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Denis Pessin |
: La protection fournie par les anti-virus est-elle suffisante et le sera-t-elle pour les virus de demain ?
Éric Filiol : Nous sommes en retard de 20 ans dans la lutte anti-virale. Les modèles utilisés datent de1986 et, s’ils envisagent de nombreuses classes de virus, ils ne savent bien traiter que les plus simples. Les virus, eux, évoluent vite et, aujourd’hui, on voit émerger une nouvelle algorithmique virale. Pour y faire face, il est nécessaire de développer son pendant anti-viral. Or il y très peu de recherche dans le domaine : 5 thèses seulement ont été répertoriées en virologie depuis 20 ans dans le monde. La communauté anti-virale est constituée des éditeurs et ils sont empêtrés dans les logiques commerciales qui leur font préférer l’absence de contraintes pour l’utilisateur (pas de ralentissement) à l’efficacité. Mais les attaques sont de plus en plus fréquentes, de plus en plus sophistiquées et invalidantes.
: Vous avez fondé la revue Journal in Computer virology chez Springer pour relancer la recherche dans ce domaine ?
Éric Filiol : La recherche anti-virale demande des études théoriques, du formalisme. Il y a de très intéressants problèmes de calculabilité, de complexité, de mathématiques discrètes et de probabilité qui devraient attirer de bons scientifiques. Encore faut-il pouvoir publier et bénéficier d’une évaluation de qualité. Après trois ans d’existence, Computer virology est répertorié dans les principales bases de données scientifiques. C’est très encourageant. Tout comme la création récente à Nancy par Jean-Yves Marion, avec qui j’ai de multiples occasions de collaborer, d’une équipe dédiée à la virologie et d’un laboratoire de virologie haute sécurité (voir encadré). C’est une première et c’est important car je crois beaucoup à l’apport de l’école française - mondialement reconnue en algorithmique et complexité - à la virologie.
Éric Filiol,
Chef du laboratoire de virologie et de cryptologie à l’Esat, Rennes
Tél. : + 33 2 99 84 36 15
Laboratoire de haute sécurité Financé par la région Lorraine et piloté par l’INRIA, un laboratoire de haute sécurité en informatique doit s’ouvrir prochainement à Nancy. Il devrait permettre de conduire dans un cadre légal des expérimentations sur le déploiement de systèmes d’attaque et de défense contre des codes malveillants (virus, vers, chevaux de Troie…), et l’utilisation de techniques virales pour développer de nouvelles technologies de lutte et la détection de failles. De nombreuses compétences seront mises à contribution pour réaliser le dispositif : un télescope virtuel, dont le rôle est de repérer les codes malveillants afin de les analyser, et une défense pro-active, capable de faire face à des virus encore inconnus. Sur le plan économique, des retombées sont envisagées autour d’une activité de conseil mais également via la vente à des partenaires industriels de portions caractéristiques des codes malveillants qui sont nécessaires à la fabrication d’anti-viraux efficaces. Contact :Jean-Yves Marion,Équipe CARTE, INRIA Nancy - Grand Est Tél. : + 33 3 54 95 84 60 |