La Patrie serait en danger qu'il n'y aurait pas autant de mobilisation, du moins du côté des industriels. La « contrefaçon », voilà l'ennemi…. Cet acte inqualifiable qui met en péril l'emploi (c'est que l'on dit), mais surtout les profits des grosses entreprises (ce que l'on dit moins)… est dénoncé par les libéraux (qui sont pour la libre concurrence et la déréglementation) avec la dernière des énergies.
Pourtant, se payer une marque au « moins coûtant », n'est ce pas une attitude tout à fait conforme au comportement de l' « homo economicus », c'est-à-dire un comportement parfaitement rationnel, si cher aux libéraux ?
QUAND LA « MARQUE » TRANSCENDE LE BESOIN
La marque est devenue une fin en soi. Le consommateur n'achète plus, par exemple un « vêtement pour se vêtir », mais une marque. Ce n'est plus le besoin primaire qui s'exprime de manière privilégiée chez le consommateur, le « besoin de se vêtir » mais le fait de « porter un vêtement de marque ». On assiste à une déconnexion entre le besoin « réel » et la signification sociale, le signe social de l'objet… le besoin de reconnaissance sociale devient le besoin… et c'est la marchandise qui en est le support.
Le caractère spectaculaire de la marchandise atteint là son point culminant au point de faire oublier, dans la conscience collective, ce qu'elle est en réalité : un moyen de satisfaire un besoin (valeur d'usage) et un moyen de valoriser le capital (valeur d'échange).
L'existence matérielle de la marchandise est transcendée par le signifiant social de son existence.
MARCHANDISE ET « ANTE-MARCHANDISE »
A l'image de l'Antéchrist qui nie le Père et le Fils, qui n'agit qu'en fonction de sa volonté et qui ne fait que porter le Mal, l' « anté-marchandise », la contrefaçon, détourne les règles de l'existence sociale de la marchandise tout en en adoptant les caractéristiques à l'image du Malin qui change de forme pour tromper le fidèle.
Comme l'Antéchrist qui tente le croyant le détournant de la foi, elle tente le consommateur et le corrompt au regard de la loi.
La contrefaçon est vécue, par les producteurs, qui voient leurs productions, détournées, comme de l'hérésie. A ce titre leur existence est niée, la contrefaçon doit être détruite comme « économiquement impures ».
La marchandise c'est le statut social de la production : on produit pour une demande solvable afin de réaliser la valeur produite et ainsi rémunérer le capital investi dans le processus de production.
La contrefaçon, l' « anté-marchandise » est à la marchandise ce que la fausse monnaie est à la monnaie. La fausse monnaie peut, en effet, permettre d'acheter, si elle n'est pas détectée. L' « anté-marchandise », la contrefaçon, permet de satisfaire le besoin de reconnaissance sociale du consommateur. De même que le faux monnayeur sait que sa monnaie est fausse, l'utilisateur de la contrefaçon sait que c'est une imitation de la marque. Mais qu'est ce qu'une imitation de marque sinon une signe social recherché par le consommateur qui n'est pas passé par le circuit « normal » de la production.
Dans les deux cas, il y a, bien entendu, transgression de la règle sociale, pas de l'image sociale. Or tout est fait par le producteur pour piéger le consommateur par une vision fantasmatique de l'objet… et il s'étonne qu'il ne soit intéressé que par cette illusion ?
Et puis, comble de perversité, la contrefaçon se glisse dans les habits marketing de la marchandise, la publicité, en épouse les formes, en profitant de ses appâts, au point que la publicité faite pour valoriser la marchandise lui profite… le crime est presque parfait.
C'est cette vision fantasmatique qui est à l'origine du délit de production de la contre façon et qui crée le délit d'achat de celle-ci…
BUCHER ET PENITENCE
Un tel crime de lèse marchandise mérite un châtiment exemplaire.
Dans l'acte de destruction des contrefaçons, que détruit-on exactement ? On ne détruite pas la valeur d'usage, en effet ces marchandises contrefaites pourraient remplir leur fonction de satisfaction des besoins. On ne détruit pas la valeur d'échange, elles pourraient parfaitement circuler sur le marché et même à des conditions plus avantageuses pour le consommateur (moins chère). Non, ce que l'on détruit c'est, à la fois le signe social qu'elles représentent, ou plutôt qu'elles usurpent, et d'une certaine manière les conditions économiques de leur production. La marchandise contrefaite existe dans sa structure mais nie la marchandise dans son existence sociale et économique, révélant ainsi, s'il en était besoin, le caractère spectaculaire de la marchandise.
Cet acte de destruction est d'abord et essentiellement un spectacle, consciencieusement mis en scène auquel est convié la masse des consommateurs via les médias : un bulldozer pour écraser des montres, autant dire un marteau pilon pour écraser une mouche. Ce que l'on met en spectacle ce n'est pas la destruction de la marchandise, mais de l' « anté-marchandise ». La violation, par la contrefaçon, du caractère spectaculaire de la marchandise doit être compensé par le spectacle de son anéantissement. Cette destruction, sa forme, le symbole, évoque le bûcher purificateur et expiatoire sur lequel finissait au Moyen Age les sorcières et les hérétiques et autour duquel étaient conviés les fidèles qui auraient pu être tentés par hérésie. L'anté-marchandise est immolée. Il y a quelque chose de religieux dans la solennité cet acte.
C'est acte de destruction a une signification bien particulière : il est un avertissement au fameux « client-roi » ou « consommateur-roi ». Cet acte dit en substance « Consommez, consommez, mais pas dans n'importe quelle condition, vos désirs, vos fantasmes ne sont pas les vôtres, ils ne vous appartiennent pas, ils appartiennent à ceux qui les ont crées ». Quel aveu !
Au nom de la liberté du consommateur, la destruction de la contrefaçon est la mise en spectacle de sa propre aliénation.
DU CLIENT-ROI… AU CONSOMMATEUR SUSPECT
Que cherche le consommateur dans l'achat conscient de la contrefaçon ? Une manière d'être, une volonté de reconnaissance sociale au travers d'une « marchandise impure », qu'il sait économiquement « impure », mais « peu importe le flacon pourvu qu'on ai l'ivresse ». Mais dans le système marchand tout est tarifé, y compris l'ivresse et le rêve.
La transgression de l'interdit est d'autant plus jouissive qu'elle joint l'utile à l'agréable. Elle permet, en effet, de profiter de la même « reconnaissance sociale » au travers de la possession de l'objet, que celle fournie par la marchandise « officielle », mais à un prix nettement inférieur. La tentation est grande et beaucoup y cèdent.
On comprend difficilement, ou trop bien, pourquoi des « libéraux » peuvent condamner une telle attitude qui est parfaitement conforme aux comportements rationnels du consommateur idéal qu'ils louent dans leurs théories.
Le châtiment, car il ne saurait ne pas y avoir de sanction, c'est outre la condamnation judiciaire, la détention d'objets contrefaits, la culpabilisation morale « vous participez à la destruction d'emplois ». Cette culpabilisation ne manque pas de sel de la part d'un système qui ne se préoccupe de la « destruction d'emplois » qu'à cette occasion !
De même qu'ils arguent d'une « qualité douteuse » des marchandises contrefaites. C'est certes vrai dans certains cas, mais est-ce la vraie raison de leur colère ? Et puis le consommateur n'a-t-il pas le droit de choisir, eux qui font de ce droit la clé de leur théorie de la consommation ? Et comment se fait-il que c'est justement dans ce cas qu'ils se préoccupent de qualité alors qu'ils rognent systématiquement sur la qualité pour réduire les coûts ?
La pression faite sur le consommateur pour acheter, sa manipulation par la publicité, son excitation par les modes ont crée une spirale incontrôlable par celles et ceux qui en sont à l'origine.
Alors, client roi ? Non, consommateur sous contrôle.
La condamnation de la contrefaçon par le système marchand c'est le pyromane qui crie au feu.
Patrick MIGNARD
Voir aussi les articles :
« LA PUB OU LA VIE »
« LES SOLDES, CET OBSCUR OBJET DE DESIR »
« COPIER N'EST PAS JOUER »
Gaz lacrymogènes : des gaz toxiques
Des tonnes de ces gaz se déversent chaque jour en Algérie, ce qui dans l'opinion était un simple gaz pour disperser les gens, devient un gaz mortel. Eu fait ce sont des gaz toxiques qui ont vu les Nations Unis (ONU) initier une action pour bannir ces toxiques dans le protocole de Genève, mais sans succès. Nous allons présenter ces toxiques afin de permettre aux personnes de bien connaître ces gaz toxiques et donc de mieux se prémunir.
Un peu de Chimie : 3 agents sont principalement utilisés : le 1-chloroacétophénone (CN), le 2-chlorobenzylidenemalononitrile (CS) et le dibenz[b,f]-1,4-oxapine (CR). Ces gaz, sous forme de poudre, sont combinés à une base pyrotechnique qui les fait volatiliser sous forme d'un aérosol au contact de l'air frais. A l'état naturel ils sont sous forme solide et au contact de l'eau, ils subissent une hydrolyse.
L'eau est donc l'ami des manifestants.
Toxicité mortelle : Plusieurs études démontrent la toxicité importante de ces gaz dans un espace confiné. Plusieurs études ont rapporté des décès dus à ces gaz. Ainsi, lorsque une personne reçoit des bombes à gaz lacrymogènes à l'intérieur de son domicile et qu'elle n'arrive pas à se sauver à l'extérieur (cas des personnes âgées et des bébés), elle risque de perdre la vie assez rapidement. Cette issue fatale, lors d'expertise médico-légale, est due soit à une atteinte pulmonaire et/ou une asphyxie.
Toxicocinétique et physiopathologie : Nous nous excusons pour ces termes scientifiques, mais il faut être précis. Les gaz toxiques sont de puissants irritants des muqueuses et des activateurs des glandes lacrymales. Le CN et le CS sont des agents alkylants, c'est-à-dire réagissent avec les protéines et autres molécules comme l'ADN et les enzymes. L'effet immédiat est la nécrose tissulaire, l'inactivation de plusieurs enzymes. Les effets à long terme sont de 3 types :
l'effet mutagène et donc cancérigène de produits.
l'effet tératogène : les femmes enceintes risquent donc d'avoir des enfants avec des malformations.
l'effet nécrosant : une pneumopathologie chronique peut malheureusement s'installer et devenir irréversible.
Ces gaz toxiques sont rapidement absorbés par voie pulmonaire. Une grande partie est hydrolysée puis éliminée par les reins dans les urines. ce qui explique que les insuffisants sont très sensibles à ces gaz toxiques.
Tableau Clinique :
Yeux : On voit apparaître rapidement des érythèmes de la conjonctive, une douleur, une lacrymation, une augmentation de la pression intra-oculaire .Les symptômes diminuent 30 minutes après exposition. Parmi les atteintes oculaires qui risquent de s'installer, on notera : une conjonctivite irritante, un ecchymose, un oedème de la cornée, une kératite nécrosante avec perte de substance, une nécrose coagulante, une iridocyclitite et une déformation de l'angle de la chambre antérieure.
Voies respiratoires hautes : On note une rhinorhée, une irritation et congestion nasale, une bronchorhée, une toux, des éternuements, un goût amer. La brûlure de la langue a lieu rapidement.
Poumons : Laryngeotrachéobronchite est observée lorsque l'exposition à ces gaz se prolonge. Un enfant développe des râles persistants avec ou sans sifflement, une toux et des sécrétions bronchiques durant 3 à 4 jours après seulement 2 heures d'exposition à ces gaz .les bébés et jeunes enfants avec les personnes âgées sont une population fragile et très sensible à ces gaz toxiques, ainsi que les insuffisants rénaux. Ils peuvent développer une syndrome de dysfonctionnement respiratoire réactif. ce syndrome ainsi que la bronchopneumonie et un oedème pulmonaire peuvent s'installer définitivement. On peut assister aussi à une fièvre persistante.
Système digestif : On assiste à des douleurs de crampes abdominales et à des diarrhées. Le foie peut subir une atteinte nécrosante importante de type stéatose.
Système cérébral : Un oedème cérébral peut s'observer.
Peau : Brûlures et érythèmes pouvant donner lieu, si exposition prolongée, à l'installation d'un prurit, d'un rash papulovésiculaire et une allergie sensitive à ces gaz. Ces effets chroniques se voient en général quelques jours après exposition répétées.
Sur un plan médico-légal Vu qu'il y a eu des morts suite à ces gaz toxiques, des enquêtes judiciaires peuvent être ouvertes avec comme partie de dossier des expertises toxicologiques pour asseoir la cause toxique de ces décès. La méthodologie scientifique passe par la recherche de ces gaz et de leurs métabolites dans les urines, le sang et certains organes comme le rein et le foie. Mais un milieu biologique est aussi à privilégier c'est l'humeur vitrée. La technique d'analyse est la chromatographie gazeuse couplée à la spectromètrie de masse.
Traitement :
Si une bombe lacrymogène est jetée à l'intérieur d'un domicile, on doit quitter rapidement cet espace confiné.
Le vinaigre (acide acétique), le citron (acide citrique) permettent de diminuer la toxicité de ces gaz en réagissant avec eux. Il est donc conseillé d'imbiber les mouchoirs avec du vinaigre ou du citron pour respirer moins ces toxiques.
L'eau rajoutée à du savon liquide, à défaut à une lessive permet de laver la peau et donc de diminuer l'effet irritant de ces gaz.
Si irritation des yeux, laver abondamment avec de l'eau physiologique (se prépare en faisant dissoudre 9 grammes de sel de table NaCl dans 1 litre d'eau bouillie), ou à défaut de l'eau courante.
Atteinte pulmonaire avec toux, traiter avec de l'ampicilline durant 1 semaine et associer une corticothérapie et des antalgiques. Pour les bébés, la corticothérapie ne doit pas dépasser 3 jours.
Pour les cas graves avec détresse respiratoire, prise en charge immédiate en réanimation avec suivi des gaz du sang, monitorage cardiaque et ventilation avec oxygénothérapie et les bronchospasmes traités à l'aminophylline et au salbutamol.
Il est conseillé aux femmes enceintes d'augmenter la surveillance médicale de leur grossesse et pour les personnes ayant présenté des atteintes pulmonaire, il leur est conseillé de faire des radio pulmonaires à distance de l'exposition à ces gaz toxiques.
utilisons le réseau indymedia france et mondial et les médias libres pour centraliser tout les témoignages sur les séquelles et les effets secondaires dus a l'usage de nouveaux gaz lacrymogénes depuis les débuts du mouvement contre le cpe et le cne
En tant que populations civiles nous avons pas a servir de cobayes aux expérimentions sécuritaires du gouvernement totalitaire des chirac Sarkozy de villepin
Effets secondaires des gaz lacrymogènes
Besoin de témoignages
Des informations sur le sujet il est évident que depuis tout le mouvement ante cpe et anti cne nous manifestant-es servons de cobayes aux troupes répressive de Sarkozy
http://rennes-info.org/article.php3?id_article=542
comment se fait il que cyril férez qui est resté longtemps a terre matraqué sonné par les crs place de la nation donc dans les gaz lacrymogènes utilisés ce jour une fois sorti du coma , souffre maintenant aussi d'une grave infection pulmonaire
d'autes informations
les compositions chimique des gaz lacrymogénes
" Les gaz lacrymogènes sont réalisés à base de produits halogénés. CB = chlorobenzilidène-malonitrite irritation des yeux du nez, de la gorge. Les pshychotropes comme le BZ et Blue X peuvent être utilisés par des services spéciaux, mais ils ont des effets secondaires à la longue, comme les pertes de mémoire "
source groupe de recherche sur les armes non " létales " suise
Un autre témoignage de rennes
1.ON RESTE ! CONTINUEZ ! Malheureusement, à Paris comme à Rennes, notre mobilisation contre le CNE et contre le CPE ne nous rapportent que des coups de matraque et de rangers ainsi que des intoxications aux gaz utilisés massivement par les forces de l'ordre
QUESTION : que contiennent exactement ces gaz Nous avons constatés à Rennes d'importants effets secondaires en plus des effets irritants et suffocants immédiats : une impressionnante léthargie qui nous a tous pris 1h après avoir été gazés dans la gare occupée, importantes et persistantes douleurs musculaires jusqu'à 4 jours après les faits, ainsi que des irritations des voies respiratoires persistantes plusieurs jours après : angines carabinées, problèmes respiratoires aigus... L'utilisation des gaz laryngales est interdite en cas de conflit militaire (convention de Genève) mais ne pose pas de problème a priori pour une utilisation en veux tu en voilà contre les populations civiles.
QUE CONTIENNENT EXACTEMENT CES GAZS RESISTANCE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX MANIFESTANTS
Les canons a eaux pas innocentE non plus Sources amnesty international
Contrôle ou répression des foules
Certains équipements de sécurité, tels que les canons à eau, le gaz lacrymogène et les balles en plastique, peuvent être légitimement utilisés dans certaines circonstances ; des informations probantes montrent que ce type d'équipement est néanmoins employé pour punir des manifestants pacifiques et favoriser des violations des droits humains. Tout en ayant connaissance de ces informations, des sociétés et des gouvernements étrangers n'hésitent pas à faire la promotion et à vendre des équipements destinés au contrôle des foules à des pays tels que la Malaisie et l'Indonésie.
Le 26 mars 1998, des policiers malaisiens brandissant des matraques et armés de canons à eau et de grenades lacrymogènes sont entrés dans le camp de Semenyih, dans le but de rapatrier de force des centaines de réfugiés qui avaient fui la répression en Aceh. Une émeute 'sen est suivie : au moins huit réfugiés et un policier ont trouvé la mort et des dizaines d'autres ont été blessés. Selon un article de presse, le porte-parole de la police, Ghazali Mohamed Amin, a déclaré que l'opération avait été lancée contre les réfugiés originaires de l'Aceh parce quils étaient là depuis trop longtemps .
Entre la fin 1998 et lannée 2000, une série de manifestations essentiellement pacifiques en faveur de lancien Vice-Premier ministre emprisonné, Anwar Ibrahim, ont été réprimées dans la violence par la police malaisienne. Celle-ci a aspergé la foule avec du gaz lacrymogène et de l'eau mélangée à des produits chimiques irritants. Les manifestants, pourtant pacifiques, ont également été frappés à coups de matraque. En septembre 1999, un certain nombre de contestataires ont, semble-t-il, été admis à lhôpital pour après avoir été frappés et avoir souffert des effets secondaires des produits chimiques contenus dans leau projetée par les canons.
voir aussi en finir avec les marchands de douleurs les arme non " létales " ( cz gazs au poivres , lacrymogénes flash balls tazers )
http://web.amnesty.org/library/Index/fraACT400082003
Extrait du rapport sur les gaz lacrymogéne
Les gaz lacrymogènes
Ce terme est utilisé pour désigner couramment une famille de produits chimiques irritants dont l'utilisation par la police et les services de sécurité dans le cadre du contrôle des foules et du maintien de l'ordre public est autorisée dans la plupart des pays. Les agents irritants provoquent des douleurs chez les personnes exposées et doivent être utilisés en quantités très limitées, dans des situations bien contrôlées, et uniquement pour disperser des assemblées en cas de risque imminent de blessures graves. Or, les gaz lacrymogènes sont souvent utilisés de manière abusive pour blesser des personnes et réprimer des manifestations pacifiques. Au cours de ces cinq dernières années, Amnesty International a fait état de l'utilisation de gaz lacrymogènes contre des manifestants, souvent pacifiques, dans plus de 70 pays.
Grèce
Le 24 mars 2003, le doyen de la faculté de pédagogie de l'université Aristote de Thessalonique, en Grèce, a participé à une manifestation pacifique contre la guerre en Irak. Il est tombé à terre à la suite de l'explosion d'une grenade lacrymogène à côté de lui, et il aurait ensuite été piétiné par des policiers antiémeutes(124).
Jordanie Des gaz lacrymogènes et des matraques ont aussi été utilisés contre des manifestants antiguerre en Jordanie le 21 mars 2003. La plupart des forces de sécurité utilisent du gaz CS, qui provoque « une sensation de brûlure dans les yeux […] une irritation importante des voies respiratoires, des brûlures douloureuses dans le nez, des éternuements, des douleurs dans la poitrine et une oppression respiratoire. Même des doses très faibles peuvent provoquer une augmentation rapide de la tension artérielle, entraînant des haut-le-cœur, des nausées et des vomissements(125) ».
Israël
Le 3 avril 2002, quelques jours après la nouvelle invasion des villes palestiniennes de Cisjordanie par l'armée israélienne, une foule de 5000 à 6000 personnes - « des militants pacifistes israéliens, des Palestiniens vivant en Israël et des membres palestiniens de la Knesset, le Parlement israélien » - s'est rassemblée au poste de contrôle de Kalandia, entre Jérusalem et Ramallah. Cette manifestation avait, semble-t-il, pour objectif de protester contre le bouclage de Ramallah et « d'obtenir que l'aide humanitaire collectée par la population pour répondre à des besoins urgents - des médicaments et de la nourriture - puisse entrer dans Ramallah. « Les femmes en tête, nous nous sommes rendus à Kalandia et nous nous sommes dirigés directement vers le poste de contrôle, qui consiste actuellement en un tas de blocs de plastique et de béton […] lourdement gardé par des soldats et des policiers israéliens armés.
"Nous avons commencé à nous entasser contre les blocs. J'étais en première ligne. Les soldats et les policiers ont réagi en faisant exploser des bombes sonores au-dessus de nos têtes, ce qui a provoqué un mouvement de panique. Ils nous ont lancé des bombes lacrymogènes. Le gaz lacrymogène empêche d'abord de respirer, puis provoque une douleur intense en entrant dans les poumons et dans les yeux […] Les gens se sont dispersés, cherchant à s'abriter […] Quelques minutes plus tard, ils se sont rassemblés de nouveau […] Après de longues tractations et de nombreuses supplications, le camion est entré dans Ramallah […] « Les policiers ont écarté leurs barrières en plastique et ont commencé à nous poursuivre, tirant des gaz lacrymogènes dans la foule et nous frappant avec leurs matraques. Nous avons continué de nous regrouper, scandant des slogans, agitant des drapeaux palestiniens, nous tenant par la main, refusant de céder aux coups, et refusant de recourir à la force […] Quand nous réagissions, ils nous frappaient. Quand nous courrions, ils nous poursuivaient, lançant des bombes lacrymogènes et nous frappant […] Dans les moments de répit entre les gaz lacrymogènes, les bombes sonores et les violences policières, nous nous serrions les uns contre les autres, pleurant parfois. Quand nous avons regagné nos bus, nous avons pu compter les victimes : une trentaine de blessés […] Un jeune homme a eu un doigt arraché par une bombe lacrymogène qui a explosé à côté de lui(126)."
Canada
Selon des témoins oculaires, pendant les trois jours du sommet des Amériques organisé à Québec en avril 2001, la police canadienne a employé des gaz lacrymogènes contre des manifestants qui protestaient pacifiquement, sans mettre en danger les biens d'autrui, et qui ne constituaient pas une menace pour les policiers. Des tirs de gaz lacrymogènes ont été effectués sans raison apparente ; ils visaient directement des personnes ou l'intérieur de locaux privés(127).
Porto Rico
En avril 2001, sur l'île portoricaine de Vieques, de grandes quantités de gaz lacrymogène et de gaz poivre ont été pulvérisées à l'aveuglette sur des centaines de manifestants pacifiques. Ces manifestants, parmi lesquels figuraient des personnes âgées et des enfants, protestaient contre l'utilisation de leur île par la marine étasunienne pour des exercices militaires, dont certains à balles réelles. Un groupe d'enfants qui jouait devant la barrière de la base navale a été aspergé de gaz lacrymogène, ainsi que des personnes qui participaient à un office religieux à l'extérieur de cette base. " La diffusion de grandes quantités de substances chimiques dans des foules non violentes est clairement incompatible avec les normes internationales, qui exigent des responsables de l'application des lois qu'ils n'utilisent la force qu'en dernier recours, proportionnellement à la menace existante et de manière à limiter au maximum les dommages ou les blessures », avait déclaré Amnesty International à l'époque(128). Les Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l'utilisation des armes à feu par les responsables de l'application des lois disposent : « Lorsque l'usage légitime de la force ou des armes à feu est inévitable, les res-ponsables de l'application des lois : « a) en useront avec modération et leur action sera proportionnelle à la gravité de l'infraction et à l'objectif légitime à atteindre ; « b) s'efforceront de ne causer que le minimum de dommages et d'atteintes à l'inté-grité physique et de respecter et de préserver la vie humaine ; « c) veilleront à ce qu'une assistance et des secours médicaux soient fournis aussi rapidement que possible à toute personne blessée ou autrement affectée ».
Aucun de ces Principes de base des Nations unies ne semble avoir été respecté par les policiers français le 23 décembre à Paris. Omar Baha, acteur français d'origine algérienne, âgé de trente-huit ans, a été le témoin d'une altercation entre un homme, Sébastien de Freitas, et des policiers qui avaient utilisé du gaz lacrymogène pour disperser un attroupement à une station de métro. Le frère de cet homme, âgé de quatre ans, avait été incommodé par ce gaz et Sébastien de Freitas avait protesté auprès des policiers, qui l'auraient ensuite jeté à terre et frappé. Quand Omar Baha est intervenu, le policier qui avait utilisé le gaz lacrymogène l'a, semble-t-il, frappé au visage avec le culot de la bombe de gaz, puis d'autres policiers lui auraient donné des coups. En détention, un médecin de garde a diagnostiqué une fracture du nez mais, pendant ses deux jours de garde à vue pour « incitation à l'émeute » (charge illégale que le tribunal a écartée par la suite), Omar Baha n'a pas été autorisé à recevoir les soins médicaux nécessaires à l'hôpital(129). En Argentine, du gaz lacrymogène a aussi été utilisé contre Nadia Echazú : « Nadia Echazú, un […] travesti, [a] été arrêtée le 7 octobre [2001] par des fonctionnaires du commissariat de police n°25, à Buenos Aires, alors qu'elle participait dans la rue à une campagne de prévention du VIH/sida […] Elle a été frappée dans le ventre, tirée par les cheveux, jetée à terre et frappée à coups de pied alors qu'elle était allongée sur le sol. Les policiers l'ont ensuite menottée, lui ont projeté du gaz lacrymogène au visage, et l'un d'eux l'aurait insultée en ces termes : "Je vais t'en donner des droits, pédé dégénéré(130)." »
Il n'existe pas de normes internationales spécifiques sur l'utilisation légitime des gaz lacrymogènes par les responsables de l'application des lois, mais de nombreux États affirment que les policiers sont formés à n'utiliser ces gaz que pour disperser une foule qui devient violente, et adoptent des lois en ce sens. Cependant, Amnesty International a eu connaissance de nombreux cas d'utilisation de gaz lacrymogène dans des espaces clos, où les personnes visées ne pouvaient pas se disperser, ce qui a entraîné des blessures graves, voire des morts. De même, pour éviter des blessures inutiles, les policiers ont souvent pour consigne de ne pas diriger ni lancer les bombes lacrymogènes directement sur des personnes, mais ces précautions sont souvent ignorées. En outre, il faudrait une réglementation efficace sur l'innocuité chimique des différents types de gaz car leur composition et les mélanges chimiques peuvent être très différents selon les pays. Les affirmations des fabriquants ne sont généralement pas soumises à des analyses indépendantes, et il existe peu de mécanismes de contrôle des éventuels effets à long terme pouvant survenir ultérieurement. En outre, les critères appliqués par les gouvernements pour autoriser les exportations de gaz lacrymogènes sont très variables, et il est relativement facile pour les organes responsables de l'application des lois qui persistent à utiliser ces gaz de manière abusive de s'en procurer. En avril 2001, le journaliste britannique Robert Fisk a raconté qu'il avait ramassé des bombes lacrymogènes lancées par l'armée israélienne à Bethléem : « Les cartouches et les bombes de gaz portent l'étiquette "Federal Laboratories, Saltsburg, Pennsylvania 15681" et une inscription sur le métal les qualifie de "projectiles longue portée 150 mètres". Les instructions du fabriquant qui figurent sur le côté indiquent que les bombes contiennent "du gaz lacrymogène fortement irritant pour les yeux, le nez, la peau et le système respiratoire". Elles poursuivent : "En cas d'exposition, ne pas se frotter les yeux, consulter immédiatement un médecin" […] Après un avertissement précisant que les bombes ne doivent pas être lancées sur des personnes, le texte gravé sur les cartouches de gaz de Pennsylvanie se termine par les précautions d'usage : "Federal Laboratories ne peut être tenu pour responsable en cas de mauvaise utilisation de ce projectile(131)." » Le nombre d'entreprises proposant différents types de gaz lacrymogènes continue d'augmenter. Selon les informations dont dispose Amnesty International, au moins 65 entreprises dans 20 pays(132) ont fabriqué des produits chimiques irritants, tels que des gaz lacrymogènes, entre 1999 et 2003. En voici la répartition régionale
Une industrie qui ne connait pas de crise nda
Nombre d'entreprises fabriquant des irritants chimiques (1999-2003) Région
Nombre d'entreprises Europe et Communauté d'États indépendants (CEI) 23 Asie/Pacifique15 Amérique du Nordet Amérique centrale 15 Moyen-Orient8 dont la corée du nord Afrique3 Amérique du Sud 1
En Inde, la Border Security Force (BSF, Force de sécurité des frontières) a créé, en 1976, la Tear Smoke Unit, unité spécialisée chargée de fabriquer des grenades de gaz et des grenades incapacitantes, des aérosols de gaz, ainsi que des balles en plastique et en caoutchouc. Aujourd'hui, leur usine, située à Gwalior, dans le Madhya Pradesh, « fournit toutes les forces de police et les forces paramilitaires de l'Inde en munitions au gaz lacrymogène, et commence à fournir l'armée(133) ». Selon les informations reçues, en 2000, l'Inde « exportait un large éventail de munitions lacrymogènes en Asie du Sud », ainsi qu'à Maurice. « Les produits fabriqués par l'usine de la BSF étant vendus trois fois moins cher que leurs équivalents occidentaux, il existe de réelles possibilités d'exportations massives(134) ».
L'usine de la BSF recouvre ses bombes d'un revêtement spécial en plastique qui fond au moment de l'impact, empêchant les manifestants de ramasser les bombes et de les relancer aux policiers. En 2001, selon certaines informations, l'usine indienne était en train de mettre au point un projectile dénommé "super grenade lacrymogène ", qui se séparerait en trois parties dans les airs, chaque morceau contenant un gaz différent : du gaz CN, du gaz CR et du gas CS(135). En 1989, un groupe de médecins américains a conclu qu'« on ne [disposait] pas de données toxicologiques suffisantes sur les éventuels effets pulmonaires, cancérigènes et génésiques à long terme des gaz lacrymogènes » et a demandé « l'ouverture d'une étude sur l'ensemble des risques toxicologiques liés aux composants chimiques des gaz lacrymogènes(136) ». Près de quinze ans plus tard, aucune recherche indépendante de ce type n'a été menée. On sait que l'exposition à des irritants présents dans l'air déclenche les symptômes de l'asthme chez les personnes asthmatiques. La réaction est la même avec les gaz lacrymogènes ou d'autres irritants pulmonaires. Amnesty International milite pour que des études indépendantes rigoureuses soient menées afin d'évaluer les risques en matière de droits humains de l'utilisation, par les responsables de l'application des lois, de certaines technologies et de certains équipements de sécurité, en particulier les irritants chimiques tels les gaz lacrymogènes et le gaz poivre.
L'organisation demande que les conclusions de ces recherches soient publiées dans des revues scientifiques disponibles pour tous, afin que le grand public puisse en prendre connaissance avant que les gouvernements n'autorisent l'utilisation de ce type d'équipements par les forces de sécurité. Amnesty International s'inquiète de ce que des substances dont l'innocuité n'a pas été correctement testée par les fabriquants sont adoptées par certaines forces de sécurité et utilisées dans ce qui s'apparente à des expériences en vraie grandeur sur les populations civiles ; ces expériences se poursuivent même lorsque les victimes se plaignent de douleurs intenses au moment de l'exposition et de problèmes de santé à plus long terme. Un bref historique des principales formes de produits chimiques paralysants utilisés pour le contrôle des foules permet de confirmer cet état de fait. Fabriqué pour la première fois en Allemagne en 1871, le gaz CN(137) a servi à fabriquer une arme, qui n'a pas été utilisée, pendant la Première Guerre mondiale. En ce qui concerne le contrôle des foules, les propriétés irritantes du gaz CN ont pour but d'obliger les gens à quitter d'eux-mêmes un endroit avant que le gaz ne provoque chez eux des troubles graves. L'apparition de cloques sur la peau et de traces de brûlures dans la cornée a été observée juste après l'exposition au gaz et, à plus long terme, certaines personnes ont contracté des dermatites et de graves maladies pulmonaires, telles que des bronchopneumonies. Le gaz CN peut contaminer l'intérieur des bâtiments, les meubles, les véhicules et les vêtements ; ses effets continuent de se faire sentir longtemps après sa diffusion. En forte concentration, ce gaz est mortel si la victime se trouve dans un espace clos. Pourtant, il reste utilisé dans certains pays. Le gaz CN est aujourd'hui l'un des principes actifs présents dans les aérosols Mace, utilisés par la police aux États-Unis et vendus comme accessoires d'« autodéfense », dans lesquels il est souvent mélangé à du gaz poivre.
En décembre 1999, à Seattle, les policiers ont utilisé un mélange de gaz CN, de gaz CS et de gaz poivre contre les manifestants qui protestaient contre l'Organisation mondiale du commerce. Jane's Information Group a répertorié cinq entreprises fabriquant des lanceurs de gaz CN entrant dans la catégorie de l'armement : quatre aux États-Unis et une en Israël(138). Le gaz CS(139) est jusqu'à cinq fois plus irritant que le gaz CN et a été mis au point aux États-Unis et au Royaume-Uni. Malgré le nombre considérable de données prouvant sa nocivité pour la santé humaine(140), il reste le gaz lacrymogène le plus couramment employé par les forces de sécurité : « Son succès auprès des autorités militaires et policières s'explique en partie par les comparaisons avec les autres gaz lacrymogènes, qui font apparaître que le gaz CS a un pouvoir lacrymogène plus important et semble causer moins de lésions à long terme, en particulier au niveau des yeux(141). » Certains gouvernements utilisent le gaz CS contre leur propre population. En juillet 1987, des médecins américains ont découvert que, "de son propre aveu ", le gouvernement sud-coréen avait utilisé 351 200 bombes et grenades au gaz CS contre des manifestants civils pendant le mois précédent : « Selon de multiples témoignages, les policiers ont lancé des bombes et des grenades lacrymogènes directement sur la foule et dans des espaces clos, tels que des bâtiments, des voitures et des couloirs de métro. Les personnes qui se trouvaient à proximité des grenades et des bombes lacrymogènes lors de leur explosion ont été blessées dans leur chair par des éclats de plastique, blessures qui ont été aggravées par la présence des produits chimiques lacrymogènes. De nombreuses personnes ont eu la peau brûlée, avec formation de cloques, par contact direct avec la poudre contenue dans les dispositifs lacrymogènes.
Plusieurs récits font état de victimes intoxiquées plus grièvement et ayant dû être hospitalisées(142). » En mai 2003, l'Initiative palestinienne pour la promotion du dialogue mondial et de la démocratie (MIFTAH) a annoncé que, depuis le 28 septembre 2000 - début de la deuxième Intifada -, 5 386 Palestiniens avaient été blessés par du gaz CS utilisé par l'armée et les colons israéliens(143). L'utilisation abusive de ce gaz relève d'une pratique bien établie en Israël depuis plus de dix ans(144). Au Royaume-Uni, dans un rapport capital rédigé à la suite de l'utilisation de gaz CS par la police d'Irlande du Nord à Londonderry les 13 et 14 août 1969, une commission parlementaire présidée par l'ancien secrétaire du Conseil britannique de la recherche médicale a conclu : « L'inhalation de gaz CS à des doses susceptibles de causer des lésions graves ou la mort ne peut se produire que dans des circonstances relativement exceptionnelles ; dans le cadre d'opérations civiles, avec des troupes et des policiers disciplinés, de telles circonstances ont très peu de chance de survenir. L'étude approfondie que nous avons menée a donc confirmé, pour l'essentiel, les appréciations déjà communiquées au gouvernement par ses conseillers officiels.
Néanmoins, à maintes reprises, nous nous sommes heurtés à des incertitudes concernant les effets nocifs éventuels en cas d'inhalation de gaz CS. Les éléments de preuve publiquement disponibles n'ont pas pu dissiper toutes ces incertitudes. En conséquence, nous faisons la recommandation suivante : si les autorités compétentes estiment justifié d'autoriser l'utilisation d'un agent chimique dans un cadre civil, des recherches médicales et scientifiques relatives à cette décision doivent alors être immédiatement publiées dans les revues scientifiques appropriées afin que la communauté médicale et scientifique puisse se faire une opinion en toute connaissance de cause(145). » Par ailleurs, le gaz CS peut avoir des effets non discriminants. En 2001, vingt ans après que le ministre de l'Intérieur eut autorisé les policiers britanniques à utiliser du gaz CS contre des manifestants, des chercheurs mandatés par M. Patten ont étudié la précision des systèmes de lancement de longue portée dont disposait la police. Ils ont conclu : « Bien que nous ayons contacté de nombreux fabriquants, seuls un nombre limité de produits nous ont été adressés […] afin que nous puissions les tester. Aucun de ces produits n'a satisfait aux exigences élémentaires de précision à 20 mètres, ni même à 15 mètres(146). » Enfin, dans beaucoup de pays, les policiers se sont plaints de « contamination croisée », c'est-à-dire qu'ils sont eux-mêmes victimes des effets incapacitants du gaz CS. Par exemple, au Royaume-Uni, un rapport de la Police Complaints Authority (PCA, Service des plaintes contre la police) sur l'utilisation du gaz CS a conclu que, sur l'ensemble des plaintes concernant l'utilisation de ce gaz qui avaient fait l'objet d'une enquête, les policiers avaient été victimes de contamination croisée dans 53 p. cent des cas(147). Le gaz CR(148) a été découvert en 1962 au Royaume-Uni, où il est aujourd'hui stocké aux côtés du gaz CS et d'autres agents. Il serait six fois plus irritant que le gaz CS et 30 fois plus que le gaz CN ; c'est un puissant irritant cutané(149). En 2001, le général R. Badenhorst, ancien chef d'état-major des renseignements de la South African National Defence Force (SANDF, Force nationale de défense sud-africaine), a déclaré à des chercheurs que, en 1986 et 1987, il était « habituel » de fournir du gaz CR aux soldats chargés du maintien de l'ordre dans les townships. Un scientifique, dont le nom n'a pas été divulgué et qui a participé au programme d'armement chimique et biologique du gouvernement blanc minoritaire, Project Coast, a déclaré aux mêmes chercheurs sud-africains que « le gouvernement s'était rendu compte que les habitants des townships s'accommodaient facilement des effets du gas CS » et avait donc commencé à utiliser du gaz CR, plus puissant. Wouter Basson, qui a dirigé un programme gouvernemental d'armement chimique et biologique pendant l'apartheid, a affirmé en 1989, dans un document secret révélé neuf ans plus tard à la Commission vérité et réconciliation, que 20 tonnes de gaz CR avaient été fabriquées dans le cadre du programme Project Coast(150).
5.2. Les aérosols de gaz poivre
Le capsicum oléorésine (OC) est le principal composant du gaz poivre, qui est un irritant mais qui n'affecte pas nécessairement les glandes lacrymales. Le gaz poivre est fabriqué à partir de composants d'origine biologique, qui peuvent varier en fonction du végétal utilisé. Il peut contenir des agents chimiques très différents, dont très peu ont été correctement étudiés. Le gaz poivre (vanillylamide de l'acide pélargonique) est une formule synthétique d'un des principes actifs de l'OC ; il est classé dans les inflammatoires car, comme l'OC, il provoque une brûlure intense dans les yeux, de graves inflammations des muqueuses et des voies respiratoires supérieures, une toux et des haut-le-cœur. Différentes variantes de ce gaz PAVA sont actuellement utilisées par les forces de police allemandes, belges, néerlandaises et suisses, et ce gaz est aussi testé au Royaume-Uni par la police du Sussex. Différents types d'aérosols de gaz poivre sont utilisés par certaines forces de police, en particulier aux États-Unis, en tant qu'arme « non mortelle » de contrôle des foules qui a l'avantage de ne pas revenir à la figure des policiers comme le font les gaz lacrymogènes. Ces aérosols contiennent un agent dérivé du poivre de Cayenne et peuvent provoquer des douleurs intenses. « J'ai ressenti une brûlure incroyable, j'avais le souffle coupé ; des quarante-cinq minutes qui ont suivi le moment où le flic m'a collé l'aérosol dans la figure, il ne me reste plus qu'un grand vide, il y avait juste cette douleur insoutenable. Je ne me souviens plus de rien. La seule chose qui occupait mon esprit était la douleur. » Steven Christianson, victime de gaz OC dans le Vermont, en février 1998(151) La police de Portland, dans l'Oregon, a publié des chiffres montrant que le type de gaz poivre qu'elle utilise a été « efficace » dans 97 p. cent des cas. Selon elle, lors des arrestations, le nombre de suspects blessés a baissé de 83 p. cent et celui des policiers blessés de 61 p. cent. Aux Pays-Bas, la police, qui affirme utiliser un gaz poivre léger d'origine organique fabriqué sous son contrôle aux États-Unis, précise que, depuis qu'elle a commencé à utiliser ce gaz, en 2000, elle n'a reçu qu'une seule plainte de victime sur un total d'environ 1500 utilisations. La police néerlandaise fait valoir qu'une personne frappée avec une matraque peut mettre plusieurs semaines à s'en remettre, tandis qu'une personne aspergée de ce type de gaz poivre se rétablit en une trentaine de minutes, sans avoir subi de dommage corporel permanent. Le gaz OC étant une toxine extraite d'une plante, son utilisation dans le cadre des guerres est interdite par la Convention de 1972 sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction. En ce qui concerne le maintien de l'ordre, les aérosols de gaz poivre ne sont soumis à aucune norme internationale spécifique relative aux droits humains, et il apparaît qu'ils sont fabriqués et commercialisés par de nombreuses entreprises sans aucune réglementation ou presque.
La mort de Raymond Sterling, un jeune homme de vingt et un ans, à Fort Lauderdale, aux États-Unis, environ une heure après son exposition à du gaz OC, montre qu'il est impossible de formuler des vérités générales sur l'innocuité des gaz poivre commercialisés. Raymond Sterling a été arrêté pour excès de vitesse vers 1 h 15 le 19 avril 2003. Comme il s'opposait à son arrestation, les policiers lui ont envoyé « un petit jet » de gaz poivre, selon un porte-parole de la police de Fort Lauderdale. Lors de son arrivée à la prison, Raymond Sterling a dit qu'il était épuisé et que ses jambes ne le portaient plus : « Les auxiliaires médicaux n'ont rien trouvé d'anormal chez Sterling et sont partis un peu avant 2 heures du matin. Comme il continuait de se plaindre, l'infirmière de la prison a demandé aux policiers de l'emmener à l'hôpital. Il s'est effondré six minutes plus tard, alors qu'un policier l'emmenait vers une voiture de police. Les auxiliaires médicaux sont revenus et ont emmené Sterling à l'hôpital, où son décès a été constaté […] Reed a déclaré que l'autopsie n'avait montré "aucune trace de coups, aucune ecchymose, aucune fracture, aucune marque, rien ne suggérant que les policiers auraient pu le frapper"(152). » L'autopsie a conclu que la mort était due à une drépanocytose et que le gaz poivre avait contribué au décès. Selon le rapport d'autopsie, les auxiliaires médicaux ont dit à leur régulateur que l'appel d'urgence concernait « une affaire policière sans besoin médical ». À la suite de l'indignation provoquée par cette affaire, la police de Fort Lauderdale a récemment modifié les procédures concernant le traitement des personnes blessées en garde à vue : les services médicaux d'urgence doivent maintenant être appelés pour emmener à l'hôpital toute personne ayant reçu du gaz poivre, afin que le placement en détention ne s'effectue qu'après avis médical favorable(153).
Deux mois après le décès de Raymond Sterling, un autre homme, Mark Secory, serait mort en Floride après avoir été exposé à du gaz OC par des auxiliaires du shérif du comté de Polk(154). Raymond Sterling avait, semble-t-il, des antécédents d'asthme, ce que les policiers ignoraient au moment de l'arrestation, selon leurs dires. C'est justement parce que des antécédents de ce type (qui sont relativement courants) ne sont pas forcément connus au moment de l'utilisation de gaz poivre que, selon Amnesty International, les organes chargés de faire respecter la loi devraient faire preuve de la plus grande prudence dans l'utilisation de ce gaz et d'autres irritants pulmonaires. L'organisation est d'autant plus inquiète que, au cours des dix dernières années, plus d'une centaine de personnes seraient mortes en détention aux États-Unis après avoir été exposées à du gaz poivre. Si la plupart des décès ont été attribués à d'autres facteurs, tels qu'une overdose ou une asphyxie posturale, le gaz OC a été reconnu comme étant l'un facteurs de la mort dans un certain nombre de cas(155). Il semble qu'il n'existe pas de directives nationales aux États-Unis pour réglementer l'utilisation du gaz poivre par les responsables de l'application des lois ; plusieurs affaires très médiatisées impliquant du gaz poivre ont été à l'origine d'accusations de torture contre la police américaine. Le capsicum oléorésine aurait été introduit aux États-Unis dans les années 1980, par les services postaux, qui l'utilisaient comme répulsif contre les chiens. Le Federal Bureau of Investigation (FBI, Bureau fédéral d'enquêtes) l'a officiellement adopté comme agent chimique en 1987. Dans une étude autorisée effectuée en 1989, Thomas Ward, agent spécial du FBI chargé du programme sur les armes non mortelles de la Firearms Training Unit (Unité de formation à l'emploi des armes à feu) de Virginie, a recommandé tout particulièrement les aérosols de gaz poivre Cap-Stun pour leur efficacité et leur innocuité. Le FBI et de nombreux services de police s'en sont alors équipés.
Toutefois, sept ans plus tard, Thomas Ward a plaidé coupable pour avoir accepté 57500 dollars (environ 48700 euros) en pots-de-vin de la part de Luckey Police Products, premier distributeur de Cap-Stun. L'ACLU de Californie du Sud a appelé le FBI à « retirer et annuler immédiatement » toutes les conclusions des recherches menées sur le gaz poivre, qui avaient selon elle été biaisées à cause de la corruption de Thomas Ward. Elle lui a demandé d'ouvrir « une étude indépendante » sur les effets du capsicum oléorésine. Le FBI a refusé, précisant que le gaz OC « continuerait d'être utilisé par ses agents en tant qu'arme non mortelle et à la place de moyens mortels(156) ».
États-Unis
En 2000, dans l'établissement pénitentiaire pour mineurs de Pine Hills, dans l'État du Montana, le personnel aurait à plusieurs reprises ignoré les directives pénitentiaires exigeant que toute personne ayant été exposée à des gaz chimiques fasse immédiatement l'objet d'une surveillance médicale. Il s'avère que, dans cet établissement pénitentiaire, du gaz poivre a été utilisé pour faire souffrir des détenus mineurs et les punir. Amnesty International a examiné le dossier d'un jeune garçon qui montre qu'il a reçu du gaz OC au moins neuf fois en dix-neuf mois, dont cinq fois en un mois en 1999. En juillet 2000, dans le cadre d'une procédure judiciaire, un membre haut placé du personnel a reconnu que certains jeunes Amérindiens du centre pénitentiaire avaient été exposés à ce gaz jusqu'à 15 fois chacun. Le 11 mai 2000, cinq jeunes Amérindiens de Pine Hills auraient jeté des chaises sur les gardiens. Ceux-ci les auraient poussés contre un mur et leur auraient vaporisé du gaz directement dans la figure. L'un de ces garçons, Justin (son prénom a été modifié), a raconté au pasteur Bud Heringer qu'après avoir été « saturé » de gaz poivre, il avait saisi une bombe vide et essayé de l'utiliser contre les gardiens. Il a dit qu'il avait ensuite été ramené dans sa cellule, où du gaz avait été de nouveau vaporisé tandis qu'« une serviette était placée sous la porte ». Justin a raconté à Bud Heringer qu'il avait encore reçu deux autres doses de gaz poivre le même jour, et les comptes rendus de cette affaire fournis par l'établissement pénitentiaire à la procureure, Cynthia Thornton, indiquent effectivement que le gaz poivre a été utilisé trois fois en une journée contre Justin. Celui-ci a raconté au pasteur Heringer qu'il avait cru qu'il allait mourir étouffé. Or, la directive pénitentiaire américaine PHD 3.1.9A dispose : "Les délinquants soumis à des agents chimiques risquent des lésions cutanées, oculaires ou pulmonaires et doivent être éloignés le plus vite possible de la zone où le gaz a été diffusé".
Une autre directive exige un contrôle vidéo de tout incident nécessitant le recours à la force. Aucune de ces directives ne semble avoir été respectée à Pine Hills le 11 mai 2000. En outre, « de l'eau fraîche et courante à volonté » doit être mise à la disposition des victimes de gaz poivre, et les jeunes gens doivent être douchés immédiatement.
"Cependant, le personnel de Pine Hills a transformé la douche en un processus jugé si humiliant par les jeunes gens que beaucoup d'entre eux ont refusé de se doucher. En effet, selon eux, on les obligeait à se déshabiller puis à marcher nus jusqu'à la douche, les mains menottées et les pieds entravés, et à se doucher sous le regard de neuf à 14 membres du personnel des deux sexes. Selon les dires des jeunes détenus, ainsi que d'après les rares documents de l'établissement existants, les garçons ayant refusé de se doucher ont été ramenés tels quels dans leur cellule, le corps encore recouvert des résidus huileux brûlant leur peau. Ces garçons ont raconté avoir essayé de se rincer avec l'eau des toilettes(157)."
Le personnel a expliqué qu'il utilisait le gaz OC afin d'éviter les blessures, mais Amnesty International s'inquiète de ce que, dans certains cas, ce gaz ait, semble-t-il, été utilisé en premier recours après les avertissements verbaux. Étant donné les douleurs provoquées par ce produit et les risques qu'il entraîne pour la santé, l'organisation déplore que l'on n'ait alors pas su trouver d'autres mesures pour maîtriser de jeunes fauteurs de troubles. Par ailleurs, dans de nombreuses parties du monde, les forces de police utilisent du gaz poivre pour contrôler les foules. Ainsi, à Athènes, le 16 avril 2003, la police grecque a vaporisé du gaz poivre dans la figure de manifestants antiguerre. Le 26 juin 2000, la police de Hong Kong a recouru à du gaz poivre pour disperser des manifestants rassemblés devant le siège du gouvernement central. L'observateur chargé de veiller au respect des droits humains à Hong Kong a déclaré à ce propos : « L'utilisation de gaz poivre s'apparente à une forme de violence ou de force contre les manifestants. Bien que ce gaz n'entraîne normalement pas de blessures durables, son utilisation n'en reste pas moins une forme réelle de recours à la force et il provoque généralement une douleur intense chez les victimes(158). »
Par contre, l'utilisation de gaz poivre contre des foules est interdite aux Pays-Bas, où les policiers utilisent des aérosols de ce gaz depuis 2000. La police néerlandaise affirme remettre à toutes les personnes exposées à ce gaz une carte préaffranchie, adressée au comité de surveillance, que ces personnes peuvent renvoyer pour se plaindre si elles estiment avoir été maltraitées ; après quelque 1500 utilisations du gaz poivre, seule une personne aurait jusqu'à présent renvoyé cette carte. Chaque utilisation du gaz poivre doit normalement être considérée comme un recours à la force et signalée aux supérieurs hiérarchiques ; la responsabilité suprême en incombe à un comité de surveillance composé, notamment, du ministère de l'Intérieur, de l'Inspection générale de la santé, du ministère de la Justice et du procureur général.
5.3. Les agents neutralisants
Dans l'éventail des produits chimiques paralysants, le ministère de la Défense des États-Unis fait une distinction entre les agents antiémeutes et les « agents neutralisants », même si d'autres gouvernements et organismes officielles ne font pas toujours cette distinction. Dans ses préparatifs pour la guerre en Irak, le ministère de la Défense américain aurait envisagé d'utiliser des gaz incapacitants « sédatifs » : « Des documents internes du Pentagone […] montrent que les États-Unis sont en train de mettre au point une série de gaz sédatifs, également interdits sur les champs de bataille. Selon des sources haut placées du ministère de la Défense, ces gaz pourraient être utilisés en Irak par des forces d'élite spéciales pour prendre le commandement et le contrôle des bunkers profondément enterrés(159). »
Les « gaz sédatifs » ou les agents chimiques incapacitants destinés à endormir les personnes, évoqués ci-dessus, sont différents des agents de contrôle des foules tels que les gaz lacrymogènes. En effet, ces derniers sont des produits chimiques pouvant provoquer chez les êtres humains une irritation sensorielle ou une incapacité physique disparaissant rapidement. Les autres produits chimiques incapacitants peuvent avoir des effets plus diffus(160). La Convention sur les armes chimiques interdit la mise au point, la possession et l'utilisation d'armes chimiques susceptibles de provoquer chez les êtres humains la mort, une incapacité temporaire ou des dommages permanents(161). Elle n'interdit pas explicitement l'utilisation de produits chimiques incapacitants dans le cadre du maintien de l'ordre, mais cette utilisation ne doit être autorisée qu'à condition que le type de produit et les quantités utilisés soient adaptés au but recherché. Selon les normes internationales en matière de droits humains, les gaz lacrymogènes peuvent être utilisés, sur le plan intérieur, dans des mélanges inoffensifs, dans un but de maintien de l'ordre en cas d'émeute, mais ils sont interdits comme moyens de guerre. Le produit chimique incapacitant utilisé par les forces de sécurité lors du siège du théâtre de Moscou ne semble pas respecter ces critères. En effet, en octobre 2002, alors qu'environ 700 spectateurs, acteurs et membres du personnel étaient retenus en otage depuis trois jours par des personnes qui demandaient le retrait des forces armées russes de Tchétchénie et qui avaient abattu trois otages, les forces de sécurité russes ont diffusé dans le théâtre un gaz non identifié(162). Selon Olga Karpova, médecin-chef au département d'intervention des services d'urgences de Moscou, au moins 37 otages sont morts dans le théâtre(163). Quelque 646 autres ont été hospitalisés. Un mois plus tard, environ un sur six était mort. Au total, l'intervention des forces de sécurité a coûté la vie à au moins 129 otages, dont 120 ou plus auraient succombé aux effets du gaz diffusé(164). On ne saurait pas, en outre, ce qu'il est advenu de 68 autres personnes(165). Par ailleurs, 50 preneurs d'otage ont trouvé la mort, parmi lesquels certains ont été tués par balle pendant l'opération de sauvetage. Des témoins ont raconté que ces preneurs d'otages étaient déjà inconscients quand ils ont été abattus(166). Les soins aux otages qui avaient été empoisonnés ont été compliqués par le refus opposé pendant quatre jours par les autorités russes de révéler publiquement quel type de gaz avait été utilisé dans le théâtre. Le ministre de la Santé, Iouri Tchevtchenko, a finalement précisé que le gaz était « à base de dérivés du fentanyl, un produit anesthésiant couramment employé ». Le ministre a d'ailleurs refusé de donner plus de précisions, y compris, le 11 décembre suivant, en réponse à une question parlementaire. Il a déclaré qu'il s'agissait d'un « secret d'État »(167). Le Drug Enforcement Agency (DEA, Office de lutte contre les stupéfiants) des États-Unis décrit le fentanyl comme un opiacé « aux propriétés analgésiques 80 fois plus puissantes que celles de la morphine(168) ». Les autorités russes n'ont toujours pas précisé officiellement quelle substance elles avaient exactement utilisée. Dans les plaintes qu'elles ont déposées contre la municipalité de Moscou, plus tard classées sans suite par le tribunal, les familles des victimes décédées et blessées ont estimé que les pouvoirs publics n'avaient pas fait le nécessaire pour prendre en charge les otages après l'attaque au gaz, alors qu'ils savaient pertinemment quel produit ils allaient utiliser. Administré à haute dose et de manière incontrôlée (comme cela a été le cas puisqu'il a été diffusé par le système de climatisation du théâtre), le fentanyl entraîne rapidement des troubles respiratoires, puis le coma. Il est vital d'administrer aux personnes exposées de l'oxygène dans les minutes qui suivent. Or, il n'avait visiblement pas été prévu de procéder à une distribution générale d'oxygène ou d'un quelconque antidote dans la rue, devant le théâtre. Les hôpitaux désignés pour accueillir les otages blessés n'ont pas été avertis de l'utilisation du fentanyl. Pendant plusieurs heures absolument cruciales, le personnel médical n'a pas su quel antidote administrer aux patients(169). Lev Fodorov, président du Syndicat russe pour la sûreté chimique aurait déclaré que, dans un espace clos comme un théâtre, les autorités ne pouvaient pas éviter que des civils soient tués :
L'opération qui a été menée était une opération militaire utilisant des armes chimiques non mortelles mises au point pendant la guerre froide. Ces armes étaient normalement destinées à des opposants militaires(170). » Amnesty International est
extrêmement préoccupée par le fait que des agents chimiques incapacitants actuellement connus sont utilisés pour leurs propriétés sédatives dans le cadre du maintien de l'ordre(171). En effet, les risques de décès sont bien plus élevés avec ces agents qu'avec les produits chimiques irritants. À l'instar de celui qui a été utilisé lors du siège du théâtre de Moscou, la plupart des gaz incapacitants sont destinés à endormir les victimes. Leurs partisans les qualifient de « calmants ». Le but est de rendre les personnes visées incapables d'agir par elles-mêmes. Les plonger dans une somnolence ou perturber leur coordination sont des moyens efficaces d'y parvenir. La difficulté avec ce type d'agents incapacitants est de réussir à exposer chaque personne à une dose suffisante pour l'endormir relativement vite, sans toutefois dépasser cette dose, ce qui est à peu près impossible à réaliser dans la pratique. Selon toute probabilité, les personnes situées à la périphérie du groupe visé seront exposées à une simple dose sédative, tandis que celles se trouvant plus près du point de diffusion du produit chimique recevront des doses beaucoup plus fortes. Au-delà d'une certaine concentration, en particulier dans un lieu clos d'où il est impossible de s'échapper, les victimes seront contraintes de respirer des doses pouvant être mortelles. C'est ce qui s'est passé lors du siège du théâtre de Moscou.
En outre, faute d'un antidote approprié, administré rapidement après l'exposition, le nombre de morts dans le théâtre a été beaucoup plus élevé que ne l'avaient prévu les autorités. Il est tout à fait probable que les antidotes nécessaires seront rarement disponibles facilement lors de l'utilisation de ce type d'agents incapacitants. Les propriétés irritantes d'agents de type gaz CS ou gaz poivre sont telles que les victimes sont obligées de quitter la zone si elles le peuvent, ou d'arrêter ce qu'elles étaient en train de faire, car elles ressentent une douleur intense. Le fait de quitter les lieux et de respirer de l'air frais finit généralement par soulager la plupart des personnes exposées. En revanche, dans le cas d'agents incapacitants destinés à endormir les gens, la plupart des victimes sont incapables de quitter les lieux et, s'il n'y a pas de vent, elles risquent de continuer de respirer les produits chimiques et d'en absorber des doses susceptibles de les tuer. Ces agents devraient être interdits tant qu'il n'aura pas été prouvé que leur principe actif, utilisé officiellement contre des contrevenants pour ses propriétés incapacitantes et sédatives, présente une marge de sécurité suffisante garantissant que les personnes ne seront exposées qu'à des doses incapacitantes, et non à des doses mortelles, et qu'elles seront protégées des effets non discriminants ou arbitraires de ces produits. D'après ce qu'en sait Amnesty International, les produits chimiques incapacitants disponibles actuellement ne satisfont pas à cette exigence. L'organisation demande la mise en place de systèmes globaux imposant la transparence et l'obligation de rendre compte de ses actes, afin d'empêcher que des actes de torture et des mauvais traitements ne soient commis au moyen d'agents chimiques mal utilisés, tels que les différents types de gaz lacrymogènes et le gaz poivre. Toutefois, de tels systèmes n'auront un sens que si l'on soumet les nouvelles technologies à un examen public approfondi tenant compte des normes internationales relatives aux droits humains, avant de recommander leur usage pour le maintien de l'ordre.
On voit donc que ce sont la bien des dérivés de gaz de combat qu'utilisent les forces de l'ordre sur nous tous-tes depuis le début du mouvement contre le Cpe et le Cnr , et que l'industrie répressive qui fabrique les gaz lacrymogénes et les gazs au poivres et autres produits toxique destiné au " maintien " de l'ordre elle ne semble connaître aucune crise économique
Retour sur les armes non "létales " les gaz lacrymogénes et les grenades assourdissantes non " létale "
la rave de carhaix et sa répression un jeune a la main arrachée http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=5588
Voir aussi sur les armes non " létales " et les gaz lacrymogénes
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=4358
Nous maintenons donc nos appels a témoignage sur les effets des gaz Cs et autres utilisés par les forces de la répression de sarkozy depuis le début du mouvement anti Cne Cpe
NOUS SOMMES DES POPULATIONS CIVILES NOUS N'AVONS PAS A SERVIR DE COBAYES AUX MILICES SARKOZYSTES DANS LES DELIRES SECURITAIRES ET TOTALITAIRES DU GOUVERNEMENT UMP
PAS DE JUSTICE PAS DE PAIX