
Est-il légitime de transformer les leçons d’un événement anecdotique en un fait d’évolution, ou de transférer la conclusion d’une observation ponctuelle dans la longue durée d’un vaste monde ? Sûrement pas. Pourtant, ces extensions purement analogiques sont fréquentes en sciences naturelles et en sciences humaines et cela d’autant plus que la proposition est « téléportée » des unes vers les autres. Tout ce qui tourne autour du rapport nature/culture, de la frontière animal/homme, ou de la connexion biologique/social se caractérise comme une zone de stagnation théorique : non seulement les antagonismes philosophiques semblent s’y cristalliser désespérément, mais ils paraissent eux-mêmes produire une immobilisation des tendances intellectuelles et forger des structures de pensée capable de résister à l’afflux des informations pourtant inattendues que livre régulièrement l’observation scientifique. Les cibles de la recherche ont beau avoir beaucoup changé depuis le milie (...)