Super Président, amant globe trotteur, ami des stars, des monarques et des milliardaires, le Président Sarkozy brille de mille feux, dans les médias de ses amis, pour y défendre sa " politique
de civilisation ", " sa France d'après ". Pendant deux mois pourtant, ce sont tour à tour : les marins pêcheurs, les futurs médecins, les étudiants opposés à la privatisation des facs, et les
cheminots défendant les retraites par répartition qui ont inondé les rues, les gares et les universités avec slogans et banderoles. Ces petites gens que les puissants et les médias méprisent,
calomnient, insultent. Vous l'aurez compris ce journal n'est pas celui de la bande à Sarkozy et de ses collabos.
Le journal AntiCapitaliste veut rendre hommage à ces jeunes, ces hommes et ces femmes qui pendant des mois ont défendu leurs statuts et ont donné vie à un autre projet de société par en bas,
sans MEDEF, sans strass ni paillettes.
Dans un article du magazine Challenges (du 4/10/2007) intitulé : " Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! ", Denis Kessler ancien maoïste et vrai patron du CAC 40, prônait le projet
Sarkoziste de mondialisation et de gestion patronale du gouvernement. " Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant
elles paraissent variées, d'importance inégale, et de portées diverses " [...…] " A y regarder de plus près, on peut constater qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. " […...] "
Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ! "
Pourquoi une telle défense alors que tout semble aller si bien à Sarkoland ? Comme le défend Kessler, la France et surtout la gauche est bien différente aujourd'hui de ce qu'elle était en 1995.
Mais … pas les travailleurs, ou comme les caractérise l'UMP ces hordes "d'archaïques", "d'ignorants", "de réfractaires à la modernité".
L'offensive du MEDEF et du gouvernement tombe à point, dans une situation de crise de la gauche, profondément divisée par l'avancée de la mondialisation néolibérale.
Le PS, déjà, partagé entre la gestion de la misère sociale et la participation active à l'offensive néolibérale n'est plus capable de défendre un autre projet de société que la droite (UDF,
UMP). On a entendu durant l'élection présidentielle Ségolène Royal se réclamer du Blairisme alors que Tony Blair, lui, défendait Nicolas Sarkozy. Lors de la grève des cheminots et des
étudiants, François Hollande, premier secrétaire du PS, déclarait dans l'Est Républicain (du 23/11/2007) : "Le seul syndicat à combattre, c'est SUD, l'organisation qui ne cherche que la lutte".
Dans ce contexte, où seul SUD se faisait le porte-voix des revendications des assemblées générales des cheminots en défendant les 37,5 annuités pour tous, et des étudiants, en réclamant
l'abrogation de la LRU, alors même que les directions de la CGT et de l'UNEF, de leur côté, négociaient le recul social en acceptant l'augmentation de la durée de cotisations pour une retraite
à taux plein
et la privatisation des facs et de la recherche ; on peut se questionner sur l'objectif de la déclaration de F. Hollande.
La gauche antilibérale qui, suite à la victoire du NON au référendum, semblait pouvoir offrir une alternative à la chute aux enfers du PS, se retrouve aujourd'hui profondément divisée et
réduite à peau de chagrin. Dans un contexte de fortes tensions sociales, les mouvements cheminots et étudiants n'ont pu que peu compter sur une gauche antilibérale qui semble plus préoccupée
par les stratégies d'appareil pour les municipales que par la construction d'une mobilisation de masse pour stopper l'offensive du MEDEF. Les organisations de la gauche radicale ont décidé de
centrer leur attention sur leur propre construction laissant bien souvent leurs militants en grève se débattre, sans appui politique, face aux directions syndicales qui trahissaient le
mouvement. Le débat sur la création d'une possible alternative unitaire à la gauche du PS n'est pas à l'ordre du jour pour le moment.
Le PCF se retrouve forcé de faire alliance avec le PS pour garder ses mairies, alors que bon nombre de sections locales socialistes ont déjà déclaré qu'elles ne respecteraient pas ces accords
et se présenteraient face aux candidats communistes. La LCR, au sortir de son congrès, à décidé de se concentrer sur la création d'un "Nouveau Parti Anticapitaliste" centré autour d'Olivier
Besancenot et de se présenter "dans toutes les villes où elle le peut", excluant de fait la possibilité de participer à une dynamique unitaire avec les autres composantes du NON de gauche.
N. Sarkozy, en septembre dernier, était encore crédité de 57% d'opinion favorable. Aujourd'hui seulement 45% des sondés (sondage BVA) se disent solidaires de son action. Même si la popularité
du régime de Sarkozy s'affaiblit, aucune alternative politique unitaire à gauche, défendant les revendications des mouvements sociaux, ne semble en condition d'émerger. Les mobilisations de ces
derniers mois ont prouvé que, même face à la crise de la gauche et aux trahisons syndicales, il était possible d'organiser par en bas des mouvements de contestation de masse et démocratique.
Ces mobilisations ont affaiblit la popularité du gouvernement et ont affaiblit le désespoir et la peur chez les travailleurs, que la droite tente d'alimenter.
Bien d'autres batailles nous attendent. Pour gagner, nous avons besoin d'une alternative à gauche pour combattre la politique de civilisation de N. Sarkozy. Son projet n'est pas le nôtre ! Nous
refusons les expulsions de sans-papiers, la répression de la pauvreté et des mouvements sociaux, la casse du service public, le massacre du code du travail, et les licenciements soitdisant à
l'amiable. Nous refusons la guerre et la misère qu'inflige l'impérialisme à des populations entières pour nourrir la mondialisation des multinationales.
A travers nos résistances nous pouvons écraser le MEDEF et son caniche Président. Tous ensemble, construisons une gauche à l'image de nos luttes pour bâtir un autre monde.