La publication récente d’un article de copwatching proférant des injures à l’égard des flics nous a valu quelques démêlés médiatiques (qui ne font que renforcer la visibilité des articles publiés sur Indymedia Paris, et en augmentent l’audience), en attendant d’éventuels démêlés judiciaires.
Avant toute chose, nous tenons à remercier tou-te-s celles et ceux qui nous apportent leur soutien en ces temps difficiles.
Toutefois, après mûre réflexion, nous estimons avoir manqué de prudence en validant cet article contraire à notre charte car contenant insultes et appels à la haine. Nous pouvons comprendre cette haine vu le contexte politique, mais Indymedia Paris ne se veut pas être le lieu de son expression.
Nous appelons à la vigilance pour éviter certains prétextes pouvant mener à des procès. Nous savons comme toutes et tous que dorénavant, tous les prétextes sont bons pour censurer un outil d’expression populaire : après Indymedia Grenoble, le Jura Libertaire et Wikileaks, c’est au tour d’Indymedia Paris d’être dans le collimateur des autorités. La chance tourne ?
En effet, si les Indymedia reposent sur les principes de l’openpublishing, il restent aux yeux de leurs ennemis soumis aux lois des pays dans lesquels ils publient. Notamment, en France : la loi sur la presse de 1881 permettant de sanctionner les faits d’injure et de diffamation, le code civil dont l’article 9 permet de sanctionner les atteintes au droit à l’image (à condition toutefois de démontrer qu’il y a eu préjudice), le code pénal sanctionnant les faits d’outrage.
En dépit d’un certain nombre de vides juridiques (concernant par exemple le statut des réseaux sociaux), ce contexte juridique n’en reste pas moins répressif que celui dans lequel travaillent les copwtachers britanniques et américains [1].
En bas de notre page d’accueil, nous précisons : « Le collectif qui gère le classement des contributions n’endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. » Si nous maintenons cette position de principe, il est cependant bon de rappeler que la loi et ses partisans ne l’entendent pas forcément de cette oreille. Aussi, nous appelons les utilisateurs-rices d’Indymedia Paris à maitriser leurs contributions, ceci dans le but de ne pas affaiblir inutilement le collectif en place. Nous-mêmes porterons désormais une plus grande attention au contenu des articles de copwatching publiés sur Indymédia Paris.
Car si le copwatching nous apparaît plus que jamais nécessaire et si le fait de prendre des flics en photo dans l’exercice de leurs fonctions n’est pas sanctionnable sauf cas particuliers [2], il nous semble bon de rappeler à nos contributeurs quelques règles afin de limiter les risques de poursuites :
- évitez les injures dans vos billets (qui n’apportent rien et risquent même de nuire à la clarté et à la légitimité du propos) ;
- étayez au maximum vos dires, analysez ;
- floutez les visages et noms des proches de flics dans les profils Facebook (cela permettra en plus de mieux mettre en avant ce qui pose réellement problème sur ces profils) ;
- retirez les données exif (métadonnées) de vos photos [3].
Désormais, nous refuserons tout article de copwatching ne répondant pas à ces critères. D’autre part, un article spécifique sera bientôt rajouté à notre charte pour aller dans ce sens.
Ceci nous semble d’autant plus important que les lois se font de plus en plus répressives, et que la Loppsi 2, récemment votée, offre de nouveaux outils légaux pour permettre le filtrage et le contrôle du Net par les autorités et pouvoirs en place.
Le collectif d’animation d’Indymedia Paris.
[1] Il est à noter d’ailleurs que chez les Anglo-Saxons, le copwatching sert avant tout à prévenir et à dénoncer les violences policières, en accompagnant les flics sur le terrain et en témoignant de leur action par l’image. A l’occasion d’un article récent en soutien à Indymédia Paris, Rebellyon a signalé une vidéo qui relève vraiment du copwatching. En comparaison, des photos de flics en civil dans les manifs ont un intérêt assez limité, d’autant qu’on en trouve énormément sur des sites comme Flickr ou même dans la presse dominante.
[2] Comme l’a rappelé la Commission nationale de déontologie et de la sécurité. Pour lire l’avis qu’elle a rendu sur le sujet, ainsi que d’autres détails juridiques, nous vous invitons à (re)lire l’article mis en ligne ici-même le 28 octobre dernier, « Aux apprenti-es copwatchereuses quelques règles à savoir ».
[3] Sur ce sujet, voir l’article Wikipédia et (re)lire, sur Indy Suisse : « le contrôle social jusque dans votre appareil numérique ». Exiv2 est un outil libre permettant de gérer les métadonnées (lien en anglais) Ajout du 28/12, 17:00 : Vous pouvez aussi vous tourner vers XnView, qui n’est pas libre mais est plus simple d’utilisation.
Post-scriptum :
Nous ne pouvons nous empêcher de nous étonner qu’Alliance et le ministre de l’Intérieur aient pu être choqués par le texte qu’ils nous reprochent d’avoir mis en ligne. Ce dernier était en effet somme toute assez mesuré quand on le compare aux paroles de haine que nous avons reçues en commentaires, et qui émanent de flics et/ou de militants d’extrême droite. Voici un petit florilège de ces commentaires auxquels vous avez échappé :
« bande d"enculé on va vous faire rentré chez vous a coup de taser dans le cul,dans pas longtemps la patrie se reveille . »
« BANDE DE FILS DE PUTES DE GAUCHOS, VOS MERES DOIVENT FAIRE DES PIPES AU BOIS DE BOULOGNE »
« Allez tous crever bande de batards gaucho anarchistes. C est clair qu avec des gens comme vous y a que des claques dans la gueule que vous meritez. Laissez la Police faire son travail car le jour ou vous en avez besoin vous etes les premiers a les appeler comme des petites tarlouzes. A moins que vous preferiez qu il n y ai plus de policiers sur le terrain et que vous vous fassiez en vahir par la racaille qui va vous voler, vous violenter, vous violer et même vous tuer. »
« Y en a marre de tous es petits branleurs juvéniles , la france est a la ramasse on laisse tout faire un petit coup de matraque dans la figure ne leurs fais pas de mal ,on est arrivé a un niveau de connerie humaine sans précédent et les bon mouton suivent allégrement toutes les allégations des uns et des autres sans comptez ces e...les de journalistes les plus pouris de tous. Il est clait que de dégouter les forces de l’ordre avec de tels propos ne peux qu’emmener un laissé aller et donc de l’insécurité.Messieur les beaux parleur si on vous cassais toux vos bureaux , bruler votre véhicule que vous avez eus du mal a payer , etc ... vous ne seriez pas content d’apréhender les vrai !!! casseurs. Arretez votre bla bla et aller jouer aux billes. »
« Feriez-vous la même chose en affichant aux yeux de tout le monde les photos, noms et localisation des délinquants pour que le citoyen puisse aussi régler ses comptes avec eux ? »
« vous etes une organisation de saloperies collabos’ne vous inquietez pas on va vous faire votre droit bande d’encules. »
« Fichez aussi les fonctionnaires de la Sécu qui m’ont refusé des indemnités à cause d’un papier et ont dit OK à l’arabe qui était saoul dans le caniveau mais n’était pas à jours dans les paperasses et arretez vos conneries. L’instigateur de ce site est-il clair au moins ? C’est certainement sa façon de déverser son fiel et sa rancœur »
« Quel est ce site minable et puant ? Il serait une bonne idée de vous traquer aussi et de montrer vos faces de singe aux vrais francais, ceux qui respectent l’ordre et la république. Vous semblez n’être que des petits glandus se prenant pour des journalistes ... Vous en êtes loin mdr :) De plus vous êtes dans l’illégalité, je serais ravi de les voir débarquer chez vous ces flics là ... Et certainement les 1ers à chialer si les cops ne vous viennent pas en aide quand vous en avez besoin... Bande de sous hommes »
« Ce site est un site de PD »
« On va tous vous crever sales gauchos................. entendez le bruit de nos bottes...... 2012 n’est pas loin !!!!!!!!!! »
« PD DE GAUCHOS 2012 APPROCHE ET ON SE SOUVIENDAS DE VOUS A COUP DE MATRAQUES DANS VOS GUEULES »
[édité le 28 décembre vers 11 heures]