L’îlot A du quartier du Midi ne sera pas démoli

- “Le Soir”, 8 juillet 2008

Vers une solution du conflit opposant le comité d’habitants du quartier Midi et la Région? Un accord vient d’intervenir avec l’Arau (Atelier de recherche et d’action urbaines), qui fait office de médiateur.

Très compétent en matière d’urbanisme, l’Arau est en contact avec le comité Midi. Celui-ci, révolté par la lenteur des expropriations (elles remontent à 17 ans) et la faiblesse des montants offerts par la Région, a obtenu par voie de justice des prix bien plus élevés pour les propriétaires expropriés.

Ces expropriations font mal à la Région et à Charles Picqué (bourgmestre en titre de Saint-Gilles). L’image du PS, qui se comporte comme un méchant promoteur, est aussi écornée. C’est pourquoi Charles Picqué s’est concerté avec l’Arau pour trouver une solution.

Le ministre-président de la Région a fait étudier par ses services les possibilités juridiques et financières d’une rénovation (et non plus une démolition) des maisons de l’îlot A (Mérode, Claes, Norvège et Suède) soumis au PPAS (plan particulier) de 1992. Celui-ci prévoit une zone mixte : le logement y trouve donc parfaitement sa place. L’étude confirme la viabilité de la piste « rénovation » pour le dernier îlot meurtri du quartier.

La rénovation n’arrêtera pas les expropriations de la Région. Au contraire : elle devrait plutôt les accélérer, rejoignant ainsi le souhait des habitants épuisés par l’interminable incertitude qu’ils subissent depuis 17 ans. Pour l’Arau, qui a toujours privilégié la rénovation du tissu urbain, cette solution sauve ce qui peut encore l’être dans le quartier.

Quelque 34 logements sociaux seraient créés (en plus des 44 logements neufs programmés). Trois opérateurs travailleraient ensemble : le Fonds du logement et les régies de Saint-Gilles et de la Région. Seuls les immeubles donnant sur la rue de Norvège seront démolis pour céder la place à un vaste intérieur d’îlot vert, conformément au prescrit du PPAS.

• François Robert

La rue de Mérode sera un peu moins défigurée

- “La Dernière Heure”, 8 juillet 2008

La Région a décidé de rénover 19 immeubles de l’îlot A du PPAS Fonsny 1. Les expropriations restent néanmoins d’actualité.

BRUXELLES • Le bâti restant de l’îlot A du PPAS Fonsny 1, dans le quartier du Midi, ne sera pas détruit. La Région a lancé une étude afin de “déterminer les possibilités juridiques et financières de la rénovation de 19 immeubles d’habitations situés dans l’îlot compris entre les rues de Mérode, Claes, de Norvège et de Suède”.

Ces immeubles se situent plus précisément aux numéros 20-24 de la rue Claes, des numéros 115 à 89 de la rue de Mérode et des 17 au 21 de la rue de Suède. Même celle dans un état particulièrement lamentable de la rue de Mérode conservera quelques bribes de son passé : la façade.

Seules les 18-20 rue de Norvège et 13 de la rue de Suède (toutes propriétés de la Région) seront démolies. Un bâtiment neuf viendra fermer l’îlot et empiétera sur la rue de Norvège, vouée à disparaître.

Cette décision, prise suite à une concertation menée par l’Atelier de recherche et d’action urbaines (Arau), a pour objectif de défigurer un tantinet moins un quartier qui en a déjà pris plein la pomme.

“Nous pensons que cette décision va accélérer les choses car elle est moins ardue à mettre en oeuvre”, note de son côté la directrice de l’Arau, Isabelle Pauthier. “Ce n’est pour autant pas une solution facile, mais ça permet à la Région d’éviter un nouveau terrain vague dans le quartier.” Judicieux à quelques mois des prochaines élections régionales…

La Région ne renonce néanmoins pas aux expropriations, de peur de se retrouver avec tout le monde sur le dos. Les propriétaires des immeubles préservés peuvent néanmoins procéder eux-mêmes à cette rénovation, “le cas échéant, avec l’aide des primes à la rénovation”.

Rien ne garantit pourtant qu’ils retrouvent leurs biens après la rénovation. Les discussions risquent donc d’être serrées. Mais utiles pour Isabelle Pauthier : “Ce chantier a duré 17 ans car Charles Picqué a perdu des moyens d’action à un certain moment, surtout quand Willem Draps et Hervé Hasquin étaient à la Région”.

• M. L.

Midi, l’heure de la “rénovation”

- “La Libre Belgique”, 8 juillet 2008

Saint-Gilles • Le dossier de l’îlot A du quartier du Midi devrait enfin connaître son épilogue. Le gouvernement bruxellois et l’Arau sont arrivés à un accord. Les derniers “résistants” devraient quitter les lieux dans le courant 2009.

Seize ans. Presque toute une génération que l’îlot A du quartier du Midi attend de connaître son sort. C’est en effet en 1992 que le PPAS (Plans particuliers d’affectation du Sol) “Fonsny 1″ fixe le sort de quatre îlots (A, B, C et D) sis entre l’avenue Fonsny et la rue de Mérode, ainsi qu’entre la rue Claes et la rue de Russie. Soit à deux pas de la gare du Midi.

Sur papier, l’îlot A (compris entre les rues de Mérode, Claes, de Norvège et de Suède) doit être un “savant” mélange entre bureaux et logements. Dans le meilleur des mondes, le dossier serait ficelé en quelques mois. Quelques années au pire. Oui mais voilà entre conflits politiques, résistance des habitants ou spéculation immobilière, la “saga” du Midi installe peu à peu ses incertitudes dans le quartier. Les années passent et plusieurs majorités politiques se cassent les dents sur ces quatre épineux îlots appelés à se renouveler.

Si la situation s’est lentement débloquée ces derniers mois pour les îlots B, C et D (où cinq expropriations sont toujours en cours), la situation de l’îlot A connaît des soubresauts. C’est qu’une trentaine de ménages y vivent toujours et ne veulent rien entendre du projet de destruction de leurs habitations.

Devant ce dialogue de sourds entre autorités et riverains, le comité de quartier décide de faire appel à l’Arau (Atelier de recherche et d’actions urbaines) au cours de l’hiver dernier. “Nous avons immédiatement demandé à la Région une étude de faisabilité sur l’îlot, explique Isabelle Pauthier, directrice de l’Arau. De cette étude, il ressortait que les démolitions étaient évitables. Du moins sur une partie de l’îlot”.

Dans “un souci d’apaisement”, le gouvernement bruxellois a ainsi décidé d’adhérer récemment à ce plan qui a pour philosophie “rénover plutôt que démolir”. Seuls les immeubles donnant sur la rue de Norvège devront être démolis pour céder la place à un vaste intérieur d’îlot vert, conformément au prescrit du PPAS, explique-t-on au cabinet du ministre-Président Charles Picqué (PS). Les façades donnant sur la rue de Mérode seront par contre conservées et les immeubles (34 logements) subiront une “rénovation profonde”. Les propriétaires qui en feront la demande pourront rénover leur immeuble avec, le cas échéant, l’aide des primes à la rénovation. Deux constructions neuves (44 logements en tout) viendront compléter l’ensemble et serviront de “raccords” entre ces rénovations et les bureaux déjà existants sur l’îlot.

“Il était important pour nous non seulement de préserver une partie du patrimoine bâti de cet îlot, mais aussi de sortir de l’incertitude les ménages y habitant”, reprend Isabelle Pauthier, heureuse qu’une “solution rapide et équitable” ait pu être trouvée.

Un autre avantage, évoqué par la Région, est celui d’“accélérer l’amélioration des conditions de logement des habitants en travaillant par étapes successives”. Reste qu’on passe de nonante nouveaux logements (de type moyen) prévus dans l’esquisse initiale à une septantaine dans cette version “bis”.

Expropriations maintenues

La Région tient toutefois à le préciser : le plan d’expropriation est maintenu. “Les rénovations sont trop lourdes pour permettre aux ménages de demeurer pendant les travaux”, explique pour sa part Isabelle Pauthier. Les expropriations devraient ainsi suivre leur cours et la Région espère que les derniers “résistants” quitteront les lieux au plus tard en juin 2009.

L’ensemble du projet pouvant voir le jour en juin 2010. “On a tendance à l’oublier, mais il existe tout un accompagnement social pour les personnes expropriées, explique Olivier Pirotte de la commune de Saint-Gilles. “Tout est fait pour les aider à retrouver du logement, que ce soit dans le public ou dans le privé”.

Mais ces habitants auront-ils la possibilité de revenir dans ces immeubles après les travaux ? “Théoriquement ce n’est pas impossible, mais dans les faits, c’est peu réalisable, explique-t-on à la Région. Les solutions envisagées pour reloger les personnes expropriées sont des solutions durables. Il y a donc peu de chances qu’elles désirent retourner vers leurs logements d’origine”.

Reste à voir si les habitants concernés seront du même avis…

• Raphaël Meulders

Bxl-Midi: Picqué et l’ARAU d’accord pour rénover plutôt que démolir

- Dépêche Belga, 7 juillet 2008

Les immeubles d’habitations situés en face de la gare du Midi, entre les rues Claes et de Suède, et qui font l’objet d’un plan d’expropriation, pourront être rénovés si les propriétaires en font la demande, ont indiqué lundi le ministre-président bruxellois Charles Picqué et l’Atelier de recherche et d’action urbaines (Arau) à l’issue d’une concertation.

L’ARAU avait incité il y a deux mois la Région bruxelloise à changer d’attitude en matière d’expropriations dans le quartier de Bruxelles Midi, en cours de réaménagement depuis plusieurs années.

L’association dénonçait notamment la tension que subissent les habitants en raison de la menace d’expropriation “sommeillante et activable à discrétion par l’administration sans aucun avertissement” et réclamait que la Région reprenne les choses en mains. Des décisions de justice défavorables à la Région s’étaient ajoutées à ces plaintes.

A la suite d’une concertation avec l’ARAU, le ministre-président bruxellois Charles Picqué a commandé une étude sur les possibilités juridiques et financières de la rénovation d’une série d’immeubles d’habitations. Ceux-ci sont situés entre les rues de Mérode, Claes, de Norvège et de Suède.

L’étude en question a conclu que l’objectif de logement du Plan particulier d’aménagement du sol (PPAS) pouvait être atteint en rénovant les bâtiments existants plutôt qu’en procédant à une démolition-reconstruction.

M. Picqué a donc décidé une opération de rénovation complétée par deux constructions neuves destinées à refermer l’îlot.

Le plan d’expropriation est maintenu. Les propriétaires qui en feront la demande pourront rénover leur immeuble avec, le cas échéant, l’aide des primes à la rénovation.

Quant aux immeubles qui auront été expropriés, les pouvoirs publics procéderont à leur rénovation complète. Seuls les immeubles donnant sur la rue de Norvège devront être démolis pour céder la place à un vaste intérieur d’îlot vert, conformément au prescrit du PPAS.

Le ministre-président et l’ARAU disent avoir voulu accélérer l’achèvement de ce projet en assurant le maintien du front bâti de cette partie de la rue de Mérode.

BPE/NBA

Lire le communiqué commun de Charles Picqué et de l’ARAU.

Le quartier Midi dans votre salon !

PTTL & VOX présentent
l’édition DVD de “Dans 10 jours ou dans 10 ans…”

“Dans 10 jours ou dans 10 ans…” (2008), documentaire sur la “revitalisation” du quartier Midi, vient de paraître en DVD. Enrobé d’un joli petit livre imprimé en stencil, il y est agrémenté de rushes et séquences coupées (2006-2008) issues des précédentes versions du film et accompagné du court métrage “L’entrée des investisseurs dans Bruxelles” (2008), qui relate une procession dantesque menée dans les rues de Saint-Gilles à la gloire du PDI (Plan de développement international). Ce n’est pas tout. Ce DVD vous emmènera aussi dans les rues du quartier “européen” avec le film “Façadisme, choucroute et démocratie” (2002), qui retrace la construction du Parlement européen au quartier Léopold; dans les méandres de la Cité administrative et du quartier des Bas-Fonds, avec les deux épisodes sonores de “La Cité perdue” (2006-2007); mais aussi dans les hautes sphères du “city marketing” grâce à deux émissions radiophoniques d’“AlterEcows” (2003) vachement instructives…

L’ensemble (totalisant 201 minutes de vidéo + 241 minutes de documents audio + 60 pages de textes et images) est disponible dans une quinzaine de librairies bruxelloises (consulter la liste des points de vente). Il est aussi possible de le commander par email. Tous les informations ici.

Prochaines pojections de “Dans 10 jours ou dans 10 ans…”

• Samedi 19 juillet à 19h30
Projection-débat organisée par UrbAgora et le comité de quartier Fragnée-Blonden
à la haute école HEMES, 9 rue de Harlez à 4000 Liège. Prix libre.

• Vendredi 24 octobre à 20h00
Projection-débat à l’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB)
61, rue de la Victoire à 1060 Saint-Gilles.