BESLAN c’est d’abord 331 personnes massacrées au cours de trois jours de torture avec une cruauté difficilement imaginable qui laisse mal augurer du siècle qui commence !
C’est 186 enfants qui ne fêteront jamais leur majorité ! Qui ont perdu la vie après avoir vu leur père ou leur mère se faire froidement assassiner, quelquefois égorger, par des inconnus barbus…
Cela seul suffit pour que nous marquions notre solidarité et notre compassion. Comme nous l’avons fait avec les victimes de New York, de Madrid, de Bali ou de Londres. Et bien en France ça ne semble aller de soi ! Avez vous remarqué que souvent Beslan manque à la tragique énumération que nous venons de faire dans certains articles de presse ?
Alors en ce jour de deuil, nous qui sommes attachés à l’Europe, à sa culture, à ses acquits et à son avenir, nous nous devons de mettre quelques choses au point.
Certains en France en sont arrivés à accuser le président russe Vladimir Poutine d’être responsable du massacre de Beslan ! Où allons-nous ? Ce n’est quand même pas Poutine qui est arrivé avec grenades et mitraillettes dans une école d’Ossétie un jour de rentrée pour massacrer des mômes et leurs parents ! Quoiqu’on pense de Poutine et de sa politique, on ne peut quand même pas l’accuser de n’importe quoi pour mieux absoudre les criminels ! Personne n’a craché sur les victimes du 11 septembre à New York sous prétexte que la politique de Bush junior pouvait déplaire ! Ni sur celles de Madrid ou Londres, même si on n’aime pas Aznar ou Blair.
Pour la presse française, les journées de commémoration ne sont qu’accusations de Poutine et complaisances pour Bassaev, qui pourtant revendique la tuerie. Comme l’a fait bon Laden pour le 11 septembre. En s’aveuglant ainsi, nous Français, nous en arrivons à cautionner le crime le plus odieux de l’infanticide. Et en plus cette russophobie systématique – et là il s’agit en plus d’Ossètes et non de Russes – est complètement suicidaire. Car si nous voulons que l’Europe de demain continue à compter dans le monde, c’est qu’on le veuille ou non avec la Russie, partie intégrante de l’Europe, qu’il faudra la faire.
Collectif Beslan, Trocadéro, le 3 septembre 2005 |