Le Lyon-Turin est un projet de nouvelle liaison ferroviaire à travers les Alpes, qui prévoit notamment de creuser le plus long tunnel d’Europe (plus de 50km) dans une montagne contenant des roches riches en amiante et en uranium. C’est aussi quinze ans de travaux et des millions de mètres cube de déblais en Maurienne et dans le Val de Susa, au débouché italien du tunnel. Lancé en 2001, le projet devrait être achevé vers 2023 et coûter la modique somme de 25 milliards d’euros.
Côté français, il implique également le creusement de nouveaux tunnels sous la Chartreuse nord, et 200km de nouvelles voies ferrées. Le projet uniquement TGV de départ a été transformé en projet mixte TGV et fret : « mettre les camions sur les wagons », 40 millions de tonnes par an. Au-delà des solutions alternatives moins chères qui permettraient aussi de faire du ferroutage, le collectif notav-Grenoble démontait en février 2011 les arguments justifiant cette nouvelle autoroute ferroviaire. En France, le projet rencontre un soutien massif des politiciens locaux, y compris des verts, des syndicats de cheminots, et aucune résistance de la part des Mauriennais.e.s pourtant directement concerné.e.s.
Dans le val de Susa italien par contre, la résistance est depuis vingt ans massive et populaire. Les habitant.e.s de la vallée organisé.e.s en « comités Notav » (Tav=Tgv) ne se contentent pas de manifs monstre (80 000 personnes à Turin en 2005, encore 50 000 à Susa en mai 2011), illes ont construit des baraques permanentes sur les sites de carottage, où les militant.e.s de tous âges et classes sociales peuvent se retrouver et s’informer dans la convivialité. Parfois rasés par la police ou incendiés, ces « presidio » sont reconstruits illico presto ! En mars 2010, un reportage sur place raconte cette lutte longue et déterminée.
Au mois de juin 2011, le site de la Madalena (à Chiomonte) a été occupé par un camp permanent, pour empêcher le début du creusement du tunnel. Malgré l’édification de nombreuses barricades, le camp a été attaqué et repris par la police italienne lundi 27 juin au matin, et les travaux ont commencé immédiatement sous la protection de presque 2000 carabinieri.
Fin juin, le local des verts de Grenoble, qui soutiennent le projet du Lyon-Turin est redécoré par des opposant-e-s au TAV.
Le dimanche 3 juillet, une manifestation géante était organisée pour tenter de reprendre la zone. Près de 70 000 personnes ont répondu présent. La manifestation donne lieu à de longs et violents affrontements avec la police, mais les manifestant-e-s ne parviennent pas à reprendre la zone. Voir des comptes-rendus et analyse de cette journée ici, ici et là. Le lendemain, une conférence de presse est donnée par des militants No TAV.
Depuis le 15 juillet, un campement No TAV permanent est organisé dans le Val de Suse. Conférences, débats, mais aussi manifestations et actions plus radicales se succèdent. De nombreux affrontements ont encore lieu avec la police.
Le 29 juillet, à la veille d’une manifestation qui rassemblera 10 000 personnes, la police italienne procède à des perquisitions et arrestations parmi les opposants au TAV.
Le 3 aout, de nouvelles personnes sont arrêtées. On peut lire leur communiqué ici
Depuis, la lutte contre le TAV continue. Le campement aussi. Demandez le programme !
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Plus d’infos ici et là. On peut suivre l’actualité de la lutte en français ici