Malgré l’ampleur de la mobilisation contre l’impopulaire « réforme »
des retraites, nous ne sommes pas parvenus à faire plier Sarkozy et
sa bande sur ce qui apparait être aux yeux de tous, une injustice de
plus…ou de trop.
Ce qui reste aujourd’hui de ce mouvement pour ceux qui ont eu
l’occasion de s’en saisir, c’est une tension palpable, un sentiment
de frustration, une colère dépassant largement la seule question de
devoir travailler deux ans de plus.
L’acquis de ce mouvement, ce que cherchent à faire perdurer notamment
l’Assemblée Générale Interprofessionnelle et la Maison de la Grève,
ce sont les liaisons entre étudiants, travailleurs et chômeurs,
syndiqués ou pas, qui se sont consolidées au cours des journées
d’action, des grèves et des blocages économiques.
Nous sommes nombreux à penser qu’il faut partir de là si nous voulons
faire entendre une parole politique qui ne soit pas celle des lieux
de prise de décisions institutionnels.
Nous entendons prolonger cette lutte bien que la force coercitive de
ce système capitaliste fasse tout pour dissiper toute potentialité de
résistance en faisant en sorte que chacun reste bien à sa place:
retour au travail pour les salariés après de lourdes pertes de
salaires, retour en cours pour les étudiants de plus en plus soumis à
une évaluation continue, retour à Pôle emploi pour les chômeurs
devant être prêts à accepter n’importe quel emploi.
Après la grève générale dans les Antilles (2009), celle en Espagne en
septembre dernier, la révolte en Grèce et les mouvements étudiants
récurrents en Europe, de nombreuses voix se font entendre affirmant
le refus d’un système économique dont la crise structurelle justifie
d’imposer toujours de nouveaux sacrifices à ceux qui subissent le
plus durement les conséquences de ce mode de gouvernance.
Nous, quelques étudiants, chômeurs et salariés précaires rennais,
pensons qu’il est aujourd’hui nécessaire de construire une position
offensive, par delà les résistances légitimes aux attaques
gouvernementales. Le gouvernement nous montre bien que la force est à
celui qui détient l’initiative.
Nous pensons qu’une telle disposition prend sens au sein des
universités qui ne peuvent pas poursuivre leurs activités comme s’il
ne s’était rien passé et pire encore, comme si les facs d’aujourd’hui
étaient un espace neutre, un en dehors de l’organisation capitaliste
du monde.
Ne nous sommes-nous pas par deux fois opposés à la loi dite autonomie
des universités (LRU) consacrant la subordination des universités aux
demandes des entreprises, sous l’égide d’un président investit des
pleins pouvoirs ?
De plus, étudiants, chômeurs et précaires, nous avons pu constater la
porosité de chacune de ces conditions.
En effet, certains sont inscrits à l’université et dans le même temps
doivent travailler pour toucher un salaire de misère pour ainsi
espérer accéder au nécessaire que nous payons chaque jour un peu plus
(tickets de RU, loyer, transports…).
Parfois, certains sont chômeurs au terme de leurs études. Certains
aimeraient les reprendre mais perdent alors leur allocation chômage
ou leur RSA.
Beaucoup doivent interrompre leurs études étant contraints de
travailler à temps plein et bien qu’ils désirent retourner à la fac,
le système ne leur laisse pas d’autres choix que de poursuivre le
turbin, dans des jobs qui n’intéressent personne, mal payés,
qualifiés d’alimentaires.
Enfin, à travers la formation continue, un nombre croissant de
salariés est amené à fréquenter l’espace universitaire.
Ce que nous avons de commun, c’est de refuser la subordination du
savoir aux exigences du développement capitaliste, façonnant notre
manière d’être et d’apprendre ; de refuser l’idée d’un savoir
indifférent aux conflits politiques qui traversent la société. Cette
idée, nous voulons l’inscrire au cœur de l’espace universitaire,
auprès de tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans son devenir
entrepreneurial et n’ont pas l’intention de servir de variables
d’ajustement (BIATOSS, enseignants, personnels vacataires et
précaires…).
Il s’agit donc tant de fabriquer et de faire circuler des savoirs en
lutte, que de construire des luttes où ces savoirs puissent s’inscrire.
Nous appelons pour ce faire à un comité de liaison universitaires-
précaires.
Nous invitons le plus grand nombre à participer à une première
discussion dans laquelle il sera question de :
-la constitution à l’université d’un espace politique, intersyndical
et transcatégoriel ouvert à tous ceux qui ne veulent pas attendre les
prochaines grandes échéances pour se mobiliser.
-le développement à Rennes 2, de pratiques d’autodéfense collective
afin de défendre nos droits et d’en conquérir de nouveaux dans les
espaces de gestion de la précarité (CROUS, CAF, Pôle emploi…).
- la mise en œuvre d’une réflexion critique à l’endroit de
l’université, permettant d’envisager notamment l’émergence de cours
alternatifs sur la base d’une coopération égalitaire entre
enseignants et non enseignants.
- toutes autres propositions visant à entretenir un esprit de
résistance sur le campus.
Rendez-vous pour créer notre comité de liaison
Mardi 7 décembre à 17h
hall B
Lors d’un goûter suivi d’une discussion
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