Édito

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19 mars 2010

Internationalisation de Revues.org

Marin Dacos
Directeur du Centre pour l’édition électronique ouverte (Cléo) et fondateur de Revues.org

Les dix premières années de la vie de Revues.org ont été des années d’invention. Création du portail, mise en ligne de deux cent revues, création du logiciel Lodel et définition du modèle d’appropriation, invention de Calenda pour la diffusion des actualités de la recherche, puis d’Hypotheses.org, plateforme de carnets de recherches, ces séminaires virtuels permanents désormais indispensables.

Les dix prochaines années verront les portails du Centre pour l’édition électronique ouverte, Revues.org en tête, s’ouvrir plus fortement sur l’édition et la vie scientifique internationales. Cet effort a commencé par la mise en place d’une interface de navigation sur le portail largement traduite : les annonces à la une sont désormais consultables en anglais. Par ailleurs, le catalogue des revues et collections de livres indique également les langues et lieux de publication.

Même si la plupart des revues adhérentes sont à l’heure actuelle implantées en France, le portail accueille de plus en plus de publications éditées à l’étranger : près de 15 pays sont représentés. La navigation bilingue, instaurée sur le portail, se généralise sur les sites de revues et s’enrichit d’autres langues de traduction. C’est le début d’une véritable politique d’internationalisation que nous accentuerons en accueillant un plus grand nombre de titres portés par des communautés scientifiques dans le monde.

L’internationalisation, c’est aussi, pour le Cléo, la possibilité de s’inscrire dans des réseaux dont l’ampleur dépasse le strict cadre francophone. Ainsi sommes-nous régulièrement présents à la conférence Tools of Change for publishing qui a lieu annuellement en Amérique du Nord. Nous participons, en 2010, au premier Bookcamp organisé à Québec, au Canada. Plus largement, il s’agit d’être présents dans les forums et consortiums internationaux qui décident des standards techniques de l’édition électronique. Notre engagement sur ce plan se concrétise à quatre niveaux :

  • nous sommes membres du TEI Consortium qui définit le standard de structuration XML le plus important dans les sciences humaines ;
  • nous participons aux activités de l’IDPF qui travaille sur le format standard des livres électroniques : le format Epub ;
  • nous adhérons à Crossref, l’agence d’enregistrement des identifiants de documents numériques (DOI) pour les éditeurs de contenus scientifiques ;
  • nous sommes membres du DOAJ (Directory of Open Access Journals), qui participe à la structuration d’un espace scientifique mondial littérature scientifique en libre accès.

Identifiants numériques, structure XML des documents, format de livres électroniques, référencement ciblé : quatre niveaux d’intervention très techniques, mais dont les enjeux sont éminemment politiques. Très souvent dominés par des acteurs industriels anglo-saxons, ces consortiums sont faiblement investis par les Français. Ils constituent pourtant des lieux stratégiques sur le front de la circulation des savoirs à l’échelle internationale.

Les lecteurs de Revues.org
(analyse des résultats de l’enquête)

Lecteurs de Revues.org, qui êtes-vous ? C’est cette question que nous avons posée tout au long de l’année 2009 par l’intermédiaire d’une enquête en ligne au million et demi de visiteurs qui viennent chaque mois consulter les ressources que nous diffusons. Cette enquête fut un succès puisqu’elle a reçu plus de 700 réponses en quelques mois. Ce nombre, et les réponses obtenues l’ont confirmé, indique l’existence d’un lien singulier et singulièrement fort entre Revues.org et ses lecteurs. Au-delà, l’enquête fait apparaître un profil particulièrement « typé » du lecteur de Revues.org : aussi bien masculin que féminin, le lectorat est très nettement marqué sur le plan générationnel, avec une domination de la tranche d’âge 30-50 ans. Sur le plan socio-professionnel, là encore, une catégorie de lecteurs se dégage nettement : les chercheurs et enseignants-chercheurs en sciences humaines et sociales. Il apparaît donc que Revues.org joue un rôle important pour la communication scientifique interne, celle qui permet aux résultats de la recherche de circuler à l’intérieur des communautés scientifiques.

A contrario, la « diffusion des savoirs » apparaît en creux dans cette enquête. La faiblesse du public étudiant, en particulier de master, est remarquable et source de préoccupation pour nous. Un élément d’information supplémentaire peut donner des indications sur cette faiblesse : lorsque nous demandons à nos lecteurs le lieu à partir duquel ils consultent Revues.org, ou lorsque nous regardons à partir de quel site ils viennent lire les ressources que nous diffusons, il est frappant de constater à quel point les institutions médiatrices de l’accès aux publications scientifiques semblent absentes ; à commencer par les bibliothèques universitaires, d’où provient une trop faible proportion de notre fréquentation globale. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de travailler davantage en direction de ces institutions. Il s’agit de toucher de nouveaux publics, étudiants en particulier, qui sont les premiers usagers des bibliothèques universitaires et services communs de documentation. Très orienté « recherche » jusqu’ici, le portail Revues.org entend bien jouer désormais son rôle de médiateur pour l’enseignement supérieur en orientant les publics étudiants vers le meilleur de la production scientifique dans les disciplines des sciences humaines et sociales. C’est ainsi que nous souhaitons proposer une véritable alliance aux bibliothèques universitaires. N’hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus.