocratisation » de la City of London Corporation.

La Corporation est un organisme ancien qui surveille le Square Mile [quartier financier de Londres] qui comprend la Bourse de Londres et la Banque d'Angleterre. Il a un certain nombre de prérogatives archaïques ainsi que sa propre police et son propre système judiciaire.

Ce manifeste appelle à se défaire des aspects les plus ouvertement antidémocratiques de la Corporation, dont la fin du vote groupé exercé par les entreprises dans les élections locales, et la mise en place d'une commission de « vérité et réconciliation » pour examiner les transactions de la City.

Ce que ces projets signifient en réalité, c'est que l'élite financière maintiendrait sa position de pouvoir, sous le faux-semblant d'une plus grande « transparence » et « responsabilité.» Il n'y aura aucun empiètement sur les gains mal acquis des ultra-riches, ni aucune demande de redistribution radicale de la richesse en faveur des travailleurs pour répondre à l'accroissement gigantesque de l'inégalité sociale.

Le manifeste s'inspire largement de la politique de l'universitaire Maurice Glasman, conseiller du dirigeant travailliste Ed Miliband et architecte du projet « Blue Labour. »

Blue Labour est un mélange délétère de chauvinisme anti-immigrés et « d'anti- étatisme » qui décrit la création de l'Etat-Providence comme étant le pire moment de l'histoire du Parti travailliste. Tout ceci se cache derrière des appels à mettre des limites au capital financier et à accorder un rôle plus important aux syndicats afin d'assurer la cohésion nationale.

Glasman prône depuis longtemps des mesures pour réformer la Corporation. Cette mesure a l'avantage de détourner de la lutte contre le système capitaliste dans son ensemble, et de promouvoir ce que Glasman décrit comme un « renouveau civique. » S'exprimant dans le Guardian le week-end dernier, il a accueilli favorablement ce manifeste, déclarant qu'il avait « transformé la signification de l'occupation. »

  Assemblée générale de Occupons La Bourse de Londres

Malgré les efforts faits pour réduire au silence la vraie politique anticapitaliste, c'est à dire la politique socialiste, le Socialist Equality Party (SEP) a distribué des centaines de copies de l'article de perspective du World Socialist Website, « Le mouvement Occupons Wall Street à la croisée des chemins, » à ceux qui étaient présents à la manifestation du week-end.

La plus grande partie des discussions lors des assemblées générales est consacrée aux questions pratiques de la gestion du campement. C'est aussi de cette manière que le programme du « Pas de politique » a été imposé aux manifestants. Samedi dernier, la dernière partie du débat était consacrée à des « shout outs », des créneaux de deux minutes durant lesquels chacun a soi-disant la possibilité de s'adresser à la foule. Des membres du SEP ont demandé la parole et il leur a été notifié qu'aucun intervenant politique n'avait le droit de dire qui il était ni quelle était son affiliation politique. Et pourtant la première personne à s'adresser à la foule était le député travailliste John McDonnell, dont les platitudes creuses et les appels à la solidarité ont reçu un accueil froid d'une grande partie de l'auditoire.

Un autre intervenant a lu une lettre de Shami Chakrabati, directeur du groupe de défense des droits de l'Homme, Liberty, leur proposant un « lieu neutre » où entrer en discussion avec la Corporation et St Paul. D'autres intervenants ont supplié les manifestants de se tourner vers Dieu et d'adopter un style de vie minimaliste en réponse à l'accroissement de la pauvreté de masse.

Celui qui écrit ses lignes a finalement obtenu la possibilité de s'adresser aux manifestants et s'est identifié comme membre du SEP. Il parlé de l'importance du mouvement international d'Occupation et dénoncé la répression policière qui s'est déchaînée aux Etats-Unis et en Australie.

L'intervenant du SEP a dit avec insistance que « Pas de politique » veut dire « ne pas parler de vraie politique d'opposition, cela veut dire s'en remettre au système politique existant. »

Rejetant les demandes de réunions avec la Corporation, il a appelé à un mouvement de masse contre l'inégalité sociale, mettant l'accent sur le fait que ce mouvement doit être international de par son caractère et son programme. Il a dit que ce n'est pas vers l'élite financière et patronale que devraient se tourner les manifestants: « Ce qu'il faut, c'est un authentique débat démocratique et l'élargissement de cette lutte vers les travailleurs. »

Ses remarques ont été chaleureusement accueillies par de nombreuses personnes, notamment parmi les étudiants et travailleurs plus jeunes présents à la manifestation.

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